Jounée de soleil au fil de l'eau [pv Selene]

(pour t'aider je suis sous ma forme masculine là)

Ce que j'aime à Northrives c'est la vie qu'on y croise dans ses rues, les gens apprécient de voyager en gondole d'un pont à l'autre et lorsqu'on est sur un vraie trottoir en pierre, les gens discutent facilement entre eux, qu'ils se connaissent ou non. Peut-être est-ce le soleil régulier sur cette zone du pays ou l'ambiance joyeuse qui se profil au bord de l'eau... Enfin, l'un ou l'autre ce quartier où la pauvreté n'était pas la première chose qu'on aperçoit au coin de la rue avait son charme et ses animations. J'avais été engagé pour jouer lors d'une animation, toute une journée de festivale durant laquelle je devais accompagner d'autres acteurs dans des classiques du genre.

Pendant que nous jouions les classiques du théâtre venu de plusieurs mondes, Pan, armé d'un chapeau en papier que je lui avais fixé sur la tête, déambulais parmi la foule pour récolter quelques bénéfices pour les acteurs. Ce que j'aimais dans la nouvelle allure du singe en papier était surtout que ce chapeau inversé avait comme une tête de plante carnivore. Quand quelqu'un mettait sa main dans le chapeau pour prendre plutôt que déposer, la fleur se fermait hermétiquement d'elle même. Peter Pan avait singé la colère pendant une bonne heure quand je lui ai installé ceci en supplément à son corps en papier, mais après il s'est vite pris au jeu et s'amusait à sauter un peu partout pour atteindre les visiteurs les plus éloignés, sa fleur de plus en plus lourde sur la tête.

Le lendemain, bien payé par la ville et logé pour la nuit, je venais de quitter la chambre qu'on m'avait prêté et à présent que j'avais mon salaire en poche je me promenais dans les ruelles.
J'avais profité d'un voyage en barque sur le fleuve et je m'étais retrouvé au beau milieu d'un quartier commerçant. Le sol en pierre ne laissait que le souvenir du clapotis de l'eau et les conversations allaient bon train devant les étales des marchands de passage. Je m'arrêtais de temps en temps, Pan et moi prenions le temps de lécher le vitrines et étales autant que le soleil nous le permettait et quand l'envie nous prenais d'acheter quelque chose, nous nous détournions l'air las...

Pour arrêter cette torture, je m'asseyais sur la table d'une terrasse et quand je dégustais un jus de fruit bien frais, Pan avait eu droit à quelques fruits secs pour se remplir le vide à l'intérieur de son corps de papier symbolisait grossièrement son estomac.

-RENDS MOI CA, ORDURE ! RENDS LE MOI SI TU NE VEUX PAS FINIR EN COCHON DE LAIT GRILLE !-

Sélène courait dans les rues de Northrives derrière un homme au costume bigaré. Les insanités et les menaces qu'elle lui lançait ne semblaient pas l'atteindre et elle même sentait que sa patience et son souffle venaient à bout.

Elle avait décidé de visiter ce coin du monde dont elle avait entendu parler mais qu'elle n'avait jamais visité. Sa surprise fut grande quand elle débarqua. Tout était lumineux, verdoyant et magique. Une foule de crétures étranges mais plutôt sympathiques en somme vivait dans cet endroit et la démone devait reconnaître qu'il semblait faire bon vivre ici.
Le voyage avait été long mais ça en valait la peine. Elle s'était vite rendue compte que cette partie du monde était en période de festival et elle put assister à des numeros assez impressionnants.
Biensur, prévoyant de s'installer pour quelques jours, elle avait emporté une coquette somme d'argent avec elle pour parer à toute éventualité. Et elle venait de se faire voler sa bourse !

Les gens s'écartaient sur son passage mais visiblement personne ne comprenait assez vite la situation pour empêcher le voleur d'avancer.
La jeune femme en avait marre de cette course qui finirait mal: elle ne connaîssait pas le coin et finirait par perdre son argent et elle en même temps. Il fallait en finir une bonne fois pour toute. Sans ralentir, elle plongea la main dans la petite poche de poitrine de sa veste et en tira un briquet en argent. Elle l'ouvrit et posa immédiatement sa main libre sur la flamme.

-Aller, va !- s'écria-t-elle en tendant le bras devant elle comme si elle jetait une poignée de poudre.

Mais au lieu de poudre, une longue flamme en forme de serpent jaillit du briquet et se jeta sur le voleur. Le reptile enflammé se dressa devant sa proie qui s'était étallé par terre en voulant stoper net sa course.
L'homme était tremblant et regardait le serpent de plusieurs mètres le dominer en dardant sa langue de flamme sur lui. Sélène arriva une poignée de secondes après. Elle s'arrêta derrière l'homme et prit son temps pour retrouver son souffle, le briquet toujours à la main et allumé, indifférente au serpent, eu voleur et à la foule qui les entourait ainsi qu'aux clients de la terrasse devant laquelle ils se trouvaient.
Une fois qu'elle put respirer normalement, elle se redressa, passa une main dans ses longs cheveux bruns pour les remettre en place et contourna l'homme toujours tétanisé pour lui faire face.

-Maintenant, je te conseille vraiment de me rendre ce que tu m'as volé.-

Les prunelles bleues de Sélène brûlaient de colère et elle tendit la main d'un geste impérieux. Autour d'eux, le silence était tombé. Le voleur tendit alors une belle bourse avec force tremblements. Une fois que sa propriétaire l'eu récuperée, elle se retourna vers le serpent et le caressa avec un sourire plein de tendresse. Puis d'un murmure elle le fit rentrer dans le briquet qu'elle referma dans un CLIC sonore.
La rumeur des conversations reprit alors d'un coup et tout le monde retourna à ses occupations sans plus se soucier de ce qui venait de se passer.

La jeune femme poussa un soupir et posa son regard sur la terrasse. En trois pas elle rejoingnit une table libre et commenda un grand verre de jus de fruit, peu importait lequel.
En attendant sa commende, elle balaya les lieux de son regard flamboyant. Et ses yeux s'arretèrent sur la personne qui occupait la table juste devant elle. Le jeune homme était de profil mais cela n'empêchait pas de remarquer qu'il était séduisant. Mais le plus interessant restait le petit singe en papier sur la table qui grignotait des fruits secs.
Sélène ne put s'empêcher de se pencher en avant et de lancer avec un sourire:

-Interessant comme magie...Je n'avais encore jamais vu ça, un animal de papier vivant. C'est vous qui l'avez fait ?-

Je portais ma boisson à mes lèvres quand pour une fois ce n'est pas moi qui faisais le spectacle mais qui en profitais ! Un joli brin de fille failli transformer un malheureux voleur qui, après tout, ne faisait que son travail, pour récupérer une bourse semble-t-il bien rempli. La maitresse du feu sembla assez satisfaite de son effet pour aller s'installer à la même terrasse que moi et Pan sans se soucier du grabuge qu'elle avait provoqué. En espérant qu'aucun sanctuaris ne viennent poser trop de questions.

Quand la jeune femme s'adressa à nous, Peter pan leva le nez de ses fruits secs et sauta sur le devant de la table pour mimer le voleur courant et la salamandre enflammée qui avait faillit le transformer en jambon fumé. Amusé, je poussais le petit singe déséquilibré avec tout ce qu'il avait ingurgité qui s'étala sur la table et se releva en dressant ses minuscules poings en papier vers moi. Je ris et tournant les yeux vers l'inconnue je l'invitais de la main à s'assoir à la même table que nous.

Pan fouilla l'intérieur de son ventre pour y choper une noisette et avant qu'il ne me la lance, je le transformais de quelques mouvements rapides en une rose ouverte. Certes les bijoux quelle contenait était surtout composées de quelques noix et raisins mais c'est l'intention qui compte... Enfin je crois.

-Ma magie est plus drôle qu'utile, la vôtre est un concentré de fureur, très impressionnant.

Le pauvre homme avait eut ce qu'il méritait, et en même temps je compatissais. Le bougre n'imaginais pas se faire attaquer par un monstre de feu en chipant une simple bourse. Je crois qu'il va se reconvertir ramoneur ou pilleur de banque, car voler les braves gens est de plus en plus dangereux... J'offris la rose à la jeune femme et Pan encore plus excité qu'avant repris lui-même sa forme de singe, le papier ayant souffert du changement brutal et alla bouder dans son coin.
Il croisa les bras sur sa poitrine, la lèvre inférieur remontée sur l'autre, et me tournant le dos il s'assit en tailleur à l'autre bout de la table.

-Je me présente, Virgile et là bas, le petit singe boudeur c'est Peter Pan, que j'appelle Pan.

La main tendue n'ayant plus de rose, je lui proposais de la serrer simplement.

Sélène avait acceptée l'invitation sans poser de question et s'installa à la chaise vide qu'on lui présentait. Elle n'eu pas le temps de toucher la rose de papier que le singe avait déjà reprit sa forme initiale et s'en allait bouder dans son coin de table.
La jeune femme laissa échappé un éclat de rire à la vue de la mimique outrée de l'animal.
Elle serra la main tendue vers elle et à ce moment là arriva sa commande. Elle remercia avec un sourire avant de reporter son attention sur Pan. Elle lui caressa le haut de la tête avec douceur en lui parlant d'une voix apaisante, un demi-sourire aux lèvres:

-Aller, ne boude plus. Ton maître voulait simplement se montrer courtoie. Il faut pardonner aux hommes de vouloir être polis.-

La démone laissa la créature de papier à son humeur grise pour revenir à sa conversation avec son hôte.

-Je m'appelle Sélène. Cette magie peut surement s'averer très utile et pas seulement pour faire des spectacles. Mais l'idée que je me fais de l'hypotétique utilité de ce don n'est pas très recommandable.
Mon pouvoir n'est pas dû à la fureur, en temps normal je ne m'en sert pas pour faire flamber les gens.-

Sélène tira de sa poche le zippo en argent et le posa debout sur la table. Elle ouvrit le clapet et une petite flamme claire naquit dans une gerbe d'étincelles. La démone posa son doigts sur la flamme qu'elle enroula autour de son index comme s'il s'agissait d'une ficelle. Elle rassembla les flammes en une pelote au creux de sa main, la malaxa un instant puis ouvrit son poing. Un petit pheonix de feu s'envola alors pour aller se poser sur la table, à distance respectable du singe.

-Appellons cela de la sculpture sur flammes.-

La jeune femme lança un regard amusé à son voisin et bu une ou deux gorgées de son verre.
Le liquide frais la soulagea de la chaleur permanente qui habitait son corps et qui avait augmentée avec sa folle course dans les rues de Northrives. En hiver c'était un atout d'avoir perpetuellement chaud mais par beau temps cela pouvait devenir pénible.

-Vous faites partie du festival ? Je ne sais pas ce que l'on fête mais c'est assez plaisant toutes ces représentations de rue. Sauf si quelqu'un viens vous délester de votre argent, ça va sans dire.-

Pan était malin... très malin même. Après tout il tenait tout son savoir de ses ancêtres les singes farceurs et son corps héritait de toutes les caractéristiques d'un rouleau de parchemin... Indéchiffrable. Un sourire en coin orna mes lèvres quand la jeune femme lui parla. Le singe lui lança un regard sur le côté l'air de réfléchir à comment profiter au mieux de la situation.
La jolie semblait être son objectif, le temps qu'elle me parle je découvris le petit manège du singe qui mimait la bouderie en jetant sur la table les noisettes qui comblaient encore son estomac.

-De la sculpture sur flamme. Ma foi des gens sculptent bien sur la glace et le sable ! Et oui je fais partie du spectacle. La troupe d'acteurs qui m'a engagé n'a hélas plus besoin de moi. Les festivités se terminent ce soir, je crois que les spectacles de rue finiront demain.

Il n'y a qu'à Northrives que l'on voit ce genre de choses. Des jongleur déguisés dans les rues et une femme usant du feu dans la foule pour terrifier un malheureux voleur.
Pan, n'avait pas loupé une seule seconde du début de la conversation et comme pour accentuer le côté théâtrale que je m'étais en avant, il se dressa sur ses pattes, sa queue trainant sur la table et alla pleurer non loin des bras de la jeune fille.
J'étais content qu'il soit en papier, il ne pleurait pas vraiment mais au moins faisait semblant... Et ceci dans l'unique but d'attirer sur lui la sympathie d'une jolie fille... Entre moi et ce singe je me demande qui est le plus fourbe. La situation me paru assez drôle pour que je rigole légèrement.

-Il vous adore Selene.

Un brin ironique alors que le singe tentait sa chance pour obtenir les faveurs de la pyrokinésiste.

-Mais faites attention à ce qu'il n'aille pas vous voler lui aussi. Ce cher Pan aime récupérer des souvenirs de ses victimes.

Je soupirais, sous le regard noir que me lançait le singe quand j'avouais que l'animal était un chapardeur comme tout ses confrères vivant et poilus.
Ma main alla sur une petite serviette posée sur la table. Je formais la base d'un lotus et ma magie fit le reste. Le lotus apparu au creux de ma main comme par enchantement. Je le déposais entre moi et Selene en gage de paix... Sait-on jamais que Pan lui en fasse voir de toutes les couleurs... Il n'y a que Caël à ce jour qui ai su garder un calme marmoréen face au pitrerie de mon compagnon.

Sélène sourit à la mise en garde. Elle se doutait bien que si le singe était aussi malin qu'il en avait l'air, il était aussi chapardeur que ses cousins de chair et de sang. Elle prit le petit singe sous les aisselles et le souleva à hauteur de son visage, les traits toujours illuminés par un sourire.

- Tu m'as vu à l'oeuvre, petit malin, tu sais ce qu'il t'en coutera si tu tentes de me subtiliser quoi que ce soit. Je te devine assez intelligent pour ne pas faire l'erreur. Et en echange, je t'offrirai ce que tu souhaitera. En admettant que le prix ne soit pas trop élevé, biensur.-

La démone reposa l'animal de papier sur la table avant de reprendre son verre. Elle ne s'inquietait plus trop pour ses économies, étant donné l'endroit où elle les avait caché quelques instants auparavant, quand tout le monde regardait ailleurs.
Poussant un soupir de décéption, elle reprit la parole en s'adressant au séduisant comédien:

-C'est bien dommage que ça s'arrête si vite. Moi qui me réjouissais d'être tombée à pic pour les festivités...Il va falloir que je profite un maximum de ma soirée dans ce cas. Vous disiez avoir été congédié n'est-ce pas ?-

La question était purement réthorique. Biensur qu'il venait de le dire. Un sourire en coin étira les lèvre de la jeune femme pendant qu'elle sirotait le fond de son verre, son regard bleu flamboyant perdu dans le mouvement de la foule devant elle. Elle jouait à un drôle de jeu. Mais les vacances n'étaient elles pas faites pour jouer ? En pensant à ce qui l'attendait à Atlantis, elle se dit que profiter de l'endroit et d'une agréable compagnie n'était pas un grand mal et que ça faisait bien longtemps qu'elle ne s'était pas plut à ce genre jeu. Un haussement d'épaule mental finit par dissiper ce qu'il restait de doute.

*C'est parfaitement stupide: je suis en vacances, je suis grande et je sais me défendre. De quoi aurais-je peur à demander de la compagnie au moins pour une soirée ?*

-Vous devez connaître les endroits où il y aura de l'animation n'est-ce pas? Je ne suis pas une habituée de Northrives. Vous pensez qu'il serait possible de m'indiquer les coins les plus sympa? Juste histoire que je passe une soirée un peu moins calme que d'habitude.-

La demande d'être accompagnée n'était pas formulée mais paraissait plutôt évidente. Passer à côté relèverait soit d'une idiotie profonde, soit d'une attitude délibérée.
Sélène se perdit un insant en réflexion inutile: il était vrai qu'elle n'était pas habutiée à sortir le soir. Les Fumeroles n'étaient pas pourvue de beaucoup d'endroits animés la nuit et Atlantis, dans toute sa splendeur, n'en possédait pas beaucoup plus. Tern était remplis d'humains et Ordae aussi même si en compagnie de Caël, elle se sentait plus à l'aise. Mais Northrives était plein de créatures magiques et d'humains aux pouvoirs étranges aussi se sentait elle plus libre. Le festival était une belle occasion de passer la nuit dehors et elle ne voulait surtout pas manquer ça.

Pan entre les mains de la jeune femme lui fit un grand sourire et se mit au garde à vous. Pose qu'il garda jusqu'à avoir les pattes posées sur la table. De là je notais que se faire offrir un cadeau n'était pas suffisant pour endiguer son envie maladive de chiper quelque chose à la jeune femme. Je retins de dire que de toute façon je viderais l'intérieur en papier du singe ce soir et que s'il le fallait je lui rendrais ses biens... J'avais bien rendu sa viande à Caël le jour de notre rencontre...

Pan, plus fourbe que jamais, profita que Selene ne regarde plus dans sa direction pour jouer quelques pitreries dont il a le secret, j'eus le droit à une grimace langue tiré et oeil plissés, il se dandina en me montrant son postérieur bien poussiéreux à force de s'assoir n'importe où... Et puis, il y avait aussi le poirier qu'il fit en roulant des yeux... Je m'empêchais de rire pour répondre sans vexer la jolie fille, il serait quand même dommage de partir sur un quiproquo.

-Des endroits pour sortir ! J'en connais quelque uns sur Northrives mais ce soir il doit y avoir le bal costumé sur la place, non ?

Je souris et soudainement me vint une idée. Loin de toute appréhension, je refoulais au fond de mes pensées les "Caël t'en voudra s'il le savait" ou encore les "c'est pas raisonnable tu ferais mieux de rentrer !"... Et me mettant debout, j'approchais la jeune femme une main sur le coeur et l'autre tendue vers elle, je m'inclinais :

-Accepteriez-vous d'être ma cavalière ce soir ?

Je n'oubliais pas que j'étais acteur, certes non, et ce genre de petites excentricités m'allaient bien. Je profitais de beaucoup de mon physique, et ce soir je profiterai de ma jeunesse.
Peter Pan, prêt à tout pour faire rire sa dame, sauta dans ma main et se replaça au garde-à-vous me prenant au dépourvu dans la foulée. Je crus bon d'ajouter...

-Et de Pan, bien sûr.

Hochement de tête de l'animal, je ne me suis donc pas trompé.

[Trés jolie signature =p Il va falloir penser à fonder le fan club de Pan ^^]

Sélène se laissa à moitié prendre au dépourvu. Elle ne s'attendait pas vraiment à une telle galanterie dans une demande comme celle là ni aux pitreries du singe qui sembla prendre a coeur que son maitre le mette au même niveau. Elle se laissa aller à rire devant les mimiques du singe dont elle n'avait d'ailleurs rien manqué durant la conversation.
Le petit pheonix qui était resté dans son coin s'envola alors et vint se poser sur l'index tendu que lui présentait sa maîtresse. Un sourire charmeur aux lèvres, elle répondit à l'invitation tout en regardant l'oiseau et en le caressant du bout du doigt.

-Je n'avais pas connaîssance du bal, non. Mais ce serait avec grand plaisir que j'irais en votre compagnie.-

Elle lâcha du regard son petit oiseau de flammes et regarda son cavalier droit dans les yeux, à travers le masque de ce dernier. Son sourire n'avait pas disparut. Elle prit la main qu'il lui offrait.
Elle était bien contente qu'il ne se montre pas aussi sage qu'il aurait fallu. N'étant pas dupe, elle savait très bien qu'il était un habitué de ce genre de jeu. Heureusement, elle n'était pas vraiment novice non plus ce qui lui assurait un certain détachement. Mais elle ne put s'empêcher de penser qu'il était bien dommage qu'un si beau jeune homme soit si léger et qu'elle n'ai pas de réelles chances. Il fallait toujours que ce soit les moches qui soient sincères et fidèles.

Conscience : * Attention sur quoi tu t'engages. Regarde le bien et regarde toi: tu sais que c'est pas bien tout ça. Il est encore temps de faire demi-tour ! Montre toi raisonnable !*

Conscience : *Roooh, oublis ça ma vieille, tu ne vas pas refaire le monde avec tes soupirs de décéption. Ce soir tu seras bien accompagnée et tu vas profiter de ta jeunesse (même si tu as encore pas mal de temps devant toi pour ça). Tu connais les règles alors réfléchis pas trop et amuses toi.*

Un vrai bonheur cette petite conscience . Toujours là pour vous faire déculpabiliser et oublier les pensées parasites.
La jeune femme revint au côté plus pratique des choses. Un bal costumé voulait, comme son nom l'indique, dire costume.

-Je vais profiter de ce qu'il me reste de journée pour me trouver un costume dans ce cas. Et un masque. Même s'il ne pourra pas égaler l'élégance du vôtre. Puis-je compter sur le fait que vous viendrez me chercher à la pension de La Rive Blanche ? A l'heure qui vous conviendras. Une chose aussi: le vouvoyment me vieillit terriblement. Je suis encore trop jeune pour y avoir droit surtout venant de la part d'un charmant jeune homme qui va aller danser avec moi. Un "tu" ne sera donc pas prit comme une marque de grossièreté.-

Adressant un dernier sourire à Virgile et une dernière caresse à Pan, elle se leva, n'attendant plus que la réponse pour partir. La pension où elle logeait était assez connue pour que quelqu'un comme le comédien sache où elle se trouvait. Elle allait désormais s'atteller à la tâche de trouver un costume à la fois élégant et qui la mette en valeur pour le soir même. Elle ne tenait pas à être disgrâcieuse.

-Mon masque n'est qu'une illusion théâtrale, je viendrais vous cherche à l'aurore.

Je pris sa main dans la mienne, la portais à mes lèvres, j'effleurais sa peau un sourire surgissant sur mon visage. C'était une jolie jeune femme, diablement jeune, elle était assez naïve pour se laisser aller oublier toute prudence à la première rencontre avec un homme. Le serveur arrivait à point pour que je paye nos consommations. Il s'enquit de l'argent que je lui donnais et j'abandonnais la terrasse et mon rencart par la même occasion. Je devais occuper une après-midi entière avant d'aller chercher Selene pour l'emmener danser.

Durant tout cette après-midi je me suis questionné. Je suis un acteur, je n'aime rien ni personne, ou presque, je joue le jeu jusqu'au bout, jusqu'au moment où je tirerai ma révérence,le rideau tombe et je disparais sans plus de spectacle. Si cette fille avait plus d'expérience, je serais une distraction amusante, elle sourira quand je l'abandonnerai sur la place du bal à la fin de la fête et elle se souviendra avec bonheur d'une nuit pleine de rires. Mais, elle était jeune, si jeune qu'elle pourrait espérer que l'élégant comédien soit sincère envers elle, qu'elle puisse espérer qu'un jour je frapperai à sa porte un bouquet de roses en main. Les roses j'en mords les tiges et je les jettes sur les planches. Lui briser ses illusions, la blesser si jeune pourrait provoquer des lésions irréversibles sur sa santé sentimentale. Je devrais lui faire comprendre que cette soirée n'est qu'un jeu pour nous distraire tous les deux. Et puis, je ne pouvais oublier que Virgile, celle qui s'est caché s'est un forgeron s'en est entichée...

Toute l'après midi j'ai ris, entre Pan et ses pitreries, entre les jongleurs et les acrobates qui arrondissaient leurs bénéfices en continuant d'agrémenter les rues de spectacles et de clowneries. Si bien que lorsque le soleil commença à décliner au dessus des coupoles de Northrives, je me rendais compte que si je ne courais pas je serais en retard, Pan accroché comme un cerf-volant à son fil, j'entamais mon parcoure du combattant direction Rives Blanche.

Essoufflé, dans un pantalon viennois et une capeline carmin, j'ajustais la plume accroché à mon masque, et à l'accueil je sonnais un réceptionniste. Il m'indiqua du menton d'attendre sur un siège dans le hall en attendant mon rencart... Je suis assis avec Pan qui a décidé que la plume à mon masque serait mieux entre ses pattes. Je n'avais plus une seule décoration sur mon masque et j'avais drôlement chaud dans mes vêtements.

-Une jolie fille vêtue de soie, parfumée, maquillée... Je ne sais vraiment pas quoi demander de plus.

Si je savais. J'étais perdu entre l'autre moi et son amant, et le moi actuel volage au possible.

La jeune femme avait sourit devant le zèle dont faisait preuve Virgile en matière de galanterie. C'était plutôt comique mais tout de même agréable. Elle laissa le comédien payer sans oublier pour autant ce qu'elle devait pour sa consommation: elle le rembourserait plus tard. Les bons comptes font les bons amis.

Sans plus de cérémonie ils se quittèrent pour partir chacun de leur côté. Sélène trouvait l'occasion parfaite pour se dénicher une nouvelle robe qu'elle pourait remettre à l'occasion. Faire du shopping pour le plaisir, c'est bien, mais si on a une bonne raison de le faire, ça donne meilleure conscience quand les pièces disparaîssent du porte-monnaie.
La rue des tisserans était de loin la plus belle de toute: les tapis, les etoffes, les couleurs brillantes attiraient l'oeil de tous les côtés en même temps. Pas d'odeurs d'urines ou de teinture contrairement au quartier des tisserans d'Ordae. La démone entra dans une ou deux boutiques, fit quelques essayages, discuta les prix et fini par sortir d'une petite remise sombre avec ce qu'elle cherchait à un prix qu'elle avait rabaissé largement. Sourire aux lèvres, elle se mit en quête d'un masque pour le soir.
Dans les Fumeroles, les soirées ne manquaient pas mais l'ambiance était bien différente. Sélène aimait beaucoup porter un masque. Elle attribuait ça à son sang de démon. C'est bien connu, le diable se cache souvent derrière un masque, non ?
Heureusement, la soirée prévue semblait attirer beaucoup de monde et elle ne tarda pas à dénicher l'objet idéal.

Une fois de retour à sa pension, elle s'accorda une longue pose dans une baignoire d'eau bouillante. Le soleil et le monde en ville, c'est bien, mais c'est pas de tout repos quand on se balade.
Quand elle estima qu'elle faisait trempette depuis suffisament longtemps, elle daigna sortir de l'eau pour commencer à se préparer.
Enroulée dans une serviette, elle fit un crochet par son balconet avant de regagner la chambre: le soleil se couchait et teintait de rouge l'eau des caneaux. La pension se trouvait à l'angle d'une rue et donc la jeune femme avait une belle vue sur le canal juste aux pieds du bâtiment. Un sourire éclaira son visage: elle pouvait déjà entendre les essais de l'orchestre sur la grande place.
Faisant volte-face, elle retourna dans sa chambre d'un pas léger pour se changer.

Le reflet que lui renvoyait le miroir était très satisfaisant: une séduisante jeune femme se tenait debout, vetue d'une longue robe satinée d'un bleu nuit profond en bon accord avec la couleur de ses yeux, lesquels étaient parés de noir. La longue chevelure brune de la personne était retenu en un chignion savament désordoné et maintenu par deux baguettes de bois taillées. Et le visage était caché derrière un masque bleu et doré.

Spoiler:

La démone était plutôt contente de son image. Elle portait toujours sur elle son briquet mais aucun bijoux. L'argent qu'elle devait à Virgile se trouvait dans une très petite poche ceinturée à sa cuisse qu'elle pouvait atteindre grace à la longue fente sur le côté de la robe. Quand Pan vole cet argent s'il le souhaitai, il lui revenait de droit.
Sans plus s'attarder devant le miroir, la jeune femme descendit dans le hall. Une ombre de pensée vint alors la chatouiller: il pouvait exister la possibilité, infimisime, que le comédien qui attendait bien sagement en bas ai dans l'idée qu'il y aurait un "demain". Ca ne serait pas très arrangeant. Il faudrait donc mettre les choses au clair très vite. Mais Sélène avait confiance: son cavalier n'avait pas l'air d'être quelqu'un de très sincère ou fidèle. Le problème ne se poserait pas.

La première chose que la démone vit, ce fut Pan avec une belle plume dans les pattes. Un sourire lui monta aussitôt. Puis son regard se posa sur le beau jeune homme qui était assis dans son fauteuil. Elle avait bien fait d'accepter.
S'approchant d'un pas souple, le sourire aux lèvre, elle attira son attention en l'apostrophant:

-Qu'elle élégance. J'espère faire des jalouses ce soir. C'est agréable d'être enviée par des femmes inconnues.-

Elle se dirigea vers la porte et attendit le comédien pour la franchir.
Elle attendrait d'être en route pour le bal pour jouer carte sur table.