Pronostiques contradictoires [pv Caël]

En plein baiser langoureux avec Caël mon cerveau s'arrêta de fonctionner une brève seconde... Une autre très brève seconde. Il tenta un redémarrage, enroué et plein de dysfonctionnement et bloqua de nouveau quand le forgeron vint empêcher ma tête de se déplacer. Car pour que mes neurones puissent être à nouveau alimenter il me fallait déjà de l'air et aussi une distance minimale entre le beau forgeron et moi...

Le "désolé" passa comme une lettre à la poste qu'on a oublié de timbrer. Je m'éloignais de quelques centimètres toujours assis sur ses genoux. Sourcils froncés je ressassais mes souvenirs pour tenter de savoir si on m'avait déjà fait ce genre de coup ? Evidemment, non, jamais. La nécessité n'avait jamais entrainé pareille situation, et surtout quand on m'embrassais je n'avais pas droit à un "désolé" avant et après. C'était si nul que ça ? Triste vie d'artiste incompris.
Je plaquais une main sur sa joue, fixant son regard comme pour déceler un indice me prouvant qu'il ne pouvait pas avoir tant détesté ça... Ok puisque c'est ainsi.

-Désolé ?

Je l'embrassais à nouveau comme pour récupérer mon baiser volé. Il m'avait mise au défi, je relevais sans broncher et aussi parce que chez moi stupidité rime avec quotidien. Quand j'en eus fini de ce baiser non nécessaire, je finis par me lever de ses genoux pour retourner sur ma chaise et m'installer sur la table face à Pan hilare qui avait eu la bonne idée de plonger dans la sacoche de mon sauveur pour se planquer une minute avant. Il avait choper un restant de viande que je lui ôtais des mains avant qu'il ne le taille en viande hachée. Il protesta et quand il vit mon regard presque en colère s'arrêta net comme une statue à la posture ridicule. Je tendis la viande au forgeron.

-T'es le premier à t'excuser...

Être beau c'est pas une raison pour vexer les jolies filles...

(imagine bien la situation... je te tends un bout de viande en parlant d'autre chose ça sent le ridicule s't'histoire !)

Je m'attendais à une gifle bien sentie pour ce que j'avais fait, mais au lieu de ça elle resta sur mes genoux, et tendis la main vers ma joue. Aie... Ça allait faire mal... Je la fixais d'un air hésitant, je ne savais pas trop comment réagir et elle n'eut pas eu l'air d'apprécier mes excuses, je donnais donc l'impression d'être si peu repentant que ça ? Et là, c'était à moi d'avoir le cerveau en mode pause. Elle m'embrassait ? Le pire c'est que je devais avouer que c'était pas si désagréable que ça... Je fermais les yeux et cette fois profitais du moment, les mains posées sur ses hanches. Elle était vraiment frêle à côté de moi... Je restais bête quand elle se leva et se rassis sur sa chaise comme si de rien été.

- Je ne pensais pas que tu réagirais de cette manière... Je voyais plutôt me prendre une gifle retentissante...

Je ne savais pas trop comment réagir à ça. C'était bien la première fois que je me retrouvais dans ce genre de situation. Cette femme m'attirait vraiment toutes sortes d'ennuis...

Je repris le morceau de viande qu'elle me tendait d'un geste presque mécanique, je crois que je n'avais pas encore récupéré toutes mes facultés mentales...
ais c'était bien joli d'embrasser une femme comme ça, mais ça menait où ? J'avais passé l'âge de croire aux contes de fées et au coup de foudre, même si je devais reconnaitre que Virgile m'attirait, sans vraiment en connaitre la raison, je devais être devenu fou...

La serveuse coupa court à mes pensées en nous apportant notre pichet de vin et deux verres. Je la remerciait et nous servis à boire avant de lever mon verre.

- A cette rencontre fortuite !

Je ne savais pas comment réagir maintenant.... Tssssssss... Pire qu'un gamin.... Et ça a trente ans passés...

J'y avais pas pensé à ça... Si ce truc qui dit qu'on embrasse pas les filles avant de bien les connaitre. Mon monde était si éloigné du sien pour que ce genre de préceptes soient oubliés depuis un millénaire quand chez lui il faisait tilt mieux qu'une vexation ? Machinalement, sans que mes yeux ne se posent sur Pan, je me mis à gratouiller l'animal du bout de l'index alors que le singe était encore dans son option "statue immobile"... Effet garanti, il tenta de garder la pose encore une seconde et fini par s'esclaffer et s'en donner à coeur joie sans même m'attirer une once de compassion. Encore heureux, un singe en papier ne meurt pas d'asphyxie.

-Une gifle ?

Pourquoi l'aurais-je gifler alors qu'il l'avait fait pour m'éviter des ennuis ? Quoique ça j'aurais pu ne pas le comprendre...
La serveuse débarqua comme un cheveux sur la soupe, un grand sourire en prime et un décolleté pigeonnant à faire pâlir les pis d'une vache. Elle s'en allait en se déhanchant quand je remarquais le verre levé du forgeron... Un remontant, il en avait peut-être besoin. Fortuite c'est un grand mot. Si je devais nommer le hasard je l'appelerai Peter Pan et dans ma tête se dessinerait alors la tête hilare de ce singe en papier qui mériterait des corrections. Nan, je peux pas, j'aime trop ce singe pour l'applatir comme un vieil avion en papier. D'ailleurs il devait l'avoir compris, d'où son habitude de cumuler les bêtises. Cette fois ci il s'agrippa à mon poigner pour plonger le premier dans mon verre... Lui aussi voulait trinquer.

-Pan, approche ce vin et je te repeints en rose, d'ailleurs tu serais bien plus joli en fille...

Le singe compris la menace, il s'échappa et se planqua dans la cape du forgeron -sur mes épaules évidemment, puisque je l'avais complètement oubliée- , il formait une boule tremblante sous le tissus, afin de bien signaler qu'il était là et qu'il s'amusait comme un fou... Le meilleur des acteurs.
Je levais mon verre et après un sourire je l'avalais d'une traite. Ah ! J'en avais besoin de ce verre !

-Je vais supposer quelque chose de très bête, en dehors de forger des armes et de faire se bidonner les singes en papier, je vais croire que tu es célibataire, d'accord ?

J'appréciais le sexe opposé -ou similaire- pour la grâce de l'intelligence humaine et toute cette philosophie d'acteur et d'être libre. Et, quand bien même, ma liberté libertine me laissait aller à bien des penchant, je n'allais tout de même pas jusqu'à me laisser devenir un bouche-trou, le grain de sel qui fait exploser les couples. Du moins, si ça m'arrivait je faisais en sorte pour que ça ne me retombe pas dessus, mais là... Avec tous ces témoins et ma marque de fabrique nommée Peter Pan... C'était peine perdue.
D'ailleurs, même s'il m'affirmait qu'il était marié et avait douze gamins je ne chercherai pas à noter cette information. Mon cerveau continuerait de croire qu'il est seul... Sans cela, se serait comme une grosse déception que mon coeur partagé avec celui d'un singe débile ne supporterait pas.

Je ris en voyant les pitreries du singe, ils faisaient vraiment une sacré paire tous les deux... C'était vraiment distrayant après les récents évènements qui nous avaient conduits à ça. Elle m'intriguait. C'était ça l'information qui me manquait ! Je savais au fond de moi qu'elle ne me disait pas tout au sujet de ses ennuis, mais cette femme m'intriguait, je voulais en savoir plus sur elle. Peut-être que je devenais fou finalement... C'était bien la première fois que je voulais en savoir plus sur une personne qui pouvait m'attirer des ennuis en pagaille. En général, je fuyais les gens comme ça. Mais pas elle...
J'eus un rire quand elle "supposa" que j'étais célibataire.

- C'est le cas, ne t'inquiète pas !

Je ne tenais pas à savoir si elle l'était ou pas, ce serait une trop grosse honte pour moi de me dire que j'avais embrassé une femme mariée ou déjà en couple avec un autre homme. J'avais beaucoup trop de fierté pour accepter ça. Je fis tourner mon verre au fond de mon verre et le bus d'un trait. Je ne savais pas quoi faire pour me détendre... Je me retrouvais pour la première fois de ma vie complètement perdu sur la façon dont je devais réagir. Lui faire la cour officiellement ou fuir... Lui prendre la main ou continuer comme si de rien était... Je ne savais plus... J'ai toujours su comment mener ma vie, mais là, je ne sais pas quoi faire pour gérer ce qui m'arrive... Je me resservis un verre et lui proposais de la resservir également.
*Caël mon grand, tu commences à perdre pieds là... Fais gaffe où tu vas*

J'ai du mal à y croire à ce truc... Beau, bien élevé, avec une situation stable et même un brin de célébrité et ça ose se dire célibataire ? Ce type est gay ? Un grand sourire illumina mon visage, déformation professionnelle qui m'entrainait à toujours exagérer mes expressions.

-On est deux comme ça !

J'aurais tout aussi bien pu lui dire, puisqu'on est célibataire tous les deux, que je suis une femme et toi un homme... Ahah, ça aurait été drôle de le voir se dépêtrer de mon affirmation hautement véridique, car dans le monde réel, une femme et un homme qui s'embrassent, s'ils sont célibataires ça se finit au lit, non ? Dans mon monde ça se passe comme ça. La décision est donc d'autant plus évidente que j'allais devoir trouver un moyen de l'avoir. S'il était dans ma caboche il aurait sûrement peur de ce qu'il y trouverait. Une jeune femme avec des appétits venant d'une autre nature, quel drôle d'idée.
C'est après de drôles de questions sur : est-ce qu'il est toujours aussi large d'épaules si on lui enlève ses vêtements ? Ou encore, est-il plutôt violent ou doux comme un agneau ? ... Le bon côté, il ne me vis pas rougir de honte de mes propres pensées puisqu'il s'enfilait un verre de vin... J'en profitais pour baisser la tête et forcer Pan à sortir de sous la cape... Il manquerait plus que le singe choisisse de me déshabiller en public. Je le chopais par la queue et le laissais tomber sur le sol, ce dernier prit la fuite et alla se cacher sous une table libre. C'est clair que de là où il était je ne pouvais pas l'attraper pour l'empêcher de faire des bêtises.

Libérée du singe, j'étais en mesure de confectionner meilleur plan pour voir si je plaisais ou non à Caël. Le faire boire m'aidera peut-être à le décoincer, ou sinon je lui saute dessus et je vois s'il me repousse où m'envoie promener... Ou je peux aussi le remercier, me lever et partir. J'étais très tentée de lui sauter dessus, et je me rendais compte qu'il tiendrait l'alcool mieux que moi, quant à la solution de partir sans demander mon reste... C'était impossible. Je le regretterai pendant des jours !

On aurait dit que Pan lisait mes pensées, il revint sur la table en quelques acrobaties, et plutôt que de venir vers moi il bondit sur l'épaule du forgeron. Ma réaction fut irréfléchie et très ridicule. Je tentais d'attraper le singe en vol.

-Pan, non !

Main tendue, j'attrapais le singe, sauf que même debout cette position était dur à tenir, aussi, je retombais mollement sur le forgeron avec Pan qui s'échappait de ma main en riant ouvertement... Il me le paiera.

J'étais heureux de savoir qu'elle était elle aussi sans attaches, elle me le dit sans même que j'ai à poser la question. Je retins de justesse un soupir de soulagement, je ne voulais pas qu'elle pense que je lui faisais du rentre dedans sans aucune forme de politesse ou autres mauvaises manières. J'avais ma fierté, si je devais faire des avances à quelqu'un, je veux le faire de façon claire et courtoise. Du moins dans la mesure du possible...

Je la rattrapais lorsqu'elle réatterrit sur mes genoux pour la deuxième fois en quelques minutes, ça allait devenir une habitude. J'allais finir par croire qu'elle s'y sentait bien. Je la rattrapais par la taille et l'installais correctement. Puis je saisis son verre et après l'avoir de nouveau rempli de ma main valide, l'autre étant toujours doucement posée sur sa taille, je lui tendais son verre et remplis de nouveau le mien également.

- Ce qu'il y a de bien, c'est que c'est moi qui bois, mais c'est toi qui tombe !

J'avais dit ça en riant, mais je ne lâchais pas sa taille pour autant. Au moins là, si elle tombait, je pourrais la retenir plus facilement. Mais je n'avais pas l'intention de la laisser boire plus que de raison, il faudrait ensuite que je la ramène et vu que je ne savais pas où elle logeait, je serais quitte pour la ramener chez moi... Pas que ça me dérange beaucoup, mais je ne tenais pas à me retrouver avec une personne qui me faisait autant perdre les pédales. Je ne savais pas vraiment ce qui se passait, j'avais envie de refermer mes bras autour de ses hanches, de recommencer à l'embrasser. Inconsciemment, ma main se déplaça de sa taille vers sa hanche.

Mais... Mais... MAIS ! C'est pas de ma faute ! C'est Pan qui fait le pitre et qui s'amuse, en plus, de me voir tomber sur la seule personne sur qui je devrais évidemment éviter de le faire. Soit, la situation cocasse lassait se profiler bien des tournures bien plus amusantes pour moi... Mais.. Sérieusement, ai-je vraiment besoin d'un singe -en papier- comme agent matrimoniale ? Et puis qui sait si Caël n'est pas célibataire parce qu'il préfère les conquêtes d'une nuit... Ne serait-ce pas triste pour moi d'avoir été littéralement jetée dans les bras d'un homme juste pour une nuit ?
C'est vrai que si j'avais été un homme ça m'aurait fait plutôt rire, après tout, le plus ou moins célèbre Virgile est connu pour ses conquêtes, pas pour ses relations à long termes... Encore heureux, puisque voyager pour fouler les planches des scènes les plus variées n'aide pas forcément à construire une vie de famille. Mon père en est la preuve et j'espère ne pas réitérer l'expérience avec ma propre existence... Digression terminée, je dois me décider... soit je bois ce verre et je me décide à lui sauter dessus -boire m'aidant à aller à l'encontre des mes appréhensions, on peut être un séducteur né et une piètre séductrice- soit je me lève et me réinstalle dignement -à peu de choses près- pour tenter de retrouver un semblant de... et bien de cohérence, de logique, de raison...

Qui a dit qu'un acteur c'est raisonnable, logique et cohérent ? Un singe encore moins d'ailleurs... Pan plongea discrêtement dans la sacoche du forgeron, il pressentait sûrement que si nous partions le risque qu'on l'oublie soit grand... Et s'il peut en même temps dévorer la viande restante... Qu'il s'amuse j'aurai plus qu'à nettoyer et rembourser. Le petit malin disparu, mon regard alla de Caël à mon verre. De mon verre à Caël... Et bizarrement je posais le verre encore plein sur la table. Sa main sur mes hanches je compris que le beau Caël n'était pas indifférent au charme féminin... Et si le miens pouvait agir, en plus de satisfaire mon égo, j'étais quitte pour ne plus le lâcher. Pauvre garçon... S'il savait...

*entretenir un singe c'est pas compliqué d'un côté, entretenir un changelin... non ça on va rien lui dire je peux garder cette forme encore un petit bout de temps ça ne devrait pas poser de problème*


Boire n'était pas la meilleur chose à faire, dans son cas, si je voulais appliquer le théâtre mental qui se déroulait déjà dans mes pensées. En bon metteur en scène, et cette fois ci sans aucune boufonnerie, je préparais déjà la suite de cette journée. Un doigt sur le verre de Caël pour l'empêcher de le vider, je me laissais aller à l'embrasser sans aucune autorisation préalable. De toute façon les autorisations, j'étais comme Peter Pan à ce niveau là, j'en avais pas besoin pour agir... Dans le pire des cas je m'excuserai, et s'il se vexe comme moi tout à l'heure ça lui fera les pieds !
Enfin non... J'ai pas envie qu'il se vexe, sauf si ça le rend plus réactif...

*Han Virgile, va doucement, ta main sur son torse n'est peut-être pas une bonne idée dans cette Taverne...Tant pis...*

*Caël mon grand, lève ta main de cette hanche, tu vas faire une grosse bêtise...*

Pas que je sois contre les plans d'une nuit avec une belle femme dans les bras, mais je devais avouer que Virgile était assez intrigante pour que je veuille passer plus d'une nuit à ses côtés. Je ne tenais pas à ce qu'on finisse dans une chambre miteuse juste parce qu'elle veut me remercier de l'avoir aidé, je ne l'avais pas aidé pour ça de toutes manières. S'il devait y avoir quoi que ce soit entre nous, je voulais que les choses se passe bien. J'aimais le calme relatif de ma petite vie tranquille. Je ne voulais pas me retrouver avec une femme qui hurle au scandale, prétextant que je n'étais qu'un goujat incapable de la moindre galanterie et qui l'avait juste séduite pour la jeter ensuite comme une malpropre. C'était plutôt moi qui avait tendance à me faire jeter d'ailleurs... Mes compagnes ne comprenant pas que j'aimais mon travail et que j'avais quitté ma famille et une vie qui était toute tracée pour lui. Je ne risquais pas d'envoyer aux orties tout ce que j'avais réussi à créer de mes mains, pour les beaux yeux d'une demoiselle. Mais aucune d'elle ne l'avait compris. Elles pensaient toutes que mes armes étaient le seul amour de ma vie et qu'elles comptaient bien moins à mes yeux. Ce qui était loin d'être le cas. Je n'étais juste pas quelqu'un de sentimental et pas spécialement romantique non plus. La pauvre... Je me retrouvais dans une taverne, une femme sur les genoux, à me faire embrasser. Attend une minute... Comment ça embrasser ? Pause. Retour en arrière.
Je la tenais pour ne pas qu'elle tombe, elle s'est tourné vers moi et m'a carrément embrassé, je ne rêve pas. Ok... C'était pas comme si c'était désagréable de toutes façons... Au contraire même. Je me laissais aller à profiter de ce moment de calme dans ma vie, resserrant mes bras autour de sa taille fine. Bon, finalement je crois que cette journée va se finir chez moi...
Je fus celui qui rompis le baiser.

- Je ne suis pas sûr que ce soit une très bonne idée de me faire du charme dans une taverne...

Je vidais mon verre d'un trait, réglais la commande et me dirigeais vers la sortie en la tenant pas la main, après avoir remonté la capuche de ma cape sur ses cheveux.

[-> La forge]

[rp clos]