Pronostiques contradictoires [pv Caël]

Des jours entiers à ne plus pouvoir poser un pied dans Tern sans risqué de finir dans les cachots personnels d'un aristocrates véreux... Et maintenant... Maintenant, et bien, je m'amuse à serpenter dans les petites ruelles d'Ordae sous ma forme féminine. Bien moins contraignante qu'un corps d'homme et forcément, personne ne me soupçonne d'être une femme... Et personne ne soupçonnerait la jolie fille que je suis d'être un homme. Ah bien sûr ma petite apparence me valait le manque de politesse de quelques badauds, mais ce n'était pas grand chose, je pourrai survivre aux insultes, moins à la torture.

*pardon, excusez-moi, pardon... Je passe !*

Dans la foule qui se pressaient dans le marché de cette belle matinée, personne ne s'inquiétait de voir une jeune femme déambuler parmi les étales, ma cachette était sophistiquée et indécelable... Je récupérai un panier d'osier (je l'emprunte, promis juré je le rendrai à son propriétaire dès que possible) et le tenant contre moi, je marchais un sourire vague sur les lèvres.
Pan s'était lui aussi trouvé une occupation, accroché à mon épaule, il scrutait les environs une main en visière. Quelques petits bonds et il s'élançait sans prévenir dans un bain de foule.

-Pan !

On se tourna vers moi, pas le temps de m'inquiéter de l'onomatopée, je poursuivais mon singe en papier qui bondissait sur la tête des braves gens réunis ici pour rejoindre je ne sais quelle odeur qui l'intriguait. Peut-être avait-il faim ou qu'il sentait quelque chose de familier... Ah quel abruti de singe ! Encore heureux qu'il était en papier et non en chair et en os, au moins il ne coûte pas cher en nourriture...

En fait après avoir fendu la foule à coup de "pardon", "désolé", tout en marchant sur les pieds d'un bon nombre de gens, je remarquais que Peter Pan s'était choisi un nouveau perchoir. En fait, il avait simplement bondi sur l'épaule d'un homme trop grand et trop large pour moi... Je ne pourrai pas lui faire le coup des yeux doux pour qu'il pardonne ce singe stupide... Adieu Pan, je t'aimais bien tu sais.

J'avais quitté la forge depuis l'aube pour chercher des lanières de cuir dont j'avais besoin de refaire la réserve pour mes prochaines commandes, mais j'avais beau chercher je ne trouvais pas ce que je voulais. Ce n'est que bien plus tard que je dénichais une petite boutique dans une ruelle perdue. Là, je trouvais enfin mon bonheur, râlant intérieurement sur mon fournisseur habituel qui avait eu la bonne idée de partir en voyage. Il pouvait pas attendre un peu... Non, évidemment... Après des heures de marche et de recherche, je venais enfin de mettre la main sur les lanières que je cherchais, ni trop larges, ni trop petites et à un prix raisonnable pour une fois ! Je venais de sortir de la boutique quand je rencontrais un ami que je n'avais pas vu depuis longtemps, il venait de se marier et je l'avais rencontrer dans la taverne où travaillait Eleyn. Il s'était donc rangé avec son mariage et venait de m'annoncer que sa femme était enceinte depuis quelques mois. Nous avons discuté un moment et me voilà parti pour rentrer à la forge.

Au milieu de la rue pourtant, je sentis quelque chose de bizarre atterrir sur mon épaule et je tournais la tête pour découvrir une bestiole bizarre... en papier ? Non, je dois être plus fatigué que ce que je pensais... Je la fixe en clignant des yeux un instant, mais non je ne rêve pas, j'ai un singe en papier sur l'épaule... Je me retourne afin de mettre la main sur le propriétaire de ce truc. Sûrement un magicien, car il était évident que ce genre de créature ne pouvait se mouvoir sans l'aide de quelqu'un.

Et bien entendu, c'est toujours quand on a pas envie de croiser quelqu'un, qu'on croise tout le monde... Le marchand de fruits a éclaté de rire en voyant ma tête...

- Et bien alors forgeron, tu t'es fait un nouveau compagnon ?

- Il semblerait...

Je n'étais pas de mauvaise humeur, mais disons que je me serais passé de me faire remarquer de cette manière. Moi qui aimais rester discret c'était raté... Et je n'avais toujours pas mis la main sur le propriétaire de la bestiole qui commençait à fouiller dans la capuche de ma cape, voir s'il n'y avait rien d'intéressant. Je l'attrapais par la feuille du cou et l'amenais devant mes yeux. Cet andouille de singe me fit une grimace. J'eus l'envie subite de le ramener à la forge et de le balancer dans mon foyer...
Je demandais aux alentours.

- Cette ch... Cet animal est à quelqu'un...?

Moi, ironique ? Jamais voyons !

Aie aie aie... Pauvre petit Pan aux mains de ce grand barraqué... Je sortis de ce bain de foule pour approcher l'individu. Il était grand, bien plus encore alors que j'approchais de lui. Des yeux bleus et l'air bourru comme aucun autre homme ne saurait l'être. Je souris, un regard rempli de toutes les excuses possibles et une idée derrière la tête qui ressemblait à...

*Pitié, pas encore des ennuis, je me suis même pas débarrassé des précédents... Allez sois sympa, lâche le singe et t'entendra plus jamais parler de moi !*

Je m'avançais avec prudence, l'oeil attentif au moindre mouvement de ce prédateur tenant entre ses pattes mon rejeton aux singeries maladives... Mon instinct me disait de me méfier de l'ours qui dort et de ne pas oser réveiller le lion qui se cachait derrière son allure virile et ses biceps épais... Bon sang faut que j'arrête le café le matin, plus j'avançais et plus je me questionnais sur des choses un peu drôles dirons-nous pour un homme à l'apparence d'une femme. Enfin, se serait drôle si j'avais été élevé avec la différence des sexes comme une valeur à ne pas oublier. Mais là... J'étais pour n'importe quel autre être vivant et doué d'intelligence *le singe ne compte pas* une jeune et jolie jeune fille... Alors penser que ce type qui était à deux doigts de transformer l'adorable et complètement stupide Peter Pan en boulette de papier, était en fait un bel homme... ahah, c'était, ma foi, tout à fait normal.

-Excusez moi, je crois que cette chose est à moi...

Pan qui avait clairement été terrifié -ou pas- de l'allure étrange de l'homme qu'il se voulait comme nouvel ami, s'échappa de la main du l'autre et plongea vers moi bras ouverts pour me serrer et me caliner comme si je venais de lui sauver la vie... C'était un peu exagéré, je l'aurais recréé, l'andouille aurait peut-être eu droit de devenir une andouillette... Qui sait moi et mes bonnes idées.

-Il est farceur mais il ne fait de mal à personne... Il ne vous a rien volé ?

Question qui tue ? Faut avouer que se singe en papier était creux comme un vieux tronc (ou comme le cerveau d'une méduse) et qu'il aurait pu fourrer dans son fort intérieur (en papier) quelques baie et fruits s'il en avait eu l'occasion. Quoique dans ce cas j'aurais vu le papier se teinter de couleurs étranges, comme la fois où il tenta de faire des réserve dans son ventre de mûres fraichement cueillies... Il était devenu violet et le papier trempé mis des jours avant de sécher.

Je haussais un sourcil quand je vis que le propriétaire de la bestiole, était en fait UNE propriétaire. Et assez mignonne qui plus est... Le singe réussit à se dégager je ne sais comment pour lui sauter dans les bras d'une manière assez comique, je devais le reconnaitre. Je lui souris d'une manière agréable, du moins autant que je le pouvais au vu de ma carrure. Elle était vraiment petite à côté de moi... Mais je devais avouer que j'étais plus grand que la plupart des gens du quartier, je comprenais mieux pourquoi le singe s'était servi de moi comme d'un perchoir...

- Ne vous inquiétez pas, je n'ai rien de vraiment précieux sur moi, ni même de quoi manger.

C'était en soit une drôle de façons de faire connaissance avec les gens. Mais pas si désagréable que ça. Même si j'aurais quand même préféré faire connaissance avec la jeune femme avant son singe... Je regardais cette petite boule de papier perchée sur l'épaule de sa maitresse à présent et m'inclinais poliment devant la jeune femme.

- Bien, puisqu'il a retrouvé sa maitresse, je vous laisse ! Passez une bonne fin de journée !

Et je tournais les talons pour poursuivre mon chemin vers la forge, quelques rues plus loin. Quand un début de bagarre se fit entendre de l'autre côté de la rue. Il semblerait que des personnes n'étant pas du quartier aient décidées de prendre à parti un des habitants. Ce qui bien sûr était en soi une assez mauvaise idée, les habitants ce connaissant presque tous, on aimait pas vraiment qu'on touche à l'un des nôtres. Il semblaient chercher un homme, un saltimbanque. Mais j'étais forgeron pas garde, si ils avaient un problème, qu'ils appellent la garde de K'ouen en renfort... Moi je voulais rentrer chez moi, j'avais du travail qui m'attendait...

Puisque Pan avait regagné mon épaule, je ne voyais pas l'intérêt de retenir l'inconnu. Avec un sourire et une main écrasant les épaules du petit singe, je le saluais sans plus de manières. Il était temps de quitter le marché et d'aller se perdre dans le quartier... Nous sommes passés devant plein de petits stands, poissons, légumes, vêtements et même un sculpteurs sur bois me salua et me proposa un rabais sur un petit jouet pour mon singe si bizarre... Je refusais poliement et m'éloignais le plus possible de la place.

Je n'eus pas le temps de me faufiler dans une ruelle quand dans mon dos une voix m'interpella... Je me retournais et reconnaissant les hommes de mains de cet employeur qui n'avait pas apprécié que je compte fleurette à son unique fille, je prenais mes jambes à mon cou pour tenter de fuir le groupe armée. Personne ne devait savoir que j'étais une fille, alors comme m'avait-il retrouvé ? Entendre le singe ricané me suffit à deviner la suite... Je n'avais pas prévu de tomber dans une embuscade. Au pieds du mur, Pan et moi nous nous serions l'un l'autre pour nous rassurer avant la mort imminente qu'on nous réservait.

-Allez ma jolie dis-nous où est Virgile et promit on te fera pas trop de mal.

Il avait un sourire large, carnassier, du genre à n'inspirer confiance qu'aux vautours qui l'accompagnaient. Dur la vie d'artiste... Je me résignais, et levant les yeux sur les quelques hommes autour de moi je leur répondis à la façon de faire si naturelle qu'ont les filles de ce genre de choses :

-Kyaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa !

Aigüe, un brin désespéré, et peut-être un peu exagéré. Ca c'était du cri d'enfer, si fort que Pan s'en boucha les oreilles et quand les hommes me regardèrent de leur air ahuri il protesta de toute sa petite voix aigüe et pleine de réprobation... C'était la fin, je l'enjoignis d'un regard larmoyant à une dernière prière...

Je m'arrêtais un peu plus loin pour acheter un peu de viande séchée pour le soir, me souvenant au dernier moment que mes placards étaient vides. C'est à ce moment-là qu'une voix indéniablement féminine et aiguë se fit entendre dans la ruelle d'à côté. Je rangeais mes achats dans ma sacoche et avançais vers la ruelle en question quand une petite chose blanche en sortit en trombe et se jeta sur moi dans tous les sens du terme. Je me retrouvais donc avec le singe accroché à moi pour la deuxième fois de la journée... Ça commençait déjà à faire beaucoup trop pour moi d'ailleurs... La bestiole en papier se mit à pousser des cris stridents en s'accrochant à ma cape et tentais de tirer dessus, surement pour me conduire à sa suite. Je devais donc en déduire que la "douce" voix à l'instant était celle de sa propriétaire.

Une fois dans la ruelle je distinguais effectivement la jeune femme brune entourée d'une bande d'hommes qui même si moins baraqués que moi, n'en restaient pas moins plus nombreux... Je remontais la capuche de ma cape sur mon visage afin de cacher complètement mon visage et avançais vers le groupe. J'arrivais au moment où l'un d'eux allait frapper la jeune femme, je retenais son bras sans avoir à faire vraiment d'efforts et le toisais de toute ma hauteur, c'est à dire presque une tête de plus que lui... Il était plus petit de près que ce que j'avais cru au départ... Mais j'étais peut-être trop grand moi-même... Et cet idiot eut la mauvaise idée de me menacer et m'insulter... Très mauvaise idée de me menacer... Autant je passe sur les insultes, autant les menaces beaucoup moins... Je lui répondis d'un magistrale direct en pleine mâchoire et lâchant son bras que je maintenais toujours, le laissa s'encastrer dans le mur. L'échange avait duré quelques secondes, mais le reste de la bande avait pris la fuite, surement pour rameuter plus de monde.

Je ne cherchais pas vraiment à connaitre la raison de leur dispute, mais j'avais un minimum le sens de l'honneur et on ne frappe pas une femme... Je retirais ma cape et la posais sur les épaules de la jeune femme couvrant son visage comme je l'avais fait pour moi quelques instants plus tôt, puis l'attrapant par le poignet, en faisant bien sûr attention de ne pas lui faire mal, je la tirais vers une taverne proche et nous installais à une table au fond mais de manière à ce que je puisse voir la porte d'entrée.
Je pris alors seulement conscience de ce que je venais de faire... D'accord, j'avais aidé une demoiselle en détresse, c'était bien joli mais si elle était poursuivie, c'était qu'il y avait une raison...

- Bon, maintenant je pense que je peux savoir dans quoi je me suis embarqué en te venant en aide... J'espère juste que c'est une bonne raison... Et pas de mensonges je te prie...

J'étais instinctivement passé au tutoiement sans même m'en rendre compte. Et j'espérais vraiment qu'elle ne me mentirait pas, je détestais les mensonges.

- Au fait, je m'appelle Caël, je suis le forgeron d'Ordae. Et tu es ?

La moindre des choses dans ces cas là était quand même de se présenter un minimum. J'avais encore un minimum de politesse...

Je ne pouvais quand même pas lui dire que j'étais le Virgile recherche par un aristocrate de Tern à cause des déboires d'un singe en papier et de mes tendances à apprécier les charmes de la gente féminine... Quoique ce soir là j'aurais mieux fait d'aller me perdre dans l'uniforme d'un des gars armé du coin, ça aurait été moins risqué et plus exotique. Je m'étais laissée entrainer hors de la ruelle, loin de mes agresseurs en fuite ou assommé... Par un bel homme à qui je devais à présent rendre des comptes. Bon sang qu'il était grand, je ne l'étais pas autant sous forme masculine, mais c'est pas possible de faire des humains aussi haut ! Ils se sont trompés de plans ses parents, c'est celui du bébé qui falait prendre pas celui de Babel ! (le prend pas mal hein xD)

Et c'est pour finir, assise à la table d'une taverne, un ouistiti fouillant dans la sacoche du forgeron - Caël qu'il a dit - en me triturant les mains que je dus répondre à une question sensible... Hyper sensible en effet. J'étais coupable d'avoir charmé un jolie bustier -une femme ? ah bon ? Avec un nom ? Ah je savais pas !- quand ce si poli et bien élevé P.P. alias Peter Pan avait décidé de revoir ses bases de varappe sur le dos de la jeune femme... Il aurait pu choisir mieux comme pente à grimper... Déjà premier point à ne pas dire : je suis coupable ! Second point, vous pensez sincèrement que ce gars virile qui pense avoir sauvé une jeune fille en détresse croira un traitre mot de ce que je lui avouerai sur les changelins et tout le tralala ? Autant danser la gigue en pagne qu'il y croira un peu plus. Je suis sensée être une fille, j'ai un singe en papier, je devrais pouvoir user de mes talents d'acteur-trice pour me sortir de ce mauvais pas.

*Sans rancune superman mais ma vie est trop compliquée pour te l'avouer sans risquer ton coup de boule...*

-Et bien...

*Racontons la vérité, en omettant l'intéressant...*

-Peter Pan, le singe, a embarrassé une jeune femme de la Haute dans Tern, son maitre serait en fuite... Et comme j'ai recueilli le petit bout bah ils pensent que je connais l'homme.

*soit c'est un mensonge...*

-Je... Je m'appelle Virgile.

Pan choisi cet instant pour sauter sur la table un morceau de viande qu'il mâchonnait dans la bouche... Evidemment il la "mangeait" la viande sera juste plus attendrie que prévue puisqu'il était bien incapable de la digérer. Par contre, chose étonnante, j'avais découvert il y a déjà quelque temps que ce petit animal avait le sens du goût. Il aimait la viande, les fruits, détestait le thé et les bonbons acides qu'on trouve dans Tern. Il n'aimait pas le goût des médicaments et adorait mâcher les fleurs...
J'étais tellement habituée de ses bêtises que je ne pris même pas la peine de lui ôter la viande du bec, je soupirais pour indiquer au ténébreux -et costaud- Caël que le singe était dur à vivre... J'aurais du faire un colombe plutôt qu'un singe. Quoique, des fientes en papier mâcher je peux m'en passer.

[hrp : Le coup de Babel m'a bien fait rire !! xD]

J'écoutais les explications de la jeune femme en silence, je comprenais un peu mieux maintenant la raison de cette embuscade. Mais j'avais quand même quelques doutes, le singe semblait attaché à elle, si elle n'avait fait que le recueillir, il ne pourrait pas se mouvoir sans une aide quelconque. Enfin, je ne cherchais pas à en savoir plus, je m'étais déjà attiré assez d'ennuis comme ça pour le moment, je n'allais pas en plus m'en rajouter en me mêlant de ce qui ne me regarde pas. Je regardais Peter pan remonter de sous la table avec un morceau de viande dans la gueule. Je ne fis même pas mine de lui enlever mais poussais quand même un soupir qui en disait long sur ma façon de penser. Je mis ma sacoche de l'autre côté pour être sûr de pouvoir garder le reste de mon repas du soir. Je relevais la tête quand la serveuse vint prendre notre commande. Je commandais un pichet de vin et me tournais vers Virgile.

- Tu bois quelque chose ?

Dans quelle galère je m'étais encore fourré moi...? Je poussais un nouveau soupir et une fois la jeune femme partie chercher notre commande, je me tournais de nouveau vers la petite brune à mes côtés.

- Sinon, tu es du quartier ou tu habites dans Tern ?

J'avais été quelques fois dans Tern pour visiter, mais je devais avouer que j'étais quand même beaucoup plus à l'aise dans Ordae. Toutes ces technologies mettaient à mal mon commerce, avec les nouvelles inventions la ferronnerie devenait obsolète. C'était en partie la raison pour laquelle j'avais choisi Ordae lors de mon installation définitive dans l'Entre Monde. Mais là j'étais quand même curieux de savoir comment une jeune femme qui arrivaient à se mettre dans les ennuis aussi facilement, arrivait à s'en sortir.
Je tournais la tête vers la porte en entendant du bruit dehors, pourvu qu'ils n'entrent pas....

-Je veux bien du vin.

C'est pas très féminin mais bon, je ne pouvais pas m'empêcher de penser qu'un bon verre de vin me remettrait les idées en place. Après tout j'ai risqué ma peau... Et si j'avais pris forme masculine je serais déjà mort. Il avait gober le mensonge et n'en demandait pas plus... Au moins avec ça je risquais pas de me faire vendre au premier garde venu, quoiqu'au pire j'irais voir si je peux négocier de travailler gratos sur K'ouen pour éviter la prison, ça mettrait en pièce mon CV et vu la difficulté des affaires j'avais certainement pas besoin de ça !
La serveuse s'enfuit notre commande mémorisée, et je continuais de me triturer les mains sur le bord de la table. Partir maintenant et prendre la poudre d'Escampette se serait sincèrement pas poli, il m'avait gentiment aidé, et puis c'était aussi risqué que de l'insulter. Il me rattraperait avant que je n'ai passé la porte et finir en pièces détachées ne me tentait pas plus que la prison.

C'est décidé je vais voir le bon côté des choses... Puisque Pan était l'interférence du destin pour que je rencontre ce beau ténébreux, nous allons faire connaissance ! Décision hautement réfléchie puisque de toute façon je n'avais rien de mieux à faire ni moins risqué.

-J'ai grandi dans Magna mais je n'ai pas de quartier précis aujourd'hui en fait je suis actrice, je voyage dans tout l'Entre-monde pour jouer.

Ce type grand baraqué, la peau légèrement bronzé et les yeux bleus... Le gars au marché avait dit un truc bizarre, il l'avait appelé Forgeron... Lui-même s'était présenté ainsi. Si je comprenais tout dans l'ordre il était un forgeron d'Ordae... J'avais entendu quelque chose comme ça dans d'autres quartiers... Il est aussi célèbre que les maitres. Je crois que je me souviens de ce qu'on m'avait dit de lui...

-Tu es le forgeron d'Ordae... Y en a qui tueraient pour pouvoir manier une arme que tu as forgé, tu sais ?

J'en oubliais Pan déchiquetant son bout de viande le regard -en papier lui aussi- décrivant de drôle de cercles comme faisant des liens entre certains objets. Par exemple il scrutait un pichet d'eau posée sur une table à plusieurs mètres de là, et ses yeux dérivèrent vers le tablier de la jolie serveuse. Appuyant mon coude sur la table, j'y déposais mon menton et souriait, la journée pouvait prendre une toute autre tournure puisque j'avais un protecteur en face de moi (et un singe fourbe, oui c'est vrai).
Quand Pan fini d'ingurgiter la viande (dont il faudra nettoyer les trace sur le papier) il bondit soudainement pour aller visiter la table voisine hélas pour lui il rencontra ma main et bien qu'il tenta d'échapper à ma poigne il fut enfermé entre mes doigts, se débattit quelques secondes et finit par accepter son sort, appuyant lui aussi sa tête dans sa main elle-même appuyée sur la mienne... Peter Pan s'ennuyait... Il soupira et fini de mâchonner ce qui lui restait dans la bouche... Ce n'est pas au vieux singe qu'on apprendra à faire la grimace.

(han t'as vu je l'ai placé ! xD)

J'avais écouté ce qu'elle me racontait sur son lieu de naissance les yeux toujours fixés sur la porte de la taverne, je ne tenais pas à avoir de mauvaises surprise en nous faisant surprendre bêtement. Mais de ce fait, je n'avais rien remarqué de son échange avec le singe. Les voix dehors commençaient à devenir de plus en plus fortes et même si je n'entendais pas ce qu'elles disaient, je pouvais aisément le deviner, ils cherchaient encore Virgile.
Et la poignée de la porte tourna.

- Il va falloir que tu me montres tes talents d'actrice plus rapidement que prévu...

J'avais parlé rapidement et dans un même mouvement l'attrapais pour la faire passer de mon côté de la table en prenant garde de ne pas lui faire mal quand même, aidé par ma grande taille et ma stature. Je l'asseyais carrément sur mes genoux et l'embrassais après m'être rapidement excusé. Je gardais les yeux rivés vers la porte, et vis entrer l'homme que j'avais encastrer dans le mur quelques instants plus tôt. Par réflexe je portais ma main dans les cheveux de Virgile la maintenant contre moi, de façon à ce qu'elle ne se débatte pas, heureux dans un sens qu'elle ait eu la bonne idée de garder ma cape sur les épaules, ses vêtements étaient donc cachés, et nous étions dans un recoin sombre de la taverne. L'homme jeta un coup d'oeil dans la pièce avant de ressortir. Je relâchais la jeune femme avec un soupir de soulagement.

- Je suis désolé...

Je me demandais ce qu'il m'avait pris de faire ça. J'allais être quitte pour me prendre une belle gifle, mais dans un sens je l'avais cherché... J'aurais au moins pu la prévenir de mon plan avant...