Un truc coince

Qu'est-ce que tu fous?!
Lâche-moi Stern.
Mais attends, c'est illégal de faire ça!
Et te virer, c'est légal?

Et Stern ne répondit pas. Ces temps-ci, les menaces de licenciements pleuvaient, au point qu'il commence presque à le prendre au sérieux. Mais comme en général Ez rebondissait avec humour... Dans le doute, il se garda quand même s'insister. Qui sait... Il ne voulait pas prendre le risque de perdre son job. Parce que si Ez se retrouverait avec pleins de travails sur le dos, étant beaucoup plus fier que feignant, il ne lui demanderait pas de revenir.
La conclusion s'imposait donc...

Enfin tranquille, le prétorien s'assurant que le dieu avait déguerpi, avant de sourire en coin à la fée. Intéressée donc...
Un sourire qui se fit rire quand il entendit sa proposition. Mettre Septembre en pièce, hors de question. Sept faisait parti des sanctuaris efficaces, il ne s'en serait passé pour rien au monde. Fidèle? Non, il n'aurait pas été jusque là. Les sanctuaris n'étaient liés au prétorien que par une seule chose: leur paye.
Son calme à peine perdu retrouvé, il se fit un devoir de lui fournir une réponse.

" Non ça n'a rien à voir avec Septembre. "

Quoiqu'il l'enverrait peut-être avec la fée, histoire de surveiller qu'elle ne fasse pas de bêtises... Enfin connaissant l'oiseau, l'androïde serait capable de demander une prime de risques, ou quelque chose d'autre de ce genre.
Ca pense qu'avec le fric ces bêtes-là.[/color][/i]
Reprenant son sérieux, il glissa le carnet et son crayon dans sa poche arrière, avant de poursuivre.

" C'est très simple, on a besoin que quelqu'un aille dans les Montagnes du sud de Grâce pour y capturer un Ractopel. C'est comme un rat géant avec une pelleteuse à la place du bec."

Petit cours animaliers au passage. Cette sale bête était - dieu merci - unique, doté d'un foutu caractère, ainsi que d'un humour franchement très moyen. Comme animal de compagnie, on faisait mieux... Et, allez savoir pourquoi, il n'avait trouvé personne pour aller récupérer ce vilain jojo.

" C'est facile. Tu y vas seule ou accompagnée, ça c'est ton problème. Les frais de déplacement seront pris en charge par la caserne. Tu captures cette bestiole, 'tention, sans une égratignure, et tu me l'as ramène à Lazaret."

Paisiblement, il se rapprocha d'une des fenêtres qui se semaient le long du couloir, s'appuya au rebord. Il lui aurait proposé de s'engager ou de faire des pâtes exactement sur le même ton.

" En échange, j'oublie que Septembre t'a amené ici."

C'était de bonne guerre non?
Ouais, ou pas.

Ça c'est dommage. Je devrais trouver un autre moyen de rayer la carlingue de l'autre tour Eiffel, c'est qu'ils l'ont fait super grand l'androïde, de la discrimination des gens de petites tailles. La nature elle-même fait dans la discrimination, même le prétorien est grand. On devrait coller des gènes de fée à tout le monde, ils perdraient tous au moins un mètre de hauteur.

Revenons à nos ractopels.

-C'est facile ? Elle fait quelle taille la bestiole ? Et pas d'accord, vous oubliez mes délits passés si je la ramène, pas juste que la boite de conserve a fait un excès de zèle.

Une chasse au monstre ? Si c'est pas une bonne nouvelle ! Je suis une excellente chasseuse de monstres, bien sûr il ne faut pas regarder les dommages collatéraux, c'est pas du jeu, et puis, seul le résultat compte pas les moyens qui ont permis d'y arriver, non ?

-Si j'accepte je veux un sanctuari avec moi, qui soit au courant du marché. Ce sera ma garantie que si je ramène le ractopel en pleine forme, on ne me colle pas en prison.

Je lui tendis la main.

-Marché conclu ?

Spoiler:

Spoiler:

Avec un humour teinté d'indifférence, le prétorien haussa les épaules, l'air de dire que c'était digne d'une croisière, un simple jeu d'enfant, que la taille ne comptait pas, que...
A peine une dizaine de mètres au garrot, pas de quoi fouetter un chat.

Enfin, soyons lucides. S'il avait pu envoyer quelqu'un de la caserne, il l'aurait fait. Et s'il lui demandait à elle d'y aller (enfin qu'il marchandait ses services comme un marchand de carpettes volantes (Aladdin sponsorise Entre-Monde)), c'était qu'il n'avait pas pu envoyé quelqu'un de la caserne. Parce que facile... Ca l'était, mais pas tellement non plus. Il fallait juste réussir à tacler la bestiole sans la blesser. Parce qu'à la moindre égratignure...
Déjà la faire travailler en étant valide allait être difficile. Mais si en plus elle était blessée, il n'aurait plus qu'à se tirer une balle.

Enfin les ouvriers, je suis pas chef de chantier moi.

" Ok, votre compteur sera remis à zéro."

Ca en ferait un de moins à se soucier. Un second couteau comme elle, tenant d'ailleurs plus de la cuillère à café que du couteau, ça n'était pas tellement une des priorités de la caserne. Non pas qu'ils laissaient partir tous les délinquants mineurs (seulement la moitié), mais... Arf en général ils leur collaient une bonne amende, ils leu foutaient un peu la trouille pour les dégoûter de recommencer, et ils en restaient là.

" Et un sanctuari vous accompagnera, mais il ne saura rien de son marché. C'est ça..."

Se redressa, il s'approcha d'elle, accepta sa main avec un sourire.

"... ou je vous fous au trou dans la minute à venir."

D'accord le chantage c'est mal.
Mais en même temps il était entrain de lui improviser une peine pour ses délits sur le tas, une peine bien plus paisible qu'un séjour sous les verrous. Et pour ce qu'il en savait, en général les détenus n'imposaient pas de conditions à leur enfermement. Elle qui ne s'en sortait quand même pas si mal, elle n'allait pas en plus chipoter sur les détails.
D'autant plus qu'il n'avait presque aucune raison de ne pas tenir parole.

-Marché conclu !

Je serais vigoureusement sa main.

-Ça me va parfaitement !

Finir au trou c'est mauvais pour les affaires. Être catégorisée "bagnard" à Entre-Monde c'est comme dire "bonjour j'habite à Magna, je fais des trafics louches en tout genre, vous voulez bien m'embauchez dans votre banque ?". Et qui s'occupera de Naëvi après ça, hein ? Qui nourrira le renard le plus, le plus... Je le confierai à la SPA, ils ont déjà des chiens hallucinogènes, un renard fluorescent ça ajoutera du piquant dans leur chenil.

-Qui est l'heureux élu qui vient de remporter une virer dans les montagnes avec moi ?

Sans oublier que l'heureux élu sera moins ravi d'apprendre que la virée dans les montagnes c'est une chasse au ractopel et que ma jolie poitrine il ne la verra que de loin.
Je récupérai mes mains en lui désignant les menottes.

-C'est plus très utile ces trucs... À moins que vous ne leur donniez une autre utilisation ?

Faire le phoque avec des menottes aux mains, c'est marrant dans la semi-obscurité avec un joli garçon pas loin. Et si je réunis presque tous les critères ici même, le prétorien pouvait m'envoyer en taule dans une minute. Qui s'y frotte s'y pique, et j'irais me frotter à des orties avec plus de motivation que s'il m'invitait à dîner. Le premier beau garçon qui m'invite à ne pas lui marcher sur les pieds. Il me plait, assez pour que je lui foute la paix. Un véritable miracle !
C'est aussi le premier qui me fait risquer une prison qui sent mauvais et un compagnon de cellule assez fou pour me supporter.

Marché conclus?
Génial, il n'avait pas été question de prime d'argent, donc pas de salaire à verser autre que celui du sanctuari qui l'accompagnerait. Les frais de voyage il n'en avait pas été question non plus, donc ça aussi... Juste les frais de voyage, c'était génial ça! La caserne allait presque faire du bénéfice!
Ou pas.

Bon, quelqu'un pour l'accompagner maintenant...
Stern, un nom s'te plait.
Je croyais que tu te débrouillais.

Un grognement hargneux lui répondit, et Stern se grouilla de trouver dans son agenda le nom d'un accompagnateur potentiel.
Noryan Alénor, ça t'iras?
Ouais.

Un sourire pour la fille.
Pas difficile, pas prise de tête. Toutes les femmes qu'il avait rencontré jusque là n'avaient pas été comme ça.

" Il s'appelle Noryan Alénor, il vous retrouvera à Verdi. De là, vous pourrez aller chasser tous les deux..."

Le seul bled à peu près accessible et pas trop dérangé de ce coin là. Ils ne s'y feraient ni agresser ni kidnapper, à part peut-être par une ou deux taupes garous... Et... Et?
Il baissa les yeux sur les poignets de la fille, haussa un sourcil en observant les menottes. L'utilité de ces machins...

" Bah là comme ça..."

Non pour le coup, il n'avait pas d'idée. Portées comme ça, aux poignets, il n'y avait rien à faire. Hors contexte ça pouvait faire porte-clés, ça remplaçait aussi assez bien un mousqueton en escalade, ou un socle de verre dans l'avion... Là maintenant, à part s'en servir pour surprendre la demoiselle au mur à un clou... Et encore, qu'est-ce qu'il en aurait fait d'une fille au mur lui? Même jolie, elle aurait passé son temps à causer, et au final il en aurait perdu la tête.
Fouillant ses poches, il remit la main sur son trombone, se pencha sur la serrure des menottes. C'était de la camelote ces machins, digne de prisunic. Une chance, parce que d'un coup de trombone ça s'ouvrait, et qu'un trombone c'était nettement moins encombrant qu'une clé. En tout cas quand on le perdait, on en trouvait un autre sans problème. Alors que les clés, ça faisait toujours des histoires...

"Voilà, z'êtes libre."

Il lui aurait bien indiqué la sortie, mais il n'était pas sûr de pouvoir la situer. Et puis passer à droite ou à gauche, ça revenait au même. Lui en tout cas il retombait toujours à son point de départ, ou à proximité de là où il cherchait à aller. Donc si ça marchait avec lui, elle... Elle se débrouillerait bien également.

Je répétais mentalement vingt fois le nom du sanctuari en question, ça me disait vaguement quelque chose mais de là à mettre une tête sur le nom... Je récupérais mes poignets avec ce regard de chien stupide qui en dit long sur que je pensais de ce Prétorien avec son trombone.
Même pas certain qu'il soit vraiment prétorien, je me base sur les dire d'un androïde particulièrement vexant qui fait dans l'échangisme (il m'a refilé au rouquin, le rustre) et dudit rouquin qui a l'air dégourdit quand ça parle affaires criminelles, moins quand ça parle affaires relationnelles. On devrait le faire consulter. Qui ? Reste la question existentielle que son toubib' doit se poser au quotidien.

-J'vous ramène le ractopel sans une égratignure, promis !

Un marché est un marché. Et si dans marché on comprend que ma liberté est en jeu, on conçoit aisément que je ne fasse pas dans les négociations longues. Manquerait plus qu'il change d'avis l'autre !

Je fis un demi-tour, à vos marques, partez pour fuir la caserne aussi vite que possible.
Mais la première porte ne conduit pas forcément là où on aimerait... Suite au prochain épisode.

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