Parce qu'il faut bien ce défendre! (où pas)

Cela me faisait bizarre de revenir dans la Zone du Dehors. Depuis mon arrivée à Entre-Monde, je n'y étais plus retournée. Cependant là, c'était pour une raison bien précise que je me suis aventurée jusqu'ici.
Mon entrevue avec la banquière avait ouvert beaucoup de portes dans mon esprit et notamment, celle qui me donnait un fol espoir, celui de peut-être retrouvé mon père.
Je n'avais parlé à personne de cette quête qui allait surement me prendre quelques temps, grâce à mon portable longue distance j'étais joignable et grâce au titre perçant que je m'étais offert, revenir si besoin aux Fumeroles ne serait pas compliqué.

D'ailleurs, ce titre, je venais de l'user pour la première fois pour venir ici, dans cette épicerie dont j'avais déjà fort entendu parlé et pour laquelle il m'était arrivée de faire un remplacement. Je savais donc ce qui s'y vendait tout comme je savais ce que j'avais besoin.
A défaut de savoir me battre, je savais utiliser une arme. Qui s'en serait d'ailleurs douté hein? Et oui, il fallait bien se défendre et très tôt j'ai appris à m'en servir sans pour autant en avoir une sur moi en continu. Je savais qu'il fallait des permis, alors, c'était en parti le sujet de ma visite ici...

Poussant la porte, je regarde autour de moi sans y voir grand monde. J'ai été prévoyante, j'ai fais ma liste des choses dont j'ai besoin, histoire que cela ne traîne pas trop, c'est que je n'ai pas que ça à faire. Je m'approche du comptoir et sort de mon fidèle sac la liste et le catalogue de l'épicerie, que je venais d'éplucher avec les souvenirs de ces choses que j'avais pu voir lors de mon remplacement.

Mon idée était clair et précise, avoir de quoi me défendre... J'avais pensé à la Forge mais, je n'étais pas certaine de savoir me débrouiller avec une épée et puis... L'arme à feu est quand même plus radicale, non pas que je pensais tuer mais bon... On sait jamais vu les hurluberlus présent dans la Zone du Dehors...

Je pose ma liste sur le comptoir, sur cette dernière, on peut voir écrit dessus:

Permis de port d'arme gros calibre :15 pims
1 revolver gros calibre: 25 pims
Permis de port d'armes de technologie supérieure, faible puissance : 5 pims
Un petit pistolet à plasma: 20 pims
Un sac de voyage: 8 pims
Un Coussin aérosoporiphique.: 3 pims
Une Carte holographique: 5 pims

Soit un total de 81 pims (si je sais encore compter xD)

Il n'y a plus qu'a attendre qu'on me serve...

J'avais finalement accepté de jouer les épicières pendant un temps ; je pouvais bien accepter ce service, j'étais redevable à la personne qui m'avait proposé ce poste temporaire, et le but était simple. Je ne connaissais pas tous les objets qui se trouvaient en vente, mais étais venue un peu en avance avec l'intention de me familiariser un peu avec les marchandises. L'endroit, bien tenu, ressemblait beaucoup à un entrepôt, à ceci près qu'un boutique s'ouvraient sur l'avant. Je passais ma première matinée à recenser tout le matériel, les registres et les livres de comptes.

Dans l'après midi, alors que j'étais en train de lire quelques consignes laissées par mon employeur temporaire, un client franchit le pas de la porte. Une cliente, plutôt. Je la trouvais très séduisante avec ses cheveux blancs et ses yeux mauves et ne pu m'empêcher de songer que nous présentions certains traits communs ; si cette demoiselle avait eu la peau aussi sombre que la mienne, nulle doute qu'elle aurait fait une magnifique Druchii. Sans dire un mot, elle s'avança et posa une petite liste sur la table, un bout de papier manuscrit en alphabet latin.

"Bonjour, ma demoiselle."

Elle semblait pressée et désireuse de se procurer ces fournitures le plus rapidement possible. Je pris le papier et entamais la lecture. Si l'on considérait que les vivres s'achetaient séparément ou en cours de route, ma cliente était venu chercher le kit de base de l'aventurier en Entre-Monde ; il manquait une arme blanche, mais peut être en possédait-elle déjà une. Je n'étais que très peu familiarisée avec les armes à feu, les pistolets et autres armes de tir de technologie avancée, mais je pus déduire sans peine que si le premier de gros calibre pouvait abattre de gros animaux, le second n'était pas fait pour se rendre à la chasse, mais plus pour lutter contre des humanoïde. Mon esprit retors d'assassin imaginait déjà quelques scénarios quand je me rendis compte que je faisais languir ma cliente.

"Excusez moi, je ne suis ici qu'en remplacement. Je ne connais pas encore tous les recoins de cette échoppe, et de plus, j'ai encore un peu de mal avec l'alphabet latin manuscrit, je lis lentement. Un moment je vous prie."

Ce n'était pas totalement faux, mais pas complètement vrai non plus. J'allai chercher tout ce que la liste décrivait et revint une ou deux minutes plus tard avec les deux révolvers, le sac, le coussin et la carte. Je posai le tout sur le comptoir, laissai les deux révolvers hors de sa portée et sortis les registres de permis. Je pris un stylo et remplis les mentions exigées.

"J'aurais besoin de vos noms et prénoms, ainsi que votre date de naissance et votre miroir d'origine pour vous remettre les permis de port d'arme."

Alors que j'écrivais, je demandais à ma cliente :

"Vous semblez vous équipez pour partir à l'aventure, serait-ce indiscret de vous demander ce que vous projetez ?"

Je ne m'attendais pas à ce qu'elle me réponde franchement, ni même à ce qu'elle me réponde tout court : ma question était évidemment indiscrète. Le genre de chose que l'on classe dans la catégorie "les affaires des autres" et dont on ne devrait pas se mêler, mais mon habitude séculaire d'espionner tous les ragots de la cour afin d'y déceler les complots m'interdisait de ne pas au moins essayer d'en savoir un peu plus.

"Aliénor Mireamwen née en ce bas monde il il a 27 ans, enfin non, 28 maintenant quand à mon miroir d'origine ce n'est autre que celui de K'ouen. Pas besoin de mon adresse et de mon métier?"

Elle marquait une pause avant de reprendre et je sentis que la question l'avait déstabilisée. Je levais légèrement le regard vers elle pour observer son visage.

"Ce que je projette? Vaste question. Rien en particulier, allez me promener par ci et par là, sans but précis."

Je reportai mon regard sur mon registre et continuai de remplir les cases de ma plus belle écriture latine. Un léger moment de silence s'installa et j'en profiter pour fouiller ma mémoire à la recherche de certaines information.

"Il n'est pas nécessaire que vous me spécifiez votre adresse, quant à votre métier, Aliénor Mireamwen, fille d'Arthur Mireamwen, je le connais déjà. "

Sans relever ma tête, j'achevai d'inscrire le métier de la directrice du Sanctuaire des Braves dans la case réservée à cet effet et laissait perdurer le silence pour que ma cliente puisse digérer ce qu'elle venait d'entendre, puis, jugeant qu'il était temps de rompre la glace, je plantais mon regard dans le sien avec un sourire amical et lui dit en lui tendant le registre :

"Je comprends maintenant que malgré ma peau sombre, votre père trouva en moi quelque chose qui lui était familier. Signez ici, et ici, je vous prie."

J'avais essayé de me faire aussi douce que possible, sachant l'effet que pourrai produire une telle annonce de la part d'une parfaite inconnue. Elle pouvait en déduire que j'avais rencontré son père ou collaboré avec lui, mais elle pouvait également s'imaginer des choses déplaisantes et infiniment plus cruelles ; il était trop tard pour retirer mes mots de toute façon et je me risquai à poser une autre question.

"Comment va-t-il ?"

Je pris un air étonné lorsqu'elle m'avoua à demi n'avoir eu aucune nouvelle de son père depuis un moment. Je récupérais le registre, y appliquai le tampon officiel de l'épicerie qui certifiait l'authenticité du document. En poussant un léger soupir, je remis l'original à Aliénor, gardant le duplicata que j'allais devoir envoyer aux autorités.

"Veuillez m'excusez. Je m'appelle Ravëfanwen Lorandara, j'ai travaillé brièvement avec votre père ; ses compétences surpassaient les miennes en matière de médecine. N'est ce pas ironique ? J'ai passé près d'un siècle à étudier le corps elfique, mais il y a des gens qui doivent avoir une sorte de don."

Ramassant les affaires administratives sous le comptoir, je sortis le livre de compte et y inscrivit la liste des achats de la directrice du Sanctuaire.

"Je ne suis pas surprise qu'il ne vous ait jamais parlé de moi, notre collaboration fut brève. Rencontrer fortuitement sa fille est un honneur. Cela vous fera 81 PIMs toutes taxes comprises, s'il vous plait."

Il était d'ailleurs fort probable que de nous deux, je sois celle qui l'ait vu en dernier, cet homme n'aurait pas manqué de mentionner à sa fille une rencontre avec une autre dame aux cheveux de neige et aux yeux mauves. Je commençais à comprendre le but de ces achats et l'objet de l'aventure qu'elle souhaitait courir. La directrice du Sanctuaire des Braves ne vient pas acheter deux armes de poing, une carte et un sac de voyage pour aller se promener sans but précis. Je ne laissais rien percevoir de mes déductions et m'efforçais de conserver un visage avenant alors que ma cliente se défaussait d'une coquette somme pour partir à la recherche de son père.

"Vous trouverez certainement cela déplacé, mais j'aurais souhaité le revoir moi aussi. S'il y a quelque chose que je puisse faire pour vous aider..."

Je ramassai les PIMs dans la caisse et donnai le ticket à Aliénor. Après avoir posé les armes, je sortis une boite de munitions pour son révolver que je posais également devant elle.

"Dix ans ? Khaine... Je l'ai rencontré lorsqu'un incendie a ravagé l'habitat d'une communauté elfique non loin de la ville de Trinity ; c'était il y a... Je dirais dix ans également, onze peut être, les années sont un peu différentes dans mon monde d'origine. Plusieurs elfes souffraient de graves brûlures et certains s'étaient blessé en essayant de fuir le brasier. Ceci est pour votre révolver ; pour le pistolet à plasma, veillez à ne pas l'utiliser au delà de la limite de surchauffe. Il doit y avoir un petit témoin de température quelque part par là... ah, ici."

Tout en racontant ma rencontre avec son père, je continuais de lui donner les consignes que l'on se doit de dire au client et cela même s'il les connait déjà. Question de décharge pour l'établissement, me semble-t-il. Je lui indiquait le petit témoin de surchauffe au sur le côté gauche du pistolet à plasma.

"Sans l'aide de votre père, beaucoup plus seraient morts. Je répondrai très volontiers à vos question, dame Aliénor. Ah, pour votre carte holographique, n'hésitez pas à revenir pour la mettre à jour sur cette borne, à votre droite. C'est gratuit, vous disposerez des dernières informations sur la géographie d'Entre-Monde."

La transaction était achevée, mais l'absence d'autres clients me permettait de continuer à bavarder avec la fille d'Arthur. Notre rencontre n'avait duré que peu de temps, et je n'avais pas appris grand chose de lui, néanmoins, j'avais réussi à tirer quelques informations à propos du guérisseur, peut être que ma cliente serait intéressée.

"Oh, non, il ne me semble pas avoir rencontré d'autres membres de votre famille. Il avait évoqué vos deux frères lors d'une conversation, brièvement, je crois. Mais je n'ai reconnu personne possédant les mêmes traits que lui pouvant être son fils lorsque nous avons collaboré."

Je marquais une petite pause et me rendis compte qu'elle pouvait interpréter mes paroles d'une mauvaise manière ; je m'empressais de rajouter derrière :

"Cela dit, s'ils n'étaient pas avec lui, votre père ne m'a pas paru triste ou inquiet lorsqu'il en m'en parla. J'avais alors supposé qu'ils devaient être à Entre-Monde."

Il était normal qu'elle se pose autant de questions, mais je ne pouvais pas y répondre entièrement, ma rencontre avec Arthur avait été trop brève pour que je le connaisse autant. J'avais cependant glané quelques informations.

"Non en effet, quand je l'ai croisé, il se rendait à Trinity pour y rencontrer quelqu'un, un homme si je me souviens bien. Je n'ai malheureusement pas de nom à vous donner ; il s'agissait d'une affaire médicale, je crois, il ne s'est guère étalé sur le sujet, et je crois que si je l'avais questionné, je n'aurais rien obtenu de plus."

Je posai mon regard sur les yeux d'Aliénor. Une impression étrange me saisit lorsque je captai son attention et je me rendis compte qu'avec ses cheveux blancs et son regard mauve, elle présentait une ressemblance avec Vivandrel Siluvaine, la sotte qui avait torturé mon père et que j'avais tenté d'assassiner il y a longtemps. Je fus prise d'un étrange malaise que je résorbai au fond de moi. Je détournai mon regard et revins à la conversation.

"Vous comptez vous y rendre ? Marcher sur les traces de votre père ?"