Time is running out [PV Lya]

Ambiance:

Une fine brume chaude se forme devant ma bouche alors que je soupire longuement, le visage relevé vers un ciel d'un blanc neigeux. De délicats flocons dentelés se pose sur mes joues, mon front, mon nez pour y fondre en larme glacée tandis que ma chevelure d'or se pare d'un voile hivernal. Mes joues sont rosies par l'air glaciale mais je respire à plein poumons, les yeux se fermant sur la bâtisse coquette dans laquelle j'habite maintenant depuis une année.

Tant de choses s'était passé en si peu de temps ... Mon oncle s'était enfui, ma maison vint à brûler, Kaname disparut sans laisser de trace ... Je perdais tour à tour des repères si important qui m'avait aidé à maintenir ma part humaine et je m'étais retrouvé au bord de la folie. Mais Morgan, mon doux Prince m'avait soutenu, ne me laissant pas tomber dans les ténèbres du désespoir mais m'avait amené à la lumière.

Chaque jour était un combat contre le désir de fuir, de tout abandonner. Certains jours étaient plus faciles à surmonter, d'autres me laissé complètement vidé de mes forces, devenant une vrai charge pour Morgan qui , jamais ne faiblissait à s'occuper de moi.

Il y a deux semaines de cela, il m'avait annoncé la fin des recherches de Kaname. Une partie de mon être s'était brisée ce soir là. Kaname avait emporté avec elle, un morceau de mon cœur .... un souvenir de l'ancienne Lya qui disparaissait à jamais.
Mais ... ce soir là, je m'étais également fait une promesse : Changer pour Morgan. Ne plus être un poids, mais un soutien comme lui l'avait été pour moi , essayer de m'investir d'avantage dans la maison.

Du bout des doigts, j'essuyais une larme qui glissait sur ma joue. La mélancolie s’emparait si facilement de moi que je me devais de rester sur mes gardes. Il fallait me ressaisir !

Depuis quelques temps, j'apprenais à cuisiner. Seule, je n'avais pas besoin de connaitre beaucoup de chose en cuisine car je pouvais très bien me contenter de viandes fraiches mais à présent, je voulais être utile au ménage et j'apprenais donc à cuire la viande, les légumes, le poisson, j’apprenais le nom des épices, différentes techniques de cuisson, de préparation.

Et aujourd'hui, pendant que Morgan était sorti, j'étais dans la serre, cherchant des herbes à utiliser en cuisine. Avoir une serra permettait de cultiver différentes plantes et ceux toute l'année. Morgan m'avait montré cela avec beaucoup de fierté. Sélène m'accompagnait , veillant toujours sur moi. Nous nous étions rapprochées depuis que je vivais avec eux deux et quand j'étais sous ma forme animale, nous partions dans la foret pour quelques ballades salvatrices.

Là elle était assise sur ces pattes arrières, reniflant l'odeur de quelques brins de persil.

- C'est vrai que ça agrémente bien les légumes ça ... !

Je pris quelques tiges et les ajoutais dans le petit panier d'osier contenant d'autres herbes aromatiques.
Quand j'eus terminé mes "emplettes" culinaires, nous retournâmes toutes deux vers la maison pour attendre Morgan. J'étais d'ailleurs étonnée quand en entrant par la porte arrière de la maison, il ne soit pas encore de retour, ayant pourtant dit qu'il n'en aurait pas pour longtemps.

Afin d'éviter que le feu ne s'éteigne, je me dirigeais vers le salon pour remettre des buches dans l'âtre.
C'est en voyant par terre un sac remplis de légumes que je m'inquiétais. Morgan était rentré ? Il n'était pourtant nul part, Sélène étant monté à l'étage, je ne l'entendais pas faire du bruit indiquant que Morgan était là.

Était-il retourné chez la voisine ? Dans le doute, je préférais vérifier et appela Sélène pour l'a prévenir que je sortais, et lui demander de rester ici au cas ou Morgan reviendrait alors que je sortais.

Je sortis donc et me dirigea d'un bon pas vers la ferme. Quand j'arrivais, je demandais si Morgan était revenu mais l'ont me répondis que non, il était parti depuis un petit moment déjà.

C'était vraiment étrange et je commençais à devenir nerveuse. J'allais repartir quand la voisine me retint, me tendant une lettre qu'elle avait reçu d'un "voyageur bien pressé" qui s'était présenté à la ferme, peu de temps après le départ de Morgan. Mon nom était écrit sur la lettre.
Je remerciais la femme et m'éloignais, décachetant vivement cet étrange courrier.

Les quelques mots que je pus lire me glacèrent le sang.

Morgan avait été capturé et si je ne venais pas immédiatement seule , dans la foret, il serait exécuté.
Je ne devais prévenir personne et laisser Sélène en dehors de ça ...

J'étais terrifiée par le fait que le mystérieux voyageur sache autant de choses sur nous tous mais je ne pouvais désobéir, au risque que Morgan ne soit blessé .. ou ... pire ...

Un plan avait été vaguement dessiné et il désignait un lieu reculé dans la foret .... une vieille cabane abandonnée que j'avais pu voir quelques fois.

Je ne perdis pas de temps et , sans repasser par la maison, je fonçais vers la foret, adoptant ma forme vulpin pour bondir par dessus les fourrés, me fondant dans les ombres.

La crainte pulsait dans mes veines mais je ne devais pas la laisser me dominer. Je devais sauver Morgan.

Au bout d'un moment, j'arrivais dans la clairière. La cabane aurait pu sembler abandonner si une monture ne se tenait pas devant, attachée à un arbre et qu'un homme m'attendait, le regard sadique et à la main ... le bracelet à tête de Kitsune que j'avais offert à Morgan au dernier Noêl.

- Je t'attendais. Reprends ta forme humaine, Lya. Tout de suite.

Une voix confiante, un sourire torve ... Je ne savais pas qui était cet homme mais ... je savais qu'il était dangereux.

Je m’exécuta toutefois et repris forme humaine, me tenant face à l'homme , attendant la suite alors que je cherchais à voir si Morgan était visible dans les parages, le corps tendu, prête à bondir ou à réagir alors que mon cœur cognait fortement dans ma poitrine., le nom de mon tendre aimé remplissant ma tête avec urgence.

La peur est l'ennemi. Il vous fige au sol, vous alourdit et vous abasourdit. Elle étouffe l'instinct primaire, vous fragilise. Vous empêche de raisonner concrètement. Et c'est précisément à cet instant que je manquais de raisonnement et de réflexion. Mon anneau balançait à mon cou, seul moyen de communication avec Morgan .... Et je ne pensais pas à le mettre à mon doigt ... Peut-être cela nous aurait il sauvé ... Qui sait ... ?

Mais à cet instant, je ne pensais à rien d'autre qu'à Morgan et la craintede le perdre, alors que je me tenais face à ce sombre inconnu qui prononçait mon nom avec familiarité , je sentais la peur saturer mon être.

Comment me connaissait-il ... ?

- Là, c'est mieux. Je n'étais pas certain que tu viendrais vraiment, tu dois vraiment y tenir à ce petit c**. Toi qui changeait de partenaire comme de chemise, c'est assez étonnant de te voir rangée ma jolie. Allons ne fais pas cette tête ! Ta réputation sulfureuse te précède.

Bien que les dernières paroles de l'inconnu m’aie blessé aussi surement que de pointes glacées dans ma poitrine, je tins bon, poings serrés, lui répondant d'une voix froide.

- Je t'interdis de parler ainsi de Morgan.

L'homme ria mais ne fut pas touché par mon ton ou mes paroles, reprenant la parole d'un même ton calme mais déterminé, faisant quelques vas et vient devant la cabane sans pour autant totalement quitter le seuil.

Je le suivais , guettant la moindre faille mais ... sans être certaine que Morgan soit à l'abri ou que l'homme puisse s'en prendre à lui, je ne pouvais qu'être spectatrice.

L'homme expliqua que Morgan et les sanctuari avaient découvert et détruit son réseau et qu'il était le dernier survivant. C'était donc un criminel désireux de se venger pour cela ? la soif de vengeance l'avait donc conduit à enquêter sur Morgan pour lui tendre un piège !!

Cela me répugnait au plus haut point qu'il veuille autant faire souffrir Morgan mais grâce au monologue de l'homme j'avais obtenu une information essentielle : Morgan était dans les parages. A la manière qu'avait l'homme de protéger l'entrée de la maison et sa précision sur le fait que Morgan pourrait m'entendre, je savais qu'il était dans la cabane derrière le criminel.

Et comme pour me donner raison, Ce fut à cet instant que, provenant de la cabane, le cri de mon aimé me suppliant de m'en aller se fit entendre, raisonnant dans la forêt silencieuse.

Ce cri nous fit tous deux, moi et l'homme, tourner la tête en direction de la cabane. Un instant d’inattention pour l'homme et la faille que j'attendais. Sans attendre, je me retransformais en Kitsune et bondit vers l'homme , sautant vers sa main gantée que j'attrapais entre mes crocs. La surprise empêcha l'homme d'esquiver et il se retrouva jetait en avant, mon poids le faisant mettre à genou. Je mordais sa chair, sentant le gant devenir humide de sang.
L'homme hurlait de douleur mais rétorqua en jetant le poing de sa main libre sur le coté de ma gorge, me faisant relâcher sa main dans un cri plaintif. Je reculais de quelques pas, montrant les crocs d'un air féroce, haletant un peu.

L'homme en profita pour se relever, tenant sa main ensanglanté contre son buste.

- Tu va me payer ça , petite s*****.

Il sortit deux longues dagues qu'il empoignait dans chaque main, le regard fou, en position d'attaque. Un assassin ...

Je devais faire attention ... malgré ma petite taille , l'homme était fort ... et je doutais qu'il en soit à son premier combat ... Mais je devais l'empêcher de blesser Morgan ... je devais le mettre hors d'état de nuire.

Surtout que Morgan n'était pas loin ... et le connaissant , je ne doutais pas qu'il essayerait de m'aider, c'est pourquoi, pour que l'homme ne s'en prenne pas à Morgan, je devais le tuer. Et tout de suite.

- Tu réfléchis trop , ma belle.

L'homme avance doucement sur le côté droit, je fais de même sur la gauche.

- Je vais te blesser, juste assez pour rendre ton cher Morgan fou. Mais rassure toi ... je ne te tuerais pas ... Oh non ... quand tu ne pourras plus bouger, j'userais de ton corps encore et encore ... et tout ça devant ton petit ami ... Tu vas adorer !

Un frisson de peur traversa ma colonne et je me raidis, grognant de rage à l'adresse de l'assassin. Tout mon être avait envie de mettre le plus de distance possible avec lui afin qu'il ne puisse pas me toucher ou poser ce regard pervers sur moi. Mais Morgan était là, en danger.

Les feuilles craquaient sous nos pas et nous nous jaugions du regard, attendant le bon moment pour attaquer.

C'est moi qui m'élança en première, griffes et crocs en attendant, la rage meurtrière saturant mes veines.
Mais l'homme fut vif et m'esquiva , et d'un revers de main, plantant le bout d'une de ses dagues dans mon épaule, lacérant ma peau jusqu'au milieu de mon dos , traçant une longue ligne sanglante.

J'en criais de douleur, reprenant forme humaine en tombant sur le sol à plat ventre, mon bras soudainement inerte. Il avait du sectionner les nerfs ... La douleur était si vive ... Je voyais trouble mais j'entendais l'homme approcher. Je me fis tirer en arrière par les cheveux, l'homme m'obligeant à me redresser, une de ces mains tirant ma chevelure et une fois que je fus debout, son autre main fut sur ma gorge qu'il serrait sans peine. Ma seule main valide griffait celle qui m'étouffait pour le faire lâcher alors que mon souffle devenait de plus en plus irrégulier.

Il me fit avancer jusqu'à la cabane et nous nous retrouvâmes face à Morgan qui essayait de retirer ces liens aux chevilles.

- Tiens ... tu as presque réussi à te libérer. Je ne suis pas vraiment surpris, il faut dire. Tu as toujours était malin. Mais aujourd'hui ... tu as perdu. Et je vais prendre tout mon temps pour m'amuser avec ta chère Lya.
Mais d'abord...

Je n'entendis pas la suite, l'homme venait de me frapper à la tête et je m'évanouis sur le coup, m'enfonçant dans des ténèbres sans nom.

La peur est maitresse en ces lieux. Elle m'agrippe des ces longs doigts squelettiques et blanchâtre, serrant ma gorge, me faisant suffoquer jusqu'à la folie, me laissant figée sur place, le corps lourd comme du plomb.
La peur est maîtresse ici, je ne peux lui échapper et mes cris ne parviennent pas à dissiper le voile noir devant mes yeux

La peur est maitresse partout autour de moi et je supplie pour retrouver la lumière et la force de protéger mon bien-aimé prince.

Il y a du bruit autour de moi ... des cris, des grognements, des éclats de voix ... j'essaye d'ouvrir les yeux mais ... tout est flou ... Mon corps est lourd .... j'ai mal mais je n'arrive pas à définir ou exactement.

J'arrive à peine à serrer ma main. Un gout métallique empli ma bouche ... Morgan ... ?
Je l'entends mais ... je suis si loin ...à l'autre bout de la terre ... je veux le rejoindre !! Je veux le protéger !!

Pitié ...

Donnez moi la force de me relever !!

Je donnerais tout pour le sauver

Pitié ...



Enfin, dans un souffle lourd, j'ouvre enfin les yeux. J'ai la tête qui tourne et mon bras gauche ne réponds plus ... La peur me fait suffoquer mais quand je peux rouvrir les yeux , je vois que Morgan est en vie. Il a l'air aussi mal en point que moi et se précipite sur moi, me serrant contre lui.

J'ai une furieuse envie de pleurer ... J'ai tellement mal que j'ose à peine bouger.

- Mor... Morgan ... tu ... vas bien ?

La main qui n'est pas blessé se lève et vient se poser sur la joue de Morgan, caressant sa peau avec douceur.

- J'ai eu tellement peur ... J'ai cru que je ne te verrais plus jamais ...

Je ne peux m'empêcher de le toucher, le caresser, ayant besoin de sentir son contact pour être sur que je ne rêve pas.

Je vois vaguement l’assassin de tout à l'heure allongé sur le sol ... est-il ... mort ?

C'est ce que j'espère afin qu'il ne puisse plus s'en prendre à Morgan.

Mon tendre Prince m'aide à me relever. Le sol sous moi est rougie par ma plaie dans le dos. Ce constat me fait trembler d'effroi et j'espère vraiment retrouver l'usage de mon bras. Mais en détaillant Morgan, je me rends compte qu'il ne bouge plus non plus un de ces bras, une horrible plaie est visible dans son épaule.

- Ohh ... Morgan ... ton épaule ...

J'en tremble en constatant l'état de mon compagnon. Nous devons partir vite d'ici et aller au sanctuaire pour nous faire soigner. Mes jambes ont du mal à fonctionner, mes cuisses tremblent furieusement mais je veux rester vaillante et ne pas être un poids pour Morgan qui serait prêt à me porter sur son dos malgré ses blessures.

Nous nous dirigeons vers la porte, ce cauchemar enfin derrière nous, avançant doucement, nous soutenant l'un l'autre.

La porte s'ouvre sur la blancheur éclatante de la neige et un souffle d'air frais nous parvins.
Nous avançons péniblement, la neige ralentissant un peu notre marche , étouffant le moindre son, même nos respirations lourdes semblent atténués sous le manteau hivernal.

Mais un son, faible mais pourtant que je perçois me fit tourner la tête vers la cabane.
L’assassin de tout à l'heure est debout sur le seuil , sa dague plantée sous sa clavicule, le regard fou, du sang dégoulinant de sa plaie et de sa bouche. Il retire l'arme et bondit bers Morgan et moi, son regard braqué sur mon compagnon, la dague levée, prêt à la planter dans le dos du jeune homme.

Le temps se fige. Il n'y a aucun bruit à part les battements de mon coeur qui se sont ralenti. Morgan me portant presque, n'aura pas le temps de se retourner pour faire face à son ennemi. Je le vois ...


"Donnez moi la force"


La raison n'a plus sa place dans cet instant. Ce n'est que l'instinct qui me guide. Je pousse Morgan en avant, forçant avec ma main valide sur son dos pour qu'il tombe face contre la neige, me baissant pour me faufiler sous le bras du jeune aveugle, me positionnant face à cet assassin et alors que l'homme abaisse son poignard là ou se tenait mon bien aimé, il ne rencontre pas le dos de Morgan mais ... ma poitrine.

Mon bras valide ouvert en barrière , mes jambes tenant leur position, je sens le métal transpercer ma poitrine.

La douleur est indescriptible. Je regarde le poignard en hoquetant.

L'homme s'arrête , regarde l'arme plantée dans ma chair et éclate d'un grand rire dément.

Je ne réfléchis pas , retirant le poignard , sourde à la douleur alors que l'adrénaline pulse encore dans mon être et dans un cri de rage pure, je plante l'arme dans la gorge de l"homme qui finit de rire dans un gargouillis sanglant, tombant au sol, mort avant de comprendre, le regard vide et son dernier souffle s'enfuyant dans une brise glaciale.

- C'est enfin ... fini ...

J'ai envie de me tourner pour sourire à Morgan mais ... mon corps ne réponds plus ... Je sens la vie me quitter tout doucement, le sang dégoulinant de mon torse pour salir la neige autour de moi.

Je tombe à genou , la douleur liant complètement mon corps et le froid s'emparant peu à peu de moi , enserrant de sa main mortelle, mon cœur poignardé.

La mort peut faire peur.
C'est un monde inconnu dont jamais personne ne revient.
On n’apprend nulle part comment s'y préparer ... on vit avec, on l’attend en la craignant.
On s'en approche ... on essaye de la fuir.

Mais quand le moment vient, rien ni personne ne peut l'en empêcher.

En cet instant, je n'ai pourtant pas peur.

La lame est enfoncée en mon sein.
La neige est teintée d'écarlate.
Les battements de mon cœur sont comptés, ils ralentissent ... atteignant la fin du compte à rebours.
De la neige tombe sur mon visage tourné vers mon ciel : le regard blanc de mon Morgan dans lequel je sombre doucement.

Mourir est une chose étrange ... On sent la vie couler de son corps, on repense à quelques souvenirs ... Les plus importants : ceux qui ont eu le plus d'impact dans notre vie.

Mon arrivée dans l'Entre monde.
Le sauvetage de mon oncle ...
Quelques bribes de ma vie dans sa maison ...
Ma rencontre avec des personnes qui surent offrir de la couleur à ma vie ...

Kaname ...
Elliot
Layn
Karan
Moana
Marc
Lylla
Lin
Ameth’
Rïmein
Lilou
Hiryu
Richye
Leiline
Aokaï
William
Tsunami

Et enfin …. Ma rencontre avec Morgan ... Celui qui a donné un goût à mon existence terne.

Ma respiration est lourde … lente … elle s’amenuise chaque seconde pourtant elle obstrue mon ouïe … je n’entends plus le bruit du vent dans les arbres, le bruit d’un animal qui détalle à toutes pattes … Juste ce souffle court haletant qui sonne comme les aiguilles d’une horloge

J’entends la voix de Morgan, effrayée, paniquée… Il est si loin de moi et pourtant il me tient dans ces bras. Je ne ressens plus ni chaleur ni sensation à part un froid de plus en plus intense et le calme de mon corps qui rends les armes.
Je voudrais lui dire de ne pas être triste, que tout ira bien … La douleur m’empêche de parler alors que j’aurais tant de choses à lui dire … Je ne peux même pas tendre ma main et caresser sa joue pour le rassurer …

Je n’ai aucun regret … j’ai sauvé Morgan … mon Prince … Il vivra … il a tant d’amis qui seront là pour l’aider, il ne sera pas seul … et peut-être … un jour … retrouvera-t-il le sourire et … une personne qui l’aimera comme il est.
Ou peut-être …. Un regret … si … J’aurais aimé vivre d’avantage … profiter pleinement de chaque instant qui me serait offert pour rendre Morgan heureux.
Le remercier chaque jour pour la femme que j’avais pu devenir grâce à lui …
Et surtout … j’aurais aimé lui dire … quelque chose que je n’avais jamais osé dire et pourtant … était si important.

Une larme coule de ma joue, celles de Morgan commencent à tomber sur mon visage.

Le reverrais-je un jour … ?
Qu’y a-t-il ensuite ?

Trop de question …et si peu de réponse.

Autour de nos deux corps mêlés, une arabesque sanglante scelle ce lieu ou je dis adieu à Morgan.
Dans ce sanctuaire glacé, alors que je mourrais, je fermais les yeux, ma tête basculant en arrière, offrant à mon Prince un dernier soupir silencieux dans lequel, ces quelques mots que je n’avais su dire, s’évanouir dans un murmure que peut-être l’aveugle perçut au travers le vent qui hurlait dans cette foret blanche, théâtre de ce drame.

« Je t’aime plus que la vie. Tu es l’Aube et le Crépuscule, La lumière et la couleur de ma vie et l’amour de mon éternité.
Je t’aime Morgan.»

Un adieu à Entre- Monde: