Ces soirées là! (PV Jarod)

Northrive, un endroit enchanteur le jour et endiablé la nuit. Du moins pour qui sait chercher. Car naturellement pour certains habitants, disons la majorité même c'était levé tôt, couché tôt ! Alors si on commençait à faire la fête n'importe où, les sanctuariser auraient tôt faits de mettre fin à celle-ci. Fort heureusement la personne qui se trémoussait au rythme de la musique et qui ne s'arrêtait que pour boire un verre d'une substance qui lui tournait la tête était douée pour chercher. Observer, écouter, rester maître de soi en toute circonstance. Écouter son cœur. Ha! De bien jolies paroles. Des paroles qui lui avaient coûté le monde et des paroles qui l'enchaînaient.!

Un sourire moqueur apparut sur son visage,un sourire plein de mépris et la danse reprenait. Ses pieds légers l'envoyaient virevolter comme si des ailes la portaient à travers la foule. Parmi les regards elle pouvait percevoir de l'admiration, de l'envie et d'autres affichaient de la gourmandise. À tout cela elle offrait un sourire condescendant, ses yeux dorés étaient remplis du désintérêt le plus total. Et son corps se tendait, se pliait, ses longs cheveux blonds qui ne pouvaient cacher ses oreilles pointues si propres au peuple elfique, laissaient une traînée dorée derrière elle. Parfois elle semblait inatteignable, parfois elle était presque collée à un heureux danseur. Puis elle disparaissait dans un cliquetis de ses bracelets et laissant derrière elle un parfum fleuri. Comme pour prouver que cet instant magique n'était pas que le fruit de l'imagination imprégné d'alcool de ceux qui la voyaient. Car il était évident que cette créature devait être une incarnation de la danse.

Des années d'entraînement rigoureux, une discipline d'acier, une étude systématique de chaque mouvement pour les optimiser. Et tout ça pour en arriver à ce résultat! Humilité, hah! Elle se déplaçait au milieu de bovins aviné, elle était un oiseau ! Honneur, sa danse se fit plus langoureuse, limite obscène. Discipline. Elle souffla un baiser. Hahaha ce que c'était libérateur, que c'était libérateur de ne plus être enfermée dans la prison qui était son existence. Une prison sans barreau, de la taille de ce monde! Regarde le côté positif ! J'emm**** ce monde. Sois l'espoir de ceux qui n'en ont pas. Pas de problème maître Sanchez, regarde les tous baver devant moi, esperer m'avoir...Hahaha vous êtes tous pathétiques. Suis ton cœur! Je vous hais! Vous m'avez abandonné ! Pire! Vous ne me permettez même pas de vous admirer. J'ai toujours cru ce que vous m'avez dit... Mais au final... Vous ne valez pas mieux. Et je sais que je ne me pardonnerais pas ces pensées. Mais vous devez m'excuser.. je ne suis plus vraiment moi-même !

Elle se mit à rire, un son cristallin qui se mélait à la joie des danseurs et à la musique entraînante. Puis comme elle était allée sur la piste, elle la quittance pour reprendre un grand verre d'oubli liquide.

Ce soir-là, Jarod se trouvait loin de sa base habituelle. Northrives faisait partie de ces quartiers que le jeune homme n’appréciait guère parce que, tout simplement, cela faisait vieux. Il n’y avait pas l’excitation des nouvelles technologies que l’on pouvait trouver dans le Cerclon par exemple, où les grandes compagnies cherchaient à vous balancer de « l’effet waouh » avec leurs dernières créations, effet dans lequel Jarod tombait toujours volontiers.
S’il se trouvait là, c’était cependant pour une bonne raison, du moins pour lui. Un de ses amis lui avait promis que s’y tenait une fête un peu underground, peut-être interdite, ouverte seulement à ceux qui savaient. Attirer par l’exclusivité promise, l’étudiant s’était donc rendu sur place, maugréant parfois sur ce qu’il voyait du quartier. Toutefois, il ne tarda pas à trouver l’endroit.

Mouais… La musique n’était pas terrible. Mais il était encore un peu tôt. Peut-être que cela viendrait plus tard.

Quitte à être là, autant picoler ! Jarod se rapprocha donc du bar et commença directement par un highball. Après une vague hésitation, il se décida pour un Cuba Libre qu’il vida d’une traite et en commanda un deuxième dans la foulée. Le but du jeu était rapidement d’atteindre l’état d’ivresse, cet état où l’on se sentait enfin bien et libéré. Il pourra toujours aller sur la piste de danse plus tard.
Adossé au bar, il regarda autour de lui, voyant un peu la faune et cherchant quelqu’un qui pourrait être à son goût pour la nuit. Il n’y avait guère de jeunes, hommes ou femmes, ce qui n’était de toute façon pas un vrai problème pour lui. Il repérait d’un coup d’œil ceux qui étaient là pour chasser, ceux qui étaient là pour boire, ceux qui devaient assurément être de bons coups au lit, et ceux qui seraient juste terribles. Au moins, conformément à ce que lui avait dit son ami, il n’y avait pas ici de personnes trop bas-de-gamme. Au moins, on était déjà dans un certain milieu, même si ça ne valait pas les soirées vraiment select du Cerclon.

Il y en avait pourtant une qui se détachait du lot.

Sa danse était assez fascinante. Jarod avait déjà rejoint la piste et s’hypnotisa quelques instants dans les mouvements et le rythme de la musique avant de la remarquer. Ce n’était pas bien difficile. Lui attirait bien certains regards mais il avait bien vu que d’autres se tournaient plutôt vers elle et fallait bien avouer qu’elle était super bonne. C’est tout ce que voyait Jarod.
Pas timide pour deux sous, le jeune homme décida de la suivre quand elle quitta la piste de danse. Il voulait savoir ce qu’elle cherchait ici. Peut-être qu’ils cherchaient tous deux la même chose. Il commanda une autre boisson, cette fois-ci un whisky-coca. Elle semblait être seule et ignorer facilement tous ceux qui ne l’intéressaient pas. Jarod ne s’inquiétait guère du rejet. D’abord, cela lui arrivait très rarement, et dans le pire de cas, il ne doutait pas de sa capacité à trouver quelqu’un d’autre.

« Salut ! » lança-t-il de sa voix enjouée après avoir passé machinalement la main dans ses cheveux. Ses yeux brillaient déjà de l’alcool qu’il avait bu et sa silhouette élancée semblait juste être faite pour la fête. Et d’autres choses. « Tu t’amuses bien ? »

L'alcool glissait derrière sa langue et descendait jusque dans son estomac. Pétillant, brûlant et abrutissant. Elle avait la tête dans le coton. Mais en même temps, elle se sentait plus légère, plus libre. Comme si les règles qu’elle avait toujours suivies ne revêtaient plus la même importance, ou plutôt comme si faire une entorse ou deux à ses règles de vies ne la laisserait pas morte tuée par un manque d’attention de sa part. Et ces règles elle les avait suivi avec ferveur, presque religieusement. Enfant déjà, elle sortait rarement jouer dehors. Il n’y avait la place que pour l’entraînement et l’apprentissage. Puis en grandissant elle apprit tout ce qu’il y avait à savoir sur son corps. Du point de vue biologique et utilitaire. Parce que jamais elle ne se serait permise d’aller plus loin dans la découverte de son corps. Elle n’aurait pas supporté de voir une lueur de déception dans les yeux de son Sacro saint maître! Parce qu’il ne lui aurait pas dit ouvertement, il était bien trop compatissant, bien trop tolérant ! Tous les jours c'était je veux que plus tard tu sois ce que tu veux être!

Quel bel hypocrite! Il n’avait pas le droit de lui dire ça! Pas quand il n'était lui même rien d’autre qu'un meurtrier! Alors qu’il arrête de jouer les Saint-hommes! À partir d’aujourd'hui elle ferait ce qu’elle voudrait. Et il pourrait la regarder avec déception d'outre-tombe. Elle n’en aurait cure! Hah!

-Salut!

Sans bouger, son regard doré se tourna vers la personne qui l'avait apostrophée. Il était plus grand qu'elle, habillé de façon plutôt élégante, ses vêtements le moulaient de façon à montrer que son corps était fin et bien proportionné, sans pour autant le serrer et sa chemise entrouverte au niveau du col lui donnait une certaine décontraction. La tête sur son cou semblait travaillée avec beaucoup de précision mais ses cheveux décoiffée avec soin encadraient son visage harmonieusement.
L’ensemble enfin faisait chauffer les joues de la danseuse, ou était-ce l’alcool? Et déclenchait en elle ce même sentiment d’anticipation que lors d’une chasse.

-Tu t’amuses bien ?

-Plutôt ouais! Et toi?

Elle commençait à le trouver intéressant celui-là. Mais son instinct de chasseresse lui disait de laisser la proie continuer d’avancer. Étrange, elle n’avait pourtant pas l’intention de le manger. L’index de sa main droite vint s’enrouler dans ses propres cheveux. C'était une sensation nouvelle qui méritait d’être explorée. Et le jeune homme semblait être plutôt sympa.

Et voilà ! C’était si simple ! Elle répondait, elle prenait la pose en enroulant légèrement ses cheveux avec son index, elle semblait même rougir. Il n’en fallait pas plus à Jarod pour qu’il s’approchât d’un peu, réduisant la distance entre eux mais gardant quand même un peu d’espace. De toute manière, avec la musique qui continuait d’envahir les lieux, il était facile de justifier un rapprochement.
La fille avait un beau corps, elle dansait bien, alors pourquoi ne pas chercher à en profiter ? Il était tôt, ils pourraient boire, se saouler, et peut-être terminer au lit. Sa dernière fille remontait à quand, déjà ? Bah, qu’importe.

« Ouais, c’est plutôt cool ici, même si ce qui se fait au Cerclon est mieux. »

Que ce fût volontaire ou non, Jarod montrait que définitivement, il n’était pas vraiment de ce monde et qu’il lui en fallait plus pour être vraiment impressionné. La majorité des présents passait certainement un bon moment mais le jeune homme ne pouvait pas ne pas remarquer que le whisky utilisé était de ces whisky qu’on peut trouver dans les supermarchés, que la fille d’à côté portait un faux sac Brada, et que l’homme qui venait de payer les consommations avaient pris les moins chers et ne possédait aucune carte de crédit dans son portefeuille.

« Mais c’est quand même sympa… » compléta-t-il. « Tu sors souvent dans ce genre de soirées ? Je crois pas qu’on s’est déjà rencontré »

Le jeune homme se rapprocha d'elle, lui permettant d'être plus intime avec son odeur. Un mélange d'eau de Cologne, et de transpiration épicée, ainsi qu'une légère pointe d'alcool. L'ensemble formait une odeur qui était à son goût, voir même au delà. Mais qu'est ce qui pouvait être au delà d'agréable? Il était maintenant plus près d'elle. Mais la distance était encore dans sa zone de comfort. Mais curieusement, que se passerait-il s'il se rapprochait encore. La notion lui apporta des papillons dans l'estomac. C'était la première fois qu'elle ressentait ça. Et elle avait presque envie qu'il le fasse juste par curiosité. Mais curieusement aussi elle ne voulait pas que ça aille trop vite. C'était assez bizarre, normalement si la proie se précipitait dans le piège, on suivait son mouvement. Mais curieusement, ses pensées de capture étaient devenues plus passive. Comme si c'était elle qui allait être attrappée. De chasseresse, elle était devenue proie, dans une sorte de logique cosmique qui avait tout son sens pour elle. Parce que maintenant, elle pensait juste à ne pas se faire capturer trop vite.

« Ouais, c’est plutôt cool ici, même si ce qui se fait au Cerclon est mieux. »

Mieux? Ça devait être possible avec les technologies peut-être. Toujours est-il qu'elle ne voyait pas trop comment. Ou peut-être qu'il la jouait blasée. En temps normal, elle l'aurait cru sans condition. Mais là... Elle avait envie de douter. Oui c'était le mot, elle avait envie. Normalement, elle lui aurait laissé le bénéfice du doute. Mais pas là. Là elle se libérait de toutes ses entraves. Aussi haussa-t-elle un sourcil incrédule avec un demi sourire qui signifiait qu'elle ne le croyait pas une demi-seconde.

« Mais c’est quand même sympa… »

« Tu sors souvent dans ce genre de soirées ? Je crois pas qu’on s’est déjà rencontré »

-C'est parce que tu préfères aller à Cerclon.

Son ton était accusateur mais amusé. Ce n'était pas un mensonge mais pas tout à fait la vérité. Ça lui permettait cependant de se rapprocher un peu de lui, les papillons s'intensifiant dans son ventre. Sa main était juste à portée, parfait. Elle se mordit la lèvre inférieure et prit sa main, il avait la peau douce et délicieusement chaude. Un frisson électrique parcourut sa peau là où ils se touchaient.

-Tu viens danser?

Elle lui tourna le dos et fit semblant de le tirer. Lui enjoignant de la suivre. Un sourire victorieux sur le visage.Elle avait peut-être une patte dans le filet, mais il ne l'avait pas encore capturée. Il était maintenant temps pour lui de montrer quel type de chasseur il était.

La pensée de Jarod n’était guère complexe de base, et tout l’alcool qu’il avait déjà ingurgité ne l’aidait pas non plus à y voir plus clair. Dans la réplique de l’inconnue, il ne perçut aucune accusation moqueuse, seulement un aveu indirect qu’ils n’étaient définitivement pas du même monde et qu’en temps normal, le jeune homme ne l’aurait certainement ni remarqué ni approché. Cela dit, il ne faisait pas de discrimination basée sur la classe sociale. Il se contentait de noter qu’ils étaient différents et il y avait même un certain avantage à cela : les occasions de se retrouver après cette soirée étaient plus que limitées, voire impossibles.
Et encore une fois, l’étudiant ne pensait pas jusque là. L’alcool commençait à faire son effet, il sentait la libération arrivée petit à petit, et en plus, il avait trouvé une fille magnifique. La séduire ? Bah, elle ne serait pas stupide au point d’être aveugle ? De toute manière, en venant dans un endroit pareil, elle devait bien se douter de ce que les hommes et les femmes cherchaient, non ? Et si elle n’en était pas consciente, Jarod ne pouvait être tenu pour responsable.

Et puis maintenant, c’est elle qui prenait l’initiative en l’emmenant sur la piste de danse.

Jarod eut tout juste le temps de lancer son verre encore à moitié plein qui se renversa sur le bar. Le barman lui lança un regard noir mais le jeune homme était déjà loin, aussi bien physiquement que mentalement. La musique reprenait ses droits et Jarod déjà savait s’abandonner au rythme entêtant et lourd. Il n’était pas un danseur parfait mais il savait ce qu’il fallait faire pour faire plus que bonne figure en boîte. L’alcool aidant, il savait surtout se diluer lui-même, perdre tout sens de lui-même et des autres autour pour se balancer en rythme. Pour qui l’eut observé, on aurait noté une sorte d’abandon total, comme si l’ego n’existait plus. Les « boum boum » des basses s’incrustaient directement dans son cerveau.
Il n’en oublia cependant pas la gazelle. Dansant d’abord plutôt seul, il remarqua que de nouveau, la fille elle aussi pouvait suivre le rythme. Il se rapprocha donc d’elle, se glissant parfois dans son dos, parfois repassant devant elle, l’effleurant parfois mais ne la touchant vraiment jamais. Quelques fois cependant ses mouvements en rythme pouvaient évoquer bien d’autres choses.

À nouveau, ils furent pour certains présents le centre de l’attention. Pendant un bref instant, l’ego de Jarod se manifesta de nouveau, notant qu’ils avaient raisons d’admirer tous ces inconnus, parce que ce n’était pas tous les jours qu’ils auraient droit à un tel spectacle.

Déjà cependant, la musique et l’alcool reprirent toute la place et le jeune homme partait loin, loin, dans un ailleurs plutôt cotonneux où rien n’avait vraiment d’importance.

La musique reprenait sa suprématie. Et son corps se balançait, ondulait, vibrait au rythme de la musique, ses bracelets tintants en rythme avec le tempo de la musique. Cependant, maintenant, au milieu de tous ces visages anonymes, son intérêt était sur un seul visage. Enfin intérêt, il fallait qu'il la mérite.

Pourquoi exactement ? Elle n'en avait aucune idée. Mais être raisonnable était certainement la dernière des choses qu'elle voulait faire. Il devait la mériter point final. Et elle serait un juge très sévère.

Il dansait plutôt bien. Lui aussi se laissait guider par la musique. Il ne dégageait certes pas autant de grâce qu'elle, mais pour un civil, il se détachait complètement de la foule. Ses mouvements étaient plutôt fluides, assurés, comme détachés de ce monde.

Et voilà qu'il m'approchais, il venait, il repartait, frôlant son corps. Des frissons la parcourait, mais elle n'était pas en reste. On aurait pu croire qu'elle caressait son corps si elle ne laissait pas entre eux une distance qui devenait toujours plus courte.

Fatalement, ce qui devait arriver arriva et leurs deux corps se touchèrent. Elle sentit un frisson courir sur sa peau. Mais ça ne devait pas arrêter la danse, elle dansait maintenant contre lui.

Parti comme il l’était dans la musique, c’était comme si Jarod ne remarqua pas vraiment le changement dans la manière de danser. Ils étaient à présent collés ? Mais n’était-ce pas normal ? C’était la suite logique des choses. D’abord, le jeune homme ne faisait que continuer sa danse comme avant, haletant un peu plus fort cependant car il mettait une telle énergie dans ce qu’il faisait que le souffle commençait parfois à lui manquer.
Tout en restant dans le dos de la fille, il passa un bras autour de sa taille, sans pudeur, sans honte et sans demander. Leurs bassins collés, Jarod calait désormais ses mouvements sur le rythme donné par la jeune fille. Certes, parfois, il semblait donner un coup un peu trop fort, sans doute trop suggestif, mais cela pouvait encore passer pour un faux pas, un temps manqué sur cette musique envoûtante.

Certains les regardaient, puis s’arrêtaient, et la fête reprenait pour eux aussi. Tantôt anonyme, tantôt centre de l’attention, le couple, ou du moins Jarod, ne faisait donc que danser.

Jarod ne parlait pas, il se contentait de sourire, de hocher la tête et de toujours garder le rythme. Cela dura longtemps, jusqu’à ce que finalement le rythme ralentit pour signaler un changement de musique et de style. C’était le signe qu’attendaient certains pour arrêter et quitter la piste, d’autres pour au contraire y entrer pour la première fois ou pour revenir. Le jeune homme jugea lui aussi qu’une petite pause s’imposait désormais. Il s’agissait de refaire le plein.
Il retourna donc au bar et hésita sur la commande. Essoufflé, il demanda à sa partenaire de danse :

« Tu bois quelque chose ? »

Avisant soudain une petite affichette sur le bar, il nota une « offre spéciale » de cinq shots différents pour un prix préférentiel, sorte d’appât parfait pour un jeu à boire. Cela tentait bien Jarod. C’était le moyen parfait pour accélérer les choses.

« Hey, ça te dit ? Cinq chaque, le premier qui finit ? » dit-il en désignant du doigt l’affichette.

Sentir ce corps contre le sien, c'était... nouveau. Elle avait déjà dû se serrer, ou saisir quelqu'un contre elle (pour l'étouffer ou empêcher un dragon de le griller), mais jamais elle ne s'était sentie aussi... électrisée. Chaque contact était une ligne de frissons qui redescendait dans son ventre, et puisqu'elle dansait contre lui, cette décharge était continue. Sa tête tournait un peu ses sensations étaient engourdies,. Mais jamais elle n'avait ressenti le moment présent autant qu'en ce moment. Le bras du jeune homme l'emprisonnant manqua de la faire défaillir. Mais elle se contenta juste de s'appuyer d'avantage sur lui et de passer sa main dans ses cheveux prenant un malin plaisir à défaire sa coupe sculptée chaotiquement tandis qu'elle continuait ses arabesques avec son bassin.

Son odeur, la sensation de son bras contre sa taille, de ses doigts sur sa jambe,de sa chaleur contre son bassin et son dos, la sensation de ses muscles quand il se collait à elle, ses halêtements, son souffle sur ses oreilles. Toutes ces sensations augmentaient son appétit et faisaient monter le rouge à ses joues. Elle avait si chaud au visage qu'elle se serait étonnée de ne pas prendre feu dans un état moins...flottant.

Cet instant dura une courte éternité, mais son compagnon de danse décida de faire une pause. Le sang tambourinait à ses oreilles et tout était accompagné par ce même battement. Et le sol était un peu mou aussi. Toujours fût-il que quand son compagnon se dirigea au bar, elle le suivit docilement. Le petit jeu auquel elle s'était adonnée bien loin de son esprit. Ils passaient du bon temps et il la faisait se sentir bizarre. Pas un mauvais bizarre. Un bizarre qui lui faisait ressentir le besoin d'être avec lui. Et elle était bien trop dans le coton pour interroger ce besoin.

Elle vit ses lèvres remuer mais avec les bombombom, elle ne comprit pas un mot. Cependant il s'était arrêté au bar et montrait le comptoir. Et elle voulait encore de cette substance qui l'a mettait dans cet état.

-Ouais je veux bien.

Puis il lui montra une affichette, avant de recommencer à parler, la jeune fille se concentrant un moment et le son revint.

« Cinq chaque, le premier qui finit ? »

Elle avisa les tous petits verres, ça tiendrait probablement pas une gorgée. Mais s'il voulait faire un concours de vitesse, elle allait lui montrer qu'un civil ne battrait jamais Marc non Nina. Nina Sanchez... Ça faisait tellement longtemps qu'elle ne s'était plus appelée comme ça.

-Ne vient pas pleurer quand je t'aurais battu!

Face à sa proposition de picoler un peu plus, la jeune femme répondit avec encore plus de défi. Jarod éclata de rire. Non pas comme s’il se moquait ou ne croyait pas un mot de ce qu’elle prétendait, mais tout simplement parce que le jeune homme s’amusait dans cette soirée, qu’il était jeune et immortel et que c’était bon de simplement boire sans penser au lendemain. Et cette fille rentrait parfaitement dans le plan idéal de cette soirée. Il ne pensait même pas – pas encore, ou plus, ou pas pour le moment – à la conclusion de cette soirée ni comment il aimerait que cela se termine dans un lit (le lit n’était de toute manière pas nécessaire, les toilettes du club pouvaient suffire). Il se perdait juste dans l’instant présent avec l’envie de continuer à boire et s’amuser.
Il sortit son portefeuille de sa poche arrière, tira un gros billet qu’il posa d’autorité sur le comptoir et commanda donc deux sets. Le barman s’activa et les minuscules verres se remplirent bientôt d’avenantes couleurs. Un set comprenait un Kick in the Crotch (Vodka, Blue Curacao, et jus de cranberry), un Mind Eraser (À nous la Vodka, le Kahlua, et le 7-up!), un Absolut Bitch (Absolut Vodka, Bailey’s Irish Cream, Kahlua, Tuaca, juste ce qu’il fallait pour Jarod), un Red Headed Slut (Peach Schnapps, Jagermeister, jus de cranberry, merveilleuses couleurs!), un Hot Damn (Whiskey, Rum, Vodka, jus d’orange, ça conclut bien)

Les dix shots leur furent présentés sur une longue planche. Jarod donna son billet et refusa la monnaie. Le barman bougon redevint plus commercial.

L’étudiant battit des mains, cria de joie en reconnaissant une musique qu’il aimait bien – finalement, l’ambiance encore un peu morose du début s’améliorait, le DJ savait y faire. Ou alors Jarod devenait juste de plus en plus bourré.

« Allez ! »

Il se saisit du premier verre, le fit tinter contre celui de l’inconnue, et le vida d’une traite.

« Yaaah ! »

Le deuxième connut le même sort, mais Jarod toussa un peu une fois le mélange avalé. Sa tête bougeait en rythme sur la musique, comme si la danse était plus forte que lui. Il s’empara du verre suivant mais déjà, la manière qu’il avait de porter la main à la bouche se ralentissait légèrement. L’Absolut Bitch était pourtant le shot qui convenait le mieux.

Ces soirées là! (PV Jarod)

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