Fine lame

Nij venait de traverser la moitié d'Entre-Monde pour aller à la forge d'Ordae. Quel... stupidité ! en plus il était crevé et devait revenir dans une heure. Bah, il ne tiendrait pas ses délais. Certes, il aurait pu prendre les transports en commun s'il les connaissait ! Mais l'oiseau était si caverneux que la seule vue d'une chose futuriste le mettait mal à l'aise. Il avait vécu dans les temps anciens bien que les humains de son monde avaient commencer à se moderniser.

L'oiseau soupire et entre dans la forge emplit d'armes et compagnie. S'il était plus riche il aurait sûrement pu s'acheter quelque chose de sérieux mais là il devra se contenter d'un modique katana et de son fourreau. Il ne savait pas si le forgeron faisait de bonnes armes mais il en avait tout intérêt.

S'avançant, le phoenix alla au comptoir où il attendit que quelqu'un daigne venir.

Le jeune homme était perdu dans ses pensées lorsqu'une voix qu'il semblait connaître retentit dans la petite boutique. Étonné, il releva la tête et aperçut Voiz, le golem qu'il avait rencontré au Love Hotel. Il réprima un rire en voyant cette femme essayer d'imiter ses traits. Bien qu'orgueilleux, Nij n'avait pas envie de se quereller avec la forgeronne ne serait-ce que parce qu'elle était largement plus imposante que lui. Il lui rendit donc son sourire.

- Je m'en souviens. Et je suis ravis de voir que c'est vous qui tenez la forge, dit-il ensuite, d'une voix dénuée d'émotions.

Il se racla doucement la gorge et son regard se planta sur l'arrière boutique. Il n'avait jamais vraiment vu une forge et il devait avouer que c'était assez effrayant que de savoir que c'est ici que l'on travaillait le métal. C'est ici que naissaient la plupart des armes.

- Je viens vous demander un katana ainsi qu'un fourreau adapté à cette lame.

Il grimaça à l'idée qu'il perdrait de l'argent.

Aku grimaça lorsqu'il entendit le prix, même minime. Alors ça non, il n'était vraiment pas du genre à dépenser. Soupirant avec lassitude, il regarde Voiz tendre le bras pour prendre un katana qui trônait sur un promontoire. Au vu de son fourreau décoré de flammes ardentes, il grimaça à nouveau. Ce n'est pas qu'il n'aimait pas le feu mais ce n'était pas vraiment son élément. Cela ne faisait que lui rappeler à quel point il était dépendant, dans ce monde, de ces flammes pour en tirer toute sa puissance.

Il saisit quand même l'arme et la sous-pesa avant de dégainer et de faire quelques mouvements rapides. Elle était assez légère mais trop petite pour lui. Certes, dans l'art du combat il ne fallait pas se battre avec une arme trop grande mais trop petite engendrait parfois des désagréments, surtout dans l'art de manier le katana.

L'oiseau alla reposer la lame sur son promontoire et en prit une autre qui avait attiré son attention. Dans un fourreau vert émeraude entrelacé d'arabesques noires, elle reposait non loin de ce qui devait être une épée. Aku la prit et sortit doucement la lame, écoutant avec attention le doux son du métal. Il fit quelques parades et mouvements droits dans le vide avant de ranger l'arme.

Le jeune homme soupira encore puis se tourna vers la vendeuse qui abordait un visage fendu par un grand croissant de lune. On aurait dit un sourire sur ce visage qui paraissait si inexpressif. Fermant un instant les yeux, il sourit à nouveau puis tendit l'arme à l'esprit.

- Voici mon choix. Très bien forgée, un travail de maître d'après mes faibles connaissances, dit-il pour conclure.

L'oiseau de malheur sorti avec réticence les 30pims de sa bourse. Il les déposa presque en tremblant sur le comptoir tandis qu'il regardait avec tristesse sa bourse beaucoup moins pleine qu'avant. Enfin, c'était un investissement. Il se promettait d'amortir la dépense avec la quête, s'il ne mourrait pas pendant.

Cette pensée le fit sourire ainsi que l'annonce de la forgeronne qui lui offrait le kit d'entretien. Un beau cadeau en soi. Il sourit à l'esprit, en signe de remerciement avant de hocher la tête aux explications d'entretien. Il savait que prendre soin d'une lame était fastidieux et long mais pas à ce point là. Il devra penser à la nettoyer souvent s'il ne voulait pas perdre des sous.

Prenant le katana qu'il accrocha à sa ceinture, il saisit la longue boîte et s'inclina, une façon de remercier dans son pays natal.

- Merci pour ce beau cadeau. Je penserais à bien entretenir ce travail de maître, dit-il ensuite en se redressant.

Encore un sourire à la forgeronne puis il quitte le magasin tout en adressant un au revoir poli.
Des fois, cet oiseau orgueilleux pouvait se montrer bien différent de ce qu'il se plaisait à exhiber. Poli et calme.
Aku se dirigea vers Cerclon, fier de son nouvel investissement.