Sortie Botanique [le retour] !

Pfff, avec tout ça, la journée touchait à sa fin, constata Uriel non sans mécontentement. Quel culot il avait, cet alchimiste ! C'était lui qui les avait envoyés crapahuter dans la boue et les moustiques pour une banale liane, mais il n'était même pas fichu de les recevoir quand ils avaient fini le boulot. Si Myra n'était pas partie en direction de la bibliothéque, Uriel aurait bien continué à couvrir d'injures le malheureux intérimaire qui leur avait annoncé son "indisponibilité" !

Mais la jeune commissaire s'était éclipsée avec toute leur récolte, et aussi jolie fut-elle, Uriel ne faisait confiance à personne d'autre qu'à lui-même quand il s'agissait d'argent. Et d'argent il était question, car Uriel se rendit compte que malgré le retard qu'ils avaient pris à la livraison, la récompense de la quête restait très avantageuse pour une seule journée de travail, aussi désagréable fut-elle.

Et donc, bien que ses bottes soient couvertes de boue, qu'il soit lui-même constellé de traces de terre, et qu'il ait passé deux heures à porter Machin amorphe et affalé dans ses bras, ses yeux se mirent à briller dès qu'ils franchirent les portes de la bibliothèque. Ah ! Il sentait déjà l'odeur de la récompense !

Une plante sous le nez, un sachet contenant, il me sembla bien que c'était des graines. Je levais mon nez surmonté d'une paire de lunettes d'un énorme livre de compte qui jusque là trônait fièrement sur mon bureau... Plait-il ?
Je refermais le livre qui aurait vraiment préféré resté ouvert, les pages claquèrent les unes contre les autres : signe d'une intense activité comptable depuis des années... Ainsi que d'un début de migraine au dessus des lunettes.

-Bonjour !

Politesse politesse ! Qui les éduque bon sang ! Certainement quelques fonctionnaires tout aussi malpolis. A moins que ce soit un critère de recrutement dans la fonction publique.

-hum... Myra et Uriel alors.

Ils étaient passés récemment, leur fiche était au sommet de la pile, cette même pile cachée dans un tiroir.
Un coup de tampon imprimait un "accomplie" dessus, ils étaient en théorie déjà plus riche. Ne me restait qu'à appeler la banque.

-On a dit, 10 pims par personne, si vous ne les avez pas utilisés pour la mission ils seront ajoutés à votre prime personnelle. Plus, 20 pims divisés par deux pour la plante, soit 10 pims chacun supplémentaires. On a dit 40 pims pour les graines, ce qui fait 20 pims en plus par personne. On tombe à 40 pims tout rond chacun.

On est d'accord ?

Spoiler:

Bonjour, bonjour...

"Re-bonjour," murmura Uriel, parce qu'après tout, ils s'étaient vus le matin même.

Mais il adressa un sourire éclatant à Eva, des fois qu'elle l'aurait entendu et l'aurait mal pris. Loin de lui l'idée de vexer la personne responsable de sa paie !

"Merci pour tout !" ajouta-t-il à l'exclamation enthousiaste de Myra.

-Ravie de faire affaire avec vous !

Je pianotais sur l'écran, un léger "bip" se fit entendre, rappelant un bref sourire sous mes carreaux. C'est quand même mieux quand la technologie marche.

-L'ordre de paiement a été envoyé à la banque, vous serez crédité dans quelques heures !

La fiche gagna la pile des missions accomplies.

-Vous avez besoin d'autre chose ?

"C'est tout, Eva. Passe une bonne... ah, pardon. Une fin de journée pas trop mauvaise !"

C'était Eva, après tout. A en juger par son caractère, elle passait rarement une vraie bonne journée. Et quand on voyait certains des phénomènes qui passaient par la Tour, on comprenait pourquoi. Il lui adressa un sourire penaud et tourna les talons pour emboîter le pas à Myra.

Voilà qui était une bonne chose de faite. Il allait probablement devoir dépenser quelques-uns de ses pims durement acquis pour emmener Machin voir quelqu'un de compétent, ceci dit. Le chat sauvage dans ses bras commençait à peser son poids, alors qu'il avait normalement horreur de rester tranquille plus de cinq minutes.

Il releva la tête - non, il n'avait absolument pas été en train d'examiner sa bestiole avec inquiétude, jamais de la vie - quand il vit que sa jeune partenaire s'était arrêtée pour l'attendre.

"Mais c'était un plaisir !" affirma-t-il avec un grand sourire charmeur, sa réponse automatique à une jolie jeune femme qui se montrait polie avec lui.

Il lui serra la main et accepta les coordonnées qu'elle lui tendit. Lui laisser les siennes auraient pu s'avérer problématique, à moins de se servir de la fourrure de Machin comme d'un support d'écriture ; heureusement, il avait toujours des cartes de visite du Messager du Ciel, son entreprise de livraison, sur lui. Il lui en tendit une en retour.

"Je serais ravi de remettre ça un de ces jours, mais la prochaine fois, on choisit un endroit plus sec. OK ?"

Et sur ce, il lui fit un signe de la main jovial et s'éloigna.