Un caillou qui en valait des milliards. (Pv Nini ; Ryner)

Une lampe à la main et un badge accroché à sa poitrine, Nini avançait presque au hasard dans les rues de Tern. Cette cité lui rappelait vaguement sa ville natale avec ses buildings et ses technologies modernes, à la différence près que c'était bien plus pollués et que les gens n’hésitaient pas à la bousculer sans même prendre la peine de s'excuser. Le nez en l'air, l'androïde flânait tout en se dirigeant, normalement, en direction du musée où elle était peut-être attendu. Nini, l'agent de sécurité... Pour l'instant, elle avait plus l'air d'une touriste perdue dans le dédale d'une ville inconnue que d'un membre respectable de la société s’apprêtant à suer sang et eau pour gagner son pain. Quoique, dans son cas, ce n'était pas dit qu'elle arrive à suer sang et eau un jour même si elle faisait de son mieux, par contre elle pourrait peut-être suer de l'huile de vidange et de l'huile de moteur? Encore que ce n'était pas dit qu'elle est ce genre de fluide en elle... Et puis de toute façon, elle en savait rien et elle s'en contre-fichait et c'est pas le moment de se poser des questions hautement philosophiques sur sa composition!

Bref, pour en revenir aux aventures d'Heidi de Nini descendit de sa petite montagne, laissant ses moutons retourner à la vie sauvage, les libérant ainsi du joug pas cruel d'un propriétaire fort accommodant et planant un peu à dix mille - il faut dire que Nini en bonne bergère les laisser paitre un peu où ils voulaient et ne les tondait qu'à l'arrivée de l'été pour qu'ils n'aient pas trop chaud; le reste du temps elle leurs racontait des histoires qui les faisaient souvent s'inquiéter pour sa santé mentale où elle s'amusait à deviner la forme des nuages quand elle n'allait pas squatter chez la grand-mère d'à côté pour y prendre le goûter en échange d'un bilan de santé. Elle avait eu une révélation : vivre au milieu de ses moutons, c'était sympa, mais il y avait sûrement plein de choses à découvrir et à faire dans cet Entre-Monde où elle avait atterri douze ans auparavant. Après tout, c'était pour ça qu'elle avait quitté sa terre natale et son ancienne propriétaire, sans aucun doute morte depuis le temps : pour découvrir de nouvelles choses et grandir. Et puis surtout, les tartes de la mamie d'à coté étaient de moins en moins bonnes... C'est ainsi qu'après plusieurs jours de promenade, Nini la petite androïde, quoique pas si petite que ça car mesurant un mètre soixante-huit, se retrouve aux portes de la civilisation. A Magna, elle passa devant une auberge dont la carte des desserts et des alcools lui mit l'eau à la bouche. Et lorsqu'elle regarda combien d'argent elle avait, ce fut le drame : avec ses pauvres 5 petits pims qui se couraient après, elle n'allait pas pouvoir commander plus de deux desserts et un verre d'alcool fort! Ou plus de 4 verres d'alcool et une friandise! Bref, c'était le drame et elle réalisa qu'elle allait devoir travailler un peu si elle voulait vivre correctement. Du coup, elle demanda au premier passant ayant une tête à peu près sympa et ayant l'air un minimum honnête (autant vous dire qu'il lui fallut attendre un peu vue qu'elle était du coté de Magna et que bon, Magna n'est pas connu pour sa population des plus décentes) où se trouvait l'agence d’intérim la plus proche. Suivant les indications d'un gentil passant, Nini se retrouva à aller flâner du coté des remparts de Cerclon, à la bibliothèque plus précisément.

Tranquillement, sans se presser le moins du monde malgré les quelques personnes qui attendaient derrière elle, l'androïde feuilletait le catalogue des missions disponibles. Elle prenait son temps pour les lire et pour essayer d'imaginer un peu ce qu'elle allait devoir faire pour les mener à bien. Et bien évidemment, elle essayait de voir qu’elle était la mission avec le meilleur rapport qualité-prix. Finalement, elle tomba sur une offre nommé "ironheart" : protéger un gros caillou bien cher entreposer dans un musée. Et pourquoi pas? Elle avait bien travailler durant un certain à s'occuper d'une petite vieille valant un sacré pactole, à veiller à ce qu'il ne lui arrive rien et donc à la protéger. Alors elle pourrait bien veiller sur une pierre durant 24 heures. Enfin, peut-être... Mais le moment n'était pas au doute : satisfaite de sa trouvaille, elle alla voir l'employé de la bibliothèque agence d'intérim et lui soumis sa candidature. Le bibliothécaire, qui faisait aussi office de salarié de pôle emploi, la regarda d'un œil un peu dubitatif avant de l'inscrire sur un registre et de lui donner un badge à son nom et une lampe torche. Après tout, il leur manquait une personne pour remplir cette mission et la date buttoir approchait alors qui était-il pour refuser la candidature d'une si valeureuse aventurière qui avait l'air aussi peu fiable...

Armée de sa lampe torche et de son badge où était écrit NINI, l'androïde pris son temps pour aller au musée. C'était la première fois qu'elle arpentait les rues de l'Entre-Monde depuis qu'elle avait débarqué sur cette espèce de plate-forme de voyage cassée. En bonne touriste, elle regardait par tout sauf là où elle mettait les pieds, se cogna plusieurs fois, dut demander son chemin à plusieurs reprises, se laissa distraire par un chat qui passait où une vitrine avec des petits trucs rigolos dedans ou par... En somme, elle pris son temps mais termina tout de même (miraculeusement même) par arrivée en temps et en heure au musée. Et là, devant l'imposant bâtiment recelant de trésors du passé, de culture, et d'ados qui en avaient marre de ces sorties scolaires qui les obligeaient à chaque fois à trainer les pieds dans des endroits pas palpitants; Nini se prit de plein fouet un grand poteau planté au milieu du passage. Ah! Oups... c'était pas un poteau mais apparemment c'était plutôt un truc vivant.

-Désolée.... Monsieur?

Nini contourna la chose et se planta face à une espèce de créature qui n'inspirait pas la sympathie pour pouvoir s'excuser en bonnes et dues et formes. Sauf qu'elle oublia quelque peu ses manières et le dévisagea ouvertement. Il y avait des espèces de billes noires à la place des yeux, et des lèvres toute noire comme s'il venait de boire un verre de macadam ou d'huile de vidange de mauvaises qualité. Il avait vraiment une tête à jouer les croques-mitaines pour donner des cauchemars aux petits enfants qui ne dorment pas la nuit. Et en plus, il s'était planté devant le musée menacé, comme s'il réfléchissait à quelque chose. Parce que quand on s'arrête comme ça dans la rue, c'est forcément qu'on réfléchit profondément à quelque chose. Comme ce qu'on va bien pouvoir manger au dîner. Avec un grand sourire, vue que c'était l'une des choses les plus importantes qu'on lui avait enseigné : être amicale et agréable en toute situation à l'aide d'un sourire sincère et chaleureux; Nini dit le fond de sa pensée sans aucun tact ni délicatesse comme à son habitude. Mais en toute innocence et sincérité.

-Vous avez vraiment une sale tête! Vous faites partie du groupe de méchants qui ont prévu de voler la pierre du musée?

Nini ouvrit la bouche, fronça le nez, ferma quelque peu son œil gauche et fronça aussi les sourcils Il était sérieux? Elle avait vu juste en lui demandant sans réfléchir s'il faisait parti du groupe de voleurs? Parce qu'il avait beau avoir une sale gueule, ça voulait pas dire qu'il devait forcément être une grand méchant pas beau. Quoiqu'il était déjà pas beau, donc il avait peut-être des prédisposition à être méchant? En tout cas, c'était l'impression qu'il donnait avec ses yeux touts noirs comme s'il avait pris trop de drogues et souffrait d'effets secondaire et le trou béant que laissait entrevoir sa bouche lorsqu'il parlait. L'androïde eu la sensation dérangeant que des cafards et des blattes allaient sortir d'une minute à l'autre d'entre les lèvres de l'inconnu. Mais elle n'eut pas le temps de faire part de son impression en demandant à la chose vaguement humanoïde de lui demander s'il faisait un élevage d'insecte pas trop sympa à l'intérieur de son corps. Lorsqu'elle commença à lancer les ordres à ce qui lui faisait office de cordes vocales, une autre voix que la sienne se fit entendre.

Elle tourna son regard rouge vibrant vers un grand gars qu'elle n'avait pas entendu arriver. Lui non plus il avait pas l'air très sympa, même carrément chiant en fait. Le seul avantage qu'il avait peut-être sur le croque-mitaine était qu'il n'était pas un nid à cafards. Et encore une fois, Nini n'eut pas le temps de répondre quoique ce soit : le faux zombie dit quelque chose de trop bizarre et qui n'avait juste aucun sens. Interloquée, elle le dévisagea quelques secondes avant de comprendre ce qu'il se passait. On lui en avait déjà parlé, de ce truc. Sa vieille riche propriétaire avait essayé longuement de lui faire comprendre ce concept : le sarcasme ou l'ironie ou un truc du genre. Dire quelque chose de faux pour souligner à quel point l'autre était débile et ne servait à rien. Un truc que Nini avec sa jolie logique complétement bancale d'intelligence artificielle pas toujours très brillante n'arrivait pas vraiment à saisir. Et le temps qu'elle arrive à comprendre que la blatte géante employait ce moyen d'expression vraiment pas amical (mais pas autant que son allure), elle se retrouva à le suivre en direction du musée.

-Alors on va travailler tous les trois ensembles?Je m'appelle Nini, et vous?

L'humanoïde parla sur un ton plein d'entrain et avec une légère pointe de gaieté ce qui faisait un drôle de contraste avec la manière qu'avaient ses deux compères de s'exprimer. Maintenant qu'elle savait qu'ils allaient être collègues le temps d'une journée, elle se dit qu'ils feraient bien d'apprendre à se connaitre un minimum. Comme par exemple savoir les noms des uns et des autres.