Location d'un submersible

Uriel se posa gracieusement devant l’Épicerie. Machin suivit son exemple et se transforma aussitôt en chat. Ses moustaches frémissaient devant les petits animaux de compagnie visibles depuis la vitrine.

"Toi, tu ne chasses rien" lui dit Uriel, péremptoire, tout en sachant que ses ordres couleraient comme de l'eau sur le dos d'un canard.

Soupirant, il toucha son collier enchanté et fit disparaître ses ailes, puis il poussa la porte de la boutique et la tint ouverte pour Âdièl. Machin se faufila à l'intérieur avec enthousiasme et Uriel le suivit d'un regard vaguement névrosé. Si cette sale bête cassait quelque chose de cher, il pouvait se retrouver endetté jusqu'au cou avant d'avoir pu dire "ouf". Malheureusement, il avait déjà vu ce que ça donnait d'essayer de l'empêcher de fouiner : courir après une mouche qui pouvait se changer en éléphant en une seconde chrono n'avait rien de drôle.

"Bonjour ?" appela-t-il, espérant que Machin, dans un accès de génie, se tiendrait tranquille s'il réalisait qu'ils n'étaient pas seuls dans la boutique.

Le trajet s'était déroulé sans histoire. Des deux sens. Ils n'avaient pas eut d'embrouille et ils n'avaient pas parlé. Âdièl s'en fichait. Juste le fait de partager ce vol l'avait complétement ravi. Il avait découvert des nouveaux quartiers de la ville, et tenté tant bien que mal de retenir l'itinéraire pour se rendre à l'épicerie, si il avait besoin d'y retourner un jour. Le reste du temps, il avait profité de ce vol. Un des derniers avant de se plonger sous les profondeurs sous-marine.

Il se posa en douceur à la suite d'Uriel, rétractant ses ailes. Obnubilé par l'observation de la boutique, il faillit faire attendre celui-ci qui lui tenait la porte et se glissa à l'intérieur.

L'intérieur de la boutique était tout aussi cosmopolite que l'extérieur et Day eut l'impression de faire un bon de plusieurs siècle en arrière et de se retrouver dans les échoppes de bric et de brac que l'on trouvait dans les villes et où on trouvait de tout pour satisfaire son bonheur. Ces échoppes étaient magiques, dans tout les sens du terme, elle avaient toujours ce dont vous avez besoin et Âdièl s'était souvent demandé comment les commerçant faisaient pour s'en sortir. Il soupira et aspira une grande goulée de l'air renfermé. Aussitôt une floppé de souvenir remonta dans sa mémoire, des sons, des couleurs, des images parfois, des émotions. Il se laissa envahir un bref instant avant de tout remettre à sa place.

" Bonjour ? " lança alors Uriel, le ramenant définitivement dans le monde réel.
Afin de se donner une contenance, Âdièl ajouta :

" Il y a quelqu'un ?"

C'est alors que ses yeux tombèrent sur une cage enfermant des minuscules petits singes ( qui lui rappelèrent vaguement une espèce sur Terre et il se demanda si, les animaux, tout comme les humains, avaient pu eux aussi voyager sur Entre-Monde ). Il s'approcha de la cage, il y avait une étiquette, suivit d'une bref description de l'animal. "Malinou"... Il regarda le prix. 5 pims. C'était tout ce qu'il possédait actuellement... Mais il était tellement mignon...
Oui, car Âdièl avait beau avoir plus de 2 siècles, ça ne l'empêchait pas de se comporter comme un gamin... Et il était en train de faire ce qu'on appelle, un caprice... Il espérait que le tenant de la boutique n'allait pas trop tarder, et qu'il allait bien vouloir lui vendre un de ces Malinous...

Spoiler:

Lys était quelque peu débordée, l'écurie avait subit une attaque... Un Hi-bou malade s'était mis en tête de parfumer toute la zone des enclos. Les créatures les moins tolérantes à ce genre de mésaventures furent bonnes pour quelques malaises. Elle appela plusieurs vétérinaires et toute une équipe de nettoyage pour pallier au plus urgent : sauver celles qui résistaient encore.
La porte de l'arrière salle s'ouvrir sur une Lys échevelée qui venait d'ôter depuis peu une lourde combinaison de protection.

-Messieurs !

Elle rayonna en apercevant un client qu'elle connaissait déjà.

-Que puis-je pour vous ? Si c'est pour les cibles il faudra attendre un peu...

Le stand de tir était... une zone sinistrée. On y avait entassé de nombreuses créatures dont le nez fin aurait causé leur perte si elles étaient restées dans l'écurie.

Spoiler:

Ah, c'était la jolie fille de l'autre fois ! Celle qui avait une passion un peu flippante pour les armes à feu... Mais peu importait, Machin s'était arrêté dans une allée pour la fixer avec de grands yeux curieux, Uriel était donc absolument ravi de son arrivée. Il lui adressa un grand sourire en s'approchant du comptoir.

"Oh non, ce n'est pas pour ça que je suis là aujourd'hui. On a reçu un bon de la bibliothèque pour la location du submersible ! Il est libre, j'espère ?"

Et pas trop compliqué d'utilisation ? Il n'avait pas trop l'habitude d'utiliser des véhicules pour se déplacer, il n'en avait habituellement pas vraiment besoin...

Il adressa un coup d’œil curieux et un mouvement du menton interrogatif à Âdièl, qui s'était approché de la cage de petites bestioles. Pendant qu'ils étaient là, il voulait peut-être faire des achats supplémentaires ? Apparemment, c'était la première fois qu'il venait, il n'y aurait donc rien de surprenant à ce qu'il trouve quelque chose qui lui plaise.

Spoiler:

Il y eut des bruits de pas un peu précipité et une charmante demoiselle entra dans la boutique. Âdièl la regarda un instant surpris. Pas qu'il est jamais vu de fille de sa vie, mais il ne s'attendait pas à sa présence dans un tel endroit. Il voyait plutôt un vieux grincheux et impatient, bougon et grognon, ronchonchon et chafouin, sentant la sueur et malpoli et à la place, il se retrouvait en face d'une belle demoiselle un peu las.
Et en plus, elle semblait connaître son camarade. Bref, il secoua la tête. Tant mieux si c'était un demoiselle joviale non ? Uriel prit l'initiative et Âdièl n'en prit guère ombrage. C'était lui le novice dans cet histoire, même s'il était plus vieux. Et il était un peu intimidé.

"Oh non, ce n'est pas pour ça que je suis là aujourd'hui. On a reçu un bon de la bibliothèque pour la location du submersible ! Il est libre, j'espère ?"

Âdièl hocha la tête, histoire de dire qu'il était d'accord, même si la vendeuse ne semblait guère attirait par lui. Enfin, disons qu'elle ne faisait pas attention à lui. Normal, elle connaissait Uriel. Âdièl douta même un instant qu'elle l'ait vu et cela l'attrista. ll était si invisible que ça ? Venu d'un monde où il devait se cacher, il avait envie qu'on le remarque. Pour ce qu'il était. Un ange-singe hybride truc chose.

Uriel lui adressa un signe de tête interrogatif, pour lui demander s'il ne voulait pas ajouter quelque chose. Âdiel le remercia d'un clin d'oeil. En fait, il n'était pas si invisible que ça...

"Bonjour, je voudrais savoir s'il y avait possibilité d'acquérir un Malinou mâle dans le même temps, s'il vous plaît ?"

Sa queue remuait un peu, signe qu'il était nerveux. Mais aussi excité. Acquérir un Malinou signifiait être sur de ne plus jamais être seul.

Un submersible. Tout le monde lui demandait des sous-marins en ce moment, qu'ont-ils tous à aller prendre un bain au fond de l'océan, elle se le demande !
Pas d'arme et elle en fut soulager pour la première fois de sa vie. Rien qu'à l'idée de devoir re-déplacer toutes les créatures, qui occupaient la salle de tir, lui donnait la nausée. Non... Elle appellera son père et son patron à l'aide pour ça, menaçant d'une visite médicale et d'un arrêt maladie interminable si ces deux là ne viennent pas l'aider aussitôt.
C'est ce qu'on appelle le charme féminin.

-Votre bon précise lequel des vaisseaux vous devez louer ou vous avez le choix ? Car le Fenrir aussi est disponible. Enfin, si vous êtes patients... Vous pourrez embarquer dans l'aigle de mer dans une heure, le temps pour lui de remonter l'Arcos jusqu'ici. Sinon, le Fenrir est sur les quais de Tern en ce moment, il subit une révision.

Interpellée par le compagnon de son client préféré (elle n'en avait pas eu tant que ça mais tout de même) Lys l'observa une seconde avant de tourner les yeux vers les Malinou. Si minuscule qu'ils semblaient tous coincés à l'état de nourrisson à vie.

-Vous pouvez bien entendu !

Elle sourit en s'approchant, ouvrant la vitre circulaire devant la cage qui permettait de passer la main dedans. Le système permettait de laisser une main entrer et de laisser l'un des petits singes s'introduire dans un sas protecteur. On évitait l'évasion et on permettait au client un premier contact avec les petites créatures. Parfois, cela suffisait à faire fuir ledit client... surtout quand il s'agissait de choisir parmi des créatures moins commodes !

-Choisissez, ne vous inquiétez pas ils ne mordent pas.

L'un devait choisir un vaisseau et l'autre un Malinou, elle leur laissa le temps du choix alors qu'elle regagnait le comptoir et cherchait les documents liés à la location des appareils...

Ah bon, l’Épicerie avait deux véhicules submersibles ! Uriel se trouva bien bête. C'était ça de ne jamais se renseigner sur ce type de détails jusqu'au moment où on en avait le plus besoin. Pendant que la jolie vendeuse allait aider Âdièl, Uriel potassa le catalogue du magasin.

Voyons, l'Aigle de Mer était strictement un submersible, tandis que le Fenrir pouvait aussi voler et naviguer sur l'eau... mais ça ne leur serait sans doute pas très utile dans cette mission. L'Aigle de Mer était aussi bien mieux équipé pour les expéditions sous-marines, et Uriel se voyait moins à l'aise aux commandes d'un énorme navire que d'un petit engin conçu pour 5 passagers... Avec seulement Âdièl et lui pour le peupler, le Fenrir aurait des airs de bateau fantôme, et ce n'était pas vraiment le genre de présages dont Uriel avait besoin au début d'une mission.

D'un autre côté, les frais en cas de dégâts sur l'Aigle de Mer étaient tout simplement astronomiques, et Uriel se sentit blanchir rien qu'en les regardant. Il espéra que la maison faisait crédit. Mais au bout du compte, les bons côtés pesaient plus lourds que les mauvais.

"Je pense que l'Aigle de Mer nous conviendrait mieux. Et on va faire de notre mieux pour ne pas le casser, hein," finit-il par dire à la jeune femme, encore un peu traumatisé.

- Vous pouvez bien entendu !

Âdièl laissa s'échapper un soupire de soulagement. Un instant il avait eut peur que se ne soit pas possible. En quoi cela aurait été impossible, il ne le savait pas. Sa queue se calma instantanément et il s'approcha de la cage, suivant la vendeuse. Il resta un instant stupéfait par le système de sécurité. Décidément, les entre-mondiens n'avait rien à voir avec les terriens. D'accord, il y avait des choses similaires, mais jamais les humains n'aurait traité les animaux de cette façon. Il hésitait à s'approcher. La vendeuse le rassura.

-Choisissez, ne vous inquiétez pas ils ne mordent pas.

Âdièl espérait bien qu'ils ne mordaient pas. Il passa lentement et doucement sa main à l'intérieur. Au début, aucun petit singe ne voulut pénétrer dans le sas. Il était presque déçu. Et soudain une minuscule patte se posa sur sa paume. Il regardait émerveillé le Malinou se lover dans sa paume. Celui-ci le regarder d'un regard curieux. Pas de peur. Âdiel sourit et resortit avec délicatesse sa main du sas. Il se tourna vers la vendeuse. Et déclara :

- Je prend celui-là.

Comme si ce n'était pas évident. Il posa le petit animal sur son épaule et celui-ci monta sur son crâne en s'aidant de ses cheveux. Il grimaça quand il lui tira deux, trois mèches mais ne le gronda pas. Il sortit alors les 5 pims que coûtait l'animal de sa bourse et les tendit à la vendeuse en la remerciant chaleureusement, il ne voulait pas passer pour un goujat.

Puis il se dirigea vers Uriel et regarda par-dessus son épaule. Ils avaient le choix entre deux submersibles.

"Je pense que l'Aigle de Mer nous conviendrait mieux. Et on va faire de notre mieux pour ne pas le casser, hein"

Au départ, il ne comprit pas la voix peu assuré de son camarade, mais il devint aussi pâle que lui quand il observa les frais de casse... Il allait falloir faire très attention, même si leur mission leur semblait dangereuse et que sincèrement, Âdiel se demandait comment ils allaient faire pour ne pas l’abîmer. Mais il reconnaissait qu'il n'avait pas trop le choix. Il se voyait mal dans le Fenrir. Trop grand, trop vaste. Et en plus, il pourrait y perdre son familier. D'ailleurs, va falloir qu'il lui trouve un nom.

"Il sera là dans une heure dites-vous"

Il se tourna vers Uriel.

" Tu as des derniers préparatifs à faire où tu es prêt ?"

Spoiler:

Malinou, aigle de mer. Un peu et la jeune femme se serait emmêlé les pinceaux à inscrire le code d'identification du petit singe sur le registre de location des submersibles... Un petit peu seulement. Elle se retint juste à temps en relisant trois fois l'intitulé de la page désignant l'aigle de mer.
Un peu empêtrée dans la paperasse, elle accepta volontiers le paiement immédiat du Malinou. Ceci fait, elle s'arma d'un autre type de papier... Et c'était repartie pour un tour.
Quelques minutes après, Uriel était inscrit comme référent pour l'aigle de mer, Âdièl (merci le badge de la banque) pour l'achat d'un Malinou.

-Et voilà ! Pour votre singe, si vous avez besoin de conseille pour le nourrir ou s'occuper de lui, n'hésitez pas à contacter l'épicerie, sinon vous avez accès à de nombreuses associations dans l'Entre-Monde prêtes à vous aider. Quant à l'aigle de mer maintenant. Remontez l'ourgandi jusqu'à Northrives. Vous trouverez au croisement des fleuves un embarcadère dédié à ce sous-marin. Ne vous inquiétez pas pour les commandes, il est très simple à piloter et tout est étiqueté. D'ailleurs, c'est un sous-marin assez robuste même s'il n'en a pas l'air, il survivra à presque tout, soyez seulement prudent.

Terminant de ranger sa paperasse, elle en arrivait à un :

-Vous désirez autre chose ?

Uriel écouta avec soin les instructions de la jeune femme, et nota avec soulagement que les risques de revenir ruiné de l'expédition étaient moindres que ce qu'il avait d'abord cru. Il fallait seulement qu'ils soient prudents. OK. Et toutes les commandes étaient étiquetées, encore mieux.

"Non, je crois qu'on a tout," répondit-il, à la fois à Âdièl et à la vendeuse. "Pas vrai ?"

Il jeta un coup d’œil à son partenaire pour s'en assurer, mais à en juger par la minuscule créature perchée sur son crâne, il était paré aussi. En parlant de bestiole...

"Machin !"

Le Hellors apparut entre deux étagères avec la grâce tranquille des chats, et Uriel essaya de se dire qu'il aurait entendu les dégâts s'il avait cassé quelque chose. Mieux valait quand même ne pas traîner, on ne savait jamais.

"Merci pour tout !" dit-il à la vendeuse avec un large sourire. "A bientôt !"

Il se dirigea vers la porte, poussant Machin du bout du pied pour qu'il arrête de reluquer la cage des Malinou.

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