C'est joli en cette saison, Atlantis ?

Une fois n'est pas coutume, Uriel ne rétracta pas ses ailes en entrant dans la Tour. Leurs extrémités traînaient par terre, ce qui était un peu inconfortable, mais il préférait pouvoir s'envoler à tout moment. Il avait récemment mis en rogne quelques résidents de Magna peu recommandables, et se déplaçait donc avec un œil dans le dos - littéralement : son Hellors était actuellement perché sur son épaule sous la forme d'un furet et refusait de se tourner dans le sens de la marche - et toutes les armes qu'il possédait sur sa personne. Katana bouclé dans le dos, pistolet à plasma accroché à la ceinture et deux petits couteaux fourrés dans ses bottes, il se serait presque pris pour un guerrier.

Sauf qu'il était livreur. Un métier apparemment plus dangereux qu'il ne l'aurait cru.

Eva régnait sur la bibliothèque d'une main de fer, il y avait donc peu de risques qu'Uriel s'y fasse traîner dans un coin sombre et assassiner... Mais ça ne l'empêcha pas de jeter des coups d’œil paranos autour de lui pendant qu'il s'approchait du panneau d'affichage. Il avait besoin de disparaître quelques jours, et comme aucun livraison n'avait daigné lui tomber dans les bras, une mission lui irait très bien. Tiens, celle-là, par exemple :

Disparitions Atlantes:

Brr, de l'eau. Uriel n'aimait pas l'eau. Il l'avait déjà prouvé lors d'une mission pour le compte de K'ouen, et ça ne s'était sûrement pas arrangé depuis. Mais après tout, qui irait chercher un ange sous la flotte ? Allez, hop ! Plutôt que de tergiverser jusqu'à changer d'avis, il décrocha l'énoncé de la quête du tableau d'affichage et jeta un coup d’œil inquisiteur autour de lui, espérant trouver un volontaire pour l'accompagner. De préférence quelqu'un qui n'avait pas l'air louche et prêt à lui refaire le portrait.

Âdièl soupira pour la énième fois. Énième. Nom utilisé pour désigner que l'on ne compte plus le nombre d’occurrence d'un phénomène. Ou quand on a perdu le compte. Âdièl aimait bien ce mot. Parce qu'il ne désignait ni commencement concret ni fin à venir. Un peu comme lui. Bref, pourquoi tant de soupirs ? Eh bien parce qu'Âdièl n'en pouvait plus. Voilà des mois qu'il traînait dans Cerclon. Et qu'il faisait des cercles. Il secoua sa tête, le jeu de mot était un des pires qu'il ait jamais fait. Il y tournait en rond. Tout d'abord le quartier lui avait plu. Il lui semblait familier. C'était ce qui se rapprochait le plus de l'époque qu'il habitait sur Terre. Les quartiers moyen-âgeux l'avait d'abord tenté, mais, peu à peu, il s'était lassé, et était revenu dans cette partie beaucoup plus moderne de la ville. Car il estimait que c'était celle qui avait plus de chose à lui apprendre. Cependant, maintenant, il commençait à s'en lasser. Alors, il estima qu'il était tant de s'envoler vers d'autre cieux. Il esquissa l'ombre d'un sourire, ce jeu de mot-ci était plus réussi.

Passons, il avait donc quitté l'emploi qu'il occupait depuis quelques mois, si peu en fait, et après s'être renseigné, s'être trompé il avait finir par découvrir un moyen de prendre l'air, de se changer les idées, de voir du pays et en prime de gagner de l'argent. C'est donc avec un grand enthousiasme qu'il s'était envolé à tir d'aile en direction de la bibliothèque, où, il l'avait appris, il pourrait récolter une mission. La seule chose qui le préoccupait un tant soit peu, c'était que, toujours d'après la même source, la majorité de ces missions se déroulait en équipe. Et Âdièl n'était pas dupe, il savait qu'il avait beaucoup de mal avec les contacts humains, démoniaques, robotiques, angéliques en tout genre. Il soupira. Encore ? Peut-être il y avait-t-il moyen de faire des quêtes seul ?

C'est avec ce mince espoir qu'il se glissa à l'intérieur du bâtiment, ayant pris auparavant la précaution de rétracter ses ailes. Il n'avait qu'un maigre sac qui contenait tout ce dont il pourrait avoir besoin pour une quelconque quête, il était prêt à partir. En guise d'arme, il ne possédait qu'un simple poignard qu'il avait ramené de Terre. Il n'avait pas eut le temps de se faire forger d'autre lame. Il préférait les armes blanches. Mais de toute façon, il n'avait pas l'argent nécessaire. Après cette quête peut-être?
Tout à ses pensées, Âdièl arrivait maintenant au panneau d'affichage. L'endroit était presque désert. Seul, devant le panneau, un papier à la main - une mission ?- un ange semblait chercher quelqu'un du regard, tout en étant sur le qui-vive. Âdièl, bien malgré lui, jeta un regard circulaire. A part eux-deux, il n'y avait pas âmes qui vivent. Du moins, pas dans son champs de vision.

Soupirant de nouveau, il s'approcha plus, et commença à lire les ordres de mission. Aucune ne l'attirait plus que ça. Il se demanda un instant, si celle qui était dans la main de l'ange pouvait être plus intéressante. Il essaya de la lire sans le déranger, puis finalement ... eh, non, sinon ça va vouloir dire qu'il va devoir la faire avec lui... Non? Non, pas forcément, il pouvait juste lui demander non ? Encore un soupir. Plus discret. Il se racla la gorge pour tenter d'attirer l'attention de l'inconnu.
"Hum, dis-moi, c'est quoi la mission que tu as choisie ? Parce que honnêtement, aucune ne me tente dans celle-là, d'un geste du menton, il désigna le panneau d'affichage, alors, je me demandais si la tienne était captivante, étant donné qu'elle a trouvé acquéreur."

Il se tut, guettant une réaction. Il n'avait pas dit qu'il voulait y participer. Donc si la mission ne lui plaisait pas, il pouvait ne pas la faire et partir les mains vides, n'est-ce pas ?

Spoiler:

Uriel avisa le jeune homme qui l'abordait et cligna des yeux. C'était une queue, juste derrière ses jambes ? Il y avait vraiment de tout, dans l'Entre-Monde. Au moins le garçon n'avait-il pas un air de tueur à gages - encore que, si Uriel était un tueur à gages, il se débrouillerait pour ne pas en avoir l'air, ça facilitait sans doute le métier. Mais s'il commençait à raisonner comme ça, il se méfierait de tout le monde et ne trouverait jamais de partenaire. Et il ne prendrait pas cette quête tout seul : il ne manquerait plus qu'il devienne le prochain disparu d'Atlantis ! Encore que si ça arrivait, au moins, "on" aurait du mal à le retrouver pour lui faire la peau.

Toujours est-il qu'un jeune homme plutôt morose ne lui semblait pas être un danger imminent. Il tendit la feuille au garçon pour le laisser juger par lui-même.

"Tiens ! C'est une histoire de disparus à Atlantis, ils cherchent quelqu'un pour enquêter."

Machin s'était plié en deux pour examiner le nouveau venu, son petit museau frémissant entre deux mèches de cheveux d'Uriel. C'était drôlement souple, un furet.

A peine avait-il parlé que l'ange le détailla. Un vague sourire traîna sur les lèvres d'Âdièl quand il remarqua sa queue. Pour lui elle était maintenant naturelle, comme un cinquième bras, mais c'est vrai que ça pouvais surprendre. Il passa ensuite sur le visage de l'ange une foule d'émotion, mais trop fugace pour qu'Âdièl puisse en déduire quoique se soit. Enfin, il tendit la feuille.


"Tiens ! C'est une histoire de disparus à Atlantis, ils cherchent quelqu'un pour enquêter."

Disparu. Aussitôt sa mémoire se mit en branle. Et des souvenirs plus ou moins vieux l'envahissent. Ses parents d'abord. Son grand-père... Il se donna une baffe mentale. Atlantis.. Hum, ça lui rappelait la légende de l'Atlantide sur Terre. Se pouvait-il que cela vienne de là? Ce fut le mot enquête qui le fit sourire. Il lui rappela Sherlock Holmes et s'imaginer avec la casquette et la pipe du célèbre détective... Non, ça ne lui irait pas. Du tout. Il se reprit, l'heure n'était pas à la plaisanterie. Il prit enfin le papier qu'on lui tendait et lu attentivement...

Une fois fini, il fit rapidement les pour et les contres. Pour ? il va prendre l'air, prendre des risques, voyager. Contre ? Sous l'eau. Haussement d'épaule. L'aventure le tentait vraiment. Il regarda brièvement l'ange qui lui faisait face. Il n'avait pas l'air d'avoir un mauvais fond. Et puis c'était un ange, au fond, il devait donc se ressembler un peu, non?

Ce fut lors de son deuxième examen qu'il remarqua le furet perché sur son épaule. Un sourcil se leva en accent circonflexe. Un daemon ? Pourquoi pas. Sur Entre-Monde tout pouvait exister, même des choses qu'on pouvait lire dans des romans sur Terre. Enfin, même si ce n'était pas un daemon... Qu'est-ce que ça pouvait lui faire ?

Il rendit l'annonce à l'ange, plus détendu qu'auparavant.
" ça me branche. Je suis partant. Si tu m'accepte comme partenaire bien sur."

Le tutoiement qui avait jaillit spontanément resté bien en place. De toute façon, Âdièl se trouvait assez vieux pour se donner le droit de tutoyer tout le monde. D'ailleurs, l'ange n'avait pas relever. Âdièl se prit à espérer que l'autre allait être d'accord. Afin de détendre un peu plus l'atmosphère et pour donner confiance à l'ange, il ajouta avec un clin d'oeil :
"Je m'appelle Âdièl, et j'ai 2617 ans."

Il s'attendait maintenant à ce que l'autre se présente aussi. D'abord parce que c'était la prime de la politesse, ensuite parce qu'il en avait marre de l'appelait "l'autre" ou "l'ange". Il sourit intérieurement. C'est fou comme un simple mot pouvait le mettre de bonne humeur. Il guettait maintenant avec malice une réaction de la part de l'autre.

Uriel haussa un sourcil. Pourquoi donner son âge à un inconnu ? C'était une manière de frimer, ou quoi ? D'accord, 2617 ans c'était vaguement impressionnant pour un "jeunot" comme Uriel, mais selon qu'Âdièl était un humain ou un dieu (et que dire des millions d'autres races étranges qui traînaient dans le coin), il pouvait être immensément vieux ou à peine plus âgé qu'un enfant. Et d'ailleurs, pour ce qu'il en savait, les années d'Âdièl pouvaient être dix fois plus courtes que les siennes. Tout était possible, dans l'Entre-Monde.

"Moi c'est Uriel" répondit-il sans relever. "Et ouais, j'accepte volontiers un partenaire ! J'avais pas très envie de me retrouver seul dans une ville où des gens disparaissent, si tu vois ce que je veux dire."

Il roula des yeux, et désigna le comptoir de la bibliothécaire d'un coup de pouce par-dessus son épaule.

"Allons nous enregistrer, alors. Ensuite, on pourra apparemment aller louer un submersible à l'épicerie. Je pourrais nous transporter directement par Perçant à Atlantis, mais si on doit enquêter sous l'eau, on risque d'en avoir besoin de toute façon. Je ne sais pas pour toi, mais moi je n'ai pas de branchies."

Il coula un regard curieux à son nouveau partenaire, presque comme s'il lui cherchait les dites branchies. Après tout, rien n'était impossible, le garçon avait déjà une queue de singe.

"Enfin puisque c'est gratuit pour nous, je ne vois pas pourquoi on se gênerait."

L'argument ultime pour Uriel : si c'est gratuit, je prends. Il jeta un coup d’œil au comptoir vide, espérant voir Eva arriver bientôt.

"Moi c'est Uriel. Et ouais, j'accepte volontiers un partenaire ! J'avais pas très envie de me retrouver seul dans une ville où des gens disparaissent, si tu vois ce que je veux dire."

Âdièl hocha la tête d'un compréhensif. Lui non plus n'aurait pas aimé être seul. Et la mimique de son compagnon acheva de le mettre de bonne humeur... Ce roulement des yeux, artistiques, s'il y avait eu une compétition de roulement d'yeux, il aurait sûrement gagner. Day imagina une seconde un jeu olympique de roulement d'yeux, avant de chasser l'idée de sa tête. Elle était inutile. Uriel le tira de ses réflexions. Il sourit. Uriel, pour un ange... Logique, on pourrait sûrement reconnaître un ange à son prénom.

"Allons nous enregistrer, alors. Ensuite, on pourra apparemment aller louer un submersible à l'épicerie. Je pourrais nous transporter directement par Perçant à Atlantis, mais si on doit enquêter sous l'eau, on risque d'en avoir besoin de toute façon. Je ne sais pas pour toi, mais moi je n'ai pas de branchies."

Day avait beau avoir du mal avec les relations, Uriel lui plaisait. Un humour décalé et un peu ... décalé. Ce n'est pas pourtant qu'il manqua le regard curieux que lui coula son compagnon de galère. Sa queue fouetta l'air, ravie. Et avant qu'il ne puisse ajouter quelque chose, Uriel enchaîna :

"Enfin puisque c'est gratuit pour nous, je ne vois pas pourquoi on se gênerait."

Là dessus, Day était d'accord, il hocha la tête. Cela pouvait paraître un peu ridicule, mais il était d'humeur gamine, donc...

" Pas de problème, je suis entièrement de ton avis, parce qu'à moins de ne subir une mutation aussi instantané que soudaine, je ne suis pas équipé de branchie, ma mère n'avait guère pensé à ce détail... "

L'allusion à sa mère baissa d'un cran son moral. Sa gaieté retomba. Il soupira.

" Enfin, je suppose que nous n'avons plus qu'à attendre ? "

Il regarda en direction du comptoir. Mais il demeurait désespérément vide. Afin de tromper l'ennui et l'attente qui s'annonçait peut-être longue, il chercha un sujet de conversation...

" Sinon, tu fais quoi de beau dans la vie ? "

Son enthousiasme l'avait maintenant complétement abandonné et il parlait avec calme, sans aucune intonation dans la voix. Cela surprendrait peut-être Uriel, mais bon, on était plus à une bizarrerie près.

Spoiler:

Une tour penchait drôlement d'un côté et de l'autre, il sembla bien que quelqu'un se tenait derrière l'empilage approximatif de livre qui avançait prudemment vers le comptoir érigé dans le hall d'entrée de la bibliothèque... Quelques mèches blondes dépassaient lorsque les livres envisageaient de s'écrouler, une main apparaissait alors pour tout remettre en place. Et ceci jusqu'à ce que j'arrive à déposer avec plus ou moins d'habileté cette tour impressionnante sur le bureau.
Une petit erreur d'aiguillage fit qu'ils se tenait pile devant mes deux nouveaux clients, je les poussais sur le côté sans ménagement en soupirant tout l'air possible.
Je détaillais les nouveaux venus, au moins un que je voyais bien souvent ces derniers temps, et un inconnu.

-Bonjour à tous les deux ! Que...

Un petit robot me tapota la cuisse (le seul endroit à peu près neutre à porté de ses mains), peu habituée à voir Kip en liberté, je sursautais... électrifiée. Kip avait reçu quartier libre pour pouvoir aider physiquement dans la bibliothèque, et je n'avais pas vu qu'il me suivait à la trace depuis l'étage avec ses bras articulés et son corps cubique.

-Kip ! Bon sang tu veux ma mort ?!

Le robot ne sembla pas trop comprendre... Un soupire de plus et :

-Occupe-toi de ces deux là, je vais ranger ça. Et ne renverse rien !

La dernière fois que je lui avais confié le bureau il avait retint les tapis en noir, après avoir retourné une bouteille d'encre de chine sans avoir jamais eu droit à une explication du côté indélébile du liquide... Un sourire désolé, je saluais les deux hommes d'un bref mais clair :

-Kip s'occupe de vous !

Et me voilà à récupérer mon empilement négligé d'ouvrages au poids conséquent, pour les rapportés à la réserve. Je m'éloignais, visible de dos cette fois, avec une tour devant le nez qui penchait à nouveau d'un côté ou de l'autre sans savoir vers lequel basculer.

Spoiler:

Tiens donc, ce type n'avait pas l'air d'avoir une humeur très stable. Il était arrivé tout renfrogné, puis s'était mis à plaisanter avec Uriel, et voilà qu'il redevenait sinistre. Discuter avec lui risquait de s'apparenter à la traversée d'un champ de mines. Uriel s'appuya du coude sur le comptoir et essaya de ne pas se laisser gagner par la morosité de son partenaire. Lui-même avait déjà assez d'ennuis comme ça, s'il se laissait aller, il allait finir dépressif.

"Ouais, la bibliothécaire ne devrait pas tarder" répondit-il à Âdièl. Puis, en réponse à sa question suivante : "Oh, techniquement je suis livreur. Je porte du courrier ou des paquets quand les gens ne peuvent pas se permettre de passer par le réseau de poste classique, pour une raison ou une autre. Mais avec le développement de l'Entre-Monde, j'ai de moins en moins de clients et je me retrouve de plus en plus souvent ici."

Il soupira et leva les yeux au ciel, excédé. Était-ce trop demander que de vouloir gagner sa vie avec un travail honnête ? Avant qu'il ne puisse retourner sa question à Âdièl, il vit arriver une pile de livres et dut se redresser vivement ou risquer qu'elle ne lui écrase le bras en se posant sur le comptoir. Pris de court, il leva une main pour saluer Eva, mais elle se fit distraire par son acolyte d'acier et repartit très vite dans une autre direction.

"Ok, merci !" lui lança-t-il.

Apparition éclair ! Il aurait bien proposé de l'aider, mais après tout, c'était le travail pour lequel elle était payée.

"C'était Eva Carine, la bibliothécaire" précisa-t-il à Âdièl, des fois qu'il ait un jour besoin de repasser dans le coin.
"Bonjour ! Kip..." dit le robot d'une voix métallique. "C'est pour une mission ? Kip..."
"Euh, ouais. Les disparitions à Atlantis..."

Il tendit l'ordre de mission au robot, qui le prit et lui donna la feuille d'inscription en échange.

"Veuillez remplir ce document... Kip..."
"Ouais, ouais..."

Uriel remplit le formulaire avec son nom et le reste de ses informations, puis le passa à Âdièl pour qu'il fasse de même.

A l'annonce du métier d'Uriel, un éclair de curiosité traversa le visage d'Âdièl. Livreur, pourquoi n'y avait-il pas penser plus tôt, il s’apprêtait à lui demander des précisions, mais une jeune femme apparut à l'instant où il s'apprêtait à le faire, enfin, si on peut dire apparaître derrière une pile de livre... Elle redisparut d'ailleurs presque aussitôt laissa un ange-singe perplexe. Qui était-elle ? Il se tourna pour le demander à Uriel qui donnait l'impression d'être déjà venu ici. Mais celui-ci répondit à sa question avant même qu'elle franchisse ses lèvres.

"C'était Eva Carine, la bibliothécaire"
"Bonjour ! Kip..." le coupa le robot d'une voix métallique et désagréable "C'est pour une mission ? Kip..."

Âdièl allait répondre, mais une fois encore, Uriel le prit de cours.

"Euh, ouais. Les disparitions à Atlantis..."

S'ensuivit un échange de papier sous l'air curieux d'Âdièl.

"Veuillez remplir ce document... Kip..."
"Ouais, ouais..."

Et après avoir griffonné quelque chose il tendit le papier à Âdièl. Celui-ci venant pour la première fois, il lut attentivement, cherchant un piège, mais ce n'était qu'un bête formulaire. Il le remplit donc tout aussi rapidement qu'Uriel. Et le rendit au robot, qui parut satisfait et s'en retourna, s'éloignant avec ses "Kip" abusifs, les laissant de nouveau seuls.

Il tourna la tête vers son camarade.
" Je suppose que nous n'avons plus rien à faire ici ? "

Il laissa un silence. Assez long pour donner un sens à ses paroles, trop court pour que Uriel puisse répondre. Il ajouta alors, d'une voix un peu plus joyeuse, l'apparition de la bibliothécaire l'avait un peu revigoré. En y repensant, quel spectacle pittoresque.

" Par contre là, je te suis, parce que je n'ai strictement aucune idée de l'endroit où nous devons aller... "

Le robot avait à peine vérifié le formulaire du regard avant de se détourner, mais heureusement, il avait eu l'amabilité de déposer leur paquetage de départ sur le comptoir : un petit morceau de papier inoffensif dont Uriel s'empara avidement.

"En route pour l'épicerie, mon brave !" s'exclama-t-il en secouant le bon pour la location du submersible.

Il le plia et le rangea dans sa poche tout en se dirigeant vers les portes de la bibliothèque. Anticipant leur sortie et pas fâché de retrouver l'air libre, Machin sauta de son épaule et se transforma de furet en moineau. Il se mit ensuite à voleter de tous côtés, comme s'il surveillait les environs. Uriel ne lui aurait pas confié sa vie, ceci dit. Le maudit animal n'en faisait qu'à sa tête.

"D'ailleurs, t'as un moyen de locomotion ?" demanda Uriel à Âdièl. "D'habitude je me déplace juste en volant, mais tu risques d'être un peu lourd pour moi."