Retour du marécage ... Pas jolie-jolie.

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Ses fou-rires se calmaient, et petit à petit la douleur se faisait plus présente. Dans cette situation assez délicate, il profitait allègrement de Cixi, qui lui apportait un semblant de chaleur. Une forme d’égoïsme, sûrement, il prenait tout de même le soin de ne pas trop s’appuyer sur elle. Finalement, le perçant fit son apparition, il prit le pouls de Khalaän sous les grondements méfiants de Cixi.
En quelques instants, ils furent tous deux téléportés au Sanctuaire. Décidément, ce genre de transport ne réussissait guère à l’ange qui perdait un peu plus de ses couleurs. Ils apparurent en plein dans le hall du Sanctuaire. Nouvelle épreuve, se faire enregistrer. Le perçant lui prit le bras et même le fait de se laisser soulever épuisait les forces de Khalaän. Il fut finalement à hauteur du comptoir, où une secrétaire l’observa avec stupeur. Bégayant quelque peu, elle fit son travail.

« Identités et miroirs ?
– Cixi, renarde du miroir de Li, dit-il sans grande frénésie et en pointant la renarde du regard. Et Khalaän Sires, ange du miroir de Tchen, Maire d’Atlantis. Atlantis payera les frais. » Il finit en tentant de déboutonner les boutons de sa tunique, avant de se rendre compte qu’il n’en avait plus. Il lâcha alors le comptoir en titubant pour montrer son miroir entaché de sang coagulé, comme lui d’ailleurs.
– Heu … Hum, Salle 3, au …
– … Deuxième étage, je sais. » Conclut-il avec un sourire, en lâchant le comptoir. Grave erreur, au premier pas il trébucha de tout son poids, laissant échapper quelques noms d’oiseaux.

A vrai dire, il ne savait pas trop si c’était le sang qui gouttait faiblement sur le sol, ou bien le poison d’Eliott qui l’avait fait chuter. Et peu importe finalement. Cette fois c’est Edmond qui le prit par-dessous les épaules. D’un geste de la main, l’ange refusa la proposition de siège roulant gentiment proposé par la secrétaire. Il faillit chuter à nouveau au second pas mais cette fois-ci il y avait son intendant pour le soutenir, Cixi n’était pas bien loin non plus, elle ne faisait pas fier allure non plus d’ailleurs.
Dans la chambre, on les força à s’assoir sur un brancard en attendant l’arrivée du ou des médecins. Khalaän fit tout d’abord un petit mea culpa à Cixi qui avait subi les excès de ses démons passés, puis se retournant vers l’intendant qui le regardait l’air particulièrement inquiet, il lui lança la montre qui contenait le scan qui sauvegarderait sa ville.

« Toi, tu te tires d’ici tout de suite et tu vas botter l’arrière train de monsieur ‘Colossal’. Je resterais sur le canal, pour l’instant, je ne pense pas que le Sanctuaire me laisse t’accompagner.
– Mais, le perçant pourrait le faire.
– Nope, tu te souviens quand j’ai pris ce job, je t’ai pris comme second, maintenant t’assumes et tu prends ma place. »

Il savait pertinemment que discuter avec le Maire ne mènerait à rien, il voyait déjà suffisamment d’inquiétude dans son regard démonté, il prit donc congé, sans un mot, en prenant le temps d’enfoncer l’oreillette du Maire dans son oreille … Un sadique j’vous dis !
Une fois l’intendant parti, il se laissa aller à quelques grincements de dents, si le marécage n’avait pas été une partie de plaisir, Eliott ne l’avait pas loupé non plus. Loin d’être médecin, il n’avait pas connaissance de l’étendu des dégâts sur son pauvre et frêle corps d’ange. Par contre, il ressentait parfaitement, chaque coupure, chaque entaille, chaque hématome. Visuellement, il était pratiquement tout rouge, ou violet-bleu là où les hématomes c’était formé. Torse, bras, dos, rien n’avait été épargné, il ne comptait plus les blessures, juste les plus douloureuses dont une béante, celle du touvore sur son dos, celle sur son bras (la branche), et celles de son crâne (enfin plutôt la migraine qui en découlait). Intérieurement aussi, il devait bien y avoir des choses à rafistoler, y compris sa fièvre surement due aux plaies infectées ou au poison d’Eliott – qui été censé lui faire perdre son équilibre, mais pas le faire rire comme un benêt. Il avait pris le soin de conserver l’aiguille qui contenait ledit poison, pour une possible analyse. Il ne savait pas du tout comment ça fonctionnait tout ça, mais bon … De teinte, le Maire était pâle, vraiment pâle, certainement la perte de sang …

Le regard bas, il essaya de faire jaillir des petites étincelles de lumière de ses doigts, résultat il détruit un magnifique vase. Il prit la décision de ne plus utiliser son pouvoir avant d’être à nouveau sur pieds, ça valait mieux pour lui, et pour les vases du Sanctuaire.
Observant Cixi, assez longuement, il lui fit signe.

« Sale journée, ça va d’ton côté ? »

Ils avaient voyagé ensemble, combattu ensemble, et ils avaient été passé à tabac ensemble, ils pouvaient bien se tutoyer, non ?

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Malgré sa situation actuelle, l’ange ne s’était pas senti aussi libre de ses mouvements que pendant ces quelques jours. Certes c’était une sortie d’intérêt général, mais au moins il avait eu l’occasion de s’éloigner un peu d’Atlantis qu’il n’avait que trop peu quitté depuis plusieurs mois. Il ne répondit donc pas à la renarde, trouvant son enthousiasme un peu trop déplacé vu leur état. Et de toute façon, il n’en eut pas trop l’occasion, puisque qu’une troupe de trois personnes entrèrent dans la salle. Khalaän ne les avaient jamais vu, à vrai dire, il n’était venu qu’une fois, il y a quelques mois – au Sanctuaire depuis son retour dans Entre-Monde, et seul un chirurgien – Saya – c’était réellement occupé de son cas, il en gardait d’ailleurs une cicatrice assez fine sur un flanc, ce jour là aussi la pro des cicatrices invisibles ne devait pas être là.

Quoi qu’il en soit, c’est un certain Lawaren qui lui fit son premier diagnostic, concernant les plaies qui s’éparpillait sur son corps, alors que son collègue cherchait du renfort et du matériel. Il ne fit pas de remarque lorsque Lawaren lui fit comprendre qu’il garderait sûrement des marques, sur le dos notamment. Au final, il s’en fichait royalement pour le moment … Ses considérations étaient à plusieurs années lumières de quelques cicatrices.
Si inexpressif habituellement, il ne put contenir quelques grimaces aux premiers contacts des compresses sur son corps. Le produit le brulait, mais c’est surtout la fraicheur de celui-ci sur sa peau qu’il trouvait bouillante qui lui provoquaient des frissons particulièrement désagréables. Et finalement la question qu’il redoutait tomba, que c’était-il passé.

« Bonne question … Disons que les marécages ne sont pas très agréable. » Il y avait comme un ton blasé dans sa voix, et puis comment, c’est une réponse trop peu convaincante ? « … Nous avons rencontré de vieilles connaissances, pas particulièrement hospitalière. Et disons qu’à défaut de me défendre correctement, j’ai subi un certain temps. »

Il prit soin d’éviter toutes allusions aux raisons de ce voyage. Les rumeurs allaient déjà bon train à l’intérieur des remparts, il faut dire qu’interdire l’accès à Atlantis n’était peut être pas la meilleur chose à faire pour éviter les soupçons, surtout sans donner de vrais raisons. Hoo … La Mairie avait bien reçu quelques demandes d’informations … puis d’insultes et de réclamations aussi. Celle d’un couple exigeant la réouverture du dôme pour leur mariage l’avait fait beaucoup rire d’ailleurs, rire jaune, ce jour là, il se promit de ne plus jamais se mettre au service de ce genre de cérémonie.

« Et disons que l’« ami » en question était assez hargneux et en colère pour des broutilles passées … »

Là aussi, il prit soin d’éluder bien des détails, bien qu’il n’ait pas commis de crime, ça ne ferait sûrement pas très jolie tout ça.

« Mais finalement … ça en valait le coup, deux problèmes plus ou moins réglés pour un seul passage au Sanctuaire … fabuleux et puis ça vous fera des vacances et une tête brulée en moins. »

Le jeune ange avait bien du mal à se concentrer sur ce que lui disaient les médecins et l’infirmière. Trop d’informations pour son cerveau fatigué et en surchauffe. Plus l’adrénaline retombée, plus les douleurs grimpées en puissance, et plus il avait – malgré la douleur – l’irrésistible envie de dormir … littéralement. Un bon somme lui aurait fait beaucoup de bien, il s’en fiché d’être à moitié recouvert de sang coagulé, ou bien d’avoir l’allure d’un barbu de deux ou trois jours. Il en avait même des difficultés à garder une posture stable pour Lawaren.
A vrai dire, se sont surtout les « Monsieur » et « Monsieur Le Maire » qui lui martelé l’esprit. Il sentait la migraine monter, il fit preuve de calme pour ne pas laisser ressortir son caractère de cochon.
Avant même de répondre clairement aux questions, et de rétorquer face aux traitements que ses médecins allaient lui procurer.

« J’ai un peu de mal à suivre … Reprenons. Appelez-moi Khalaän, je vous suivrais bien mieux Doc. Pour les allergies, je ne sais pas, je n’ai jamais utilisé ce genre de … produits. Mais allez-y, je ne vous attaquerez pas, dans l’état actuel je ne ferais pas la différence entre une erreur médical et un coup de fouet … »

Ca l’étonnait, à son premier passage, ils ne c’étaient pas endimanchés de tels questions. Puis ils devaient bien y avoir un dossier avec ce genre de choses dedans … Non ? Ce n’était pas sa faute, disons qu’il n’avait pas envie de tergiverser avec les autorisations, il comprenait … mais ne voulait pas comprendre pour l’instant.

« Pas de cicatrices … Sympa. Et oui, je sais, les exploits et les passages par le Sanctuaire du Maître de K’ouen traverse les frontières. Il vous fait une image de marque le bougre. »

Quelques minutes après que Kathias énumère le nombre de points pour son dos charcuté par un Touvore, il plaça sa main sur son flanc gauche. Il savait bien qu’un truc clochait par là, mais encore une fois, il était sûrement « chaud » auparavant au point d’en oublier ses limites. Il fit signe à l’infirmière de piquer, il faut dire que sa réponse n’avait pas été très claire. De ses faibles connaissances en médecine, il imaginait que dans la seringue il devait y avoir un antidouleur ou une drogue du même genre, d’où le signe qui voulait sûrement dire : « Mets la dose … ».
Soufflant un grand coup, il finit par lâcher – tant bien que mal – son flanc pour laisser le médecin et le guérisseur faire leur travail. Au fond, il espérait – vainement – que le produit aurait un effet immédiat … Un truc magique, qui calme les inflammations, les migraines, la fatigue … Si c’était le cas il montrait un raid pour dévaliser la pharmacie du Sanctuaire.

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Au même moment Philéas – l’un des subordonnés du Maire – passait l’entrée de l’étage, un paquet à la main. Paquet sur lequel on pouvait clairement lire « à l’intention de Khalaän Sires, en souvenir des quelques heures passées ensemble. », mais il ne résista pas à l’envie d’en voir plus. Sur le pallier de la porte il dépeça le paquet pour en ressortir une belle lampe, vous savez comme dans ce film avec le type qui vole en tapis volant là … Et qui coure après sa nanaqui se fait enlever … encore … Un navet ce film … Il souffla dessus, la frottant pour lire plus clairement les inscription. Et là « vlam » v’là qu’un machin lui apparait sous le pif, avant de lui balancer au nez :

« Un vœux, je te donne un vœux … »

Se serait mentir que de ne pas avouer qu’il est passé par son esprit de faire son vœux fissa … Mais sa morale le rattrapa bien assez vite.

« On peut pas repousser ça à plus tard ? Ce n’était pas pour moi le paquet.
– Non » … Bien ça c’est dit …
« C’est qu’il a jamais manifesté de souhait celui-là … Le bouclier d’Atlantis marche du tonnerre, donc pas ça … Ha je sais, c’est le seul truc qu’il voudrait pour lui, enfin j’crois … tant pis, il n’avait qu’à se confier un peu plus. » Après s’être raclé la gorge il poursuivit : « Je souhaite que le vœux de Khalaän Sires soit exhaussé. C’est-à-dire, qu’il recouvre au moins en partie le statut de mage qu’il avait dans son monde, qu’il retrouve sa magie d’antan, au moins en partie. »

Dangereux ça …

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Poshi’ le louveteau fit irruption dans la salle d’examen avec des « warf ! warf » très significatif. La tête de Phil’ fit rapidement son apparition elle aussi. Rapidement, il était encore aux prises du génie, autant dire qu’il n’avait guère de temps pour plus de parlote.

« Poshi’, couché ! … Ha salut … Je viens aux nouvelles. »

Le sang ne fit qu’un tour dans la tête du Maire. Les animaux (autres que les patients) devaient être interdits ici ! Puis qu’est-ce qu’il faisait ici lui … Il devait être sur Atlantis, en train de gérer la crise. Dans un regard noir, il stoppa le louveteau dans son élan, avant qu’il ne saute sur les genoux de son maître. Il s’éloigna de quelques mètres la langue tirée, la posture haute et la queue bâtant le sol. Il était heureux celui-là.

« Désolé pour le ramdam … Il ne vous gênera pas, j’y veillerais. »

Comme s’il n’en avait pas assez, il devait maintenant empêcher un petit loup de massacrer les instruments chirurgicaux … Il avait un peu oublié ses problèmes avec Atantis depuis son arrivée ici, mais l’apparition de Phil’ faisait remonter de biens mauvaises préoccupations !

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