Ténèbre sur Ordae

Malgré mon accoutrement, il est aisé de deviner ma nature draconique ; entre mon cou, ma queue ou ma taille. Je mesure combien environ debout, avec mon cou courbé ? Un bon trois mètres, je pense. Je crois que je suis dans la cité « médiéval », même si ce terme ne m’est pas vraiment familier. Les odeurs sont étranges par rapport aux autres quartiers, je me demandais d’où cela pouvait provenir. Une bonne partie de ma tête dépassait des tissus, sans parler de ma queue… Malgré ce vêtement recouvrant également mes ailes repliées, leurs formes aussi n’auraient laissé personne trompeur. Alors j’avance, pourquoi les passants se poussent ? C’est peut-être, car par devant, on voit mes écailles dessous ? Après tout, cela ressemblerait surement à une toge ou une veste ouverte pour la plupart des races humanoïdes. Je regarde ce qu’il se passe à de multiples endroits, les gens sont bien étranges par ici, surement encore des coutumes qui me sont étranger. J’essaye de rester au milieu du chemin pavé, essentiellement pour éviter des défections animales ou ce qui marine dans les sortes de gouttières… Je ne sais pas vraiment pourquoi en somme, sa me vient juste naturellement.

Tien, une légère brise, je ne sais pas vraiment pourquoi… Mais je rabats le haut de mon vêtement, le laissant pendre entre mes deux ailes… Si je compare cela aux humains notamment, cela serait surement comme enlever sa capuche. Pourquoi les gens autour de moi poussent de petits cris et s’éloignent ? Est-ce mes cornes qui entrainent ce phénomène ? Pourtant, je ne vais pas les dévorer… Malgré ma faim, je ne chasse pas d’autre être intelligent à moins d’y être obligé. Je bâille, laissant apercevoir mes crocs et faisant fuir les plus courageux étant restés à proximité. Je réfléchis, je crois que je dois dormir, mais pas ici… Pourquoi ? Si j’analyse les endroits où j’ai l’habitude de me reposer, je dirais probablement l’odeur et la texture du sol… Mais pourquoi il y a des endroits plus propices que d’autres pour cela ? Je m’arrête un instant. Non, y réfléchir ne m’avancera pas, je dois me nourrir déjà. Le reste n’est pas franchement important… Tien, ces chevaux là-bas m’ont l’air appétissant… Je ne comprends pas les humains ; pourquoi ne mange-t-il pas ce genre d’animal ? Pourquoi les monter, ils ont déjà des jambes, il pourrait s’en passer, non ?

La populace semble de plus en plus agiter. Je m’approche des chevaux qui surement ayant compris mes attentions se mettent à s’agiter et hennir. Tien, un individu est projeté en arrière. Mais qu’est-ce qu’il faisait ? Pourquoi mettre des chaussons en fer a ces bêtes-là ? Je contourne les animaux affolés, regardant d’abord l’autre.
« - Tu es perdu ?
- … »
Il a tout de même reculé. Je le fixe ; perdu ? C’est-à-dire ? Je jette un coup d’œil aux animaux.
« - C’est-à-dire ? »
Puis donne un coup de museau vers les chevaux, avisant un moment ceux déjà ferrés. Je ne peux pas manger le fer, mais d’un autre côté, ce n’est pas grand-chose…
« - Pourquoi mettre des fers aux chevaux ? C’est moins facile à manger après. »
Puis après un rapide coup d’œil au mec à terre, je finis par fixer ces potentielles proies… Mon intention était plutôt claire dans ma voix.
« - Même si j’imagine que je peux faire le tri… »
J’avoue que je ne pourrais pas attendre la nuit, où je serais pourtant plus à l’aise grâce à l’obscurité, alors que j’ai de potentielles proies faciles devant moi.

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Je demandai pourquoi mettre des fers aux chevaux, avançant avec logique qu’il était alors plus difficile de les consommer, le métal n’étant pas comestible, même pour moi. Mais l’individu fit une tête étrange, avait je tort ? Peut-être qu’il mange du métal lui, non ? J’entendis une voix qui n’était assurément pas la sienne. Monstre ? C’est-à-dire, je ne comprends pas. J’ai souvent entendu ce mot quand l’individu ne sait pas à quelle espèce appartient la créature a laquelle il s’adresse. Peut-être que mon vêtement est efficace finalement. C’est quoi un destrier ? Je regarde l’objet de mes convoitises, il parle de ça ? Sa s’appelle donc aussi un destrier, je ne savais pas. Pourfendre ? C’est quoi ? Je n’avais aucun indice pour ce point-là hélas. En tout cas, mon interlocuteur d’origine finit par me répondre.
« - Personne ne pourfendra qui que ce soit ou ne mangera qui que ce soit au demeurant. Ce sont des chevaux domestiques.
Je vous prie de les laisser tranquilles. Mais je connais le boucher du village, il aura sûrement quelques carcasses à vous céder, suivez-moi. »
Domestique ? Ça veut dire qu’ils ne sont pas bons ? Je ne vois pas la différence avec d’autres animaux du même type.
« -Ça veut dire quoi domestique ? Je ne vois pas la différence avec d’autres chevaux… À part les fers. »
Je le regarde s’éloigner, pas convaincu ; ce sont des proies faciles là… Je regarde les créatures à sabot ; la logique humaine échappe au bon sens commun à tout animal.
« - La viande sera sûrement plus à votre goût, croyez-moi ... »
Je finis par le suivre ; je pourrais ainsi essayer de comprendre, une fois de plus, j’imagine. Au moins les raisons à cela, bien que d’autres interrogations se doivent d’être posé déjà.
« -Ça veut dire quoi, plus à mon gout ? Et pourfendre ? Pourquoi ne pas manger des proies faciles à porter ; c’est plus simple que d’aller chasser. Et puis, à quoi ça sert de garder ainsi des proies si ce n’est pas pour les manger ? »
Je demande, essayant de comprendre la logique.

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J’avais demandé ceux que signifiait domestiquer. En effet, je n’avais pas vu de différence entre ces chevaux et d’autres équidés que j’avais déjà aperçus, dans les forets ou plaines par exemple. Je considère les animaux comme beaucoup de proies potentielles et rien d’autre, car je devais me nourrir. Et en cela, beaucoup d’agissements humains me paraissaient étranges, dénués de sens… Ils sont étranges en somme, de ne pas se nourrir quand l’occasion se présente.
« - Domestique signifie qu'il s'agit là de chevaux apprivoisés qui nous aident dans nos tâches quotidiennes
Par exemple, nous bipède, être à deux jambes, ne marchons pas vite. Nous montons sur ces chevaux qui courent bien plus vite que nous. Ils nous transportent ainsi plus rapidement d'un endroit à un autre. »
Apprivoisés ? C’est-à-dire ? Ainsi, il utilise les animaux pour moins se fatiguer ; je n’y avais jamais pensé, moi, être des cieux. En effet, je me déplace la plupart du temps en volant et rien d’autre, mais j’imagine que des êtres ayant deux brindilles comme jambe, le déplacement est plus compliqué. Mais est-ce que cela est judicieux d’utiliser ces bêtes ainsi ? En cas de pénurie de nourriture par exemple ? Rechigneraient-ils à manger ceux qu’ils ont sous la main. Et puis, sacrifier ainsi un repas, je ne peux pas trop comprendre, on n’est jamais certain de trouver pitance le lendemain.
Plus à mon gout ? C’est-à-dire ?
« - Plus à votre goût, signifie que ce sera meilleur au niveau du goût ... Sur ta langue. De meilleure saveur ?
Entre un mouton et un cheval, tu as bien une préférence ? Dans ta bouche, le goût ? »
Je le fixe, ne comprenant pas vraiment de quoi il parlait. Je prends toujours la proie qui m’assure le meilleur taux de survie donc celle avec laquelle je me fatiguerais le moins et/ou j’aurais plusieurs jours de nourriture. Je me demande de quoi il parle en fait… Et puis, on m’a menacé de me pourfendre aussi, je crois.
« - Pourfendre signifie tuer ... Et on ne considère pas ces chevaux comme des proies, mais des aides dans nos ... tâches quotidiennes. »
Ha, ainsi, on voulait me tuer. Je ne sais pas si j’aurais combattu s’il était passé à l’acte ou même si j’y aurais vu un intérêt. On arriva près d’un bâtiment et l’individu m’annonça ;
« - Nous y sommes, attends-moi dehors et ne bouge pas. Ne mange rien surtout ! »
Je ne répondis pas même si je ne comprenais pas trop ; comment me nourrir si je ne peux rien manger ? Pourtant, il a dit que je pourrais avant ? Je ne comprends pas trop où il veut en venir finalement.

Plus tard dans un laps de temps relativement court, je l’entendis m’appeler, je crois. Il me mena à une cour, il avait tenu parole, 3 carcasses de bœuf m’attendaient. Tien et c’est qui le mec là ? Pourquoi ce mouvement, j’ai quelque chose sur le museau ? Bon, je n’essaie pas plus de comprendre pour une fois, pas de suite en tout cas. Il m’avait souhaité bon appétit. Je m’attaquai aux carcasses, posant mon bâton de marche pas loin. Je mis un peu de sang sur les tissus me recouvrant, mais je jugeai que ce n’était pas très grave, enfin je crois, a changé quoi au final ? Au bout d’un moment, je relevai la tête ; lançant au mec qui m’avait donc donné à manger ;
« - Merci, mais pourquoi le gars là-bas a reculé quand je suis arrivé ? Undress m’a nommé Morwën Tenebrea Zerel. »
Dis-je.

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