Origine [PV Neleim Vilstein]

J’avais fini par revenir là, je me demande pourquoi, avais-je quelques choses à y faire ? Je m’aide de mon bâton pour être plus stable et malgré les nombreux tissus sur mon corps et mes ailes, ma longue queue dépasse… Mon allure ? Assurément saurienne, j’imagine. Les gens ont des regards bien étranges quand on me voit passé, je me demande ceux qu’ils signifient. Je n’ai pas faim, j’ai mangé récemment, j’avais trouvé de la nourriture abandonnée dans des grandes bennes dans un autre quartier. On ne m’a pas poursuivi cette fois-ci, je me demande ce qui pouvait changer des autres fois pourtant. Je vois des gamins mettre des bateaux en papier dans l’eau ; ils sourient ; peut-être une coutume ? Quand je suis partie d’ici la première fois, étant petite, je n’avais pas vu ce genre de chose ; ça a peut-être changé entre temps. Il y a un papier qui traine, je vais a coté des enfants et le pose sur l’autre. Tout comme leurs créations, il s’imbibe d’eau puis se disloque dans le liquide bleu. Ils partent, leurs visages à changer du tout au tout, le sourire à disparu et ils courent dans la direction opposée. Je ne comprends pas. Pourtant j’essaye comme me l’avait conseillé Undress, mais je n’y parviens point. Pourquoi quand je pense à elle, j’ai soudainement froid et que ma faim, même la plus infime, se ternit ? Pourquoi quand je repense à ce bras couvert de cicatrice que j’ai dû manger pour survivre, je tremble ? Je me redresse, regarde les passants derrière les tissus dissimulant la grande majorité de mes écailles, mais point ma forme… Sur la rive opposée, le soleil, il arrivera bientôt vers moi, je dois trouver un lieu qui garderait un peu d’obscurité… Au moins, jusqu’à la nuit. J’avance un peu dans la ruelle, regardant parfois des petites barques passées dans le cours d’eau… Un individu assurément masculin me bouscule, se précipitant dans les bras d’un individu assurément féminin et plus grande. Il lui offre des fleurs ; peut-être qu’elle s’en nourrit ? Ou alors, peut-être que quand on rencontre quelqu’un, on doit lui offrir des fleurs. Plus j’avance, plus mon attention se porte sur l’avancée de la lumière sur les murs.

Est-ce un sanctuaire au loin ? J’en doute et pourtant, je vais directement dans la plus proche ruelle à peine je l’aperçois du coin du regard. Une ruelle sombre ; je serais surement un peu plus protéger du soleil… J’imagine que si j’avance davantage, je tomberais sur un nouveau canal, mais surtout, le soleil… Je dois donc rester ici… Je m’assois sur un tas d’ordures composé surtout de bois. Je pose mon bâton à côté, le laissant appuyé sur le mur. J’imagine qu’a présent, je pourrais me débrouiller sans, à force de marcher ainsi, mais bizarrement, je ne le laisse jamais. Je me demande pourquoi, ce n’est pourtant pas utile…

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Je ne compris pas, comme d’habitude, pourquoi cette jeune personne aux cheveux rouges et aux yeux gris, il semblerait en tout cas, s’était accroupie devant moi. Je suis pourtant assez grande, j’ai déjà vu ce genre de comportement d’adulte envers des enfants. Donc, me considère-t-elle comme une enfant ? Suis-je encore une enfant pour moi ? Je n’en ai pas la taille en tout cas. Peut-être que mes tissus m’en donnent l’air ? Non, ma taille se laisse pourtant nettement deviner. Ou alors, me prend-elle pour un dieu ? J’ai déjà vu ce genre de dessin ; des gens se prosternant envers d’autres, ma « mère » adoptive m’avait dit que c’était parce qu’il s’agissait de dieu. Suis-je une déesse ? Je n’ai pourtant pas de pouvoir particulier, je ne fais pas de miracle à ce que je sache. Ou alors, peut-être a-t-elle perdu quelques choses par terre et c’est pour ça qu’elle s’accroupit. Je fixe cette créature, essayant de comprendre, me démenant pour comprendre, comme d’habitude. Je ne fais que ça, alors pourquoi je n’y arrive jamais ?
« - Hey, salut ?
- … »
Je la fixe un instant puis me rappelle… N’avais-je pas vu, plus tôt, des gens s’offrir des fleurs pour se souhaiter la bienvenue, je suppose. Je regarde autour de moi, il n’y a rien de tel à proximité directe. Je fixe de nouveau la frêle créature.
« - Je n’ai pas de fleur. »
Tout en continuant de la fixer. Je finis par lâcher, arrivant à la conclusion que je comprendrais surement mieux si je lui posais directement la question plutôt que de m’enfoncer dans le mutisme.
« -Pourquoi tu t’accroupis ? »
C’est peut-être une autre coutume étrange de la ville ? Mais puisqu’elle m’a adressé la parole, je suppose, en tout cas… Après tout, il n’y a personne d’autre autour. Je suppose que j’ai droit de lui répondre, n’est-ce pas ?

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J’avais déjà informé que je n’avais pas de fleur a lui donné. En effet, j’avais pus observer ce phénomène plus tôt et en déduire que c’était une façon de se dire bonjour ici. Surement une coutume, cela ne serait pas la première chose étrange que font les autres après tout. Tout comme cette jeune personne s’est prise à s’accroupir alors que j’étais assez grande quand même. Même si cela n’avait peut-être rien à voir, mais dans le doute, je lui avais demandé aussi pourquoi elle avait une telle réaction à mon égard. Car en effet, pour comprendre, il est parfois nécessaire de demander, j’imagine. Cette dernière m’avait répondu en se relevant ;
« - Je ne sais pas. Et toi, pourquoi tu aurais besoin de fleurs ?
- J’ai vu tout à l’heure un jeune offrir des fleurs à quelqu’un d’autre alors qu’il venait seulement de se retrouver. J’en ai donc déduit qu’ici, s’offrir des fleurs était une coutume pour dire bonjour à quelqu’un d’autre. Non ? »
Je réponds, tournant légèrement la tête. Me serais-je trompé dans ma déduction ? Il semble pourtant que c’était l’explication la plus sensée, non ? À moins qu’elle ne soit pas d’ici, auquel cas, il se peut qu’elle n’ait pas encore vu ce phénomène ?

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J’avais exprimé ce que j’avais compris sur le fait de s’offrir des fleurs par rapport à ce que j’en avais vu. Elle se mit à rire, je ne comprends pas pourquoi. Rit-elle, car justement, je n’ai pas de fleur à lui offrir pour lui dire bonjour et que du coup, elle se fâche ? Après tout, les gens rient autant pour pleurer que « parce que ça les amuse » donc ce n’est pas improbable pour ces êtres pleins de contradiction. Elle finit par se calme je crois et explique sa réaction ;
« - Non. Non, les gens ne s'offrent des fleurs uniquement lors d'une occasion spéciale. Cela peut être lors d'un rendez-vous amoureux, par exemple.
Ce n'est pas pour dire "Bonjour" »
Ah bon ? Je me suis donc trompé ? Mais je ne comprends pas toute son explication. Je la regarde, penchant légèrement la tête.
« -C’est quoi un rendez-vous amoureux ? »
Je demande alors.

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