le tintement de trop....

Ting... ting…

Une image se dessine, celle d’une clochette qui teinte, et d’un fil qui se tend… Une image mentale qui vient de lui sauver la mise.
Ça lui rappelait ses nombreuses heures passé à s’entrainer, encore et encore. Le bruit de ses clochettes infernales indiquant qu’elle avait échoué. L’exercice consistait à glisser ses doigts entre deux fils tendu, au bout desquelles des clochettes étaient suspendues, extraire un portefeuille pour enfin retirer sa main sans provoquer le moindre tintement…

Rubis avait stoppé son geste juste à temps, sa maladresse avait bien faillit la faire prendre. Elle s’éloigne de sa victime, qui se retourne et la dévisage, son instinct en éveille, il cherche les traces d’un éventuel larcin, mais ne voit rien. La voleuse, s’éloigne alors, le cœur battant la chamade, elle fend la foule, d’un pas léger, elle se fond dans la masse et se fait oublier.

Aujourd’hui pas de vêtement tape à l’œil, ou de couleur vive et séduisante pour Rubis. Son décolleté ravageur soigneusement caché par un grand châle en laine, et son tricorne fétiche remisé dans un placard.

Les grattes la surplombent, tandis que les klaxons retentissent, le tout dans une atmosphère étouffante. Ciel… Son premier chez elle, et le seul qu’elle ait connu … Elle n’était pas là par sentimentalisme, outre Cerclon, Ciel était peuplé des gens les plus fortunés de la capitale.

Rubis papillonne de victime en victime, détournant l’attention d’un geste, d’une parole, et dépouillant de son autre main. Ses cibles privilégiées sont d’abord les vestes de costumes et les sacs à main. Elle se hasarde parfois à dépouiller les poches arrière de pantalon… Mais celles-ci sont déjà un peu plus complexe. C’est avec cette dernière qu’elle avait bien faillit se faire prendre.

Elle avait bien envie de retenter sa chance, elle voulait améliorer son niveau en tant que voleuse, bien que son butin du jour soit assez conséquent, elle ne voulait pas s’arrêter en si bon chemin.

Un scanne rapide de la foule et elle repère sa prochaine victime les épaules larges, la stature droite, il semble porter un intérêt particulier à son apparence vu ses vêtements.
Quelqu’un d’aussi bling bling devait bien avoir quelques objets de valeurs dans les poches. Elle se rapproche doucement son portefeuille est visible dans la poche arrière, des liasses de papiers en dépasse, ça ressemble pas à des billets, mais qui sait… Rubis tant la main doucement, retraçant l’image mentale, qui l’aiderait peu être à anticiper la suite…

Un autre jour, une autre promenade. Enfin... "Promenade"... Je faisais du repérage à Ciel, les gens là-bas sont friqués comme pas possible, sûrement plus que moi. Je réfléchissais donc à un moyen d'apporter tout ce paquet de blé dans ma poche. Le vol à la volée c'est has-been, faut voir plus grand, plus beau... J'observais donc les maisons du coin, repérant lesquels sont les plus aptes à être entre les mains d'un riche propriétaire, et lesquels il me serait possible de voler... Ou, de voler, puis incendier. C'est plus pratique, on peut faire du bruit pendant la première partie au moins.

Donc voilà, je virevoltais dans le quartier antique, regardant d'un oeil attentif là où je me trouvais, on pourrait bien me prendre pour un touriste d'ailleurs. Je finis par arriver dans une grande rue, pleine de monde. Ce n'était pas vraiment là que j'allais trouver les plus grosses baraques, mais c'était un point de passage inévitable.

Une fois en plein milieu de la foule, je sentis la poche arrière de mon pantalon s'alléger. Un voleur ? Ou, vu ce qui se trouvait dans mon portefeuille... Un fan doué pour le vol ? C'était encore mieux, si je pouvais le trouver, j'aurais de l'aide pour mon prochain coup ! Je me retournais d'un geste vif, et voyait une des photos que j'avais dédicacé tomber à terre. Pourquoi j'avais ça ? C'est simple, je devais les remettre à mon agent pour la vente d'un coffret collector. J'en avais bien signé une bonne centaine, mon poignet s'en souvenait encore. Je devais rattraper le coupable, et ce non pas que pour mon badge pims et ma carte bancaire, mais bien pour ce travail acharné que j'avais fourni pour mes fans !

J'avais cru voir quelqu'un au cheveux rouge faire tomber la fameuse photo. Je suis chanceux, c'est plutôt facile à suivre. Je repérai la tête flamboyante s'éloigner comme si de rien n'était sans trop de problème, une des joies d'être plutôt grand. Je la suivis rapidement, jusqu'à ce qu'elle ce soit un peu éloignée de la foule.

Excusez moi. Disais-je d'une voix forte.

Je voulais qu'elle se retourne, qu'elle voit ce que j'avais dans mon veston: mon glock. Il était inutile de fuir avec quelqu'un qui vous menace avec une arme à feu...

Arrêtez-vous. Je veux mon porte feuille, sinon c'est une balle.

Bien que je trouvais sa façon de faire pas très amusante, elle avait du talent, et ça je pouvais le reconnaître. Elle avait réussi à m'avoir, bien joué à elle, et c'était pour ça que je ne poussais pas plus mes exigences. En plus, j'avais encore mon vol dans ce quartier en tête...

Sa main glisse, elle retire doucement le portefeuille et se laisse engloutir par la foule. Elle avait réussi son coup ! Une victoire personnelle. C’était bien de s’arrêter sur une victoire, alors Rubis décide de tirer sa révérence et de passer à son moment préféré de la journée : un pub, du rhume et des jeux. Si elle s’en sentait l’âme elle pourrait bien séduire un ou deux hommes d’affaires dans l’élan.

Elle avise une ruelle à l’écart et s’y engouffre quand un homme l’interpelle, sa voix porte fort. Elle se stop net. Qui l’avait démasqué ? A croire que la fée qu’elle avait côtoyé récemment avait eut une influence néfaste sur elle. Rubis soupir et fais volte face, affichant son plus beau sourire enjôleur, pour découvrir l’homme qu’elle avait dépouillé en dernier lieu.
Elle lui fait un petit signe de main et s’approche.

- Je suis certaine qu’on peu s’arranger beau gosse ! Inutile de sortir ton engin…
*tu pourrais te blesser* se retient t’elle d’ajouter.

Rubis soulève son châle dévoilant son corsage, ainsi qu’une besace en tissus. Elle ouvre son sac, et cherche parmi les butins du jour le portefeuille de l’individu. Règle numéro 1 si tu te fais prendre, ne fais pas le malin, mieux vaut perdre un portefeuille que la vie.

Le portefeuille se fait désirer, le petit polisson semble s’être glissé dans le fond du sac, et un malaise s’installe tandis qu’elle fouille. Finalement elle le retrouve, facile à reconnaître grâce à la liasse qui dépasse. Tandis qu’elle le sort, une photo en tombe. Une photo de l’homme se tenant le menton un air faussement sérieux scrutant l’horizon tel un héro de film au soleil couchant… par dessus un message et une signature : « Le plus grand des criminel, c’est moi ! Merci pour ton soutien ! Amitié, Owen, xoxo »

Rubis bloque quelques secondes sur la photo en tendant le portefeuille au dénommé Owen. Elle avait envie d’exploser de rire et une série de répliques cinglantes lui inondait l’esprit. Mais la vue du glock et l’opportunité de profiter de cette personnalité atypique l’en empêchèrent.

- C’est pas vrai !!!! Vous êtes acteur ! fit-elle dans un cri de fan hystérique. Je peux garder un autographe ? Oh allez dites oui. C’est un honneur d’avoir fais les poches d’un acteur.

Etoiles dans les yeux tcheck, air impressionné tcheck.
Elle reprend sur un ton plus timide.

- Je suis désolé de vous avoir fais les poches ! promis je le referais plus… ce serai trop demander de m’accorder une interview ? vous voyez je suis pas qu’une simple voleuse, il m’arrive d’être pigiste pour « New’scandale » ça vous direz de faire les gros titres ?

"Je suis certaine qu’on peu s’arranger beau gosse ! Inutile de sortir ton engin…"

J'attendis qu'elle s'approche assez pour ranger enfin mon arme dans mon veston. Les belles paroles ont beau me faire plaisir, je ne suis pas non plus un bleu. Je la regardais chercher mon portefeuille en haussant un sourcil tant elle prenait du temps. Je devais peut-être réutiliser la menace pour qu'elle aille me le chercher dans le quartier...

Enfin, mon bien ressortit de son sac, laissant tomber une des photos. Je pris mon portefeuille et me penchai pour récupérer la photo que j'époussetai rapidement d'un revers de manche. Elle commençait à s'écrier d'un "Vous êtes acteur !", tout en me couvrant de compliments pour récupérer un autographe. Je soupirai et m'armai d'un sourire. Qu'est-ce que je ne ferais pas pour une fan...

Ok, ok.. Bien sûr.

Je cherchai une photo vierge du tas, puis signai de mon feutre noir "A ma voleuse. Félicitations, Owen". Je n'avais pas eu de meilleures idées, mais ce devais être suffisant pour la satisfaire, hein ? Elle s'excusa en attendant et m'expliqua qu'elle travaillait aussi dans un journal comme pigiste. Une interview, hein ? J'avais plus eu l'idée de m'occuper des riches du coin, mais bon, refuser ce genre d'invitation ce n'est pas bon pour l'image, et puis l'envie de "faire les gros titres", comme elle disait, éveillait en moi un certain engouement pour la suite.

Bien sûr. Hm... Ça vous dit de continuer dans un bar ? On en a passé un, il n'y a pas longtemps.

Ce n'était pas forcement que pour l'interview d'ailleurs, mais aussi pour l'intervieweuse. Ce décolleté qu'elle me dévoila ne me laissait clairement pas indifférent. C'était tout ce qu'il fallait pour que je m'intéresse à cette femme. Je lui fis signe de me suivre, puis me dirigeai rapidement vers la sorte de taverne de tout à l'heure. J'entrai, fis signe au teneur du bar de venir nous voir, puis allais m'asseoir dans un coin de la salle à une table.

On est mieux, ici, non ? Puis je me tournai vers le "barman". Hm... Deux bières.

J'aurais bien pris quelque chose de plus lourd, mais je devais rester en forme devant cette voleuse, et tout aussi en forme pour ces questions.

Alors, on commence ? Oh. Et ce joli visage a un nom ?

Fallait bien reconnaître qu’il avait le charme nécessaire au métier d’acteur, y avait qu’à voir le sourire qu’il avait fait en tendant son autographe. Rubis le rangea dans son décolleté, au côté de sa flasque de Rhum, elle accompagna ce geste d’un regard évocateur.

- Prés du cœur, souffla t’elle.

Ils se dirigèrent vers un troquet, à croire qu’il lisait dans ses pensées, tout était toujours plus agréable avec un verre à la main. Une fois installé dans le fond la salle, Owen passa commande auprès du barman.

- Non, plutôt un rhum pour moi, merci.

Boire oui… mais avec ce qu’elle buvait toute la journée, il lui fallait quelques choses de plus fort. Après tout elle avait entamée la deuxième phase, il lui fallait du carburant. Au moins, sa future victime reconnaissait sa splendeur… Elle aurait bien aimé qu’Ameth soit là pour entendre ça. Elle défit son châle qu'elle posa sur le rebord de sa chaise elle se pencha ensuite vers lui pour répondre.

- Rubis

Ça faisait tellement longtemps qu’elle se faisait appeler ainsi. La réponse avait coulé d’elle-même, mais n’importe qui aurait pu deviner qu’il s’agissait d’un pseudonyme. D’ailleurs il faudrait qu’elle songe à en changer, son nom commençait à être trop évocateur, c’était mauvais pour sa couverture. Mais, elle y était attaché, allait savoir pourquoi.

- C’est parti.

Rubis farfouille son sac non mécontente de trouver parmi son butin du jour, un carnet de note et un stylo, ça rendait son baratin encore plus crédible. Elle du se concentrer pour trouver les questions, s’improviser journaliste n’était pas aussi simple que ce qu’elle aurait cru.

- Pour commencer, Owen, je peux vous appeler par votre prénom ? euh en faite c'est quoi votre nom ? Elle marque une pose. Dites moi, tout vous avez toujours voulu être acteur ? est-ce que c’était un rêve d’enfant ? Comment vous ait venue l’idée génial, de vous promouvoir en tant que criminel ? non parce que c’est culotté quand même, j’aime ça. Vous signez combien d’autographe par jour ?

Tiens du rhum ? Ce n'était pas le genre de boisson que prenaient souvent les femmes, mais bon, après tout, pourquoi pas. Je haussais donc des épaules, et elle se présenta avant de commencer. "Rubis", hein ? Jamais entendu un nom pareil, mais il ressemblait plus à un surnom donné au vu de la couleur de ses yeux et de ses cheveux. Enfin, peu importe.

La femme sortit de quoi prendre des notes, puis commença sa série de questions. J'en profitai pour poser la veste de mon costume sur mon siège.

Owen Dawson, et oui, appelez moi Owen.

Les boissons arrivèrent rapidement pendant qu'elle enchaînait sur le reste des questions. Demander mon nom était un peu étrange venant d'une journaliste, mais bon, ce ne peut qu'être pour un coup d'opportunisme. Laissons couler.

Hm... Avant Entre-Monde, je n'avais rien d'un acteur. Ou du moins, si, mais pas que. J'ai toujours été un criminel. J'étais le boss d'un gang : les Blacks Devils. On n'était pas mauvais.

Je cherchais comment expliquer mon rattachement à la célébrité et à l'acting. C'était quelque chose d'assez dur à imaginer, mais au fond qui s'était fais plutôt naturellement.

Et puis... Disons qu'après avoir pris une ville entière sous notre aile, on est devenu plutôt connu. Des gros bonnets ont commencé à voir un moyen de se faire un paquet de fric, et donc moi et les têtes du gang sont devenus des acteurs, et même de vraies icônes de pop-culture pour certains, dont moi. Films, séries, produits dérivés, c'était ce qu'on faisait en plus des activités de gang... Et voilà où j'en suis, à continuer de faire des films. J'ai même gardé le rôle de "criminel" dans ces films.

Je m'arrêtais et prenais une bonne gorgée de bière. Pas trop mauvaise. Puis, je repris.

Les autographes, je ne sais pas trop, ça dépend si on me reconnaît ou pas, et si on a besoin que je dédicace certains produits. J'ai pas mal de fans, mais je ne suis pas non plus une icône..

Parler du passé m'avait rendu un peu nostalgique, je repensais à ce que je faisais avant Entre-Monde, et au point où j'étais respecté et connu... C'était bien. Je noyais enfin mes pensées noires à coup d'une grande gorgée de bière, attendant le reste des questions.

Owen Dawson…. Hum elle avait beau chercher… ça lui évoquait rien ce nom.

Rubis prit scrupuleusement des notes, l’air de rien, elle soutirait des informations qui pourraient lui servir plus tard. C’était un gros poisson on dirait. Pas le genre à qui on jouait des sales coups, enfin du moins dans son ancienne vie. Rubis se dit qu’elle allait prendre son temps pour l’analyser, il n’avait pas l’air pressé de se débarrasser d’elle, alors autant en profiter un peu, et puis, pour une fois qu’elle avait une cible pas trop rebutante à regarder...

- Des rôles de criminel ? hum… Et est ce que vous vous sentiriez capable d’endosser d’autres rôles ? Je sais pas par exemple un rôle comique, ou dramatique qui joue sur la corde sensible.

La question des dédicaces, fut contournée avec brio, il répondit de façon évasive, lui aussi savait baratiner, elle devait se méfier, si elle ne voulait pas devenir l’arroseur arrosé.

Le regard d’Owen changea, il se tinta de nostalgie… visiblement on touchait une corde sensible. Il prit une grande gorgée de bière. Rubis finit son verre aussi rapidement que lui.

- Serveur remettait nous deux rhums, et mettait les sur ma note, c’est moi qui offre. On n’a pas tous les jours l’occasion d’offrir un verre à une star ! cria t’elle pour s’assurer l’attention de toute la salle. Vous l’avez reconnu ?

Le serveur leva les yeux aux ciel et parti en direction du comptoir. Le brouhaha ambiant ne s’était tue, pas même une seconde devant son acclamation, ils continuaient leurs discutions comme si de rien n’était.

C’était le bon état d’esprit, si elle le saoulait assez, peut être qu’elle pourrait en faire quelques choses… ou qu’il lui lâcherait malencontreusement des infos plus intéressante. Dans tout les cas Rubis tenait bien l’alcool, elle pourrait tenir la distance.

- Bon… et si vous deviez m’avouer un truc un plus croustillant… vous voyez mon journal est spécialisé en potin… Parlez moi de vos conquêtes, vous avez une Bonnie ?

A vrai dire elle commençait à être à court de question et pour le moment aucun plan ne s’était encore dessiné dans son esprit. Mais aborder cette question avec une fausse naïveté pouvait lui faire comprendre de manière indirect qu’elle était intéressée.

Les questions suivantes portèrent sur les rôles que j'endossais. C'est vrai que j'étais souvent le criminel, ou le mec plutôt "cool". Les rôles dramatiques, très peu pour moi, et j'avais horreur des rôles purement comiques. Aucune envie qu'on me prenne pour un clown.

Non. Je ne suis pas un clown, ni une lavette. Répondis-je sèchement.

On avait bien essayé de me refiler des rôles du genre, mais j'avais toujours refusé. C'est comme ça que je maintiens une image qui me convient, et qui peut facilement changer pour celle d'ennemi public n°1.

Rubis demandait deux verres de rhum au serveur. Je lui adressai un sourire alors qu'elle indiquait qu'ils seraient sur sa note, et qu'elle appuyait sur ma notoriété en le disant assez haut. Personne n'avait tilté. Je haussais les épaules, attendant le verre et les prochaines questions. Si elle essayait de me faire tourner la tête avec son rhum, ce serait raté. Encore quelques atouts d'être une gargouille pesant des centaines de kilo.

Je vais devoir vous décevoir, mais non, pas de potins dans la vie amoureuse de Monsieur Dawson. Pas de Bonnie pour Clyde. Je suis pas du genre à aimer les grandes histoires d'amours. Je marquai une pause, et enchaînai avec un petit sourire amusé. Un vrai coeur de pierre...

Les verres arrivaient enfin. Je l'enfilai d'un trait en adressant un petit regard de défi à la "journaliste". Elle devait être sûre d'elle pour ne prendre que du rhum, ce pourrait bien être intéressant comme compétition, tiens.

Faites venir la bouteille, ce sera plus simple. Adressais-je au serveur avant de revenir sur Rubis. Et vous ? Journaliste... Voleuse... Je ne peux pas croire qu'autant de compétence n'est pas attiré un homme, hm ?

Mon regard se perdait une nouvelle fois dans son décolleté. Vraiment, une belle femme cette voleuse, et douée en plus. Si je ne pouvais pas finir cette journée avec un bon montant de pognon, alors avec cette Rubis serait parfaite.

Pas un clown ni une lavette… Elle aurait surement avancé les mêmes arguments à sa place. Comme elle s’y attendait, pas de Bonnie. Rubis accueillit la nouvelle en se mordillant la lèvre inférieure. Rien de plus ennuyant qu’un amoureux transi incorruptible.

- Un cœur de pierre…. Pourquoi cela vous fait tant sourire ?

Leur rhum arriva très vite, Owen avala son verre d’une traite, en la regardant avec défiance, et elle adorait ça. Il était joueur ? ça tombait bien, elle aussi. Elle l’imita et ne fit qu’une gorgée de son verre.

- Oh vous savez, j’en attire plus d’un, mais très peu atteigne leur but.

A présent, c’est elle, qui le défiait du regard.
Grisée par l’appétit du jeu, elle nota le regard envieux que portait Owen envers son décolleté. Quelques verres de plus et lui mangerais dans le main.

En parlant de boire le serveur apporta la bouteille et deux shooter. Rubis servit les verres et se surprit elle-même à réellement apprécier ce moment… Mais le souvenir douloureux de Björn ne tarda pas à assaillir ses pensées. Elle but son shooter cul sec, espérant que ce troisième verre commencerait à lui faire de l’effet, et le chasserait loin de son esprit.

- Si pas de Bonnie, en tout cas je suis certaine que t’as déjà du en conquérir plus d’une avec ce sourire.

Elle arqua un sourcil complice, un soupçon de malice traversait son regard. Rubis était volontairement passée au tutoiement, tandis qu’elle se rapprochait un peu plus, après tout si la soirée avançait…

- j’ai encore quelques questions… huuum… voyons voir, est ce que vous avez une capacité qui vous rends unique, comme un pouvoir par exemple ?

C’était peut être un peu tôt pour tenter cette question, il pourrait très bien sentir le coup fourré…

Oups. Elle posait maintenant une question sur ma remarque. Je ne sais pas vraiment pourquoi, peut être des résidus de mon monde, mais ma nature de gargouille était quelque chose que je préférais toujours garder pour moi. Et puis avouez que la surprise sur le visage de mes ennemis quand je me transforme est tordante, ou encore celle quand il me frappe et ne me font quasiment rien. Un vrai plaisir.

Oh... Non, rien. C'est une remarque que l'on m'a déjà faite. Dis-je avec le même sourire.

Ce n'était pas le meilleur des rattrapages, mais il me permettait d'effacer des doutes possibles. Elle but son verre d'une même traite et... Me défiait sur un autre terrain ? Je répondis par un sourire plus prononcé, semblant intéressé.

Le serveur revint avec l'attirail pour notre petit jeu, puis Rubis me servit un shooter que j'enfilai rapidement sans rien laisser paraître avant de nous resservir un shot chacun.
Elle jouait de ses mimiques, de ses sourires, elle avait tout d'une actrice, ou d'une séductrice. Je commençais à apprécier cette journée.

On se tutoie maintenant ? Bien, bien, pourquoi pas.

Et pour appuyer ses mots, mes lèvres arborèrent mon plus beau sourire. Elle porta sa question sur mon pouvoir. Hm... Étrange. Je la voyais de plus en plus comme une voleuse, et de moins en moins comme journaliste, bien que ça ne me dérangeais pas pour autant. Si elle comptait sur l'alcool pour me faire plier, elle en aurait pour un moment.

Non... Tout provient de ma race. Je n'ai pas vraiment eu de chance, hm ? Et toi, un pouvoir en plus de tout ces talents ?

Je pris un air un peu triste pour répondre, en espérant qu'elle ne voit pas dans mon "mensonge". Enfin, mensonge qui n'en était pas vraiment un. Après tout, tous mes "pouvoirs" venaient bien de ma race. Je lui indiquai du doigt les shooters que j'avais remplis.

On continue ?

Puis, je pris le suivant et reposai le verre d'un coup sec sur la table en soufflant.

Je préfère un bon whisky... Mais, le rhum est pas mal non plus, ici.