Kaïl vs Souen

Pas surpris pour un sous de ne pas retrouver mon chemin, je finis, comme je n'aurais pas dû le faire, à prendre des couloirs au hasard. Le labyrinthe de Souen avait fait une autre victime.
Pauvre de moi...
Priver le monde de mon génie c'est un crime !
Qui va réveiller la mégère du coin dix fois par nuit si ce n'est moi et ainsi priver tout le quartier d'une journée de paix pendant laquelle elle ira récupérer chez sa sœur ?
Pas moi si je n'arrive pas à quitter Souen en état de le faire. (Hors d'une boite).
Les boites c'est pas classe. S'il y a vraiment huit dieux là haut, il m'en faut qu'un pour éviter un sort aussi ...

-AH !

Sursaut. Je venais de tourner au mauvais tournant. Il était là, campant arme à la main avec un air horrible sur le visage.

-Je croyais que les méchants étaient moches que dans les films !

Sourire angélique. Je reculais doucement mais sûrement. J'ai dû louper la sortie de peu...
Pourquoi me faire ça à moi ? Je suis jeune et beau, je ne mérite pas de mourir si tôt.

-Dis, la sortie c'est par là ?

Je n'allais pas m'en sortir si facilement. Au loin, des miliciens apparaissaient au détour d'un couloir. Et en grands nombre en plus !
C'est de la triche. Je n'ai pas d'armée, moi...

-Hé ! C'est pas du jeu ! Moi aussi je pourrais gagner si j'avais autant de crétins sous mes ordres !

La première chose que fit le premier soldat à me tomber dessus c'est de me confisquer mon sac, mon bonnet -pfff... - mon bloc note et mes crayons.
Ah non arrêtez ça chatouille !
Un milicien me tenait les bras pendant qu'un autre opérait une fouille minutieuse pour voir si je ne cachais pas des munitions secrètes dans mes vêtements.
Heureusement pour moi, je ne cachais rien. Je n'avais pas eu le temps d'y penser de toute manière. Entre le moment où j'ai échappé au blob et celui où je devais passer discrètement les portes ouvertes des grands bureaux plein de futurs ennemis.

-Tant que t'y ai j'te file mon slip aussi ! M'en fiche j'ai un pote chez les sanctuaris !

Au fait, le grand roux, il aurait pas disparu mystérieusement y a quelques temps ?
Je suis fait comme un rat.
Un beau rat, un rat de compétition.
Je préfère le préciser.

Enfin ! Enfin ils tenaient le gamin chiard et pénible, enfin il allait pouvoir reprendre une journée calme et sans problèmes. Le maitre, toujours aussi énervé, ne répond pas aux remarques idiotes du crét*n orgueilleux devant lui. Il se contente juste de le regarder se faire fouiller par les miliciens avec un petit sourire narquois.

- Bon bon gamin, on t'envoie où ? A la crèche ou en asile ?

Il n'attendit pas les réponses de Kaïl que déjà il faisait signe aux miliciens, béni soit le miroir de disposer d'une si bonne garde, de l'emmener à son bureau. Ou non, il allait l'envoyer croupir dans les geôles de Souen, comme ça, le monde sera débarrassé d'un gêneur.
Il lui tendit son bonnet, sachant pertinemment que je gamin y tenait.

- Tiens, t'en auras besoin où tu vas. Il pleut souvent et il fait froid aussi. Fais attention à ne pas prendre froid mon poussin, ajouta-t-il en lui prenant la joue et en la tirant avant de la lui tapoter gentiment.

Il rangea ensuite son arme et croisa les bras, fixant toujours le moire. Il était bien maigre et semblait peu musclé. Soudain, il eut une idée de génie, ou pas.

- Attends, non, au lieu d'aller croupir en taule, tu vas venir te battre contre moi à l'arène. J'te préviens gamin, j'vais pas y aller avec le dos de la cuillère.

Il s'avance pour se retrouver nez à nez avec Kaïl, une lueur de défi dans le regard ainsi qu'un sourire des plus sadiques.

- Armes interdites, seules les mains comptes et pas d'entourloupe mon grand sinon tu finis en taule pour le reste de tes jours et même ton copain des Sanctuaris ne pourra rien y faire. Ici, la loi c'est moi, compris ?!

Il se redressa ensuite, ordonnant aux miliciens de le lâcher.

- Alors gamin, on commence quand ? J'ai une arène fraiche et dispose, décorée de nombreuses dents pour t'accueillir en grande pompe à Souen.

Sur ces belles paroles, il éclate de rire.

[HRP: Alors, combat ou pas ? XD]

-Gamin ? Tu parles pour toi là, non ?

On ne dirait pas mais j'ai grandis ces dernières années. Même si la nourriture n'est pas toujours bonne, j'arrive à prendre des centimètres chaque année. Bientôt je serais grand, beau, intelligent... Je serai Apollon en personne.
Et ce pseudo Maitre devra s'incliner devant moi...

-Pense pas à l'asile on y est déjà... Et la crèche, faut pas que t'y ailles tu ferais peur aux gosses !

Quoi ?! Incrédule, je tenais mon bonnet à deux mains et je regardais Souen avec un air de "tu oses dire des bêtises aussi grosses, tu devrais avoir honte, même moi j'aurais pas osé".

-T'es sérieux, tu défies un gosse dans l'arène ? T'as aucun honneur ? Ou sinon, t'as pas peur de te faire écharper dans les médias comme le maitre qui tape sur plus petit que lui en public... Tu sais que la violence sur les enfants c'est illégal ?

Et comment je vais faire pour me sortir de ce pétrin maintenant ? Un maitre fou qui me retient de force dans son palais et maintenant on veut m’envoyer dans l’arène ! Je refuse, j’ai rien fait de mal d’abord. Bon un petit peu, mais rien qui ne mérite l’arène !
Ils n’ont aucun humour dans ce pays !

D’ailleurs je n’ai pas expliqué pourquoi j’étais ici, n’est-ce pas ?
Depuis ma fuite de l’orphelinat il y a quelques années, il y a un avis de disparition sur ma pomme. Bien entendu, disparition au sens large, puisque je me suis fait connaitre auprès de nombres autorités (comme la caserne) pour mes déboires… Jusqu’à ce qu’un milicien un peu moins bête que les autres m’attrape.
Ils m’ont vissé sur une chaise dans un bureau qui sent les pieds pour me faire remplir les documents d’usage afin de me réinscrire dans l’orphelinat ou dans un centre d’éducation pour jeune délinquant. J’ai pas tout saisi, le premier fonctionnaire qui me l’a dit était tout rouge et ses mots étaient plutôt difficiles à suivre entre deux postillons.

Si on me demande mon avis, je vote pour la prison, l’orphelinat c’est carrément pas ça !
De tous les âges là-dedans et v'là que ça pleure toutes les trois secondes. Impossible de s'écouter penser. De toute manière la plupart des autres gosses ne réfléchissent jamais. C'est mauvais pour la survie de leur cerveau mono-neurale.
Un environnement inadapté à mon degré d’intelligence.

Ceci dit :

-…Je refuse ! Si tu veux me croiser dans l’arène faudra d’abord me donner à becter ! Ou je dis à la presse que j’ai été retenu contre mon gré sur Souen et que j’ai été torturé !

Après avoir tenté de fuir, c’était l’heure du chantage.
Parce que je finirai forcément par sortir un jour, ce n’est qu’une question de temps.

Et blablabla, il ne s'arrêtait donc jamais de piailler ? Et vas-y que je t'en remette une couche, que je te provoque, en plus il changeait jamais de disque et c'en devenait très lassant. Nij bailla sans retenue et s'adossa à un mur, attendant que Kaïl ne finisse son monologue égocentrique tourné sur sa minuscule personne.
Un enfant, lui ? Ce machin ? Ah bon ? Il l'avait confondu avec un nain alors, vous savez, ces créatures aux problèmes génétiques due à de la consanguinité la plupart du temps. Enfin bref.

- Violence sur quoi ? Tu le vois où le gosse ici ? Moi, ce que je vois, c'est juste un machin haut d'un mètre qui croise les bras et me lance des regards assassins. Oh pardon, c'est toi, je t'avais pas reconnu sous ton grand bonnet qui te bouffe la moitié du visage.

Il ricane, bien décidé à ne pas se laisser faire. Et surtout, à ne pas abandonner sont idée de le défier dans une arène, histoire de montrer au monde entier que ce gamin était tout sauf une personne qui savait se battre. Et puis il avait envie de frapper autre chose que ses subordonnés. Quoi, lui tyrannique ? Non, il avait juste réécrit les lois du palais sans l'autorisation de personne.

Attend, quoi ? Il en venait au chantage maintenant ? Ah non, il n'allait pas se laisser faire ! Surtout que Nij était un très mauvais chanteur. Saisissez la blague de haut niveau. Le maitre de Souen, rendu irritable par les évènements, soupire en secouant la tête.

- Sincèrement, je pense que tu devrais réfléchir avant de parler, ça t'évitera de sortir de plus grosses bêtises que moi.

Il fit une pause, histoire que le gamin assimile bien puis continua, toujours aussi calme dans sa voix bien qu'il bouillonnait intérieurement.

- Tu t'es retenu tout seul ici banane ! Et la torture c'est toi qui te l'ai prodigué tout seul aussi. T'aurais coopéré, tu serais pas dans ce pétrin. Et non, je n'ai aucun honneur, sinon je ne te parlerais pas.

Il se décolle du mur et fait un pas.

- Donc, je te redemande, tu veux y aller quand pour ce combat à mains nues ?

Un sourire sadique vient orner son visage.

[HRP: Tout ce qui est présent dans ce post je ne le pense pas, et c'est à prendre au second degré. Je n'ai rien contre les gens atteins de nanisme ^^]

-T’es déjà sourd Papy ? J’ai dit, je pointais ma bouche d’un index déterminé, lis sur mes lèvres : VA TE FAIRE M…

Paf ! Une claque derrière la tête plus tard, je crachais mes poumons.

-T’es malade ! J’me suis mordu la langue !
-Si ça pouvait te rendre muet deux secondes, c’était assez agréable pour que j’ose maltraiter son altesse des vagabonds.

Le milicien, lui, il me disait quelque chose. Un truc sur le visage ou bien… Il venait tout juste d’arriver, comme si une bonne âme l’avait appelé à la rescousse parce que Souen plus Kaïl égal de gros ennuis.

-T’as changé de coup de cheveux !
-T’as enfin remarqué le môme !
-Je ne suis pas un môme, je suis un Moire.
-C’est ça, dis-ça au Maitre qui vient de t’inscrire pour l’arène…

Ce milicien-là était un habitué, le genre qui se marre en voyant passer la note interne disant que « Kaïl a été aperçu par là-bas, en train de créer des ennuis par ci, ou bien en cavale là-bas ».
Il haussa les épaules et m’indiqua le nouveau Souen avec l’air de dire qu’il vaudrait mieux qu’on en revienne à nos moutons. En parlant de moutons d’ailleurs :

-Si j’avais coopéré vous m’auriez renvoyé illico à l’orphelinat de Northrives pieds et poings liés, magie bridée et pire ! Avec l’uniforme de rigueur … Si l’orphelinat manque tant que ça d’effectifs, t’as qu’à y aller toi-même, ils ne verront pas la différence ! De toute façon ça fait tellement longtemps que j’y ai pas mis les pieds qu’ils doivent plus se souvenir de ma tête.

Et pour en rajouter une couche je dis :

-Tu vois, ça c’est un vrai défi : tenir une journée dans cet endroit pourri. Tu peux parler de ton arène tout naze là, mais tu ne survivrais pas trois minutes là-bas…

Moi non plus, c’est pour ça que j’ai filé dès que j’ai pu.
Le milicien, assez vieux pour avoir l’air méchant, assez jeune pour avoir l’air en forme, regarda son nouveau patron et dit simplement :

-Alors on en fait quoi du petit, à l’orphelinat, il s’enfuira dans la nuit, d’une façon ou d’une autre ! La caserne le cherche aussi, pour payer toutes ses âneries qu’il cumule depuis des années.

Il m’offrir un petit sourire en coin et ajouta :

-Quand tu seras majeur on aura enfin la paix, tu écoperas sûrement d’un passage en prison pour le reste de ta longue vie.
-Je te retourne le compliment, au moins en prison, je ne souffrirai plus de voir ce massacre esthétique !

Il me chopa par le col et attendit la réponse de Souen. Seul à pouvoir signer l’ordre de renvoie. Puisque de toute façon, vu mon âge, l’arène aurait refusée de me faire combattre, même si un maitre était venu l’exiger : il y a des lois dans ce pays.
Pour une fois qu’elles me servent !

Ah, la fougue de la jeunesse. Ces jeunes, ils étaient si irrespectueux envers leurs aînés, ils avaient la langue bien pendue, particulièrement celui-ci. Et s'il la lui coupait, sa langue ? Peut-être que ce mioche apprendrait à la fermer et à ne parler que lorsqu'on lui permettait ? Mais là encore, il y avait les fabuleuses lois d'Entre-Monde, lois qui protégeaient ces enfants si "innocents". Nij avait envie de rire mais surtout de détruire un mur ou bien la tronche de Kaïl qui ne lui revenait plus.

Heureusement, et pour une fois il aimait le hasard, un milicien, vint arrêter le garnement et réussir là où, lui grand et illustre phénix vénéré et dictateur de Ciel, avait presque échoué. Ah, il ne ratait jamais rien ! Ca non ! Il était bien trop doué pour ça ! Le jeune maitre regarde le soldat saisir le Moire et lui faire toute une leçon de morale. S'il ne haïssait pas autant les Dieux, il serait en train de les vénérer pour cette intervention qui sauvait le môme d'une mort certaine.

Le maitre des lieux se tourne vers les deux personnes qui, visiblement étaient en grande discussion. il attend patiemment qu'ils aient fini d'une part parce qu'il avait la flemme de se l'ouvrir et d'une autre part parce qu'il... avait la flemme de se l'ouvrir. après tout ce ci, une bonne sieste l'attendait jusqu'au soir, s'ils n'étaient déjà pas le soir. Ce qui ne l'étonnerait guère vu le temps qu'il a mit à poursuivre le gosse et parler calmement avec lui sans menaces aucune.

Nij croise les bras et darde son regard vert sur Kaïl, impuissant entre les mains de ce garde à l'air plutôt coriace. Un faible sourire vint naitre sur ses lèvres tandis qu'il ordonne au milicien de renvoyer Kaïl d'où il venait, c'est à dire hors des murs de ce palais, clôturant ainsi cette histoire tordue et qui prenait pas mal la tête.
Blagueur et soulage de ne plus revoir cette tête blonde avant un moment, le jeune maitre fait un signe de main, se moquant ainsi encore du Moire.

Spoiler:

-Heing ?!
-Vous êtes sûr ?

Le milicien se fit une raison, il m'entraina avec lui sans plus attendre. J'avais de toute manière passé beaucoup trop de temps dans ce trou à rats.

J'en revenais pas qu'il me libère comme ça, comme si de rien n'était... C'était trop beau pour être vrai et pourtant ! Le milicien me lâcha à l'entrée du bâtiment avec pour mot d'ordre :

-Tiens toi à carreaux si tu veux pas de nouveau te retrouver ici.
-Tu veux rire, je reviens quand tu veux, l'est plutôt cool ce Maitre là.

Le milicien rit jaune et mima de me filer un coup de pied si je me tirais pas vite fait bien fait de cet endroit.
Je détalais comme un lapin droit vers une nacelle. Il était grand temps que je m'en aille de ce bled pourri de toute façon.