Suivre son horizon

Lorsque les miroirs se fermèrent, et même si la décision de partir fut mienne, l'Entre-Monde était devenu comme une prison pour moi. Il fallait que je change cela, que cette endroit devienne mon nouveau refuge. Le grand tourment de mon peuple, qu'est l'envie presque inépuisable de tout découvrir, me poussa donc a sortir de ce qui aurait pu finir par être ma dernière demeure.

Une fois dehors, aucune sensation de lumière sur la peau, juste le froid du noir qui englobe la ville. De temps à autre de la vapeur sortant du sol venait rajouter de la chaleur à cette atmosphère déjà pesante. Une atmosphère emplie d'odeurs plus âcres les unes que les autres. Mon odorat, l'un de mes sens qui compensait ma vue, en était perturbé.

Je déambulais, dans les rues de Magna, ma faux dans la main droite sondant ce qui ce présentait devant moi. Quant à ma main gauche, elle brandissait ma lanterne comme pour éclairé mon passage, pas forcement très utile quand on sait que celle-ci a des vitres teintés et que de surcroit je suis aveugle. Comme d'habitude les ruelles de Magna étaient bondées, mais au fur et à mesure de mes pas je sentais les gens s'écartaient ne faisant plus un bruit. En même temps que pouvaient-ils faire d'autre face à une espèce d'homme de plus de deux mètres, le torse rongé par le temps et présentant une faux aussi grande que lui.

Je continuais de marcher, le dos bien droit et mon regard, caché par mon masque, fixant l'horizon imaginaire que je suis depuis ma naissance. Toujours sans un bruit, les gens présents dans la rue me fixaient du regard. Je pouvais le sentir, il arrivait parfois que le manche en bois de ma faux qui faisait office de cannes, effleurait une personne, laissant échappé menaces et autres insultes.

Dans un sens tant mieux que ces personnes ne s'attardent pas sur moi, je pense n'avoir rien à apprendre d'eux. J'espérais cependant pourvoir rencontrer quelqu'un au détour d'une des nombreuses rues qui composent le dédale de cette ville.

Pendant un instant, lors de cette marche interminable, une forme de chaleur venu du ciel m'effleura le visage. Je fis quelques pas en arrière pour me retrouver à nouveau en dessous. J'avais une drôle de sensation, comme un faisceau faisant un moule de mon crane le laissant chauffer de façon agréable. Je pris donc la peine de lever mon visage de façon a recevoir le faisceau en plein sur mon masque. Afin de faire profiter de cette douce chaleur à mon visage, je fis basculer mon masque sur le haut de mon crâne. La chaleur faisait perler sur mon front des gouttes de sueurs.

Je restais là impassible, tentant d'apercevoir une quelconque lueur de cette lumière si puissante et pourtant si lointaine.