En fer et Damnation.

Lily avait passé la journée entière à somnoler dans les combles d’une vieille maison à moitié décrépis, cherchant désespérément à trouver le sommeil. Elle avait décidé, au vu de sa situation légèrement catastrophique, d’employer les grands moyens. Les missions qu’elle faisait été longues et fastidieuses et ne ramenaient par conséquent pas assez d’argent ou du moins pas assez rapidement à son goût. De plus, effectuer de tels travaux sans une arme vraiment efficace était encore plus épuisant. Pour essayer d’accélérer les choses elle avait même finit par se pencher sur des actes plus ou moins légaux. Non pas que la demoiselle soit du genre à rester dans les clous mais si elle avait pu y rester encore quelque temps cela ne lui aurait pas déplu. Le soleil avait encore du mal à percer à travers l’épaisse couche de nuages lorsque la démone rejeta sa cape -qui lui servait accessoirement de couverture- sur le côté d’un geste rageur. Le temps passait trop lentement, beaucoup trop lentement.

Lily ne sortie de sa cachette que lorsque le soleil se mit à décliner, la ville s’habillant d’une couleur orangée, les derniers cris de créatures en tous genres s’élevant dans les airs, comme un signal de départ. Son cache-œil bien remit en place, sa cape émaillée rabattue sur sa crinière blanchâtre, ne laissait dépasser que la pointe de ses chaussures, la jeune femme décida qu’il était temps d’agir. Elle utilisa une gouttière afin de descendre sans encombre jusqu’au sol, se fondit ensuite dans les ombres et recoins que lui offrait le soleil couchant. Elle savait où elle voulait aller et c’est donc sans attendre qu’elle prit la direction d’Ordae.

Fort heureusement pour elle le soleil disparaissait rapidement et bientôt les ruelles qui étaient éclairées quelques minutes plus tôt par des couleurs chatoyantes commencèrent à virer vers un violet pourpre, signe qu’il ne restait plus que quelques minutes avant que la ville soit entièrement plongée dans le noir. Les rues se vidèrent rapidement encouragées par les claquements de portes des commerces alentour. Comme une ombre parmi le néant et un murmure parmi le silence, Lily avançait, virant parfois à droite brusquement, puis à gauche avant de tourner de nouveau à droite. Seul ses pas raisonnaient à présent ainsi que le claquement du tissu de sa cape dans son sillage. Un vent glacial c’était levé et la démone frissonna de manière incontrôlable avant de maugréer. Néanmoins il y avait un avantage, les nuages ne faisaient plus partie du paysage et la lune qui se dessinait ronde et blanche dans le ciel, lui permit de se guider plus facilement dans les ruelles.

Lily n’eut aucune difficulté à savoir où elle se trouvait. Une odeur aigre venait de prendre d’assaut ses narines, son visage se déformant en une grimace de dégoût. Au moins elle savait qu’elle était enfin parvenue au quartier d’Ordae et comme pour confirmer sa théorie les ruelles s’étaient tellement rétrécie par endroits qu’elle devait se mettre de côté pour pouvoir passer correctement. Les habitations dont la construction lui semblait plus loufoque que réellement stable éveillèrent un instant sa curiosité. Puis se reconcentrant sur son but premier, elle força l’allure, se mettant même à trottiner.

Ce n’est qu’après une dizaine de minutes qu’elle trouva enfin ce lieu si convoité. La forge. Elle tapota ses mains comme pour s’applaudir elle-même et tira sur son capuchon pour dissimuler encore plus son visage. Les informations qu’elle avait reçues au sujet de cet endroit étaient globalement maigre mais suffisant pour ce qu’elle comptait faire. Dans un premier temps elle leva le nez vers le haut de la bâtisse. Aucune lumière ne lui parvint et elle ne pu s’empêcher de laisser un sourire étirer ses traits fins. Tout était parfait. Alors à pas de velours elle s’approcha d’une des fenêtres du rez-de-chaussée. D’après ce qu’elle avait entendu, le forgeron vivait à l’étage, sa boutique en bas et l’atelier dans l’arrière-boutique. Elle remercia d’ailleurs le cret*n qui en avait parlé à voix haute car sans cette information elle aurait probablement tentée d’entrer par la fenêtre de l’étage, ce qui par conséquent aurait mis un terme à son plan avant même qu’il n’est eut le temps de voir le jour.

L’intérieur de la boutique était propre, les armes étaient là rangées parfaitement en ordre. Dans la pénombre Lily laissa glisser son regard, cherchant un quelconques mouvement où signe de vie mais il n’en fut rien. Elle se mit alors en quête d’une entrée qui ne serait pas trop bruyante. Bien sûr elle tenta d’entrer par l’entrée principale -on ne sait jamais- mais cette dernière s’avéra fermer à double tour. Il en fut de même pour les fenêtres. La démone réalisa alors qu’elle n’avait pas mis au point cette partie du plan. Si ça n’avait tenu qu’à elle elle se serait tapée la tête contre un mur. Comment avait-elle pu oublier l’inoubliable ? Bien. Elle n’avait pas fait tout ce chemin pour abandonner maintenant. Alors qu’elle se creusait les méninges afin de trouver une solution des éclats de voix lui parvinrent. Sa solution était là. Elle décrocha le foulard miteux qui lui servait vaguement d’écharpe, enroula son poing à l’intérieur et attendit patiemment que les éclats de voix soient à leur paroxysme pour frapper avec un maximum de force.

Elle avait priée tous les dieux pour que son idée aussi improbable que stupide fonctionne. Et comme si ces derniers étaient disposés à lui accorder une faveur, le boucan des passants couvrit à la perfection le verre qui venait d’éclater en millier de petits morceaux sur le sol de la forge. Trop saouls ou trop occupé à discuter, ils ne s’aperçurent de rien. Lily se ratatina contre le mur en attendant qu’ils aient passé leur chemin puis entreprit d’entrer dans le magasin sans se couper.

Une fois à l’intérieur elle ne put s’empêcher d’effectuer quelques -lamentables- pas de danse, victorieuse. Sa main glissa dans la poche intérieure de ce qui pouvait s’apparenter à un blazer noir nuancé de bleu dont l’aspect faisait un peu peur à voir et en sortie un sac en toile plié soigneusement. Elle le déplia silencieusement puis s’approcha des armes les plus petites, en fourrant plusieurs dedans, cherchant les marchandises de bonne qualité et qui pourraient éventuellement se revendre à bon prix. Son œil valide se posa ensuite sur les épées Bâtardes. Elles ne les trouvaient pas particulièrement jolie mais c’était approximativement le même format que Sammael et cela lui semblait parfait. « Plus tard » Pensa-t-elle en s’approchant de la porte de l’atelier, oubliant presque qu’elle pouvait se faire surprendre à n’importe quel moment.