La rencontre des prédateurs

-Belle journée pour aller se promener ! Me dit mon père, cuisinant pendant que ma mère faisait les emplettes au marché.

-Tu n'as pas besoin d'aide pour préparer la nourriture ?

-Non non, vas y, je gère ça. Et il me fit un de ses sourires qui me faisaient fondre.

Encore un repas foutu, mais ça lui fait tellement plaisir ‘’d’aider’’ qu’on n’ose pas lui dire que lorsqu’il cuit de la viande, elle est souvent TROP cuite. Je l’aime quand même mon papa !

La famille d’Alice avait radicalement changé de régime alimentaire depuis leur arrivée en Entre-Monde. Ils ne trouvaient nulle-part les aliments qu’ils cueillaient jadis dans leurs forêts luxuriantes… En parlant de forêt, il y en avait une pas si loin que ça. Alice adorait s’y promener car elle ne recelait pas de bêtes dangereuses et elle y rester métamorphosée ou non sans que personne ne puisse la voir.

Elle décida d’accepter la remarque de son père et s’enferma dans sa chambre afin de se dévêtir. C’était… étrange pour elle de se préparer à la métamorphose. Elle ressentait toutes sortes de choses : de l’excitation, de la peur et de la joie extrême. Enfin elle pouvait être elle-même, celle qui sommeille au fond de son corps humain. Malheureusement, elle tenait bien trop à sa vie humaine que pour décider de devenir un renard à plein temps. Elle sortit donc par la fenêtre et pris la route pour la forêt.

Arrivée sur place, les multiples odeurs vinrent emplir son petit museau. Les bruits, ces magnifiques bruits (contrairement à ceux de la ville) entraient dans ses oreilles pour lui procurer un sentiment de liberté. Elle commençait à avoir faim et soif, avoir fait le chemin sous sa forme de renard avait été éprouvant. Elle se mit donc en quête d’un amuse-gueule.

Trouvé ! Un magnifique lièvre. Maintenant, les choses sérieuses peuvent commencer. Chasser était pour elle tout un art et elle voulait faire durer l’exercice. Attraper sa proie rapidement ne lui procurait aucun plaisir. Elle attendit donc que sa proie se déplaça afin de la traquer et de l’attaquer au moment opportun. C’était sans compter sur une autre bête tout aussi rapide qu’Alice qui vint voler sa proie. Alice eut peur et se cacha dans les fourrées pour pouvoir observer le voleur. C’était un genre de renard mais il avait plusieurs queues. Trop de queues pour qu’il soit normal.

Un renard blond ?! Jamais vu une chose pareille. En plus avec toutes ses queues… L’Entre-Monde recèle quand même quelques surprises. Je vais continuer à l’observer, on sait jamais que je puisse l’utiliser à mon avantage.

Alice se déplaça donc à pas feutrés. L’autre animal ne l’avait pas encore remarquée. Malheureusement, avec sa maladresse légendaire, Alice marcha sur une branche bien trop frêle et fit un bruit sec. Elle s’arrêta net et guetta la réaction de la bête qui releva immédiatement la tête.

Mince ! Et bien foutu pour la discrétion… Passons à un autre plan.

Sachant qu’elle avait été repérée, Alice décida de se montrer. Un affrontement pour un proie ne lui faisait pas peur ! Et puis, c’était l’autre animal qui était en tort. Elle lui avait volé son dîner !

Alice n’eût pas peur de la férocité avec laquelle l’autre renard réagissait. Elle savait qu’il ne partirait pas, qu’il ne laisserait pas sa proie sans se battre. C’était un problème pour Alice. Elle pensait pouvoir le battre mais le facteur ‘’race inconnue’’ la taraudait. Si cette race avait des capacités spéciales ? Si elle pouvait bouger plus vite, avoir une plus grande force physique ? Une chose était sûre, l’animal en face d’elle était sûr de gagner le combat. Sauf que cet animal ne sait pas une chose… Alice, si elle s’est métamorphosée en renard, peut aussi redevenir une humaine. Un plan s’échafauda dans l’esprit de la renarde.

C’est risqué, mais je vais essayer tout de même !

Alice s’approcha de la bête, elle n’essaya même pas de grogner ou de prendre le dessus. Elle voulait juste s’approcher pour faire comprendre à l’animal qu’elle ne lui voulait pas de mal. Qu’elle ne cherchait pas non plus à lui voler son repas. C’est donc avec grâce qu’elle avança vers son adversaire, bien qu’attentive à ses mouvements.

Bon maintenant attendons. S’il me fonce dessus je ne pourrais pas esquiver mais j’ai quand même une petite marge. Je ne devrais pas être trop blessée.

Alice était acculée. Très peu de moyens s’offraient à elle. Soit rester comme ça, ne pas attaquer et espérer que l’animal ne soit pas belliqueux ; soit attaquer malgré sa réticence à se battre.

Une douce odeur commençait à se répandre tout autour d’Alice, il lui semblait qu’elle était sur un nuage. Ses sens étaient engourdis. Elle avait du mal à se concentrer sur l’autre animal. Ou plutôt, elle se concentrait trop sur cet animal. Qu’est-ce qui lui arrivait ? Elle essaya de grogner mais seul un jappement sorti de son frêle corps.

Elle n’arrivait pas à réfléchir correctement, tout ça commençait à l’énerver. Elle en avait marre d’être là, elle voulait rentrer. Cet animal l’embêtait bien qu’il l’attirait. C’est donc sur un ras le bol qu’elle recouvra sa forme humaine. La transformation fut longue et pénible mais rien ne se passa mal. Une fois sa forme initiale retrouvée, Alice pouvait avoir le dessus sur cette bête. Elle peut mordre mais Alice est une humaine contre un genre de renard. Elle était sûre de gagner.

Alors ? On va faire quoi maintenant ? On ne se sent pas tout petit ? Aller ouste !

Alice accompagna ses paroles de grands mouvements afin de faire fuir la bête.

La créature semblat s’énerver. Elle avait maintenant retroussé ses babines laissant apparaître de longs crocs. Elle avait aussi pris une position d'attaque, prête à bondir s’il le fallait.

Je suis vraiment mal, quelle idiote ! Il ne reste plus qu'un plan.. LA FUITE !!

Alice, maintenant qu'elle était plus grande, pouvait se permettre de s'extirper de devant cette pierre qui semblait étrangement avoir été mise ici pour la bloquer.

Imaginez cette scène: une fille-renarde, complètement nue, qui court dans un bois, trébuchant sur à peu près tout ce qui est au sol, suivie d'un renard avec plusieurs queues qui veut sa peau. Et j'ai oublié, le cri que la fille laissait échapper.

Bientôt, Alice fut essoufflée. Elle s'arrêta donc dans sa course pour faire face à la bête, jamais elle ne pourrait s'en sortir en fuyant.

Bon, ok. C'est ta proie maintenant laisse moi tranquille !

Bon, j’espère que la créature va comprendre… Ou pas. Elle va vraiment me bondir dessus ?!

Et en effet, la bête bondit. Elle avait mis tant de force dans son geste (et Alice était tellement fragile) que la mi-humaine mi-renarde ne pu rester debout. Heureusement que le sol n’était pas trop dur ! Alice aura quand même un beau bleu sur les fesses. Le sol était humide (elle ne s’est toujours pas habillée) et finalement assez molletonneux.

Soudain, une chose si habituelle pour Alice mais si surprenante ‘’sur’’ une personne toute autre se produisit : la créature se transformait. Et bientôt une personne, une humaine, était placée au-dessus d’Alice comme l’animal quelques instants plus tôt. Cette personne était aussi nue qu’elle.

- Qui te dit que ce n'est pas toi ... ma proie ...

Passé la surprise du moment, Alice reprit ses esprits :

- Écoute, tu ne vas pas me manger donc techniquement parlant je ne suis qu’une victime. Et en parlant de manger, tu as volé mon diner !

Maintenant que j'y pense, heureusement que cette métamorphe était une fille, j'aurais été dans de beaux draps.