Mission : Une parole d'or

Était-ce une impression ? William avait le sentiment qu’on le sollicitait de plus en plus ces derniers temps pour ces missions. Il ne se voyait pas faire cela à plein-temps (Il ne se voyait pas faire grand-chose du tout, il fallait bien l’admettre) mais cela le troublait. Ou bien peut-être était-ce comme cela que les choses marchaient dans ce monde plutôt trouble qu’était le monde en marge de la société ? Si cela se trouvait, à son insu, William devenait de plus en plus connu et on se refilait son nom pour régler certains problèmes.
Si cela s’avérait vrai, cela pourrait être un problème à gérer. L’ange ne faisait cela que par… par quoi, au fait ? Une sorte de dépit, probablement. À moins que ce ne soit une tentative désespérée de rechercher le moindre sens à sa vie ou au contraire de confirmer que cet univers n’en avait aucun.

Dans tous les cas, ce serait problématique avec Elliot si jamais l’ondin venait à le découvrir. Encore que… Vu les milliers de personnes que le blond avait tuées dans le monde d’où ils venaient, quelques personnes de plus ou de moins ne changeraient pas foncièrement la balance.

Il entra dans la bibliothèque et s’y retrouva facilement. Son dernier passage en compagnie de Chaos ne datait pas de si longtemps et surtout, William gardait de son passé une très bonne mémoire des chemins à suivre. Il songea à ce type de la guilde qui lui avait murmuré à l’oreille une mission alors qu’il simulait une maladie pour entrer au sanctuaire des braves et entrer discrètement en contact avec le blond. Encore une histoire interne à la guilde. Enfin, il ne jugeait pas. Encore une fois, des personnes s’étaient senties flouées, avaient de l’argent et réclamaient par conséquent une vengeance qu’ils avaient les moyens d’acquérir. Fort bien.

Il salua fort poliment et annonça de sa voix morne, presque fatiguée et absente :

« Bonjour. On m’a demandé de venir concernant cette personne qui aurait dit des choses qu’elle n’aurait pas dû… »

Il avait l'allure d'une créature d'un monde répugnant. Ses bras poilus se terminaient en mains petites hérissées de griffes. Peut-être celles d'un rat. Mais puisqu'il cachait continuellement l'essentiel de son anatomie, personne ne savait réellement ce qu'était Imyo. Il avait un long museau tordu et lorsqu'ils parlaient, des rangées de petites dents pointues saillaient sous ses babines.

Un jeune homme l'approcha et Imyo porta son regard mort sur lui. Un sourire s'éclaira de ses crocs, il tendit un ouvrage à celui qui l'approchait.

-Ceux qui parlent ont souvent quelque chose à dire. La question est de savoir ce que veulent ceux qui les écoutent.

Dans le livre, une carte. Sur la carte quelques indications nébuleuses, à peine assez précises pour laisser un esprit habitué comprendre ce qu'il gagnerait à rendre service à la guilde. Imyo le salua, marchant à petits pas lents vers les étagères où il récupéra un autre ouvrage.

Spoiler:

Le visage de marbre et inexpressif, William observa néanmoins Imyo avec dans l’œil un brin de curiosité. Il saisit le livre tendu et en parcourut les pages après avoir brièvement haussé les épaules comme si le fruit de ses propres réflexions n’était en fin de compte pas si intéressant.
Comme toujours, il passa rapidement sur les indications qui concernaient ce qu’il y avait à gagner. Le blond ne faisait guère cela pour l’argent. En revanche, en « employé » consciencieux, il se concentra sur ce qui lui permettrait de saisir exactement l’objet de la mission, comment localiser la cible et si les commanditaires souhaitaient quelques… « bonus »… dans la manière d’exécuter la sentence qu’ils avaient choisie.

Relevant la tête, il recommença à suivre les mouvements d’Imyo, attendant la suite.

L'hiver s'annonçait invisible sous le ciel bleu. Des raies volantes traversaient le ciel, étoiles filantes, puis, un jeune homme, dos rond et mains dans les poches, s'échappa à cette vision en entrant dans la bibliothèque. Il grimpa quatre-à-quatre les marches le menant à l'étage où l'espèce de rat parlant trainait toujours. Il se dirigea vers la créature et celle-ci lui donna un livre.
C'était déjà terminé. Imyo n'avait rien de plus à lui dire et Bédivère n'avait besoin de rien de plus pour comprendre ce qu'il avait à faire. Un jeune homme, étrangement similaire dans son comportement, se tenait non loin. Tous les deux avaient en main un livre au titre identique.
Bédivère s'approcha. Sans parler, il montra son livre et tenta d'afficher un vague sourire. Tous les deux feraient équipe. Imyo en avait décidé ainsi.

Il indiqua le chemin de la sorti et quitta les lieux sans demander son reste. Parler dans la bibliothèque n'était pas sûr, il attendrait d'être dehors avant de se présenter et de demander les détails du travail à effectuer.

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