Enchantement et Golémancie

Arrivé par la plate-forme Perçant du Vandavel, un paysage de rêve s'étend sous mes yeux : les vastes étendues sauvages d'Entre-Monde qui s'étalent à perte de vue. J'aurais bien pu passer la journée entière si je n'avais pas d'autre but à ma venue.


Je parcourais quelques ouvrages de ma bibliothèque (rangée pour la énième fois, car Kaïl croit bon de jouer au bonneteau avec les livres, histoire de me rendre chèvre), mais un en particulier retint mon attention : un document portant sur une méthode de golémancie alternative. Je ne pensais pas qu'un des anciens alchimistes d'Elantra se prêtaient à l'invocation, d'autant que c'est un art qui se perd, et qu'il soit nécessaire, à ma connaissance, de posséder une quantité assez phénoménale de magie pour invoquer un golem parfaitement fonctionnel. Et surtout, une méthode "alternative" ? Je devais en avoir le cœur net.
En parcourant le traité de recherche, la moitié était inscrite en glyphes indéchiffrables. Diverses annotations en clair me permettaient à peine de comprendre toute cette partie. Et j'avais beau lire et relire ce qui était écrit en langue commune, rien n'y faisait. Le seul autre détail était un sillon marqué en annotation de la dernière page. Un sillon ? J'approchais une lumière, c'était une inscription qui s'est effacée au fil du temps. À l'aide d'un crayon, je ravivais l'écrit où l'on pouvait lire "technomage". Allons bon, que venait-il faire dans l'histoire ? En même temps, ce n'est pas plus mal, j'avais besoin d'améliorer mon armure en cuir. L'expédition dans le désert l'avait mis à mal et montré ses limites. Il était temps de passer au niveau supérieur.


Je me tenais à présent devant la porte d'entrée, ornée d'un heurtoir ouvragé. J'approchais ma main dans l'espoir que celui-ci fasse suffisamment de bruit pour annoncer mon arrivée.

Au moment où Richye allait poser la main sur l'arceau du Murray, celui-ci ouvrit des yeux fous et éloigna ses mâchoires décharnées des doigts de l'Alchimiste. Il regarda le futur client avec un air terrifié, essayant de parler le moins fort possible.

* Mais vous êtes fou ?! Ne faites pas de bruit ! Ne la dérangez pas ! Elle va tous nous dévorer ! Elle va- Noooooon !! Je l'entends ! Elle approche ! Fuyez, fuyez mon brave monsieur ! Fuyez pour votre vie !

La clenche de la porte joua lentement et la porte s'ouvrit sans bruits, tirée avec une lenteur exaspérante. Un silence de mort régnait sur le pont, les pistons et les moteurs étant éteints.
Seules les rames enchantées et la voilure gardait le vaisseau en l'air.

Je passais la tête par l'espace entre la porte et le mur et accueillait mon client avec un air désolé – et en chuchotant.

- Bonjour. C'est pour un enchantement ? Est-ce que ça vous dérangerait si on faisait ça soit chez vous, soit n'importe où ailleurs ? Disons que... Ma timonière n'est dans une de ses plus agréables périodes et elle est venimeuse.

Je me retournais vivement, un bruissement d'écailles et un rire langoureux résonna dans les couloirs sombres de bois clair. Je me glissais à l'extérieur, toujours équipé de mes protèges bras canons enchantés et faisait face à la porte, en position de combat.

- Je peux prendre votre commande et créer ce que vous voulez, mais tout de suite, il faudrait que vous montiez dans cette voiture volante.

La Sun était accolée au Vandavel et ses portes papillons s'ouvraient lentement. Murray se mit soudainement à pleurer.
La porte jaillit de ses gonds et Sarressinashira sortit lentement, lascivement, un regard gourmand dans ses yeux fendus. En sourdine, les pleurs de Murray continuaient d'arroser le pont du navire.

¤ Corben revenir. Sinon Sarressinashira devenir messssquine.

- Suivez-moi si vous voulez vivre.

Je bondissais vers la voiture, écrasant le bouton d'allumage et m'apprêtant à lancer la voiture à toute allure.

Je vis le heurtoir s'animer avec des yeux de possédé, me chuchotant de repartir au plus vite, ou un danger imminent, "elle", me dévorerait. Je chuchotais également :

- Mais que se passe-t... ?

Je vis alors le technomage en personne, sortant à pas feutrés de sa cabine, et me fit reculer tout en tenant en joue la porte. Beaucoup trop surpris par la situation, je ne pipais mot, et le suivi à reculons. Jusqu'à ce qu'il m'invite à monter à bord de sa voiture volante. Mais qu'est-ce qui pouvait avoir envahi le navire du technomage et mis son équipage en déroute ? Sa timonière ? Vraiment ?
J'eu très vite réponse à ma question... Je reconnu à peine la Naga qui vint me rendre visite à la Tour. Son regard semblait empli de passion... Mais vraiment, VRAIMENT, pas dans le bon sens du terme : à croire que tout ce qui se trouve dans un rayon de 3 mètres autour d'elle pendant plus de 3 secondes deviendrait son jouet... ou son repas... ou les deux...

- D'accord, je veux bien vous croire sur ce point

Je ne me fis pas prier pour sauter dans la voiture. Le technomage enfonça le turbo, afin d'agrandir au maximum la distance entre la Naga et nous deux. Une fois tirés d'affaires, je revenais à l'origine de ma venue :

- Dans ce cas, allons discuter à ma Tour, on devrait pouvoir être un peu plus au calme...

Enfin... au calme... avec Cookie, Nougatine, un sniffleur, un karamel et un kamitou...

- Oui, j'étais venu pour des enchantements, et aussi pour discuter sur un tout autre sujet. Mais nous aborderons ça une fois à destination.