Des cailloux partout !

Abysse me rejoignit assez rapidement à la fontaine, je la voyais admirer tout le travail que nous avions fait jusqu'alors, il ne restait plus aucun caillou à perte de vu, tout du moins dans ce parc, il en restait encore un. Le travail semblait encore très long.

Elle évoqua le fait que nous allions aller chez un certain "Meliel", afin de passer la nuit, je ne savais pas trop qui c'était mais je verrais bien, sûrement un de ses amis qui habite pas trop loin d'ici. Je la suivais à travers le parc, sans entamer la parole, jusqu'à arriver devant une maison luxueuse, si je pouvais dire un palais.

Bonsoir, je souhaiterais m'entretenir avec le Maitre de K'ien

Meliel était donc ... le Maître de K'ien ... Et moi qui pensait ne jamais rencontrer un Maître du Miroir dans ma vie, voilà que j'en rencontrais deux, dans la même journée, il n'y avait rien de plus impressionnant. Je semblais complètement abasourdie quand je vis un homme se diriger vers nous deux, pour nous ouvrir ses portes. Il était très grand, me dépassant de plusieurs têtes, tout était parfaitement blanc chez lui, que ce soit ses cheveux, ses dents, et même ses yeux, chose que je n'avais jamais vue. Mais en y regardant de plus près, il avait les yeux bleus mais d'une clarté absolue.

C'était donc lui, le Maître du Miroir K'ien, il prit immédiatement la parole et je remarqua immédiatement que quelque chose clochait, il parlait extrêmement vite et d'une manière enfantine, moi-même ne parlant plus comme ça depuis quelques temps maintenant, c'était quelqu'un d'étrange mais il paraissait très gentil et accueillant.

Bonjour ... monsieur Meliel, c'est bien ça ? Pour tout dire, nous venons de passer la journée à compter des cailloux, et je crois qu'Abysse voulait vous demandez l'asile. Enfin je sais pas trop, je crois qu'elle vous connaît, vous êtes sûrement son amie ... enfin peut-être ? Euuh, non mon...Meliel, on ne veut pas du tout voler vos gâteaux, seulement abuser un petit peu de votre hospitalité

Et voilà ce que causait le stress sur moi, je ne savais plus parler correctement, ne faisait que bégayer et me toucher nerveusement les cheveux pendant que je parlais

Abysse se retient de soupirer et de passer une main dépitée sur son visage qui restait impassible et poli. Meliel était... Mélial quoi. Elle retint un rire avec difficulté. Il fallait dire que le Maitre de K'ien était... spécial. Elle ne pouvait cependant pas se risquer de l'offenser en se moquant de ses manières.

Déglutissant pour faire passer le fou rire, elle pose une main sur l'épaule de l'enfant innocente. Enfant qui avait tôt fait d'expliquer rapidement la situation. Cette gamine était une petite secrétaire en devenir on dirait. Acquiesçant les dires de sa jeune protégée, Abysse pose à terre le sac à dos contenant les cailloux. Elle pose une main sur l'épaule de Thanille avant de sourire de plus belle.

Je vous en serais reconnaissante, dit-elle d'un ton calme.

Elle aimait bien Meliel malgré son attitude particulière. Tout comme elle aimait bien Nij. Il semblait que tous les Maitres de miroir aient cette chose en commun de tous être particuliers. Ils avaient tous un fort caractère et il en fallait pour diriger cette ville gigantesque.

Nous avons commencé à ramasser les cailloux dans le premier parc...

Sa phrase fut coupée par un gargouillement qui voulait dire bien des choses. Elle rougit doucement avant de reprendre.

Veuillez pardonner mon estomac... Quoi qu'il en soit, cette mission risque d'être l'affaire de plusieurs jours... Donc si nous pouvions abuser un peu de votre hospitalité pour quelques temps...

Les deux demoiselles avaient donc visiblement décidé de prendre part à la mission que j'avais proposée, moi qui pensais que jamais personne ne la ferai, me voilà bien surpris. Elles ont choisit de prendre des sacs afin d'y ranger les cailloux, voilà une idée intéressante mais tout de même compliquée.

- Ooooooh donc vous comptez les cailloux, c'est bien ! Cependant moi j'aurai pas fait avec un sac, mais bon... Parce-que après avoir ramassé, va falloir les replacer, non? Enfin c'est mieux quoi, vous allez pas laisser les parcs complètement vides, si? Ce serait pas très gentil ça...

Mais si elles étaient là, ce n'était pas vraiment pour me demander des conseils sur la façon de procéder mais plutôt afin de pouvoir prendre un peu de repos avant de repartir à la conquête des cailloux de K'ien.

- Entrez donc, faites comme chez vous ! Mais pas trop non plus hein, allez pas tout casser quoi... Je crois comprendre que vous avez faim, ne vous inquiétez pas, j'ai ce qu'il faut ! Michel ! Va prévenir Gertrude... Non... Gislaine... Non plus... Bon la cuisinière, va la prévenir ! On a des invités ce soir !

Le garde, toujours autant dépité par la manie du Maître à ne jamais se souvenir des prénoms, obtempéra tout de même et se dirigea en cuisine afin de prévenir tout le monde pour offrir un diner digne de ce nom aux invités.

- Allez suivez-moi, on va aller manger un bout et après je vous montre vos chambres !

Oui, monsieur, c'est nous qui sommes chargées de compter les cailloux dans votre palais. Euh attendez ... Vous entendez quoi par replacer les cailloux ? On est juste payer pour les compter, peut importe la manière dont nous le faisons, leur sort après ça n'est pas entre nos mains, et vous savez, vos parcs sont très beaux sans ces centaines de cailloux.

Et enfin, je me rendis compte de mon erreur, mon interlocuteur était l'un des membres les plus importants d'Entre-Monde et je venais de le contrarier dans son palais, alors que je n'étais qu'une simple inconnue, qui ne faisait que compter des cailloux pour subvenir à ses besoins.

Oops ! Excusez moi Monsieur Meliel, je ne voulais pas dire ça, vraiment pas, bien sûr que nous rangerons les cailloux une fois compter, l'utilisation des sacs n'est qu'une étape intermédiaire !

J'imaginais que Meliel était Maître du Miroir depuis longtemps, pourtant il ne paraissait même pas connaître les noms de ses gardes, et de tout le personnel travaillant à l'intérieur du palais, mais je n'allais pas lui faire la remarque, contrarier un Maître du Miroir était déjà assez dangereux, mais deux fois de suite dans la même journée, autant de pas réveiller la fureur du dragon, surtout qu'il était si gentil avec nous deux, qui étions de parfaites inconnues.

Vous êtes sûr, Monsieur Meliel, de vouloir partager la même table que nous, nous ne sommes pas importants, enfin je veux dire, je ne suis pas importante, Abysse est quand même Secrétaire d'un Maître du Miroir, et je ne veux pas vous importuné !

Instinctivement, Abysse attrapa la petite par les épaules. Elle connaissait le caractère particulier de K'ien et c'est ce qui ne la mettait pas totalement en confiance. Le Dieu était un grand gamin, littéralement. Fou, sûrement, il n'en demeurait pas moins une personne expérimentée de part ses années à la tête du miroir de K'ien.

Elle savait que Nij ne l'aimait guère. Après tout, il n'aimait guère les dieux en général. Cela pouvait être compréhensible lorsque l'on connaissait son histoire. Enfin, la véritable version parmi toutes celle qu'il se plaisait à raconter lorsqu'il tentait de séduire moult jeunes damoiselles. Cela ne dérangeait pas trop Abysse, mais il fallait reconnaitre qu'elle avait une pointe de jalousie lorsqu'il s'amusait à courtiser devant ses yeux. Les seules personnes qu'elle ne jalousait pas étaient Témari et Eva, les seules femmes clairement non intéressées par les charmes du moineau vert.

Guidant doucement l'enfant dans les entrailles du palais, elle laisse son regard vagabonder sur la décoration un peu particulière de l'endroit. Elle avait l'habitude de la rigueur et de la décoration traditionnelle du palais de Souen. A vrai dire, elle n'avait jamais réellement visité d'autres Res Publica avant celle là. Et ça n'était pas pour lui déplaire. On retrouvait aisément la folie du maitre des lieux dans ces décorations particulières. Suivant l'étrange personnage que constituait Meliel, elles arrivèrent dans une grande salle où trônait une grande table. Une folie de Maitres sûrement. Ils avaient tous cette lubie de la grande table.

Abysse n'avait toujours pas lâché Thanille qu'elle protégeait jalousement du loup qu'était Meliel. Un loup légèrement fou, mais un loup tout de même. On avait pas idée de laisser une enfant face à ce genre de personnage ! Déjà que face à Souen c'était limite... Elle frissonne avant de lacher à contre coeur la petite enfant. Elle s'installa à table et gratifia le Maitre d'un sourire chaleureux. Les impressions avant tout. Elle gardait cependant un oeil protecteur et maternel sur l'enfant.

Merci pour votre hospitalité, Meliel.