Attrape moi si tu peux

Nij trainait des pieds dans la bibliothèque. Abysse l'avait en quelque sorte viré de son bureau. Vous ne faites jamais rien, qu'elle lui répétait. Il grogne avant de passer devant Eva. Pour une fois, son regard ne se posa pas sur la jeune dame, non, il était trop agacé pour penser à aller lui courir après.
La tête dans les épaules, le Maitre laissa ses pas le guider au travars la bâtisse, montant des escaliers, tournant vaguement dans l'étage puis recommençant.

S'il y avait eu quelconque feu ou quelconque source d'eau, à n'en pas doutée qu'elle serait parti en fumée vu l'énervement du piaf. Enfumer la bibliothèque, voilà un défis bien amusant ! Cela redonne un semblant de sourire au Maitre qui le perd bien vite cependant. La frustration de ne rien faire mise à part glander dans son bureau et se faire enguirlander par son assistante était plus forte que tout. Il passe une main lasse sur son visage et entreprend de vérifier qu'il avait bien son sabre sur lui....

Après ces quelques vérifications, il s'atèle à monter au quatrième étage, étage qui lui était parfaitement inconnu comme le reste de la bibliothèque quoi. Après tout, il ne lisait pas tant que ça et n'avait jamais été un fervent fan de cette pratique longue et... dépourvue d'action. Un fois en haut il prend le temps de regarder autour de lui, ce qu'il n'avait pas fait pour les trois étages précédents. Une personne étrange attira son regard, son réfléchir, il se dirige vers cette étrange personne qu'il gratifie d'un salut de la tête comme s'ils étaient de vieux amis.

Carine senti l’odeur du Phénix vert avant qu’il ne se montre à la bibliothèque. La chaleur était telle que les portes étaient grandes ouvertes.

Je m’avouais facilement vexée qu’il passe devant moi sans l’un de ses saluts légendaires accompagnés de compliments qu’il ne pense pas le moins du monde. Ou bien, il les pense mais se garde pour lui-même les meilleurs.

Mais surtout, il m’arracha un sourire amusé car Nij’aku gravit automatiquement les étages de la bibliothèque… Ce qu’il n’avait encore jamais fait. Il devait, vraiment, être désespéré.

Au 4ème étage, un petit homme au long museau tordu attendait là. Il venait tous les jours, et durant chacun d’eux il commençait un nouvel ouvrage. Imyo avait lu plus qu’il n’en faut dans une vie rien que cette année. Il continuait cependant car il était devenu un habitué des lieux. De jour comme de nuit, l’étrange animal au poil dru et aux yeux noirs siégait à cette même place.

Il se leva de sa chaise lorsque Souen en personne le salua et pencha son museau bien bas pour le saluer en retour.

-Les ombres te portent, Souen. Y a-t-il un chemin que tu souhaites découvrir en particulier.

Il lui présenta un livre.

-Mais tu sembles surtout pris d’ennui sur une route stérile. Je te concède ma lecture, elle t’animera dans la lumière de la Lune.

Imyo parlait toujours pas énigme et son champs lexical s’ornait de nuit et d’étoile aussi souvent qu’il était pertinent. Mais le message était clair, un marque page dépassait de la couverture et sur ce bout de papier il y avait un chiffre, le prix, une contrainte qui consistait à trouver les titres et le visage d’un garçon dessiné au crayon de papier.

-Il y a bien longtemps que l’oiseau n’a pris la route de la chasse, dit-il pensivement. L’Entre-Monde regorge pourtant d’être fascinants et de souris maladroites.

Il eut un rire profond et gutturale, puis une toux secoua sa poitrine. L’étrange animal retourna s’assoir et se saisit d’un nouvel ouvrage posé devant lui.

La personne en question, qui s'avérait être un homme, lui retourne son salut avant de lui tendre un livre d'où dépassait un papie. Sans savoir pourquoi, le piaf, qui n'avait décidément aucune faculté de réflexion aujourd'hui, saisit le papier et se mit à lire. Un sourire franc et une rage son merci vint inonder son visage auparavant morose et déprimé. Aller chasser cet enfo*ré de Kaïl, quelle bonne et heureuse nouvelle ! Il était bien trop heureux d'aller poutrer cet emm*rdeur pour s'occuper de qui donnait la quête.

Sans dire mot, il rend le livre et s'apprête à partir s'équiper pour aller chasser du Moire. Lui dérober son carnet, c'est tout ce qui comptait pour l'empêcher de sévir. Mais d'abord, il fallait arriver à le pister et en ça, le Maitre n'avait aucune compétence. Il grogne doucement avant de décidé de s'adosser à un mur, le papier légèrement visible dans sa main, dans l'espoir qu'un chasseur expérimenté dans la traque ne vienne le débusquer. Traquer Kaïl seul, quelle mauvaise idée, même pour un esprit aussi faible et tordu que le sien.

Chasser du Kaïl pour enfin le mettre sous verrou, quelle joie ! Car il avait enfin un motif valable pour l'enfermer et le frapper de surcroît !

Ce jour-là, Saule s'ennuyait ferme. Habituellement, il y avait toujours quelqu'un pour lui demander un service en échange de quelques piécettes : délivrer des messages d'un quartier à un autre, rattraper un voleur de pommes dans la rue, apporter des paquets... Des boulots rageants, débilisants et humiliants, mais des boulots payants, qui lui permettaient de vivre. Mais ce jour-là, elle avait beau chercher, elle ne trouvait rien. C'était exaspérant.

Elle savait qu'à la bibliothèque, elle trouverait toujours une quête à accomplir. Seulement c'était autrement plus compliqué que de passer des messages... Plus rémunéré, aussi. Pour la première fois depuis longtemps, elle se décida à y aller. Il ne fallut pas longtemps avant qu'elle repère son homme.

S'il paraissait juvénile, le garçon avait cependant une allure mature dans les yeux qui laissait supposer qu'il était plus vieux qu'on ne l'aurait cru au premier abord. Bien évidemment, si elle s'était un tant soit peu intéressée à autre chose qu'elle-même et sa survie, Saule aurait peut-être eu une chance de reconnaître le maître de Souen... Au lieu de ça, elle ne vit qu'un garçon appuyé sur un mur, laissant dépasser un bout de papier. S'il paraissait nonchalant, Saule avait passé assez de temps à Entre-Monde pour savoir qu'il était, en fait, en recherche.

- Besoin d'un coup de main, garçon ?

Elle n'avait parlé que sous le coup de l'impulsion et de la faim, mais elle devina immédiatement que c'était en fait ce qu'elle voulait depuis le début : un peu d'action, quitte à se faire botter le derrière comme autrefois. Elle voulait avoir l'impression qu'elle était bonne à autre chose qu'à courir d'un bout à l'autre de la ville.

Le piaf vert lève un sourcil lorsqu'il croise le regard de ce guépard. Il savait que les Li étaient des animaux intelligents mais il n'aurait jamais imaginé croiser, littéralement, un animal dans une bibliothèque. Intrigué, il ne bouge pas, l'observant. Observant cette démarche féline. Son instinct d'oiseau, après tout, n'avait-il pas été façonné d'après cette image, s'affolait et lui hurlait de prendre son envol. Que neni, le Maitre reste impassible, main sur la garde de son sabre tout de même.

On ne savait jamais. Les Li avaient beau être des animaux intelligents, il n'en restaient pas moins des animaux et qui pouvait savoir ce qui se passait dans la tête d'une bête sauvage comme ça ? Se redressant, imposant ainsi toute sa hauteur, il continue de surveiller ce félin du coin de l'oeil. Cependant, il commençait à perdre patience. Personne, donc, ne souhait venir lui prêter main forte pour aller en coller une au môme le plus pénible de tout l'Entre-monde ? Pour une fois qu'il faisait son devoir de Maitre....

Nij soupire doucement puis sursaute un peu lorsqu'il entend une voix. Il mit un temps avant de comprendre que c'était le guépard qui avait parlé. Il hausse un sourcil et grogne. Garçon, lui ? Le Maitre de tout un peuple ? Le gardien d'un miroir ? Lui ? Un simple garçon ? Il était vrai que son physique pouvait porter à confusion. Cependant, de là à le traiter de garçon... Il ressemblait à un jeune homme dans la force de l'âge, sorti de l'adolescence depuis au moins deux ans. Il était grand, il était musclé, il était beau, il était Nij.

Le garçon est Maitre de miroir, dit-il froidement pour toute réponse, se retenant de dégainer son sabre pour mettre fin à la vie de cet impudent qui avait osé l'insulter.

Cependant, il laisse couler, non sans montrer son mécontentement. Oui, il avait besoin d'aide et quoi de mieux qu'un machin qui courait vite et avait de l'odorat ?

Si t'arrives à arracher le carnet du Moire et à le pister, oui, si non, dégage.

Toujours aussi froid, il montrait qui dirigeait ici. Déjà bien énervé, il n'allait pas se laisser marcher ainsi sur les pieds.

Maître de miroir. Saule ne s'attendait définitivement pas à ça. La tension était palpable, et elle pouvait sentir la colère retenue de celui qui, de toute évidence, n'était pas le simple jeune homme qu'il paraissait être. Son instinct sauvage lui criait de fuir : il était très probablement plus puissant qu'elle. Comme à peu près tout le monde, d'ailleurs. Cependant, le job qu'il lui proposait paraissait trop beau pour être vrai. Pister quelqu'un... C'était bien l'une des seules choses dont elle était capable dans ce corps de guépard.

Faisant taire son instinct, elle garda une expression froide. Elle ne devait pas lui montrer sa peur, elle de devait pas se laisser impressionner, ou le Maître de miroir irait chercher quelqu'un d'autre pour sa tâche, et Saule avait besoin de l'accomplir -ou du moins, d'essayer. Ce n'était plus une question de récompense à présent, mais d'estime de soi. Depuis trop longtemps, elle se sentait inutile, incapable de rien, et il était aujourd'hui temps que ça change.

- Oh, je t'ai vexé, hein ? Dit-elle, laissant échapper un ricanement qui, elle l'espérait, sonnait juste. L'un des avantages à être coincé dans un corps d'animal, c'est que les expressions se camouflaient plus facilement...

- Je sais pister, pour ça, fais-moi confiance. Quand à arracher le carnet une fois le Moire retrouvé, je ne doute pas que tu sois assez puissant pour le faire toi-même...

Saule avait entendu parler d'un Moire qui vivait à Entre-Monde. Elle avait entendu parler de ses... Exploits. Et elle n'avait aucune envie d'une confrontation directe avec lui tant qu'elle n'y serait pas obligée.

La main sur sa garde saisit le pommeau de son sabre, prêt à dégainer. Il hausse un sourcil et darde son regard sur le félin qui n'en finissait plus de l'insulter. Oh que l'envie de le tuer se faisait grande. Mais pour sûr qu'il risquait une forte amende et d'être destitué de son rôle s'il s'adonnait à une tuerie au sein de la bibliothèque. Xénon risquait, lui aussi, de lui tomber dessus. Il se ravise donc et lâche le pommeau, montrant tout de même son mécontentement face à ce félin.

Il soupire et passe une main sur son visage. Pourquoi tombait-il toujours sur des abr*tis qui ne respectaient même pas son rang ? Déjà Kaïl et maintenant ce... Li...
Bon... il fallait qu'il se calme. Ce guépard était son seul atout actuellement. Le moinal vert souffle un grand coup, se calmant du mieux qu'il pouvait.

Il faudrait que tu arrives à l'immobiliser. Sans ça, je ne pourrais pas lui ôter son carnet... A moins d'aller faire un tour en ville pour trouver quelque chose qui puisse le rendre impuissant...

Il laisse flotter un blanc avant de reprendre:

T'es pas équipée je suppose ? D'ailleurs, à ce propos, j'ai faillis oublier de me présenter dans les règles: Nij'Aku, Maitre de Souen, dit-il, fier de son titre, bombant le torse et regardant avec mépris ce félin minable.

Le Maitre grogne à nouveau devant l'effrontée qui se faisait appeler Saule. Il serre le poing, contenant sa colère et darde son regard orgueilleux sur le gros chat. Le vert profond de ses yeux devenaient froids au fur et à mesure qu'elle parlait. Dilapider son argent ? Et puis quoi encore ? Il lui faudrait un sérieux argument pour lui faire dépenser ne serait-ce qu'un centième de pims.

Il fronce les sourcils et pose à nouveau sa main sur le pommeau de l'épée. Deuxième corde sensible touchée en l'espace de trente secondes. A n'en pas douter que si elle continuait comme ça, il allait finir par la trucider, qu'importe le lieu. D'ailleurs, il ou elle ? Sa voix laissait à penser qu'il s'agissait d'une femme, enfin, d'une femelle, mais il n'était certain de rien... Soupirant longuement, il se pince l'arrête du nez avant de croiser les bras sur sa poitrine, dominant de toute sa hauteur le félin téméraire.

Hé bien, on peut trouver un arrangement, Saule, lâche-t-il dans le silence de l'endroit où il se trouvaient.

Il serre plus le poing, agacé par tout cela.

Je t'avances mais tu devras me rembourser sur ta prime de quête, et avec des intérêt, s'il te plait.

Ou alors, pensa-t-il un instant avant de s'arrêter. Ou alors il pouvait l'embaucher pour aller espionner les autres Maitres et les autres miroirs. Il pouvait se servir de ce félin comme d'un espion ou d'un émissaire. De la chair à canon... Mais il n'était sûr de rien, il fallait d'abord faire ses preuves...

Ou alors tu viens travailler pour moi et je fais sauter les intérêts. Mais il va falloir faire tes preuves, finit-il dans un sourire.

Puis vint l'épineuse question de Kaïl. Où trouver cet imbécile de gosse ? Comment mettre la main sur le garnement qu'il est ? Où peut-il bien se cacher ? Et là, aucune piste... Ou plutôt si, une seule piste: Magna. Ô qu'il n'aimait pas cet endroit répugnant... Nouveau soupire.

Magna, y paraitrait qu'il a été aperçu là bas... Mais bon, c'est pas le plus important, faut aller s'équiper et trouver avec quoi on va le chopper. Il est... futé, et cela lui faisait mal de le reconnaitre, mais sans son carnet, ce môme n'est rien.