Punch it - Deuxième Round !

Protections sur mesures : done.

Deuxième phase du plan, et pas la plus simple : ajouter le système de tir.
Après, ça relevera de ma magie et mon doigté. Pas simple non plus.

Les protections de la forge bien rangées dans mon sac sans fond, je poussais la porte du laboratoire. J'avais prévenu l'Ingénieur de ma demande, mais je n'avais pas eu de réponse très claire quant à une durée de manipulation.

Et surtout, il n'avait pas le truc sous la main. Installer un canon de Gauss dans des protections metalliques n'était peut être pas simple... Après, c'était un ingénieur non ? Je veux dire, piloter le Vandavel n'était pas simple pour les profanes, mais Sash' pouvait lui faire danser la gigue, si elle le voulait.

Me dirigeant vers le comptoir principal, je sortais mes nouvelles aquisitions et sonnais l'Ingénieur.

Si tout ce déroulait selon les plans, j'aurais une arme bien plus efficace que mon sniper en repartant. Sinon... J'aurais dépensé plus de 150PIMs pour rien.

Tant d'argent, et tant de promesses...

La sonnette retentit jusqu'au fond du magasin, je me redressais une caisse serrée contre le ventre dans les bras.

-J'arrive !

Le rayon était plein et les clients peu nombreux déambulaient dans les allées. Il n'y avait encore personne dans celle que je rangeais, malgré tout, je ne pouvais laisser trainer cette caisse au milieu du passage.
Nerveusement, je regardais autour de moi si un petit espace était libre pour la déposer le temps de revenir. Mais tout était rempli... C'est donc un peu rouge sous l'effort et une caisse toujours dans les bras que j'arrivais au niveau du comptoir principal.

-Navrée de vous avoir fait attendre !

Revoir le même client d'une boutique à l'autre me laissa une impression bizarre. Je lui souris en déposant mon paquet derrière la caisse.

Les temps étaient durs pour la Silnà, pour ne pas trop me faire remarquée je travaillais un peu partout dans le but de quitter Magna rapidement.

-Que puis-je faire pour vous ?

C’était la bouche ouverte, un regard étonné et une main posée sur mes protections qui trônaient désormais sur le comptoir que j’accueillais « l’Ingénieur ». C’était la même personne qui m’avait vendu mes armures, il n’y a même pas trois heures ! Elle me suivait, ou quoi ?
Ou alors elle avait une sœur jumelle. Ou on la clonait et en plaçait une dans chaque commerce. Comme dans ces hôpitaux pour bestioles du type de K’ouen qui venait d’un monde où ils vivaient de bastons d’animaux…

Je mis quelques instants avant de me remettre de ma surprise.


– Ah ! Oui ! Désolé, je ne m’attendais pas à vous revoir dans un autre commerce. C’est pour… Eh bien c’est pour ce que vous m’avez vendu à la forge.

Je sortais mes plans dessinés sur papier millimétrés de mon sac sans fond, mes stylos et une cartouche vide. Je déroulais mon plan représentant l’un de mes protège-bras, et tout en expliquant, pointait avec mon crayon sur le plan les différents endroits à modifier.

– Voilà, j’avais vu avec l’Ingénieur, je ne sais pas s’il vous a fait un topo, dans le doute, je vous reprécise : Je voudrais installer un système de projection électromagnétique sur les protections –vous comprenez pourquoi je les ai demandé en partie démontable- afin de tirer ces petites cartouches – j’illustrais mon propos en désignant la cartouche métallique vide qui était posée près des plans. Il faudrait aussi avoir une ouverture sur le côté intérieur pour permettre de réenclencher une munition quand celle chargée dans le canon aura été tirée.

Les différents canons de Cerclon avaient l’air de marcher au plasma, au railgun et à l’effet de Gauss. Une version portative de ce dernier était en théorie possible, mais était-ce faisable par l’Ingénieur, ou du moins la vendeuse clonée ? Je relevais les yeux de mon plan, les bras appuyés sur le comptoir, pouce sur les lèvres.

– Vous pensez que c’est faisable ?

Un rire gêné accueillit sa première exclamation.

-Je fais plusieurs petits boulots, c'est pour ça...

Après un paquet d'explications qui ne me dirent rien du tout, je le priais d'attendre.

-La technologie ce n'est pas mon truc, l'ingénieur a sûrement laissé une note pour vous. Vous voulez bien attendre quelques instants ?

La forge n'était pas si difficile avec un peu d'attention et de pratique, travailler à Ordae m'avait semblé aussi facile que de me rendre utile à citadelle. Mais le loyer qu'on exigeait de moi pour une petite chambre en ville s'avérait plus élevé que le salaire versé pour une petite intérimaire.
Je m'étais précipitée à Cerclon pour décrocher ce nouveau boulot. Cumuler ainsi les jobs étaient érintant et peu payant... Ce n'était que temporaire après tout.

Perdue dans mes pensées je manquais le cahier des charges en évidence sur le bureau... je le remarquais juste avant de quitter la pièce. Une chance car il contenait précisément les éléments de commande du technomage.

-Je crois que c'est cela.

Je retrouvais l'homme en caisse.

-Selon ses notes, tout est possible, mais il vous faudra revenir un autre jour pour récupérer votre matériel. L'ingénieur s'est absenté pour tout l'après-midi.

Je décrochais le duplicata d'un devis à la fin de la notice.

-Cet exemplaire est pour vous. Le prix est indiqué à la fin.

Balancer un foutra d’explications pour se voir recevoir un « La tech, c’est pas mon truc », ça avait un petit quelque chose d’épique et vexant. Enfin je pouvais la comprendre : C’était pas au premier intérimaire venu que je confierais mon labo. Surtout avec Sash’ qui rodait désormais dans les couloirs.
Je me demande si elle accepterait une nouvelle tête…

Je rangeais mes plans, mon crayon, mes notes et attendait patiemment. Elle s’y connaissait bien mieux que moi dans le domaine de l’électronique –enfin en théorie, donc si ma demande nécessitait des longues manips, je saurais attendre.


L’ingénieur étant absent, je fis un rapide résumé des choses qu’il me restait à aller chercher pour mon projet, et les gobelins m’avaient de toute façon demandé de récupérer une de leur commande dans un entrepôt de Cerclon. J’avais donc toute l’après-midi de libre, et peut-être même demain.

Sortant mon badge, je lui tendis en pliant le duplicata dans l’une de mes poches internes.

– Merci beaucoup pour les informations. Pourrez-vous demander à l’Ingénieur de me prévenir lorsque la commande sera terminée ? Toujours au noms de Corben Krayt.

Et bim, encore 100PIMs qui partent. Ces trucs-là contaient définitivement cher. Encore heureux que je n’aurais pas à payer l’enchantement…
Remerciant l’intérimaire, je récupérais mon badge, et après un dernier salut, sortait du magasin.



C’est quelques jours plus tard qu’une Naga quelque peu ronchonne- elle n’était pas garçon de course, bon sang – se présenta au Laboratoire, avec le duplicata de la facture et une sérieuse envie d’être ailleurs, pour récupérer la commande de son employeur.

C'est avec un certain a priori que je quittais le bureau, je souhaiterais continuer de me dissimuler derrière la vitre de surveillance. Mais la présence d’une cliente, aussi bizarre soit-elle, m’obligeait à quitter la sécurité de la petite salle.

Jusqu’à présent, je m’étais tenue à l’écart des bizarreries de l’Entre-Monde, sinon des codes vestimentaires venus d’outre-monde, rien d’aussi étranges ne m’avait sauté au visage de cette manière. Je me sentais maladroite derrière le petit comptoir. Mais surtout, je me sentais en danger.

Un sentiment superflu. Je remis le colis à cette femme consultant l’informatique pour lui demander si le paiement était passé dans le réseau.

Tout semblait en ordre, je pouvais ranger cette commande et tenter d’oublier ma première rencontre avec le surnaturel...