Corbeau et croco

Un prédateur, rien que ça ! Imaginant comment le crocodile réagirait à une boutade de ce genre, je me faisais petit et restais assez loin de l'animal que la marche n'avait pas mis dans de bonnes dispositions.

-Il s'agit de chimères loup et corbeau, ces deux animaux aussi sont des prédateurs.

Est-ce que cette version était plus sage que ma blague précédente ? Heureusement que je m'étais déjà éloigné, sous couvert de vouloir observer ce beau paysage...
Ce constat avait son utilité puisque nous pourrions les attirer en leur mettant sous le nez une charogne ou une proie quelconque qui saurait les faire saliver. Tout comme je pourrai attirer Morok en lui tendant le bras.

-Envoyons Nouvan !

J'étais très fier de mon idée.

-Tu sais te défendre en cas de pépin et tu fais un appât de choix.

Achetez-moi ma bonne viande !

Nan mais il est sérieux ?! Alors que je l’ai soutenu pendant toute l’aventure, le voilà qu’il veut me balancer en appat aux monstres ! Bon, j’avoue que le coup du village, c’était ptet pas la meilleure des tactiques, mais il fallait bien que je défende le groupe des envahisseurs… Bon alors, un crocodile et un aveugle … Je pense que je peux faire ma mission de repérage seul ! Désole Croco, mais tu marche pas assez vite !

- … Super, bon, je reviens dans une heure !

Et je disparaissais dans les fourrés, cherchant désespérément les volailles. A l’ouest … A l’ouest … Ce n’était pas une direction enchanteresse pour moi, c’était un mauvais présage dans mon pays. Alors que je courrais à travers les plaines et les champs, je rencontrai un attroupement de gobelins qui s’étaient agenouillées devant moi : ils devaient sûrement avoir peur que je lui cuise dans d’atroces souffrance, eux … mais aussi leurs maître.

Je continuais ma course, jusqu’à ce que je vis une ombre passer sur moi. Je me cachais derrière un arbre, en espérant ne pas m’être fait repérer. C’était eux : les Valravens. C’était des animaux étranges, ils avaient un air affreusement démoniaques et pour cause … Je les observais, et ils capturaient leurs proie … avec de la magie noire. C’était de subtiles bêtes qui semblaient avoir pris de l’intelligence entre temps. Ils étaient en vie, en troupe. Ils étaient peu nombreux.
Je me suis dis « je-suis-un-poisson, heureusement que je ne dois pas me battre contre des trucs comme ça », parce que franchement, j’aurais été dans la je-suis-un-poisson si je devais me battre contre ces trucs-là.

Je pris mon pistolet et visa le premier gros machin voler dans le ciel pour fuir, pendant qu’ils dévoraient leur seconde proie. Je repris le chemin inverse, toujours en courant, recroisant les gobelins.

Enfin, j’étais de retour ! Je voyait Morok se reposer et Azurée assis aux pied d’un arbre.

- Je suis là, les valravens sont bien en vie et franchement … J’aimerai pas croiser leur chemin. On rentre !

C’est pas tout, mais je dois faire d’autre sandwich moi …