Fusil sur mesure

Chasser les monstres pour proteger le pays, c'est bien. Y aller, comme disent une partie de la population d'un chamant petit village champètre connu pour sa poésie et son amour de la nature, "à poil", c'est des coups àfinir soit dans un estomac géant, soit entre les dents d'un matou immense -puis dans un estomac géant-, soit desseché sous le soleil du désert, soit... Bon enfin le tableau est vite fait.

Tout ça pour dire que j'avais envoyé une lettre à l'épicerie demandant un modèle spécial de fusil de chasse. Un fusil à lunette à verrou, dont l'intérieur de la chambre de tir,des mécanismes et du percuteur était d'un acier teint, je vous le donne en mille, d'un violet sombre. Ca m'éviterait de faire imploser l'arme en utilisant des munitions chargés de mon pouvoir...
Je quitais les immenses murs de Cerclon pour me diriger vers l'établissement que ma blonde préférée avec eu l'honneur de prendre en charge. J'achetais un bouquet de tulipes blanches en chemin pour me faire pardonner (d'avance) de mon absence pendant les prochains jours, et aussi accesoirement au cas où je ne reviendrais pas... Mais ça, je preferais ne pas trop y penser.

Je poussais la porte et me dirigeait vers le comptoir en m'annonçant. :

- Myra ? C'est moi, Corben. Je viens chercher mon "cadeau". Et j'en ai un pour toi, d'ailleurs

Un grand << Klong >> résonna de dessous le comptoir et je sursautais, laissant tomber mon bouquet. Ma blonde se relevait lentement, ses joues ayant pris cette teinte rosée si caractéristique. Elle tenait un long carton scellé.
Je l’observais légèrement inquiet. Mais elle semblait aller bien malgré son choc impressionnant avec le bois du meuble. Mon air soucieux se mua vite en sourire satisfait quand elle me tendit le paquet. Je levais un doigt pour lui dire d’attendre un peu et me baissait pour ramasser les fleurs.

- Echange de bons procédés. Pour la gêne occasionnée. Et en récompense de tes efforts. Et aussi pour te faire sourire…. Ça fait beaucoup pour un seul bouquet, remarque.

. Je la regardais déballer entièrement et déposait mon bouquet dans ses bras quand je l’échangeais avec le fusil. D’une main experte, je glissais la main sur le canon. Je saisissais la crosse et tirait sèchement sur le mécanisme du verrou. Le logement pour la balle se découvrit dans un claquement métallique sinistre. Je n’étais pas particulièrement admiratif de l’ingéniosité qu’avaient les espèces pour inventer des armes plus dangereuses les unes que les autres, mais c’était un cas de force majeure. Je fermais un œil pour regarder plus précisément l’intérieur de l’arme. A la lumière, un violet sombre luisait dans le mécanisme. Je refermais la chambre de tir et reposait le canon sur le comptoir.

- C’est parfait ! Merci beaucoup pour ça, Myra. Après réflexion, j’aurais aussi besoin d’une Gourde glacière, d’un Sac de voyage et d’un Harnais du baroudeur. Le désert va être brulant et il va me falloir quelques trucs avant de partir chasser ce gros chat.

Je lui adressais mon sourire le plus rassurant. Je m’aventurais dans quelque chose d’assez dangereux et j’espérais bien revenir entier. Jouer au poker avec un bras un moins, c’est pas top.

[HRP : C’est Dinu qu’elle paye ! Qu’est ce qu’elle est gentille et partageuse cette banquière…/irony]

Je laissais Myra disparaitre dans les tréfonds de la boutique, partie chercher mes autres achats. Seul pendant 5 minutes, je continuais à réfléchir aux utilités que j’aurais d’un truc pareil après la chasse. Invertir dans un titre de Guide ne serait peut-être pas une si mauvaise idée, vu que moi et la baston de front, c’était vraiment pas le grand amour. Au moins, en rôle de soutient, je pouvais essayer de faire mes preuves. Cela dit, je me demandais si les gens étaient capables de faire confiance dans un combat en un « artiste » de première classe…

J’en étais à ma troisième prise en main et test de quelques mouvements avec le fusil quand Myra réapparue, un peu contrariée. Un des objets avait du lui opposer de la résistance. Je reposais le fusil et bloquait ma tête sous mes mains croisées, le coudes sur le comptoir et lui lançais un(e tentative de) regard ravageur. Je lui souriais alors qu’elle m’annonçait le prix :

- Je peux réessayer de t’attendrir un peu pour avoir une promotion ?

Mon sourire s’effaça légèrement, peu après le sien, quand son regard se voila d’inquiétude. Je me redressais et passais une main sur sa joue, mon pouce jouant avec sa pommette.

- Je te jure que je reviendrais entier. Je ne te laisserais pas à nouveau être séparée de ceux que tu aimes. Je te le promets.

Je m’approchais de son visage et l’embrassait tendrement. Je rompais le contact et lui souriait, rassurant. Je fouillais mes poches et en sortait le badge qui me permettrait de payer mes « cadeaux ». Tout en lui tendant, je lui fis un clin d’œil, les épaules secoués d’un petit rire.

- Et puis, je sais bien que tu serais capable de me chasser jusqu’au Paradis pour venir me mettre des claques si j’avais imprudence de mourir.

Toujours souriant, j’attendais que Myra valide le badge avant de passer la sangle du fusil sur mon épaule, et de ranger tout mon nouvel attirail dans mon sac tout neuf. Pour réussir notre petite poursuite, j’allais devoir passer à Élantra. Je plongeais une dernière fois mon regard dans celui de Myra, serrait sa main dans la mienne en ajoutant « A dans quelques jours », et sortit. Ce n’est qu’une fois dehors que je soupirais, un air désabusé dessiné sur mon visage. Ne pas mourir ok, mais face à 15m de griffes, de crocs et de moustaches, j’aurais du mal à fanfaronner…