Un tressaillement amusant. [Pv. Neytiri.]

Neytiri se promenait, se baladait, ou plutôt se pommait... Elle était perdue et ses ailes étaient fatiguées. Depuis déjà quelques heures, elle cherchait un peu d'eau pour se rafraîchir. Lorsqu'elle trouva un étang à l'eau limpide, elle fut soulagée et retrouva sa forme humaine, prudente. Elle se pencha, tendit sa main. L'eau était fraîche. Ses deux mains griffues en coupe, elle but pendant de longues minutes, tout en se remémorant une leçon de son Maître.

''Comme à son habitude, le Maître était assis sur sa chaise inconfortable, Neytiri devant lui. Il tenait dans ses mains un verre de bois rempli d'eau. La jeune Dragonne ouvrit grand les yeux.
-Assieds-toi, lui dit le Maître avec gentillesse, toujours de sa voix douce.
Neytiri ne se fit pas prier et prit une autre chaise qu'elle amena juste en face du Maître. La leçon du jour paraissait intéressante, en fait ses leçons n'étaient jamais ennuyeuses. Toujours, elle avait soif d'apprendre.
-Je vais te parler d'un élément de la nature, commença le Maître, un élément très puissant. Comme tu le vois, c'est l'eau.
Elle hocha la tête.
-Cette eau, sais-tu à quoi sert-elle ?
La réponse de la jeune Dragonne fusa :
-Elle sert à vivre, parce que si on en boit pas, on meurt. Elle sert aussi à construire. Si on mélange du sable avec de l'eau, et avec autre chose aussi, on peut avoir une matière qui devient dure et qui est bien pour faire des maisons.
L'homme sourit.
-C'est juste, répondit-il. Mais elle sert aussi à autre chose. Je vais te raconter une histoire. C'était une jeune fille qui buvait à un ruisseau. Un jeune homme, qui se promenait par là, la vit et la trouva si belle qu'il resta sans voix. La jeune fille le vit et lui sourit. Le garçon s'approcha et lui prit les mains...''

Elle fut tirée de ses souvenirs par une voix. Elle lui demandait comment était l'eau. Plus précisément si elle était bonne. Elle se retourna brusquement et vit un homme d'âge mûr qui riait. Elle crut qu'il voulait l'attaquer et instinctivement se transforma. Des écailles percèrent sa peau, elle grandit jusqu'à atteindre deux mètres et-demi, des ailes membraneuses et immenses se déployèrent dans son dos, des griffes acérées, des crocs aiguisés, des cornes pointues.
Elle pensa que l'intrus aurait l'air moins amusé. Tant mieux. Elle n'aimait pas ce qu'il venait de faire. Neytiri avait bien horreur qu'on la fasse sursauter. C'était ce qui entraînait toujours une transformation incontrôlable et rapide. Elle était de nature défensive, mais, s'il le fallait, elle pouvait être très agressive.
D'ailleurs, cet homme n'était pas humain. Il en avait seulement l'apparence, ce n'était rien qu'à l'odeur. Elle se mêlait... à l'eau. Une odeur, presque indétectable, mais une odeur tout de même. C'était bien de l'eau. Qui qu'il soit, elle devait rester sur ses gardes, prête à lui envoyer son Feu de l'Ombre au moindre signe d’agressivité. Ou alors prendre ses ailes à son cou.

-Simple curiosité... Qu'es-tu, précisément, et d'où viens-tu ?

Avant qu'elle n'ait pu trucider l'insolent, un grognement attira son attention. Un ours, énorme. Complètement noir. Il se dressa sur ses pattes arrières. Neytiri ne broncha pas. L'animal grogna. Elle mesura sa taille ; environ 2 mètres, peut-être un peu moins. Facile !
Elle déploya ses ailes et se dressa sur ses pattes arrières. L'ours ne broncha pas nono plus, Au contraire, il s'approcha encore. Neytiri décida qu'elle en avait assez. Non, mais !
Elle ouvrit une gueule gigantesque et poussa un grognement croisé avec un hurlement, une sorte de rugissement. Na bête en eut froid dans le dos et commença à reculer. Mais il grognait toujours, montrant ses dents. Neytiri leva les yeux au ciel. A nouveau, elle ouvrit son immense gueule pleine de crocs aiguisés et cette fois-ci, ce qui en sortit ne fut non pas un rugissement, mais le Feu de l'Ombre. Sachant parfaitement le maîtriser, la fumée brûlante s'arrêta à quelques centimètres de l'animal, juste assez près pour lui roussir le museau. Il détala.
Elle regarda le sol. Complètement brûlé. Et zut ! Fichu prédateur ! Bon, retournons à notre affaire. Elle se tourna ers l'homme en disant :

-Tu veux quoi comme explication ? Je suis une Dragonne qui crache le Feu de l'Ombre, qui me vient de la Magie de l'Ombre ! Et je viens des contrées glaciales.

Idiot, imbécile, débile, sans cerveau, ignorant, agaçant, stressant, malotru étaient des mots qui avaient failli lui échapper. Quel logique ! Elle était une Dragonne,non, mais ! Fichus hum... Euh, oublions.
En signe, en plus de son ton dans ses paroles, d'agacement profond, elle grogna et montra les dents.

-Apprenez qu'engendrer la colère est le pire acte que tout être puisse commettre. Mon Maître m'a appris à la contrôler, mais, vous, vous êtes... un gros IMBÉCILE !

Elle souffla par les naseaux, en un bruit sourd, retentissant. Elle reconnaissait que son acte n'avait pas été très réfléchi, mais il avait dépassé les limites en se moquant d'elle. D'ailleurs, elle se demandait bien si un jour cette rage allait partir.

''-Tu sais, Neytiri, dit le Maître, tout à l'heure. A ce propos, que s'est-il passé ?
-Il m'a insultée parce que j'ai la peau violette et des yeux pas humains, grommela la jeune fille.
-Continue, ordonna le Maître d'un ton autoritaire.
-Je lui ai dit que je m'en fichais de ses moqueries mais il a continué.
Elle prit un temps de pause, soudain mal à l'aise. Le Maître, d'un seul regard, la convainquit de continuer.
-Il m'a dit que je n'étais qu'un monstre, fit-elle d'une voix étouffée par le chagrin. Je me suis avancée et je l'ai frappé.
L'homme soupira, bien conscient de ce qui s'était passé. Quoi d'autre, encore ? Pourquoi n'essayait-elle pas de s'élever en intelligence et de les ignorer ?
-Neytiri, dit-il d'une voix soudain très douce. Le fait que tu l'aies frappé est mal. Mais je dois aussi reconnaître que ses insultes étaient injustes. Dans ces cas-là, il est difficile de prendre la bonne décision. Moi-même, dans le passé, j'ai dû me creuser la tête à de nombreuses reprises pour trouver la solution.
Elle haussa les sourcils. Il continua :
-L'ignorance. Tu dois faire comme s'il n'existait pas. Et pour y parvenir, tu dois penser au plus profond de toi que ces insultes sont fausses, simplement là pour te provoquer.''

Elle baissa les yeux encore une fois sur l'homme qui la prenait pour une imbécile. Elle déploya ses ailes, les yeux tournés dorénavant vers le ciel. Grâce à une puissante poussée sur ses pattes arrières, elle s'envola au-dessus des arbres.
En son for intérieur, elle remercia le Maître de l'avoir cherchée, trouvée, élevée et peut-être aimée. Quand quelque chose l'arrêta dans son vol.

Un oiseau lui avait foncé dessus ! Quels idiots, ces volatiles ! S'il n'avait pas touché sa queue, élément primordial à son équilibre dans les airs, elle ne serait pas tombée comme un vulgaire oiseau assommé !
Alors, elle se sentit tomber, certaine que c'était la fin ; une corne allait se casser pendant sa chute, et elle en mourrait. Lorsqu'elle toucha le fond de l'eau, une immense vague se profila dans tout le point d'eau. Et le fond n'était pas bien loin de la surface. Elle réussit à remonter sa tête hors de l'eau. sa patte était brisée. Elle sentit une atroce douleur la prendre à son membre. Pour moins souffrir, elle réussit à se transformer en humaine. Mais la douleur était encore bien là, et, si elle avait été humaine, réellement, elle n'aurait pas souffert ainsi.
Dieu qu'elle avait mal ! Elle hurla puis sa tête s'immergea. Dans un dernier effort, parce que c'était sa jambe qu était cassée, elle remonta pour prendre une bouffée d'air. Et hurler encore. La situation dramatique dans laquelle elle se trouvait était insupportable ; la seule pensée qui lui vint à l'esprit fut : ''Foutu oiseau !''
Et ce fût le noir.

Lorsque Neytiri rêvait, c'était soit un cauchemar, soit un souvenir. Dans ce rêve, il faisait noir et froid. Soudain, une petite lumière perça, une lumière éclatante. Puis, elle vit une petite fissure qui s’agrandit, encore et encore. Elle tomba alors en avant et sentit un contact glacial. C'était tout blanc. Elle tenta de se lever et y parvint au bout d'une bonne heure. Épuisée, elle tendit devant elle un de ses membres ; c'était une chose violette, ou peut-être indigo, pleine d'écailles, à ce qu’elle voyait, avec des ongles pointus. Elle tourna sur elle-même pour voir la chose à son postérieur qu'elle pouvait bouger et qui, apparemment, lui permettait de tenir en équilibre. Au bout d'une heure d'observation de chaque parcelle de son corps, la petite créatures se mit à marcher difficilement dans ce qui était de la neige.
L'homme, perché sur une petite falaise, la vit.

Soudain, elle se réveilla.