Quand la guérisseuse a besoin de soins...

Précédemment
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Nous étions arrivés au Sanctuaire, je ne l'avais jamais lâchée mais j'étais inquiet, elle ne me parlait pas, et elle ne pouvait pas comprimer la plaie, elle perdait son sang! Pas bon, pas bon! J'arrivais enfin dans le hall, j'avais appelé du secours et rapidement on avait apporté un brancard pour l'y déposer, je ramenais ma main sur mon visage pour essuyer la sueur, je me couvrais alors de son sang. C'est alors que je sentis une main serrer la mienne et je baissais les yeux pour voir qu'elle m'avait agrippée, je me penchais alors près d'elle pendant qu'on lui plantait des aiguilles dans le bras, j'entendais alors qu'on parlait de la balle qui n'était pas sortie, je me tournais alors vers ce Katias

«Attendais, je vais vous dire où elle est exactement...»

C'était le truc tout con, mais ça pouvait leur faire gagner du temps. J'effleurais son épaule de ma main, et fermant les yeux une seconde, je me tournais de nouveau vers le médecin

«Précisément à 3,2 cm... elle s'est logée dans l'os je pense...»
- «Ok merci. Pince! Ne la bougez plus!»

Je serrais un peu plus la main d'Aliénor dans la mienne et je me penchais vers elle, elle semblait sur le point de perdre conscience

«Aliénor, je suis là... je... j'espère que tu m'entends, tiens bon, ok?»

Je voyais des aiguilles passer dans tous les sens, des produits qu'on lui administrait jusqu'à ce que ce Katias parvienne enfin à lui retirer la balle de l'épaule et déjà on lui appliquait un nombre impressionnant de compresses à l'odeur qui aurait fait tourner la tête de n'importe qui. On déplaçait le brancard jusqu'à une salle d'opération, était-ce vraiment nécessaire? Je suis pas médecin, mais au final, c'était une petite pièce et on commença à me demander d'attendre dehors, mais elle me tenait la main

«Hors de question que je la lâche! Filez moi un masque, une combinaison, je m'en fous mais je reste avec elle tant qu'elle ne me lâche pas!»
- «Mais elle est inconsciente là!»
- «Je m'en fous! Elle s'est évanouie en serrant ma main, et elle la tient toujours!»

Katias hocha simplement de la tête et j'entrais donc aussi dans la salle d'opération, on me colla effectivement un masque, probablement pour pas que je lui file des bactéries ou autres pendant qu'ils allaient la recoudre, mais je tenais à rester près d'elle. La plaie fut nettoyée, désinfectée avec pleins de produits que je ne connaissais pas, c'est alors que deux autres hommes entrèrent dans la salle, l'un des deux se précipita pour regarder la plaie

«Laissez, je vais refermer la plaie! »

Je reconnus Larawen, je m'écartais un peu pour ne pas gêner, tout en restant près d'elle, l'autre homme était le responsable du service de neurologie, et je ne savais pas ce qu'il venait faire là. Mais il vint placer ses deux mains de part et d'autre du visage d'Aliénor

«Je veux qu'on lui fasse un scanner complet, qu'est-ce qu'il s'est passé?» il s'était adressé à moi
«Je ne sais pas trop... apparemment, elle a suivi un homme, je sais juste qu'il était brun et qu'il portait un masque. Je doute qu'elle l'ait suivi de son plein gré! Lorsque j'ai trouvé le bâtiment où elle était, j'ai entendu un coup de feu et je l'ai trouvée étendue et attachée... je suis désolé... je...»

J'aurais du la protéger? Carrément oui! Désormais, plus question que je la quitte d'une semelle si elle doit être seule hors du sanctuaire! En attendant, Lucas semble prendre note de tout ce que je lui dis pendant que l'autre referme sa plaie... déjà je me sens un peu mieux, mais malheureusement, je me retrouve obligé de la lâcher.

Combien de temps me l'a t'on enlevée? Je ne sais pas... des minutes? des heures? Stéfanie vient finalement me voir en m'apportant un café

«Tu peux y aller... elle devrait bientôt se réveiller... tout va bien. Du moins physiquement.. on ne sait pas encore les conséquences que ça a pu avoir sur son esprit, mais heureusement tu as fait vite!»

Je prends le café en la remerciant avant de me lever, l'avaler presque d'une traite, me brûlant la langue et le palais, avant de grimper les marches et de suivre les indications de la jeune femme pour trouver sa chambre. Je suis toujours couvert de son sang, je ne m'en suis même pas rendu compte, j'en ai sur mon t-shirt et sur le front, je me suis juste lavé les mains. J'entre alors, prenant une profonde inspiration alors qu'elle est là... pâle, endormie. Je m'installe à côté d'elle, prenant un tabouret pour rester à ses côtés. Sa main est là, reposant par dessus le drap et je m'en saisis... je me sens tellement coupable... pourquoi n'est-elle pas venue me voir pour me demander de l'accompagner pendant son petit tour? Je pensais que... nous étions un peu amis? Mille et une questions m'envahissaient alors que je me demandais pourquoi je prenais cette histoire tellement à cœur. Je lui vouais une profonde admiration, mais est-ce que j'aurais vraiment réagi de la même manière si Maître Eönwe avait été blessé? Ou un autre Maître du Miroir? J'en sais rien... après, elle reste une femme, une très belle femme, c'est peut être pour ça que j'ai un peu plus envie de la protéger... en tout cas je suis là, à lui tenir sa main que j'ai posé contre mon front en fermant les yeux, les coudes appuyés sur le lit, me maudissant de ne pas avoir réussi à la protéger... et c'est qui ce type? Celui qui lui a tiré dessus? Pourquoi la ligoter, lui tirer dessus et se barrer? Ça rime à quoi tout ça?

"Aliénor?"

Cette voix qui transperça sa demi-inconscience, elle la connaissait, cependant, la jeune femme ne bougea pas et ne fit pas un geste. Là, où elle était s'était bien, très bien même, elle ne ressentait pas la douleur, sa douleur... Elle était bien mieux, au moins personne ne viendrait la voir, l'enleverrait et lui tirerait dessus. Mais la voix sembla insister.

"Je sais que tu m'entends, ton rythme cardiaque a changé, tu sais ce que cela signifie."

Oui... Peut être qu'elle savait, en attendant, elle ne voulait pas ouvrir les yeux, s'était comme ça... Des images lui revinrent en mémoire, celles de ce moment, celle de cet homme qui l'avait bien regardé en face avant d'appuyer sur la détente et toujours cette question: pourquoi? Elle ne se rendit même pas compte qu'elle s'était mise à pleurer de nouveau.

"Al'? Tu as encore mal? Je vais augmenter le débits de la pompe à morphine, mais j'aimerai te voir s'il te plait, j'aimerai que tu ouvres les yeux..."

Mal? C'était confus... Oui, peut être qu'elle avait mal, mais elle ne savait pas, mélange de choses, de sentiments, de douleurs, la sienne où celle des autres? Elle n'arrivait pas à poser ces pensées, tout tournait dans sa tête à une vitesse folle. Une mains se posa sur sa joue, suivis par un autre sur son bras:

"Bon... Je sais que tu m'entends alors écoute moi bien. La balle n'a heureusement pas fait de dégâts au niveau de tes tissus musculaire et osseux, tu as perdu beaucoup de sang, du coup, on t'a transfusé. Tu es sous morphine et j'ai de nouveau augmenté ta dose de médicament pour que tu puisses te rétablir sans perdre la tête avec la douleur des autres. Tu vas devoir resté un où deux jours ici Al', pour te reposer. Je sais que tu va pas le vouloir, mais je préfère m'assurer que tout va bien. Je vais prévenir un sanctuaris... Repose toi, je repasserai plus tard."

La directrice sentit qu'on lui essuyait la joue et c'est là qu'elle réalisa qu'elle pleurait. Mais elle ne bougea pas et un léger soupir s'échappa des lèvres de l'homme qu'elle identifia enfin comme Lucas. Nouvelle pression sur son bras alors qu'elle pouvait entendre le bruit de ces pas décliner et la porte de sa chambre se refermer. Le silence tomba sur la pièce et toujours à demi-consciente, les yeux clos, Aliénor s'enfonça dans cette semi-inconscience, ne voulant plus rouvrir les yeux de peur que...

Une autre porte qui s'ouvre, un soupir, le bruit d'un tabouret et...

... Cette odeur... Cette pression sur sa main, cette présence qu'elle sentait et qu'elle reconnut. Quelque chose de différent que celle d'Eö, plus rassurante que celle de Wergeld et c'est sans doute ce qui la décida à ouvrir précautionneusement les yeux et elle reconnut sans peine cet homme qui était venu jusqu'à elle, qui l'avait retrouvé.

"Dol..."

Sa voix se brisa, mélange de peur qui s'exprime, de douleur qu'elle ressentait quand même et tout ce qu'elle put faire c'est juste serrer un peu plus cette main, comme si elle ne voulait pas qu'il la lâche...

Assis à côté d'elle, je gardais sa main sur mon front, j'avais l'impression d'avoir de la fièvre, mais je pense que c'est juste une fatigue morale après tout ça. De ce que j'ai compris, l'homme qui lui a tiré dessus savait parfaitement ce qu'il faisait, aucun point vital n'a été touché, et l'artère sectionnée n'est pas non plus des plus importantes, aussi elle ne se serait pas vidée de son sang, juste suffisamment pour s'évanouir tout au plus. Mais cet assassin ne savait probablement pas qui elle était, pas qu'elle était malade, pas qu'elle était fragile et que cette simple balle, aussi bien placée soit-elle, pouvait faire beaucoup plus de dégâts que chez quelqu'un d'autre!

Il semblerait que cet homme soit un professionnel, quelqu'un que l'on aurait engagé pour ça? Pour la tuer? Non pas pour la tuer, sinon il l'aurait fait, juste pour l'enlever? Est-ce qu'il m'a entendu arriver et que c'est pour ça qu'il est parti? Est-ce qu'il comptait rester en fait et lui infliger autre chose? Est-ce que j'aurai un jour les réponses à ces questions? J'en sais rien. En tout cas, je gardais sa main contre mon front jusqu'à ce que j'entende un souffle, un murmure et que sa main resserre son étreinte sur la mienne... j'ouvrais alors les yeux pour la regarder

«Hey...» je ne criais pas, lui souriant doucement en libérant ma main droite pour qu'elle ne conserve que la gauche dans la sienne, et je venais alors caresser un peu ses cheveux... est-ce que je devais déjà appeler une infirmière? Je me dis qu'elle a besoin de repos là, je vais attendre un peu, elle n'aura surement pas envie de voir de nouveau la frénésie des médecins autour d'elle «Aliénor... tout va bien, tu es au Sanctuaire, là...»

Machinalement, je caressais encore ses cheveux blancs, j'essayais de ne pas trop montrer mon inquiétude à son égard pour qu'elle se sente simplement bien et j'essaie de réfléchir, est-ce que je me suis blessé en cours de route? Non, par contre, j'ai un peu mal aux jambes et aux bras, j'espère qu'elle ne va pas trop le sentir

«Ne parle pas trop... je suis là, il faut que tu te reposes... tout va bien..» ou pas. Je suis sur que des gens comme Maître Ulsarys ou Maître Neythen lui diraient que si jamais ils mettent la main sur ce type, ils lui feront passer un sale quart d'heure, mais moi... même si je sais me battre, je doute de pouvoir rivaliser face à un professionnel. Il faudra que j'en parle à Maître Eönwe, après tout, Cerclon a lancé une mission pour retrouver celui qui a tenté d'assassiner Ken et K'ien, alors pourquoi ne pas demander une mission pour retrouver celui qui a voulu s'en prendre à elle? Ce serait logique non?

Je serrais un peu plus sa main dans la mienne, inconscient qu'elle pourrait avoir peur en voyant le sang séché sur mon front... bon c'est pas non plus une mare de sang, juste une trace provoquée par le dos de ma main lorsque j'ai voulu essuyer la sueur sur ma tempe, mais quand même... je ne voudrais pas l'inquiéter d'avantage. En tout cas pour le moment, je la regardais, elle semblait si faible, mais au moins elle était réveillée, et je préférais la laisser encore un peu au calme avant de rameuter la cavalerie, mais au cas où...

«Est-ce que.... tu veux que j'appelle un médecin?»

Non, qu'il n'appelle personne, qu'on lui fiche juste la paix, qu'on la laisse, qu'on l’oubli... Elle ne voulait pas d'autres personne ici et elle secoua négativement la tête en guise de réponse alors qu'elle fermait les yeux, profitant de cette caresse qu'il prodiguait à ces cheveux.
Personne n'avait agit comme ça avec elle depuis des mois, les gestes d'affection d'Eö s'exprimait différemment et ce geste lui rappela cruellement qu'elle n'avait personne vers qui se tourner quand elle n'était pas bien, personne pour profiter d'une étreinte tendre où d'un simple geste... Non elle était seule, elle affrontait seule et même si elle était entourée, avec des ami(e)s plus où moins proche, elle était malgré tout seule...

Tout va bien, essayait-il de la rassurer? Sans doute, elle vit son regard et y lu en effet ces traces d'inquiétudes, pas de la pitié, pas quelque chose de feint où de forcer, non, cela sembla réellement vrai et sincère. De nouvelles larmes roulèrent sur ces joues sans qu'elle ne cherche à les essuyer.
Oui, elle avait eu la peur de sa vie, elle ne comprenait pas, pleins de choses se bousculaient en elle, mais concrètement, là, elle n'arrivait à rien de bien cohérent. Un léger soupir s'échappa de ces lèvres.

"J'ai cru que..."

La jeune femme se racla la gorge, sa voix était légèrement enrouée, elle fit un geste et grimaça, la douleur était là malgré la morphine, une douleur que rien ne pourrait enlevé puisque s'était la sienne... Elle serra encore la main de Dolhan et termina sa phrase:

"... Personne ne viendrait."

Parce qu'elle était seule, parce que personne à part sa secrétaire l'avait vu partir, et puis... Et puis elle ne pouvait pas non plus imaginer que... Vraiment elle avait du mal à comprendre alors que la silhouette de l'homme masqué se dessinait encore dans sa mémoire, tenant son arme face a elle, la menaçant. La directrice du Sanctuaire cru même un moment encore sentir le canon au creux de son dos et elle se raidit tout en secouant la tête de droite à gauche, les larmes roulant encore sur ces joues:

"Je ne comprend rien..."

Elle avait souffler ces mots, oui elle comprenait pas grand chose à tout ça, parce qu'elle avait clairement du mal à trouver une personne qui pouvait lui en vouloir à ce point... A moins qu'elle ait du mal à penser tout simplement, c'était aussi une hypothèse vu qu'elle se sentait encore droguée comme pas possible...

"J'veux rentrer chez moi..."

Chez elle, là bas personne ne viendrait la menacer, la kidnapper, elle s'y enfermerait et y resterait...

Je m'attendais à beaucoup de choses, je pensais qu'elle avait eu peur de mourir, qu'elle avait mal, mais au final, elle semblait... avoir eu peur d'être seule. Je me relevais alors, sa perfusion était de l'autre côté du lit, aussi je m'essayais carrément sur le lit, elle tenait toujours ma main gauche dans la sienne et ramenait mon bras droit par dessus ses épaules pour l'aider à se redresser afin qu'elle se blottisse contre moi

«Ça va aller... je suis là. J'étais inquiet que tu ne reviennes pas et je suis parti à ta recherche... je suis désolé, j'aurais du te chercher plus tôt... pardonne moi...» j'étais en fait un peu allongé sur le lit à vrai dire, car je ne voulais pas qu'elle se relève trop, sa tête s'appuyait donc plutôt dans le creux de mon épaule et je pouvais alors sentir ses cheveux. Je fermais les paupières avec force, me maudissant de ne pas l'avoir cherchée plus tôt... dès qu'elle avait disparu de mon champ de vision, j'aurais du aller voir où elle se trouvait, mais... j'ai tellement peur que ma présence à ses côtés, même en temps qu'ami lui cause du tort! À cause de ce torchon du canard boiteux, on lui prête déjà des liaisons avec bon nombre d'hommes importants, pas la peine de rajouter un minable vigile.

Je caresse sa main de mon pouce, mon cœur bat particulièrement vite dans mon torse à cause de la culpabilité, aussi elle doit pouvoir l'entendre dans la position dans laquelle nous sommes. Je suis dans une position un peu inconfortable, une jambe sur le lit le long de son corps, l'autre sur le sol pour me maintenir, mais je m'en fous

«Je suis désolé Aliénor. Je ne comprends pas non plus qu'on puisse te vouloir du mal. Si je le pouvais, je te ramènerais chez toi, là, maintenant, tout de suite et je resterais pour te protéger aussi longtemps qu'il le faudra pour que tu te sentes en sécurité...»

Je fermai de nouveau les yeux en déposant un baiser dans ses cheveux, ne sachant pas trop si elle saurait ce que venais de faire, je pouvais simplement s'appuyer un peu sur elle

«Mais je ne suis pas médecin, je ne sais pas à quel point ta blessure est grave et s'il faut que tu restes à l'hôpital ou non... je ne veux plus que tu sois en danger...»

Je se sentais tellement inutile. Elle était là, malheureuse en pensant que personne ne viendrait la sauver. Oui, j'étais arrivé, mais trop tard! Je pris finalement une profonde inspiration avant de décoller un peu mon visage de ses cheveux, fixant un point devant moi en la berçant doucement de mon bras pour la rassurer

«P... pourquoi tu ne m'as pas demandé de t'accompagner pour ta visite dans le parc? Je... je sais que tu avais besoin d'être un peu seule mais... à l'avenir, laisse moi venir. Je ne resterai pas forcément avec toi si tu ne veux pas mais... laisse moi au moins être dans les parages, d'accord?»

Je ne sais pas si elle sera d'accord, et je n'aimerais pas recevoir l'ordre de la part de Maître Eönwe de la surveiller sans son accord... je préférerais qu'elle me le demande, c'est sûr.. je me réfugie de nouveau dans ses cheveux, elle a un parfum à la fois enivrant, malgré le mélange de la morphine et autres médicaments, mais je trouve quand même une touche florale. Je crois que je dois arrêter de me mentir à moi-même, je tiens un peu plus à elle que je ne le devrais... pas grave, après tout, ça me permettra de la protéger encore mieux jusqu'à ce qu'elle trouve celui qu'elle choisira pour prendre la relève...

Sans rien dire elle se blottit contre lui, se fichant bien de sa perfusion, mais ne bougeant pas le bras de son épaule blessée. Elle leva l'autre et s'accrocha simplement à lui, comme si sa présence devenait la seule chose de sûr et de réel. Elle se retrouva là, contre ce torse, sentant et ressentant cet chaleur, reconnaissant ce parfum et, en fermant les yeux, elle se prit à se demander, quand était-ce la dernière fois qu'on l'avait ainsi prise dans une étreinte...
Son poing se serra contre le tissu du vêtement de Dolhan et elle pleura... De véritable sanglot incontrôlable, témoin d'une peur sans nom qu'elle avait ressentit. Peur de mourir seule, dans ce vieil immeuble désaffecté, sans que personne ne le sache.
Elle avait plus que peur, ce qu'elle ressentait était bien au-delà de tout ce qu'elle pourrait jamais exprimé et elle se blottit d'elle même contre lui, recherchant sa chaleur, cette étreinte qu'il lui offrait simplement, sans rien attendre en retour.

"J'ai eu si peur..."

Oui si peur... Dans le parc, puis quand il lui avait dit de s'attaché, et quand il lui avait transmis le message qu'elle ne comprenait toujours pas.

"Je comprends rien... Dis moi que c'est un cauchemar... Juste un cauchemar..."

Qu'elle allait se réveiller dans son lit à Northrives, réalisant qu'en réalité rien de tout ça ne s'était passé, qu'on ne lui avait pas tiré dessus, qu'elle ne se retrouvait pas encore une fois de plus ici, dans cette chambre qu'elle avait quitté pourtant récemment.
Elle avait mal, oui... Les médicaments faisait effet certes mais la douleur qu'elle ressentait était tout autre que la douleur physique, tout ce mélangeait, tout était si confus...
Elle poussa un soupir, réaliser tout ça ne serait pas si simple et les derniers mots de Dolhan sonnèrent étrangement à ces oreilles. Il s'inquiétait pour elle? Vraiment?

"Je ne veux pas déranger, tu as déjà beaucoup de travail."

Son coeur battait, fort, elle l'entendait et ce son étrangement l'apaisait... Il s'inquiétait pour elle, il semblait concerné et s'était différent, bien différent de tout ce qu'elle pouvait avoir vécu et sentit chez les autres jusqu'à présent.

"Je veux vraiment rentrer chez moi, j't'en pris, ramène moi chez moi, me laisse pas, mais ramène moi."

C'était confus mais l'essentiel était là, oui, elle voulait réellement rentrer chez elle, elle ne se sentait pas bien ici, pas en sécurité...

Qu'est-ce que je pouvais bien lui dire? Je sentais sa peur, mais je ne savais pas exactement de quoi... j'essayais de resserrer mon étreinte sur elle, on a dit que le gars qui lui avait tiré dessus avait parfaitement bien chois l'impact, sa vie n'est pas en danger, du moins pas d'un point de vue physique, et je pense que si on la garde, c'est surtout pour ces histoires de scanners et puis pour la douleur aussi... mais...

«Si je te ramène chez toi, tu feras comment pour les médicaments? Tu vas avoir mal! Je... je ne peux pas te laisser souffrir...»

En gros, elle me demande de choisir entre la laisser souffrir physiquement ou psychologiquement là! Je prends une profonde inspiration, respirant son parfum une fois de plus, je la sens trembler, mon t-shirt est désormais humide de ses larmes et ça me fend le cœur, je ne peux pas la laisser comme ça. Je pourrais aller chercher un médecin pour qu'il me dise ce dont elle a besoin si elle doit sortir, mais elle ne veut pas que je la laisse non plus... Je ferme les paupières un peu plus difficilement, partagé entre ce que je peux faire, et ce que je dois faire...

C'est alors qu'on frappe doucement à la porte et qu'une infirmière entre en écarquillant les yeux de surprise... Aliénor est toujours blottie contre moi et je ramène seulement mon doigt devant mes lèvres pour ne pas qu'elle crie et qu'elle s'approche.

«Dame Mireamwen souhaiterait rentrer chez elle...» ma voix n'est qu'un murmure, et je tourne alors les yeux vers la perfusion et l'infirmière ne semble pas trop comprendre «Pourriez-vous prévenir un médecin afin qu'il fasse tout ce qu'il faut pour sa sortie? S'il vous plait?»

Comme ça, pas besoin de bouger au moins... Elle sembla figée quelques secondes puis finalement elle sortit, et je croisais les doigts pour que tout se passe bien. Nous étions de nouveau seul, et je la berçais encore un peu, réfléchissant du mieux que je pouvais sur la manière de la faire rentrer chez elle... je sais où elle habite, elle me l'a dit une fois et depuis, je suis allé jusque chez elle sans jamais y entrer, juste pour voir sa maison. Finalement, ce fut Lucas qui vint là, et lorsqu'il nous vit, il sourit doucement. Un jour, il m'a dit que j'avais gagné quelque chose de précieux, et j'espère qu'il comprendra que je ne veux pas trahir cela

«Bonjour... Lucas il me semble? Dame Mireamwen souhaiterait rentrer chez elle.»
- «Hum... je ne pense pas que ce soit une bonne idée...»

Je me redressais alors, je ne voulais pas qu'Aliénor me lâche, malgré tout, je fronçais les sourcils

«Un jour, vous m'avez dit qu'elle m'avait offert un cadeau précieux, qu'elle ne donnait pas son amitié à n'importe qui! S'il vous plait! Elle va bien... donnez-moi juste de quoi lui faire passer la douleur! Et laissez la rentrer!»

Ma voix était à la fois calme, mais légèrement suppliante. Je n'avais aucun pouvoir pour le forcer à la laisser rentrer chez elle... mais j'espère qu'il me ferait suffisamment confiance pour savoir que je prendrai vraiment soin d'elle désormais...

"Il n'est pas question uniquement de cela Mr Aulendil..."

Le chef de service jeta un nouveau coup d'oeil à la silhouette blottit contre celui qui était le vigile des urgence, un nouveau sourire, très léger passa sur ces lèvres avant qu'il ne s'approche du lit. Doucement il y prit place et posa une main sur l'épaule de celle qui était sa patiente.
Oui s'était pas si simple. Il aurait pu signer son bon de sortie, sauf qu'elle avait perdu pas mal de sang et que la perfusion était une transfusion pour que son corps récupère un peu de ce liquide vitale. Et puis il voulait la surveiller aussi, le traitement avait été légèrement augmenté de nouveau, certes pas comme la dernière fois où elle était restée plusieurs jours, mais suffisamment pour qu'elle puisse récupérer sans sentir la douleur qui l'entourait.
Il voulut la redresser, mais il ne put pas, car elle se réfugia de plus belle dans l'étreinte qu'elle partageait avec Dolhan, sans vouloir s'en défaire visiblement.

"Tu es guérisseuse Aliénor, tu vas alors comprendre ce que je vais te dire."

Autant jouer carte sur table. Il la vit enfouir son visage dans le haut du jeune homme qui la tenait toujours et quand elle souffla de nouveau sa requête, Lucas se dit que ça n'allait pas être gagné:

"Je m'en fiche, je veux rentrer chez moi, je ne veux pas rester ici.
- Aliénor, tu as perdu pas mal de sang. Tu as une perfusion qui doit au moins resté jusqu'à ce soir. De plus, même si Lawaren a refermé tes chairs, tu as subis un traumatisme que ce soit physique où psychologique. Je ne peux pas te faire sortir dans cet état.
- SI tu peux...
- Al' soit raisonnable, c'est le même schéma que quand tu ne veux pas faire sortir Wergeld parce qu'il doit d'abords se rétablir...
- Sauf qu'il finit toujours par sortir sans mon avis...
- Et c'est pas une référence. Soit raisonnable, je veux pouvoir te surveiller ma grande."

Lucas la vit légèrement tourner la tête vers lui et le regard qu'il croisa n'avait rien de semblable avec celui qu'il connaissait d'ordinaire. Oui elle avait l'air d'avoir peur, d'être fatiguée aussi, ça se voyait... Elle ne semblait pas vouloir rester là et ça, Lucas le devina encore plus, il essaya alors de sortir sa dernière carte:

"Je ne veux pas que tu ressentes plus ce que tu dois. On en a déjà parlé Aliénor, tu sais ce qu'il en retourne. Tu es neurologiquement fragile même si tu ne veux pas le reconnaître. Cette faculté t'épuise plus qu'elle...
- Mais il y a les médicaments! Ils l'endorment et j'en prenais encore, alors qu'est-ce que ça..."

Elle grimaça et Lucas se redressa légèrement. Elle resta dans la chaleur de l'étreinte de Dolhan et porta une main à sa blessure. Sa douleur oui, mais avec en fond, celle qu'elle pouvait ressentir quotidiennement, celle qui l'entourait. Mais...
Les médicaments?... Pour le coup, c'est une vague de peur supplémentaire qui l'envahit, parce qu'elle avait été si tranquille ces derniers temps, oui elle savait que s'était grâce à ces produit chimique, qu'ils auraient forcément leur limite mais...
Elle referma les yeux et là, au rythme des battements du coeur de Dolhan, elle soupira:

"Je peux signer une décharge.
-Ali...
- Non Lucas, tu comprends pas. Je veux rentrer chez moi, là où je serai en sécurité!"

Pour le coup, ce fut clair pour le praticien, elle ne se sentait plus en sécurité ici, quoi de plus normal? Il hésita quelques instants, il ne pouvait pas aller à l'encontre de la volonté d'un patient, surtout qu'il savait très bien qu'elle sortirait quand même, même si il le refusait.

"Bien..."

A contre coeur, et ça Aliénor le perçut nettement, il prononça ces quelques mots, avant de vriller son regard sur Dolhan:

"Je vais m'en occuper, mais vous allez devoir jouer les infirmiers Mr Aulendil."

Là, dans les bras de cet homme, entouré de ce parfum qui l’apaisait, la directrice du sanctuaire poussa un léger soupir de soulagement. Elle ferma les yeux, une nouvelle fois et n'ajouta rien, les pressions qu'elle effectuait avec son bras valide sur le torse de Dolhan témoignait qu'elle ne voulait en rien partir.

"Je suis pas non plus à l'article de la mort hein.
- Aliénor, je suis sérieux.
- Moi aussi..."

Le praticien leva les yeux au ciel et secoua la tête en se dirigeant vers la porte de la chambre:

"Eönwë va me massacrer."

Elle ne répondit rien, parce que ça servait pas à grand chose en fait, elle soupira et s'adressa à Dolhan:

"Tu as peut être autre chose à faire que de me surveiller et de rester avec moi, j'veux pas t'accaparer..."

Et tout en prononçant ces mots, elle se blottit encore un peu contre ce torse. Non elle voulait pas qu'il parte, elle voulait qu'il reste là, qu'il lui parle, qu'il l'apaise, qu'il lui fasse oublier ce cauchemar...

Une fois de plus, je me retrouvais totalement impuissant dans cette situation. Je ne pouvais pas aller à l'encontre de ce que disait le médecin - d'autant que je n'y comprenait plus rien, on m'avait dit qu'elle n'avait pas perdu tant de sang que ça parce que la balle avait évité les artères importantes - mais je préférais ne rien dire, posant ma main sur cette d'Aliénor qui s'agrippait à moi pour la rassurer du mieux que je pouvais, oui j'étais là, et non je n'allais pas partir.

Finalement, Luca céda, un peu normal en soit, c'est qu'elle avait des arguments. Lorsqu'il me désigna comme son infirmier, je hochais rapidement de la tête

«Dites moi tout ce que je devrai faire, et je le ferai. Aucun problème.»

Nouvel échange entre les deux guérisseurs et il sortit alors que la jeune femme se blottissait un peu plus contre moi, et manifesta son inquiétude

«Honnêtement, si Maître Eönwe doit massacrer Lucas qui te laisse sortir, je doute qu'il fasse de même pour moi qui vais jouer les infirmiers!»

Je lui souriais avant de déposer un nouveau baiser dans ses cheveux - merde cette fois elle va bien se rendre compte du geste, tant pis

«Tu peux m'accaparer. Mon boulot consiste à être un complément de la sécurité du Sanctuaire, une présence plus rassurante que les simples appareils de Cerclon... parfois, les gens sont plus rassurés de voir celui qui les protège plutôt qu'une caméra de surveillance... c'est tout.»

Et ça s'était vérifié. je n'avais pas énormément de travail, mais je le faisais toujours avec assiduité. Seulement, j'avais remarqué ces derniers temps que Maître Eönwe m'envoyait souvent aux alentours de la chambre de la guérisseuse, probablement qu'il avait compris aussi qu'il valait mieux une présence humaine à la sécurité de la jeune femme. Une fois de plus, je fermai les yeux, j'avais en partie échoué. Même si je l'avais retrouvée plus ou moins à temps, j'aurais du être plus efficace et ne pas la lâcher d'une semelle

«Ne t'inquiète pas pour moi. Je m'arrangerai avec Maître Eönwe plus tard. Pour l'instant, je veux m'occuper un peu de toi... je ne suis pas sur d'être aussi efficace qu'un médecin, mais je ferai de mon mieux en tout cas...»

Mais je n'arrivais vraiment pas à me débarrasser de ce sentiment de culpabilité. Est-ce que je me sentais mal juste parce que je n'avais pas bien fait mon boulot ou parce qu'elle avait été sérieusement blessée? Je n'arrivais pas trop à le déterminer, même si je commençais bien à comprendre que je m'en voulais un peu trop pour que ce ne soit que professionnel

«De toute manière, c'est ma faute, j'aurais du te protéger. Ça fait quand partie de mes fonctions non? Tu es la Directrice...» je m'arrêtais alors, et je posais ma main sur la sienne qui était posée sur mon torse, je ne voulais pas que... «Pardon. Je ne veux pas que tu crois que j'agis ainsi juste parce que tu es la Directrice de l'établissement...» un voile un peu triste passait sur mon visage alors que je ramenais mon visage dans ses cheveux «Mais disons que du point de vue de Maitre Eönwe au moins, ce sera un bon argument... il n'a pas à savoir pourquoi je tiens tant à veiller sur toi»

Je me mordis alors la lèvre de honte d'avoir sorti un truc pareil jusqu'à me rappeler qu'elle allait le sentir et mes dents lâchèrent rapidement leur prise avant que je ne rougisse comme un taré. Lucas finit par revenir avec une petite valise

«Écoutez moi bien, Dolhan. Il y a un nécessaire à transfusion de secours là dedans. Aliénor saura très bien vous indiquer comment l'installer chez elle. Une fois que vous serez là bas, même si elle râle, vous me promettez de la caler dans un fauteuil ou dans son lit pour le lui installer?»

Va falloir que je me batte avec elle en plus? Un soupir quitte mes lèvres, mais c'est pour son bien

«Promis.»

Ce fut au tour de Lucas de soupirer alors qu'il s'approchait de la jeune femme pour retirer cette perfusion, prenant un petit coton pour enlever un peu le sang provoqué par la seringue et lui coller un pansement. Puis il ouvrit l'armoire et en sortit manteau et chaussure

«J'ai fait venir une voiture pour l'emmener, je vais chercher un fauteuil roulant»
- «Pas la peine, je la porterai...»

De toute manière, elle n'est pas partie pour me lâcher apparemment. Maintenant qu'elle est libre de la perfusion, Lucas lui tend le fameux papier, la «décharge» surement, même si j'ai jamais trop su ce que c'était. Peut être un document certifiant que c'est bien le patient qui veut se casser? Bref, ça ne me regarde pas trop, puis on l'aide à mettre au moins un manteau - même si elle ne peut pas enfiler l'une des manches - et ses chaussures avant que je ne m'avance pour lui sourire

«Allez hop! Dans mes bras!»

J'espérais la rassurer un peu, mais Lucas me tendit d'abord une serviette un peu humide

«Épongez vous le front, vous avez un peu de sang...»

Ah merde! Je prends rapidement la serviette et cherche un semblant de miroir - autrement dit la fenêtre - pour m'essuyer, puis je hoche la tête en rougissant. Je reviens finalement vers elle pour la soulever délicatement. Puis nous sortons de la chambre, Luca sur nos talons avec la fameuse valise. La voiture est là, genre limousine - et ben - au moins, je peux carrément m'y installer en la gardant encore sur mes genoux... Lucas dépose la valise et me lance encore mille et une recommandations - à moi et à Aliénor - avant de fermer la porte pour que nous puissions partir pour Northrives.

Je me tournais alors vers elle, pour savoir si elle voulait rester ainsi sur mes genoux ou s'installer plus confortablement sur les sièges

«Et bien voilà, on est en route pour Northrives... ça va? Comment tu te sens?»

J'espérais qu'elle allait un peu mieux déjà...

Spoiler:

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Quand la guérisseuse a besoin de soins...

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