De si infimes conséquences... [PV Dolhan]

Assise sur un fauteuil, Aliénor regardait par la fenêtre de sa chambre. Elle n'avait pas vu la lumière du jour depuis plus de quinze jours et cela commençait à faire long. Mais elle s'était pliée sans rechigné à la batterie d'examens qu'on avait voulu lui faire faire, pour s'assurer que tout allait bien.
Elle avait dû menacée Eönwë de tout les maux possible et inimaginable pour qu'il accepte d'enfin quitter son chevet pour s'occuper d'une part de lui, et puis de ces diverses tâches bien entendu. Cependant, l'elfe lui avait promis qu'il repasserait midi et soir afin de ne pas la laisser seule ce qui l'avait fait sourire.

La directrice du Sanctuaire des Braves était encore pâle, le manque de lumière et de soleil devait y jouer beaucoup, elle se sentait moins fatiguée, elle sentait que quelque chose était différent en elle à présent, mais sans savoir réellement ce que s'était. Elle avait eut du mal à comprendre exactement ce qui s'était passé, un enchaînement de choses visiblement et cela avait pris une dimension extrême lors de sa visite à Ez.

Ez... Rien que de penser à lui, elle sentait en elle des regrets, de la honte et surtout une immense douleur. Était-elle aller trop loin? Surement, car il était tout sauf un lâche. Elle avait commencé à lui écrire, mais... Elle s'en était arrêtée à trois pages complète, ignorant si elle devait continué. Parce que... Surement qu'il ne lirait pas, où alors il lirait mais sans vraiment le faire réellement. Elle l’appréciait énormément, surement plus que ce qu'elle pourrait jamais dire avec de simple mot. Mais comment le lui faire comprendre? Surtout avec leur dernière entrevue et leurs conséquences...
Un soupir s'échappa de ces lèvres alors qu'elle baissait la tête. Ces yeux rencontrèrent la une du journal qui était posé sur ces genoux. Un oiseaux de feu parcourait encore le ciel d'Entre Monde. Cette oiseau qui s'était libéré quand il avait accomplis leur quête en Montagne et qui depuis virevoltait sans vouloir s'arrêter...
Et les conséquences du Conseil des Maîtres ainsi que de cette rupture de canalisation. Elle ne connaissait pas Gwendal, mais Eönwë, elle savait qu'il pouvait être très extrême lors de certaines prise de position.

On frappa à sa porte et une infirmière entra dans la pièce, Aliénor commençait à la connaitre, s'était celle qui s'occupait d'elle depuis son réveil, elle la salua, et vint poser sur une petite table, située près d'elle, un petit gobelet contenant quelques médicaments. Sans rien dire, Aliénor saisit le verre d'eau que lui tendit l'infirmière et avala ces quelques comprimés, censés la remettre en forme.
Aucun mot ne fut échangé, juste un sourire et un signe de tête en guise de merci. L’infirmière repartit assez rapidement, la laissant de nouveau seule.
Elle n'avait pas encore vu Lucas de la journée, ce qui était étrange vu qu'il passait au moins trois fois par jour, et le matin, elle avait passé une IRM pour qu'ils voient l'état de son cerveau ce à quoi elle avait répondu avec le sourire: "Un peu plus où un peu moins fêlée, ça changera plus grand chose à mon stade."

Et c'est donc, assise là, sur ce fauteuil, vêtue d'un pyjama beige en satin qu'Eönwë lui avait ramené ainsi que quelques autres affaires de chez elle, les cheveux noués en une tresse retombant le long de son côté. Elle était encore bien pâle mais dans ces yeux, brillait quelque chose qui depuis longtemps n'avait plus briller. Une sensation d'être reposée.

Bien sûr, elle les sentaient encore, mais les médicaments endormait sa douleur, ce qu'elle avait rapidement constaté et signalé d'ailleurs et donc, depuis son réveil, elle prenait ces cachets qui la calmait, sans pour autant l'abrutir.
Sur deux des meubles présent dans sa chambre, deux bouquets de fleurs, des lys et des roses blanches, deux expéditeurs anonyme, ce qui avait bien fait rire Eönwë quand il l'avait appris.
Et puis, les différentes visites qu'elle avait, de son personnel venant prendre de ces nouvelles où des quelques connaissances qu'elle s'était faite ponctuait ces journées.

Cependant, l'envie de sortir était bien présent, retourner à une vie normale et reprendre ces activités...

Elle poussa un léger soupir et posa le journal sur la table et se releva. Par la fenêtre, elle pouvait voir la place principale des Fumeroles, le train et sa station non loin et ce vendeur de glace qui lui faisait terriblement envie, non loin de l'entrée principale de l'hôpital...
Tiens, et si elle allait un peu marcher dans les couloirs? Enfin, on lui avait pas interdit cela non?

Un léger sourire espiègle ce dessina sur ces lèvres, peut être qu'elle allait même pouvoir sortir un peu et aller voir ce vendeur? Se dirigeant vers l'armoire où ces affaires avaient été rangés, elle saisit un gilet qu'elle enfila, puis une légère paire de ballerine. Une fois enfilé, elle se dirigea vers la table et prit son bloc note, là, elle écrivit:

"Envie de prendre un peu l'air, pas d'inquiétude, je sors pas de l'enceinte de l'hôpital!"

Elle mit bien en évidence le mot et se promit de prévenir le bureau des infirmière de sa petite balade. Puis, elle se dirigea vers son lit, s'y assit et entreprit de libéré ces cheveux, saisissant sa brosse, elle les coiffa, et quand on frappa à sa porte, elle se trouvait donc à démêlés ces cheveux ondulés par la tresse et qui retombait bien plus bas que la chute de ces reins...

"Oui?"

Ce fut ce qu'elle dit, voyant qu'on entrait pas...

Cela faisait maintenant plusieurs jours que je travaillais là. Je n'y étais pas tous les jours non plus, mais je gardais toujours mon téléphone sur moi pour le cas où il y ait une urgence: une bagarre ou simplement des patients un peu trop violents à maîtriser. J'avais d'ailleurs gagné encore un peu en muscle en allant m'entraîner à une salle de Tern, pour le cas où, même si je n'espérais pas ressembler un jour à un bodybuilder.

J'avais entendu dire que la Directrice était réveillée, j'avais préféré ne pas aller la voir, d'un autre côté, je n'étais qu'un simple employé, vigile de l'hôpital et même si le Maître de Kan m'avait suggéré d'aller la rencontrer pour lui parler de mon emploi récemment, j'avais estimé qu'il était inutile de la déranger en pleine convalescence. Le ciel était bien dégagé aujourd'hui et je ne portait pas de veste, juste un t-shirt beige un peu moulant mais sans plus, un pantalon en jean' gris foncé et mes habituelles bottes militaires. J'avais pris un bouquet de jonquilles, je me disais qu'elles rappelaient le soleil qu'elle ne devait pas voir souvent en ce moment et aussi, elles n'ont pas un parfum trop fort pour ne pas risquer de lui donner mal à la tête. Car oui, aujourd'hui j'avais décidé d'aller la voir.

Je m'étais assuré le matin même de ne pas avoir la moindre blessure, j'avais pris mille précautions pour me raser pour ne pas me couper, chacun de mes gestes avait été soigneusement calculé pour ne pas prendre le risque de me cogner ou autre, je ne voulais absolument ressentir aucune douleur avant de la rencontrer. Son don lui avait causé suffisamment de tort comme ça, je ne veux pas lui causer d'avantage de mal. J'étais même allé voir un kiné la veille pour m'assurer de ne pas avoir mal aux articulations, j'étais en pleine forme.

Sauf peut être que j'angoissais à mort. Pourquoi? J'allais quand même rencontrer la Directrice non? Et on ne peut pas dire que ce soit juste une simple femme. Je me retrouve devant sa porte, alors récapitulons «Bonjour, Dolhan Aulendil, je suis le nouveau vigile du Sanctuaire. Je faisais juste une petite patrouille dans les couloirs pour m'assurer que tout allait bien et je me suis dit que je pouvais peut être venir me présenter à vous comme me l'a suggéré Maître Eönwe?»

C'est horriblement cliché, mais je vois pas trop comment justifier ma présence en fait. Ça fait combien de temps déjà que je suis devant la porte? Une infirmière passe et le rouge me monte aux joues alors qu'elle me fait un léger sourire charmeur - ah euh oui enfin mauvaise pioche je suis pas là pour ça! En fait j'en sais rien elle me draguait ou se fichait de moi là? Bref on s'en fout.

Je prends une profonde inspiration et finit par frapper à la porte. Je finis par entendre un «Oui?» doux au travers du bois et me décidais enfin à ouvrir la porte, laissant seulement ma tête et le bouquet de fleurs passer dans un premier temps jusqu'à la voir. La vache! Elle est encore plus belle que je ne le pensais.

Je rougis légèrement mais entre prudemment, m'assurant une fois de plus de ne pas me cogner ou autre afin qu'elle ne ressente pas la moindre douleur venant de moi. Je m'approche et lui souris, je crois que je reprends un peu confiance en moi maintenant que je la vois enfin et je lui tends le bouquet

«Bonjour.. Dolhan Aulendil. Je suis le nouveau vigile du Sanctuaire... tenez c'est pour vous, je me suis dit qu'elles vous apporteraient un peu de soleil en attendant que vous puissiez quitter cette chambre»

Oui je sais, y'avait d'autres choses que je devais lui dire par rapport à Eönwe tout ça, mais là pour l'instant en fait... je m'en fiche, il y a plus important

«Comment vous sentez vous?»

Je baisse alors les yeux pour constater qu'elle porte des chaussures, puis je remonte doucement pour repérer le gilet par-dessus son pyjama beige. Je n'avais jamais vu une femme être belle dans un pyjama... faut croire qu'il y a un début à tout

«Vous vous apprêtiez à sortir?»

Oups! Ça ne me regarde pas, mais au moins, mon regard est simplement doux et souriant, je ne pense pas manifester d'inquiétude et j'espère qu'elle ne pensera pas que je suis du genre à lui dire de rester là bien sagement. Je pense au contraire que ce serait une bonne idée de prendre un peu d'air frais. Je me tourne donc vers la fenêtre

«C'est vrai qu'il fait bon. Y'a même un marchand de glaces dehors!!»

Oui, j'avoue, c'est un peu une invitation, j'espère qu'elle ne le prendra pas mal, et puis bon... qu'est-ce que je risque? Elle va quand même pas me virer pour lui avoir apporté des fleurs ou lui proposer de l'accompagner pour faire un tour non? D'autant que je suis sur qu'Eönwe serait heureux de savoir qu'elle n'aura pas été seule pendant son escapade... j'ai été garde du corps après tout, mais ça, elle ne le sait pas... normalement

Elle ne fit pas un geste, mais un sourire passa sur son visage, surtout quand elle remarqua qu'il faisait visiblement attention de ne pas se cogner où s'infliger de douleur. Ah bas visiblement il était bien au courant de sa particularité. Se relevant, Aliénor posa sa brosse et mit ces cheveux en arrière, histoire de ne pas être gêné par ces derniers.
Quand elle vit la tête derrière le bouquet, elle ne put s'empêcher d'avoir un petit rire et quand la silhouette entre et se présenta, elle n'eut aucun mal à ce souvenir de qui il était.
Elle n'était pas totalement restée inactive, deux fois par semaine, elle s'occupait depuis son réveil, des affaires urgentes touchant le Sanctuaire, avec l'aide de ces deux secrétaires, ainsi, elle avait vu qui Eönwë avait embauché.
Elle fit quelques pas et tendit la main pour saisir le bouquet de jonquilles et baissant la tête vers les fleur, elle en respira le doux parfums qui lui rappela les rives de Northrives.

"Merci."

Ce fut son premier mot, suivit d'un autre sourire. Un vase était vide sur un des petit meuble, elle s'en approcha et plaça les fleurs dedans, avant de se rendre dans la petite salle de bain pour mettre de l'eau dans ce dernier, afin que les fleurs ne meurent pas trop vite.
Quand elle revint, elle posa le vase sur sa table de nuit et dû se rasseoir, légèrement fatiguée. Bon, il allait falloir qu'elle fasse gaffe si elle ne voulait pas ce voir finir allongée de force contrainte au sommeil car ayant fait trop d'activité. On l'avait prévenu, temps qu'elle n'aurait pas récupéré physiquement, ça allait être dur. Pourtant, d'habitude s'était moins long...

Mais ça n'avait pas été comme d'habitude là...

Secouant la tête et la relevant, elle porta son regard violet sur la silhouette, tiens, un camarade aux oreilles pointues, comme Eönwë. Un elfe donc... Et assez bien bâti de surcroît et... Assez mignon et... Se fichant une claque mentale, Aliénor eut un autre petit sourire:

"Aliénor Mireamwen, inutile que je me présente, je crois que vous me connaissez, merci pour les fleurs."

Au moins, elle savait de qui elles étaient celles là. Lui apporter un peu de soleil, l'expression lui plu.

"Mieux, mais visiblement j'ai besoin de repos et de reprendre des forces."

C'était étrange pour elle que de voir une personne qui lui était inconnu lui demander si ça allait mieux. Était-ce feint où calculé? Allez savoir... Elle prit le partit de ne pas y songer et quand il lui demanda si elle s’apprêtait à partir, elle vit là une occasion inespéré de faire une petite balade, du moins, si il voulait bien lui tenir compagnie...

"Et bien en fait, je voulais fugué mais je me suis dis que vu mon état, je serai bien vite rattrapé par certaines personnes avant même que je ne puisse passer les portes de cet étage."

Un petit sourire espiègle se dessina sur ces lèvres alors qu'elle plaçait une de ces mèches de cheveux derrière son oreille, sortir oui... Voir le soleil... Mais ça aux Fumeroles s'était pas trop possible.

"Seriez vous partant pour m'aider à m'évader? Ce vendeur me fait de l'oeil et me nargue avec ces glaces et j'avoue avoir besoin de sortir un peu du cadre de cette chambre."

Profiter du fait de ne quasiment rien ressentir, juste profiter d'un instant, sans rien, sans chichi... Mais elle reconnaissait aussi ces faiblesses, seules, pas sûr qu'elle y parvienne:

"J'aurai juste besoin de votre bras, je ne suis pas encore sûr de moi."

Étrangement, elle n'avait pas peur, elle ne le craignait pas, en même temps, elle donnait sa confiance très facilement et là... Le bouquet avait aidé...

Je restais étrangement à proximité de la porte, après tout, je ne voulais pas la déranger plus que de raison, j'étais juste passé prendre de ses nouvelles. Elle s'activait déjà à vouloir mettre les fleurs dans un vase, je grimaçais légèrement, je suis un idiot, j'aurai du lui proposer de le faire.

Ah ben voilà! Gagné! La voilà déjà fatiguée... je me retiens de ne pas me foutre une baffe, ce serait comme si je lui en mettais une. Je m'approche l'air un peu gêné et désolé, mais visiblement elle ne l'est pas et me regarde en souriant. C'est alors qu'elle m'annonce qu'elle voulait fuguer et qu'elle aurait besoin de mon aide

«Que je vous aide à vous évader?»

J'avoue que je dois avoir une tête un peu effarée, mais après tout, je me dis que ça ne peut que lui faire du bien. Je lui souris alors pour m'approcher d'elle et me baisser simplement pour la prendre par la taille et l'aider à se relever. Je lui tends mon autre main pour qu'elle puisse la saisir, elle est légère, au pire des cas si elle ne peut vraiment plus marcher, je la porterai

«À votre service Madame.»

Bon ben au moins je ne me suis pas pris un vent, c'est déjà ça. Je l'aide simplement à marcher à mes côtés jusqu'à la porte, et de là je lui ouvre et m'assure que personne ne nous voit. Bah de toute manière, je doute que quelqu'un puisse dire quoi que ce soit dans la mesure où je suis avec elle. Je prends mon temps, prenant toujours maintes précautions pour ne pas me cogner

«Attention à la poignée de la porte, ne vous faites pas mal...»

Je doute qu'elle ait besoin de bleus supplémentaires. On traverse alors le couloir, je la sens assez pressée de quitter cet endroit mais en même temps prudente pour ne pas se fatiguer trop vite. Je resserre un peu mon étreinte juste au cas où, prenant soin de ne pas lui faire mal tout de même, je baisse un peu la tête pour lui murmurer à l'oreille

«J'ai été garde du corps par le passé, si on nous pose des questions, je dirai juste que j'ai été engagé pour assurer votre sécurité, j'espère que ça vous dérange pas?»

Je lui lance un petit clin d'œil amusé avant de poursuivre, gagnant le hall, certaines infirmières nous ont regardé d'un drôle d'air, d'autres semblaient moqueuses et je crois que l'une a voulu appeler la sécurité puisque mon bip a sonné. Je m'étais arrêté pour regarder et j'avais levé les yeux vers elle d'un air amusé et ses yeux avaient paru totalement déboussolés

«Pas de panique, ce n'est pas un kidnapping! Je l'amène juste prendre un peu l'air. Nous ne quitterons pas l'enceinte du Sanctuaire!»

J'ai pas trop compris ce qu'elle a dit par la suite, puisque nous avons pris la direction de la cour et que je devais me retenir de rire. Et j'avoue qu'une fois dehors, je n'arrivais plus à me retenir, je du lâcher la main de la Directrice pour mettre mon poing devant ma bouche le temps de contenir mon fou rire, puis je me tournais vers elle, je crois que j'en ai presque eu les larmes aux yeux

«Excusez moi, mais je me demande si vous n'êtes pas encore plus surveillée et protégée que tous les Maîtres réunis!»

Nous nous dirigeons enfin vers le marchand de glace, fouillant dans ma poche pour sortir ma carte de paiement, je me tourne vers la jeune femme dont les cheveux blancs semblent pris d'un nouvel éclat maintenant à l'extérieur, je suis sur qu'ils doivent être encore plus beaux sous le soleil

«Vous voulez quel parfum? Choisissez ce que vous voulez!»

C'est bon, j'ai déjà eu un acompte sur ma paye! Je peux quand même lui offrir une glace non?

Elle s'était laissée faire, c'était bien la première fois que quelqu'un, hormis Eönwë qui allait jusqu'à lui couper sa viande pour pas qu'elle se fatigue, faisait attention a elle et l'entourait de mille précaution. Pour le coup, la jeune femme se demandait si elle devait être flattée où exaspérée par ces manies de la considéré comme une poupée de porcelaine sur le point de se briser...
Mais elle devait reconnaître qu'elle était de porcelaine et peut être pas sur le point de se briser, mais suffisamment pour susciter l'inquiétude des gens qui l'aimait.
Les mot de Hilde lui revinrent en mémoire alors qu'ils marchaient dans le couloir, elle était passée devant le bureau des infirmières et pour le coup, avait totalement zappé de les prévenir qu'elle allait juste se dégourdir les jambes. Elle fut tiré de ces pensées par les mots murmuré à son oreille et bien involontairement, un rire s'échappa de ces lèvres, un rire calme, posé qui reflétait qu'elle était dans un sens, mieux que ce qu'elle avait été, car oui, ces fou-rires étaient rares à entendre.
Le pire fut sans doute quand ils passèrent aux Urgences, quand il prononça ces mots face à une Stéfanie incrédule et d'autres infirmières perplexes de la voir debout et marchant de surcroît.

Bientôt, ils se retrouvèrent dans la cours de l'hôpital qu'ils traversèrent après qu'il ait éclaté de rire à son tour face à ce qui venait de se passer. Surveiller, pour sur qu'elle l'était et à parier qu'Eönwë avait du donner des ordres, allez savoir si les autres ne s'en était pas charger aussi.
Elle leva les yeux au ciel et répondit:

"Il faut croire. Mais c'est surtout leurs intérêt qu'ils défendent, je suis leur directrice et donc celle qui paie leur salaire, imaginez si il m'arrivait quelque chose!"

Cela avait été dit avec une petite ironie avant qu'elle n'ajoute:

"Je soupçonne fortement Eönwë et Lucas de trop vouloir me surveiller."

En s'approchant du marchand de glace, les yeux de la directrice du Sanctuaire des Braves se mirent à pétiller. Rien que de penser qu'elle allait bientôt en savourer une... Limite elle salivait déjà! Cela allait lui changer de cette nourriture infecte qu'elle commençait à rechigner à manger tellement elle en pouvait plus.
Elle releva les yeux sur Dolhan quand ce dernier sortit sa carte de paiement et lui demanda de choisir. Quelle gourde, elle avait pas pris son sac avec son argent. Pour le coup, elle se sentait confuse:

"Je suis désolée, dans ma précipitation j'ai oublié mon sac..."

Elle eut un petit sourire désolée, confus même. Elle ne désirait pas profiter de la situation et puis ils ne se connaissaient même pas en plus. Son regard en dit long et quand elle tourna la tête, ce fut pour voir ces parfum conservés, ces notes de couleurs qui lui faisait tant envie:

"Tant pis, ce sera pour une prochaine fois! La goyave avait l'air délicieuse!"

Elle avisa un petit banc non loin du marchand, lâchant le bras de son "kidnappeur", elle se dirigea doucement vers lui et s'y assit, levant la tête vers... Le plafond des galeries des Fumeroles comme si la lumière qu'il offrait était la source la plus bénéfique de chaleur.

"Je me demande quel temps il fait à la surface."

Elle prit une inspiration, secoua la tête et croisa les bras, avant de reporter ces yeux violet sur la silhouette de l'homme:

"Alors, comme ça vous avez été garde du corps?"

J'avais du louper un épisode, car elle semblait vouloir une glace mais avait oublié son sac. Euh... elle n'a pas vu que j'ai sorti ma carte? Je la regarde alors s'éloigner et la suit doucement, je préfère la laisser marcher tout en restant malgré tout à proximité, je sais que certaines femmes, et en particulier celles qui sont suffisamment fortes pour gérer un établissement comme le Sanctuaire des Braves, n'aiment pas avoir l'impression d'être en sucre.

Mais là c'est bon, elle est bien installée sur un banc, je reste debout face à elle, la regardant d'un air perplexe jusqu'à ce qu'elle demande le temps qu'il fait à la surface

«Il fait beau aujourd'hui. Je viens de Tern et ce matin il n'y avait presque pas de nuages...»

Je souriais peu, plongeant mon regard dans ses prunelles mauves alors qu'elle semblait s'intéresser à moi et me poser des questions. Je soupire un peu et fais un léger sourire en coin

«Oui, j'ai été garde du corps, mais là, vous m'excuserez, j'ai quelque chose à faire, ne bougez pas d'accord? Je n'en ai pas pour longtemps»

Je retournais donc vers le marchand de glace et lui demandais un pot avec deux boules de glace à la goyave, ne sachant pas si elle est allergique à quoi que ce soit, je préfère ne rien lui prendre d'autre et moi je me prend un pot avec une boule de chocolat et une boule de menthe. Si elle en veut, elle se servira! Je paie pendant que le marchand met une cuiller dans chaque pot, je me dépêche de ranger ma carte et je reviens vers elle avant de lui tendre celui avec le parfum qui semblait lui faire envie

«Si la goyave a l'air si délicieuse, c'est dommage de ne pas y goûter! Et puis, si vous tenez tellement à me rembourser, n'oubliez pas que c'est vous qui faites les paies! Vous l'avez dit vous même!»

J'éclate de rire à nouveau avant de m'assoir à côté d'elle et de plonger ma cuiller pile poil au milieu, en fait, j'aime bien mélanger le chocolat et la menthe, c'est frais et doux sous la langue. Je fais instinctivement attention de ne pas mordre trop vite dans la glace, pas envie de me faire mal aux dents ou aux gencives, je ne sais pas pourquoi, c'est presque un réflexe en fait, comme si le fait d'être en sa présence... ben je suis simplement tellement bien que j'ai envie de le rester pour qu'elle le soit aussi. Mes yeux se perdent un peu dans le vide pendant que j'essaie de me souvenir de quoi on parlait

«Ah oui c'est ça...» j'avale un morceau de glace avant de me tourner de nouveau vers elle, passant ma langue sur mes lèvres pour être sur de pas avoir du chocolat partout «vous me demandiez si j'avais été garde du corps... disons que j'ai fait pas mal de petits boulots jusqu'à présent, et oui, entre autre, j'ai servi de protecteur. J'ai été vigile dans une boîte de nuit de Tern aussi, garde de sécurité... de façon générale, j'ai toujours protégé quelqu'un ou quelque chose!»

Je mordais à nouveau dans ma glace, faisant attention à la faire fondre légèrement avant de l'avaler, l'air un peu pensif. Oui, toujours protéger quelque chose ou quelqu'un. Je me tourne vers elle, en souriant d'un air curieux

«Et vous? Vous avez toujours su que vous vouliez être guérisseuse ou... et bien disons que ça s'est imposé à vous à cause de votre don?»

Je sais que dans mon monde, certains ont le don de guérison, et pourtant, ils ne passent pas leur temps à s'occuper des autres, il y a toujours des gens qui refusent d'exploiter leur potentiel, et je me demande si elle a déjà essayé de faire autre chose de sa vie, enfin avant d'être la Directrice évidemment, car désormais avec ses responsabilités, ce ne doit plus être vraiment possible... Je lui tends alors mon pot de glace, rougissant légèrement de ne pas lui en avoir proposé avant

«Euh, excusez moi, je ne vous ai même pas demandé si vous en vouliez...»

Qu'est-ce que je peux être con des fois!

Pour le coup, elle ne put s'empêcher de rougir quand elle se retrouva avec le petit pot de glace dans les mains. Mais c'est qu'il était charmant ce jeune homme, enfin jeune... C'était un elfe, peut être avait-il près de 200 ans comme Eönwë? Cette race était si particulière...
Enfin en attendant, il était tout à fait charmant et sympathique avec elle et quelque part, ça lui faisait plaisir. Des gens, elle n'en connaissait pas tant que ça au final, les trois quart s'était de part son travail en tant que guérisseuse où bien directrice, et allez savoir si s'était pas des amitiés feintes dans le cadre du travail. Mais elle ne disait rien à ce sujet.
Les proches, elle devait ce les compter sur les doigts d'une main, comme Eö, où bien Wu aussi... Tiens à son sujet, elle devrait peut être lui parler à lui aussi, histoire de mettre les choses au clair. Ce qui s'était passé n'était... Qu'un incident et elle ne voulait pas que ça dégrade plus leur relation. Repartir sur de nouvelles bases pouvait être une bonne chose. Décidément, entre Ez et Wu, y avait du boulot à faire...

Remontant ces jambes sur le banc pour les coller à son torse, geste qu'elle avait souvent depuis son réveil quand elle était assise sur son fauteuil, elle prit un peu de glace dans la cuillère et la porta à ces lèvres. Le parfum était acidulé et elle adorait ça. Elle ferma les yeux pour savourer cette sensation avant de tourner de nouveau la tête vers Dolhan:

"Merci beaucoup, à charge de revanche."

Elle ponctua sa phrase d'un clin d'oeil. Il faisait donc beau, elle imaginait sans peine les rives de Northrives colorés de ces couleurs printanière et de ces odeurs si délicieuse de fleurs et de plantes qui sortaient de leur hibernation.

"Je ne connais pas beaucoup Tern, j'avoue n'y être allée qu'une seule fois. Je vis à Northrives, dans l'ancienne maison d'Eönwë."

Oui Northrives est sans doute le quartier qui lui correspondait le plus. Et puis il avait une certaine valeur à ces yeux. Elle tait arrivée ici il y avait un peu plus d'un an, par l'Arcos et c'est sur ces rives qu'elle avait débarqué et fait ces premières rencontres. Virgile et Pan, elle songea alors qu'elle devrait peut être prendre de leurs nouvelles. On lui avait dit que Virgile était souvent à Trinity et elle devait justement s'y rendre, quand tout rentrerai dans l'ordre de son côté.

La jeune femme avait noté qu'il faisait attention et s'était bien la première fois qu'une personne agissait comme ça avec elle, une fois encore, elle ne su si elle devait être flattée où agacée. Elle eut un petit sourire et fit sur le ton de la confidence:

"Vous savez, ils m'ont mis sous traitement. L'avantage, c'est que je suis disons... Pas en mesure de ressentir grand chose. Mais en temps normal, je sais faire taire ma capacité à ressentir la douleur. Elle ne prend généralement pas le pas sur ma vie, enfin, la plus part du temps."

Ponctuant sa phrase d'un clin d'oeil, Aliénor porta une nouvelle cuillère de glace à ces lèvres. La plus part du temps elle maîtrisait, s'était vrai. Elle faisait au mieux, même si s'était pas toujours facile. Mais il y avait des moments où ça devenait ingérable, comme 15 jours plutôt. Elle n'arrivait d'ailleurs toujours pas à comprendre comment elle avait pu s'enfoncer aussi loin.
"J'ai toujours protégé quelque chose où quelqu'un." Cette phrase fit relevé la tête à la jeune femme. C'était étrange à entendre... Elle eut juste un petit sourire et répondit:

"On protège tous quelqu'un, à notre façon. Vous avez décidé d'en faire votre métier et c'est tout à fait honorable."

Pour travailler dans ce genre de secteur, il fallait pour elle aimer un minimum les gens. Les protéger de la folie, des excès où bien même d'eux même parfois. Quand il posa sa question, elle ne su quoi répondre, en fait, jamais on lui avait poser cela comme ça.

"En fait, j'ai toujours eu une préférence pour la guérison. Dans ma famille, les femmes sont guérisseuses de mère en fille. Ma père était l'ancien directeur des Urgences du Sanctuaire, chose que j'ai apprise uniquement quand j'ai débarqué à Entre Monde il y a un an. Mon don, où devrait-je dire parfois mon fardeau, je l'ai depuis mes 12 ans. Il a changé beaucoup de chose, mais ma aussi apporté une certaine compassion envers les gens, qu'il soit bandits, truant où bien simple paysan."

Et même plus encore... Elle allait porter une cuillère à sa bouche quand il proposa un peu de sa propre glace. Avalant sa cuillerée, elle eut un petit sourire et prit un peu de menthe avant de tendre elle aussi son pot:

"Uniquement la menthe alors, je n'aime pas trop le chocolat. Tenez si vous en voulez aussi."

Puis elle s'installa en tailleur sur le banc et reprit:

"Dites moi, pourquoi le Sanctuaire? Je suis certaine qu'à Tern, Dinu Mihai aurait pu avoir besoin de vos services, où bien même un maître quand on voit ce qui peut se passer autour d'eux..."

Je souriais à sa remarque sur Northrives,oui j'aime beaucoup aussi ce quartier, ça n'a rien à voir par contre c'est sur, c'est plus gai, moins moderne, mais c'est sur que pour y vivre à proprement parler c'est mieux. Y'a la pollution en moins on dira, déjà ça joue beaucoup.

Alors que je mordais de nouveau dans ma glace en faisant toujours attention, je me rendis compte que j'étais d'une certaine façon démasqué et je rougis légèrement en passant ma main dans mes cheveux d'un air gêné

«Je suis désolé. En fait, je ne le fais pas vraiment exprès. C'est comme instinctif. Et puis, vous savez dans mon métier, il vaut mieux toujours éviter de se faire mal d'une quelconque manière alors je crois que j'ai toujours pris l'habitude de faire attention. Ce n'est pas seulement pour vous... euh sans vouloir vous vexer!»

J'espère m'être bien rattrapé, je prends une profonde inspiration, mine de rien, je suis pas dans une situation très simple, elle est quand même la Directrice de l'établissement, si je fais une gaffe, elle pourrait très bien avoir envie de me virer... bon, je ne pense pas que j'aurais du mal à trouver un autre job, mais pour l'instant, j'aime bien être ici. Et puis bon, quand je la regarde, je me dis qu'elle doit avoir envie d'être considérée un peu comme elle est réellement, qu'on oublie un peu la Directrice.

Elle me raconta un peu son histoire, oui, son fardeau. Personnellement c'est la seule chose que j'ai vraiment retenu si on enlève le fait qu'elle ait repris le poste de son père. Ça je l'ignorais en revanche... mais je me disais que je devais essayer de garder ce qu'elle me disait dans un coin de ma tête.

Alors qu'elle prenait un peu de glace à la menthe, elle me proposa de la sienne, je haussais les épaules avec curiosité. Je n'ai jamais gouté la goyave. Levant les yeux vers le plafond des Fumerolles en mettant la cuiller dans ma bouche, je finis par hocher la tête d'un air satisfait

«Vous avez raison, la goyave est délicieuse!»

Je garde la cuiller dans ma bouche quelques secondes, comme si j'espère conserver le goût un peu plus longtemps, et c'est le moment qu'elle a choisi pour me demander pourquoi j'ai décidé de travailler au Sanctuaire

«Oh... j'ai déjà beaucoup travaillé à Tern, garde de la sécurité pour le laboratoire pharmaceutique, vigile en boîte de nuit... disons que c'était amusant un temps, mais... je sais pas, j'ai eu envie de protéger en endroit qui en valait vraiment la peine. C'est pourquoi j'ai voulu venir ici, car j'admire le travail que tout le monde fait ici et je me dis que parfois, une présence humaine est plus efficace qu'une machine pour protéger les membres du personnel de l'hôpital» et en plongeant mes yeux dans ses prunelles d'améthyste, je rajoute «et sa directrice évidemment!»

Je regarde de nouveau devant moi pour prendre une nouvelle cuillerée de glace au chocolat. Je pris mon temps pour la manger, comme d'habitude avant d'avaler avec un peu de difficulté, je sens que j'ai la gorge un peu nouée. Je soupire doucement en baissant les yeux pour regarder au sol

«Contrairement à vous, je n'ai pas spécialement de destin tout tracé, je ne sais pas encore vraiment ce que je pourrais faire. Je suis juste un détecteur de métaux ambulant, c'est pratique pour s'assurer que les gens ne rentrent pas armés, mais sinon ça ne sert pas à grand chose.»

Je tourne de nouveau les yeux vers elle, mon regard doit probablement être un peu triste, mais je souris malgré tout. Elle n'a pas besoin de quelqu'un qui déprime auprès d'elle après tout!

«Donc je cherche ma voie! Et pour l'instant, j'avoue que ça me plait bien d'être ici. Y'a une bonne ambiance malgré la tension permanente, j'ai l'impression que vous êtes tous une grande famille, il n'y a qu'à voir l'inquiétude qui se lisait sur tous les visages pendant votre convalescence... vous êtes très appréciée ici, et pas seulement parce que vous signez les chèques!»

J'avais terminé ma phrase avec une pointe d'humour, j'espère qu'elle comprendra la plaisanterie...

"Mon destin n'était pas tout tracé. Si je n'avais pas montré ces facultés pour la guérison, surement qu'autre chose ce serait ouvert à moi. Des fois, j'aimerai juste être différente, pouvoir faire autre chose, comme je sais pas... Vendre des fleurs sur un marché où bien servir dans un restaurant, enseigner aux enfants où je ne sais trop quoi encore. Mais... Je me dis après que je serai bien égoïste de ne pas aider les autres avec ces facultés que l'on m'a donné. C'est une sorte d'évidence. Je ne sais pas si je serai douée à faire autre chose."

On souhaite tous être quelqu'un d'autre. Mais il faut faire avec ce que l'on a, ces mots s'était Eönwë qui les lui avaient dit, un soir où ils rentraient de leur travail respectif, lui sortant de ces bureaux, elle sortant du Sanctuaire. Elle continua a déguster sa glace avec plaisir, les gens circulaient autour d'eux et non loin, l'on pouvait entendre les bruits du train qui traversait les Fumeroles de long en large.

"Une grande famille... C'est flagrant au niveau des Urgences surtout. J'avoue que l'équipe est excellente, c'est là que j'ai commencé à travaillé, sous les ordres du Chef aux oreilles pointues. Je n'ai rien fait de spécial pour être apprécié, je fais mon travail, au mieux et ce n'est pas facile tout les jour croyez moi."

Elle avait su oui, que les gens avaient été inquiet. Surtout ces collègues des Urgences. Les autres, elle ne les connaissaient pas vraiment. Kathias et Stéfanie étaient venu lui rendre visite la veille, tout comme Lawaren qui faisait un super boulot en remplacement d'Eö.
La jeune femme eut un petit sourire et continua de manger sa glace. Une maman en compagnie de deux enfants passa devant eux, les petits désiraient visiblement eux aussi une glace. Ce tableau la fit sourire avant qu'elle ne pose le petit pot de glace et, une vieille habitude revenant, entoura ces genoux de ces bras, pour poser sa tête dessus, le visage tourné vers Dolhan.
Qui était-il vraiment? Elle n'avait pas envie de lire son dossier, non, simplement envie de le découvrir d'elle même, après tout, il avait le mérite d'être venu de lui même la rencontrer non.

"Vous êtes un elfe, je suppose, peut être mal, que vous n'êtes pas d'Entre Monde si?"

Cela ce pouvait après tout, mais elle savait de part ces connaissances, que les elfes n'étaient pas forcément une race typique de l'Entre Monde.

"J'ai grandis à Ing pour ma part, je n'ai pas connu autre chose que la Forêt et mon petit village durant les 27 dernières années de ma vie. Imaginez quand je me suis retrouvée ici l'an passé. Tout c'est passé si vite que j'ai la sensation d'avoir vécu une vie différente."

En même temps, tout s'était enchaînée à une telle vitesse qu'elle n'avait pas vu l'année passée. Elle ne regrettait pas d'avoir suivis malgré elle le conseil de Taken, mais au fond d'elle, ce désir de comprendre, de trouver certaines réponses était toujours vivace et ça... Personne ne savait enfin si, Ez, mais elle n'était pas certaine qu'il fasse quoi que ce soit pour l'empêcher.

Elle avait envie d'oublier qu'elle était guérisseuse, oublier qu'elle était Directrice et pour un instant, être juste Aliénor, sans chichi et sans courbette. Juste elle quoi, ce qu'elle pouvait montrer à Eö quand ils étaient tout les deux, où bien même à Lucas, où encore à Ez où à Wergeld sans oublié Neythen pour le coup...

"Oubliez que je suis la Directrice, aujourd'hui et tant que je ne travaille pas, je suis juste Aliénor d'accord?"

Je l'écoutais attentivement, ce n'est vraiment pas évident lorsque c'est tout votre corps qui vous pousse à prendre une voie plutôt qu'une autre. Comme elle le dit elle-même, si elle ne suivait pas ce qu'elle est, ce serait de l'égoïsme, et comment être en accord avec soi-même si on s'éloigne de ce qui nous constitue? Je termine enfin mon pot de glace, oui j'avoue que je l'ai englouti assez vite, mais bon, quand on passe un bon moment en général, les choses passent plus vite...

Et lorsqu'elle me demande si je suis un elfe, mon visage s'éclaircit légèrement avant de la regarder s'installer plus confortablement, elle ressemblait un peu à une enfant ainsi, légèrement curieuse et timide, lui donnant un côté assez adorable.

Je me penche donc en arrière, ramenant mes bras sur le dossier de part et d'autre, oui je m'étale un peu, l'un de mes bras au final se retrouve derrière le dos de la jeune femme, mais sans la toucher puisqu'elle est recroquevillée sur elle-même, je lève le menton pour réfléchir un peu

«On peut dire que je suis un elfe, oui. Disons que ce n'est pas le nom que nous nous donnons, mais ça y correspond. J'ai découvert le mot «elfe» sur Entre-Monde justement, dans un livre de la bibliothèque, et dans la mesure où je ne peux traverser que le miroir de K'an, je suppose que c'est ce que je suis. Après, un nom ou un autre, est-ce que c'est réellement important?»

Je lui souris doucement en lui faisant même un clin d'œil. Ainsi donc ça ne fait qu'un an qu'elle a rejoint la ville? Incroyable qu'elle ait accompli tant de choses en si peu de temps. Je me dis que j'ai vraiment été un abruti à passer mon temps à Tern, j'aurais pu la rencontrer depuis longtemps en réalité... quel idiot. C'est alors qu'elle me demande de la considérer telle qu'elle est, je baisse un peu la tête en souriant avant de la regarder

«Je ne peux pas vraiment oublier que vous êtes la Directrice, ça fait partie de ce que vous êtes, mais je peux malgré tout vous considérer comme la femme extraordinaire que vous êtes? Mais pour cela, il faudra m'autoriser à vous tutoyer, je ne me vois pas vraiment pouvoir vous parler librement en employant des mots si cérémonieux...»

Nouveau clin d'œil... ben oui, honnêtement, la vouvoyer, ça n'aide pas vraiment à avoir une conversation sincère et spontanée. Je n'attends pas vraiment sa réponse, si elle n'apprécie pas que je la tutoie, au pire elle me foutra une baffe et c'est peut être elle qui aura le plus mal... j'avoue ce serait vraiment bête.

«Pour ma part, je suis arrivé sur l'Entre-Monde il y a 13 ans... tu as bien deviné, je ne suis pas né ici. Disons que j'ai fui mon monde pour découvrir un peu autre chose et j'ai été ravi de ce que j'ai trouvé ici! Il n'y avait pas la ville tout ça à l'époque, mais dans mon monde et bien... comment dire, c'est la même température partout! Y'a pas de désert, pas de neige, que de la verdure et des forêts. Et ici... et bien j'ai pu découvrir pleins de paysages différents, de nouvelles créatures, je crois que j'ai parcouru le monde en long en large et en travers! S'il le faut, je suis même passé par ton village! Mais je ne restais jamais longtemps nulle part alors bon...»

Je levais de nouveau la tête, je ne sais pas encore comment elle prend le fait que je la tutoie, mais qu'elle ne s'inquiète pas, je sais me tenir, lorsque nous serons au travail et que j'aurai besoin de lui parler, je la vouvoierai à nouveau... mais là, elle m'a demandé d'oublier qu'elle était la directrice, alors je parle à la femme avant tout

«Et quand j'ai voulu rentrer chez moi, les miroirs étaient fermés. Et j'ai remarqué qu'on bâtissait une vraie ville. Je suis donc sur Entre-Monde depuis ce moment, aidant à l'aide de mon don à trouver des métaux pour la construction, mais j'avoue être resté uniquement à Tern. Quand j'ai vu ce qu'ils construisaient là bas, ça m'a vraiment fasciné! Je n'ai jamais connu la technologie et j'ai pu tout découvrir au fur et à mesure et j'ai été tellement intrigué par tout ça que je n'ai jamais pu vraiment quitter ce quartier. Oh, j'ai fait quand même un tour dans le reste d'Entre-Monde, mais je ne les connais pas bien...»

Je me tourne de nouveau vers elle, affichant un large sourire amusé

«Faudra que tu me fasses visiter Northrives lorsque tu auras le temps!»

Je ris quelques secondes, ce serait amusant après tout, je pourrais lui servir de garde du corps lorsqu'elle aurait à rentrer chez elle s'il faut un justificatif à ma présence. J'avoue que ça ne risque pas d'être simple, une dame comme elle ne peut probablement pas être vue avec un simple vigile comme moi... Déjà que ça ragote pas mal du fait que pas moins de 4 Maîtres du Miroir se soient retrouvés en même temps dans sa chambre, je n'ose imaginer ce qu'elle pourrait subir à être vue avec une type comme moi. Un soupir quitte alors mes lèvres et je me fais un peu plus sérieux, il y a une question que je me pose

«Dis moi... si tu avais la possibilité de renoncer à ton don, ou peut être simplement de le modifier légèrement, tu penses que tu le ferais?»

Je fronce légèrement les sourcils avant de baisser la tête. Je suis stupide

«Non, oublie. Je pense que c'est un peu trop personnel comme question. Désolé»

Je prends une profonde inspiration avant de me tourner de nouveau vers elle, vu qu'elle semble curieuse à mon sujet, autant essayer de satisfaire cette curiosité?

«Mais personnellement, je n'ai rien à cacher, alors si tu as des questions, n'hésite pas... je ne suis pas marié, j'ai pas d'enfant, ni frère, ni sœur et mes parents sont coincés de l'autre côté du miroir!»

J'éclate de rire en ramenant ma tête en arrière pour fixer le plafond. Oui, je peux être bête des fois... mais bon, pourquoi se prendre la tête?

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