Pour les araignées et les aveugles

Lya l'attendait à l'extérieur, Karan dirigea ses pas vers ce qui au touché lui semblait être la réception. Le prêtre attendit patiemment que l'alchimiste veuille bien lui accorder quelques instants.

Le loup à ses pieds trouvait le temps long, il aurait préféré aller faire son joli cœur avec la renarde.
Karan mit ce comportement sur le compte de la propension de ce loup à chercher la douceur féminine, sans se soucier de l'espèce.
L'aveugle sentait l'animal perdre patience. Encore quelques minutes et le loup lui échapperait pour rejoindre sa coéquipière. Par précaution, il attacha la laisse du loup et l'enroula à sa main.

L'alchimiste disposé à écouter sa commande, Karan ressera sa prise au collet de son robot.

-Bonjour, je viens chercher de l'anti venin.

Profitant d'une journée plutôt calme, je réalisais l'inventaire de mes produits alchimiques, quand j'entendais un client arriver non loin du comptoir. Et c'était aussi le moment que choisit mon Camitou Granny pour renverser une boîte de munitions fumée. À l'impact, mon labo se nappa intégralement de fumée et de brouillard. On n'y voyait pas le bout de son nez. Je réussissais malgré tout à me diriger vers la porte menant au comptoir. Et apparut à mon client dans un effet des plus dramatiques.

- *kof kof*... Bonjour, désolé pour la fumée...Que puis-je pour vous ?

L'homme devant moi demandait de l'anti-venin. Je cherchais maladroitement dans les tiroirs de mon comptoir pour enfin y trouver une dose de Feu Distillé prête à l'emploi.

- Une dose de Feu Distillé, ça vous fera 20 pims. Vous faut-il autre chose ?

Ce n'est qu'après que je remarquais le loup qui l'accompagnait. D'ailleurs, il faudrait que je pense à aller leur donner leur petite collation après la vente.

Odeur de fumée et alchimiste étouffé, Karan haussa les sourcils se demandant comment réagir. Un réflexe de milicien lui revenait. Les alchimistes et les magiciens ayant cette facheuse tendance à oublier de prévenir les voisins en cas d'expériences dangereuses, il aurait voulu savoir où étaient les extincteurs et s'il n'avait pas loupé une horde de collègues en surveillance quelque part près de la tour...

Sans voix, car c'était à croire que tous faisaient exprès de risquer la vie des autres en même temps que la leur, il posa son badge sur le comptoir sans faire de commentaire. Ont-ils tous à coeur de faire de ce cliché une véritable tradition professionnelle.

Ne peuvent-ils pas faire comme les constructeurs et demander simplement aux apprentis d'aller leur chercher des seaux d'étincelles ?

C'était un peu malpoli de payer si froidement l'artisan, Karan s'empressa d'ajouter.

-Ce sera tout je vous remercie.