Re: Alliés ?

Les mains dans la poche Eydel écoutait cet étrange individu raconter source d'avis et d'informations. Son visage lisse démontrait, pour une fois, de l'attention portée à cet humanoïde, plus qu'à tout autre individu qu'il avait pu croiser.
Il le trouvait fascinant et représentait finalement une catégorie inconnue mais qui semblait vouloir s'identifier à l'humain, mais le souhait le plus profond de cet automate, ne serait-il de résister à cette humanité ? L'humain, abject créateur de classe social.
Seulement, cette poignée de main envers son nouveau compagnon de route, n'était-ce pas là un écart de... ~ leur sombre et future doctrine. ~

~ Leurs ombres ~

Eydel, après avoir scruté ce bras qui l'attendait leva les yeux sur son futur compagnon de route. La courtoisie de l'Entre-monde voudrait qu'il la saisisse en retour, en bon homme. Eydel n'avait jamais serré la main à quiconque, les esclaves n'ont pas ce « privilège » de savoir-vivre.
Mais en bon esclave ses droits avaient évolué au fil des années. Son talent naturel lui avait valu d'être cultivé et il apprit la petite histoire.
S'il devait s'allier à Jarr'hal vol Enmet. Il ne voulait pas le faire sous le signe humain, de plus perverti. Il leva un regard franc sur lui.

~ grandissent, s'étendent et dansent... ~

Il leva son bras. Son bras gauche, et il en remonta sa manche. Il voulait montrer qu'il n'était pas armé, son bras nu ne cachait rien, il montrait ses cicatrices du passé et ferma le poing.

Eydel, début de vie en esclave, puis assez utile pour avoir été le bras droit de l'organisation Lôm'es. Maintenant... Il marqua une pause, cherchant lui aussi une réponse, je vis.

Il invita son futur allié à venir coller son poing contre le sien.

- Je pense qu'il faut dépasser les coutumes humaines, laissons les poignées de main à ceux qui veulent se prouver leur confiance... Ce que je veux dire... C'est que... oui je suis un humain ! Je n'espère pas que vous m'aimiez ou me fassiez confiance par une poignée de main hypocrite et humain. Mais... Je souhaite vous dire que nous vallons mieux que ça !

~ comme un rituel s'accomplissant ~

Eydel souri légèrement, il ne savait pas où il allait avec son futur compagnon, ni si son message était clair, mais l'avenir lui semblait bien plus étincelant qu'avant, à moins que ce soit le soleil levant qui ne l'éblouit.

- Jarr'hal vol Enmet, j'ai hâte... je crois que j'ai hâte... d'apprendre à vous connaître. Ajouta-t-il timidement.

~ sous le feu de la lune. ~

fichier_identité
>profil_eydel
codage des données en cours...
>humain
>esclave
>organisation Lôm’es
>cicatrices [bras gauche]

>diplomatie… (en attente)
>diplomatie : NON HOSTILE

Les fichiers d’identités humaines se faisaient rares dans ses espaces de stockage, il s’agissait exclusivement de membres influents de la “Haute” - Maîtres corbeaux qu’il fera tôt ou tard chanter - mais également de quelques membres de la pègre, des petites frappes du Cerclon qu’il avait soit dépannées, soit truandées.

Jarr’hal pouvait mettre un nom sur un visage, mais le droïde savait pertinemment que le nom d’un homme ou d’une machine cache un numéro de série, une origine et bien souvent un but. Cet être commençait enfin à s’animer sous ses yeux, il s’était activé.
>eydel
Plus qu’un répertoire de fichiers, un non hostile. Un allié, peut-être. Le pirate n’en était pas sûr, et il venait juste d’apprendre que le doute n’était pas permis en diplomatie. Seule l’expérience pourrait témoigner de cette alliance, un embryon de coopération naissante et merveilleusement fragile. Une rencontre entre l’acier et la chair, le rationnel et l’intuition.

Alors que son système poursuivait l’analyse et le codage de ses données, la cérémonie de présentation fut brouillée par l’humain.
>esclave
Ce terme se répétait amèrement, souvenir d’un virus qui n’avait probablement toujours pas été vaincu.
Il serra le poing.

Il serra le poing pour finaliser leur échange, comme le soumettait la tradition de son partenaire. Ses doigts de métal vinrent s’enfoncer dans cette chair tendre jusqu’à la barrière osseuse de ses phalanges. Un contact nouveau qui le stupéfiait tout en lui inspirant un dégoût profond pour l’altérité.
Il joint alors ses mains derrière son dos, analysant avec attention les paroles d’Eydel. Un sentiment de fragilité se dégageait de ses propos, de ses hésitations et de ce premier sourire naissant. Une fragilité que Jarr’hal nomma espoir. Espoir de côtoyer l’humanité et de s’y fondre en un métal plus léger. Certainement plus fragile.
Ce raisonnement le déconcerta grandement et il fit brusquement volte-face.

-”Vous apprendrez ce qu’il faut savoir de mes compétences. Je ne crois pas que le biographisme vous apportera une compréhension de mes talents, et je me permettrai de l’éviter aussi longtemps que possible. Cependant.”

Les épaules en arrière, le buste relevé, sa silhouette se dressait puissamment. Il ne s’agissait plus d’une posture d’intimidation, mais d’une force devenue fierté. Le métal de son visage flamboyait, comme si les derniers rayons de la lune esquissaient la silhouette d’une âme à son contact.
Sa voix suivit alors le rythme d’un long soupir.

-”Ne me parlez plus d’esclave. Nous ferons sans. Sans esclaves.” Il inclina son visage en direction d’Eydel. “Et sans maîtres.”

Il marqua une pause avant de descendre à pas comptés les escaliers. A mi-chemin, il s’immobilisa avant de s’enfoncer dans les ténèbres.

-”Demain, 23h00 à l’Avalon. Banquette 33, face à l’aquarium.”

Il était la face cachée de la lune, son audace, sa clairvoyance. Subtilité. Il brillait sous ce dernier éclat. L'autre ; son antithèse, force pure, sentiments inexploités et refoulés. Les rayons naissants faisaient rougir sa pâleur.
Chacun d'eux avait trouvé un être pour le brandir. Comme la plus douce et suave des récompenses.
L'anti-héros descendait les marches, sa cape noire le talonnait, fatiguée de toujours devoir suivre sa course effrénée et robotique. Mais elle lui dessinait une si belle allure. Un héros ? Un fugitif ? La réponse a déjà été donnée. Libre.

Le soleil agrandissait les ombres et Eydel s'était allongé, à regarder patiemment les hommes s'affairer autour du bâtiment en ruine. Il en identifia plusieurs, dont certains venus en civile. S'il devait rester un moment autour de ses remparts, il devait apprendre à se glisser dans la foule mais aussi à se méfier de ceux qui voulaient être plus roublard que lui.

Sa mission personnelle terminée, deux heures devaient s'être écoulés. Il lui restait encore certaines choses à régler avant de trouver un coin pour dormir. Ou se trouvait l'Avalon ? Face à un aquarium sans nul doute.
Il partait maintenant en quête de ce lieu tantôt gai, tantôt sinistre pour pouvoir dormir sur place dans les coins sombres d'une ruelle.

Finalement Cerclon était presque comme Magna, un peu plus robotique, un peu moins dangereuse, toujours plus accueillante et bien moins effrayante. Presque comme Magna. Car on y trouvait des êtres incommodes aux lois et qui fuyaient les sanctuaris.

Eydel suivit ses traces de fer et d'acier d'un pas leste. Capuche harnachée, mains conjointes dans sa veste. Il marchait vers un futur cinglant et poétique. Une ruelle l'enveloppa de son ombre, il s'éteignit tel un feu dont il ne resterait que les braises.