Ramener le Loup à la Bergerie

Me proposer d’aller voir si le loup souhaite rencontrer Leiline tout de suite pour éviter les dossiers ? Jamais… Après avoir envoyé Morgan préparer une salle et s’occuper de faire patienter Leiline, je prend le temps de vérifier ma tenue dans le miroir. Mon esprit se met rapidement à divaguer, est-ce que c’est assez bien pour aller à sa rencontre ? J’ai passé un kimono à épaule nue et un petit décolté ce matin ne pensant pas avoir à sortir pour une mission officielle et faire plaisir à Kaname ce soir. Est-ce que cela ne ferait pas assez officiel ? Comment il va interprété de me voir débarquer habillée avec un kimono aguicheur après l’autre jour… Je rougis devant le miroir, ça va être compliqué tout ça.

Lin ? Morgan m’a fait remonté le numéro de salle. Ils seront en B24.

Ramenée à la réalité par Hazuki et son ton professionnelle, je la remercie rapidement et finit de me préparer. Je prend uniquement mon dernier couteau avec moi, Gabu ne devrait pas se jeter sur moi, il m’a clairement signifié que je ne l’intéresse pas de toute façon. Il faudra également que je profite de l’occasion pour reprendre mes couteaux oubliés chez lui… J’attrape mon tricorne et me regarde dans le miroir. Non, pas de chapeau. J’annonce mon départ à Hazuki et active mon miroir pour ouvrir un portail dans l’immeuble de Gabu.

J’épingle mon insigne, signe que je suis en service, bien en vu sur mon kimono. J’ai pris soin d’arriver dans l’entrée du bâtiment. J’ai souvent des rapports sur des crises de panique générées par l’arrivée d’un sanctuari directement dans les couloirs… Je monte tranquillement les étages pour atteindre celui du loup. Je toque à la porte et essaye de prendre une expression avenante. Pour lui, j’apporte une bonne nouvelle quand-même.

Gabu ouvre la porte rapidement après que j’ai toqué. J’ai de la chance qu’il soit présent chez lui… Il m’accueille avec un grand sourire. Mon coeur manque un battement. Etre en couple avec Kaname ne m’immunise pas contre l’effet qu’il me fait… Il va falloir que je me surveille en sa présence, je ne veux pas faire de mal à Kaname juste parce le sentiment de sécurité qu’il me procure me fait tourner la tête. Je sourit lorsqu’il prétend savoir le but de ma visite. J’entre chez lui lorsqu’il s’écarte pour me laisser passer. Je quitte machinalement mes talons en entrant et me dirige vers le salon sans le détromper sur ma visite. Je m’assoie sur le canapé en attendant son retour avec mes couteaux. Récupérer mes couteaux n’est pas du tout l’objet de ma visite mais cela m’amuse de le laisser croire cela.

Il revient rapidement et dépose mes couteaux sur la table basse là où je les ai oublié quelques semaines plus tôt. Je prend le temps de fixer les fourreaux dans mes manches pour ne pas “oublier” à nouveau mes armes.

Merci Gabu. Ils me manquaient un peu à vrai dire mais je ne viens pas pour ça.

Croisant les jambes, je m'installe ostensiblement contre le dossier du canapé. Venir chercher Gabu pour une rencontre avec Leiline pourrait prendre quelques minutes en utilisant les bons mots mais cela signifie également retourner plus vite à la lecture de mes dossiers. Il est beaucoup plus plaisant d’être ici. Et il ne m’en voudra pas de l’embêter lorsque je lui annoncerai que je viens le chercher pour voir la Leiline qu’il cherche depuis si longtemps.

Je viens voir si tu n’aurais pas envie de reconsidérer ma proposition.

Je n’ai pas vraiment fait de proposition à proprement parlé lors de ma visite précédente mais j’ai envie de voir ce qui sortira de sa tête.

Je sourit à la première remarque du loup, il a les pieds sur terre. Et peut-être suffisamment de bon sens pour ne pas se jeter la tête la première dans un possible piège. Une chose que j’ai apprise pendant mon voyage et ma vie en ville est qu’il faut que je sache me montrer un peu joueuse de temps en temps. Au moment où je m'apprêtais à répondre uniquement pour le titiller et non révéler le sujet principale de ma visite, il reprend la parole et se permet même un jeu d’acteur pour couper court à une éventuelle proposition de relation intime. Je ne parviens pas à retenir un petit rire lorsqu’il feint la réflexion. Je me lève pour me rapprocher de lui. Je tend une main vers son oreille, restant juste assez loin du duvet pour qu’il ne se méprenne pas sur mon geste.

Bien que tes douces oreilles soient très tentante, je file le parfait amour avec une certaine succube. Loin de moi l’idée de prendre le risque de détruire cela. Je faisais référence à mon autre proposition mon cher.

Je laisse retomber ma main le long de corps et m’éloigne d’un pas pour ne pas trop occuper son espace personnel. En y repensant, je crois qu’il ne va pas vraiment faire le lien… C’était plus une accusation à ce moment là.

As-tu réussi à retrouver ta Leiline depuis le temps ?

J’essaye de reprendre une expression neutre, maintenant, on va parler travail. Je l’invite à s'asseoir sur le canapé pendant que je me dirige vers la baie vitrée.

La voix de Gabu se fait plus absente lorsqu’il m’explique ne toujours pas avoir réussi à retrouver Leiline. Le travail et la vie faisant, il n’a pas eu de chance avec ses tentatives à l’épicerie. Je tique un peu au message sous-entendu sur l’action des Sanctuaris sur son dossier. Il a fallu beaucoup de temps pour que le dossier arrive sur mon bureau et qu’on puisse lancer des actions…

Je me retourne pour le regarder et m’adosse à la vitre. Il paraît si malheureux de ne pas l’avoir retrouver. Je suis son regard vers sa chambre. Il y a quelques cartons entassés. C’est vrai qu’il m’avait parlé de déménager à sur l’île de Ciel.

Tu sais comment est l’administration… Lente à souhait. Et avec la passation de pouvoir, ça a été encore plus compliqué.

Je prend le temps de le détailler sans son habituel sourire de façade. Il reste un bel homme, mais le sourire lui va tellement mieux.

Tu es apprêter pour une sortie ? C’est moi qui invite.

Même si le voir ainsi me donne envie de le chouchouter, je ménage mon effet. Ce n’en sera que plus agréable.

Il est clair que le manque de résultat de ses recherches lui mine le moral. Je le regarde rejeter ma proposition de sortir en se dirigeant vers sa chambre. Autant ma dernière visite s’est terminée par ma psychanalyse, autant aujourd’hui, c’est partie pour que je fasse la psy… Génial, cela se saurait si j'étais douée pour ça.

Autant te dire que je suis mauvaise psychologue. Par contre, je sais jouer avec ça…

Je sors une paire de menottes de la caserne de ma poche. j’espère au moins qu’il va sourire parce que sinon, il va falloir que je coupe court à tout ça. Et puis, zut… Je traverse la pièce pour remettre mes escarpins.

Tant pis pour toi, je t’ai donné l’occasion de te faire beau.

Je retourne vers lui et l’attrape par le col pour le traîner vers la porte.

Tu as intérêt à te reprendre. Je n’ai pas envie que Leiline me fasse la tête parce que je lui ramène un loup qui fait la tête. Si tu veux, je te passe les menottes, ça la fera peut-être rire elle...

Il y a des jours comme ça où ma patience est très très limitée. Peut-être les rapports à lire…