Re: Visite guidée de Northrives

La nymphe rebroussa une de ses mèches de cheveux tombante et leva la tête. Elle dû chercher au plus profond de sa mémoire gustative pour se remémorer tous les thés qu’elle eut goûté dans sa vie.

- Comment dire … Je ne suis pas vraiment difficile en matière de thé. C’est un peu comme toi, ça dépend de mon humeur du moment ou bien de la saison. Là où en automne et en hiver je favorise les thés noirs aux épices, au printemps et en été je préfère les thés verts aux fleurs ou aux fruits. Mais j’avoue avoir une petite préférence pour le thé à la vanille.

Elle baissa la tête, les yeux au sol et souriant timidement. Plus Meliel en parlait, plus Nabi fut curieuse de savoir à quoi peut bien ressembler ce fameux palais. Ses joues prirent une légère couleur rouge elle leva le regard, plongeant celui-ci dans celui du dieu.

- Et avec un peu de chance, tu m’en feras découvrir d’autre si je viens te voir au palais.

Nabi eut bien du mal à garder le contact visuel avec lui. Sans pour autant que son visage revienne à sa couleur initiale, elle détourna rapidement son attention sur le lac devant eux, la gorge sèche. Elle aurait eu bien besoin d’un thé, là, tout de suite mais le contexte en voulu autrement.

- Et puis … c’est peut-être modeste chez moi. Du moins … ça doit changer du palais de K’ien mais …

Ses prochaines paroles n’allaient certainement pas l’aider à garder son sang froid.

- Tu pourras aussi venir chez moi, s-si tu veux bien …

Elle n’osa même plus le regarder dans les yeux, tremblante comme une feuille et son visage désormais devenu cramoisi par la honte.

La nymphe ne semblait pas très difficile en matière de thé et tout comme le dieu, variait généralement en fonction des humeurs du moment. Elle accepta de nouveau l'invitation du dieu et réitéra la sienne, ce qui fit sourire Meliel d'un air amusé.

- Tu sais... A force de s'inviter à répétition, il va bien falloir que l'un de nous se décide tu ne crois pas ? Que dirai-tu que je te raccompagne chez toi pour aujourd'hui ? Je ne veux pas non plus m'imposer, je resterai devant la porte si tu souhaite d'abord faire un peu de ménage et reviendrai un autre jour. C'est simplement pour savoir où se situe ta maison et pouvoir y revenir... Enfin si je retrouve le chemin... Mais ça c'est une autre histoire. Pour ce qui est du palais de K'ien, la Res'Publica ne devrai pas être trop difficile à trouver je pense, tout le monde connait ce genre d'endroit mais très peu s'y rendent sans raison. Étrange non? Ou alors c'est peut-être moi qui pense que tous les endroits sont propices à une balade... Va savoir.

Le dieu restait assis en tailleur sur l'herbe, il avait bien proposé à Nabi de la raccompagner, mais il ne se lèverai pas avant qu'elle ai décidé qu'il serait temps de partir.

Toujours allongée, malgré sa gêne encore bien visible sur le visage, Nabi osa regarder K'ien dans les yeux. Sa proposition sembla être un très bon compromis, en plus de lui laisser plus de temps avec lui, d'ici jusqu'à chez elle. Ravie de sa demande, elle adressa au dieu un sourire enjôleur avant de lui répondre.

- Ce sera avec plaisir, Meliel. Je sais que … ça n'a rien d'un palais mais j'espère que ça te plaira.

La nymphe se releva, désormais assise, les jambes sur le côté et désormais plus proche de l'homme aux cheveux d'argent.

- Et s'il le faut, je me débrouillerai pour trouver la Res’Publica. Des gens m'aideront certainement à m'indiquer où ça se trouve.

La demoiselle n'eut pas quitté le regard du Maître, son sourire toujours présent. Elle imaginait déjà comment pourrait se dérouler son arrivée au palais. Lui même dit que personne ne s'y rendrait sans une raison bien précise. Meliel fut à première vue une raison parfaite pour elle.

- Mais j'ai encore envie de rester un peu … avec toi.

Ses joues prirent de plus bel des couleurs, ses yeux ne lâchèrent pas les siens pour autant. Elle eut presque l'impression de perdre peu à peu sa timidité maladive.

- Ce n'est pas tous les jours que je croise quelqu'un d'appréciable avec qui on peut facilement parler.

Elle finit par reporter son attention sur le lac sur lequel reflétait les rayons du soleil. La douce brise rafraîchit le visage encore un peu rouge et chaud de la femme-papillon, faisant légèrement virevolter ses mèches de cheveux tombantes.

- Sinon, tu participes souvent à des événements organisés dans l'Entre-Monde ?

Meliel fut très heureux de savoir que sa camarade acceptait d'être au moins raccompagnée jusqu'à chez elle, même si comme elle le disait, sa maison n'avait rien de similaire à ce que pouvait être le palais du dieu. Mais pas tout de suite. Ils n'allaient pas partir de si tôt, les deux individus semblaient bien trop profiter du moment présent pour ne serait-ce que penser à partir.

- Bien sûr qu'on peut facilement parler avec moi. Enfin c'est surtout souvent moi qui parle, mais c'est pareil, j'ai aucun problème à discuter avec les gens. Ca doit se voir de toute façon, quand quelqu'un parle avec des papillons c'est qu'il doit pas trop avoir de difficultés avec les gens. Pour ce qui est des évènements de l'Entre-Monde, oui, j'essaye d'y participer quand j’apprends qu'ils ont lieu. J'avais même pu participer aux anciens speed-dating qui ont eu lieu sans vraiment concrétiser. Peut-être à cause du fait que je sois si particulier, ça doit être assez spécial pour quelqu'un d'imaginer vivre avec moi je suppose. Enfin ça empêche pas que je me suis fait quelques contacts et connaissances par ci par là. Et toi alors ? Je ne t'ai encore jamais vu aux évènements de l'Entre-Monde, je m'en souviendrai je pense, c'est pas tous les jours qu'on croise une créature comme toi.

Meliel s'attarda quelques instants à observer la nymphe, un doux sourire sur les lèvres, pendant qu'elle était occupée à regarder ailleurs. Sans non plus se montrer insistant, Meliel décrocha son regard de la créature hypnotisante pour observer la nature environnante, les quelques oiseaux voletant au milieux des branchages et les petits poissons créant du mouvement au milieu de l'eau calme du lac.

- Et sinon euh.... Ah je sais plus. Je crois que je voulais poser une question mais je m'en souviens plus... C'est que ça devait pas être important. Et au pire ça reviendra au bout d'un moment... Peut-être. Prochaine fois je mettrai toutes les questions auxquelles je pense sur un bout de papier comme ça j'oublierai pas, à moins que j'oublie le papier et du coup ce serai dommage, mais je ferai en sorte de pas oublier... Ah si ! Euh attend.... Si oui ! Tu euh... Tu vis toute seule ? Enfin je veux dire, pas de colocataire ou je sais quoi ?

Alors qu'elle observait K'ien du coin de l'oeil, elle rit en soufflant du nez, baissant le regard au sol. Sa dernière réplique fut flatteuse et les joues de la nymphe n'en furent que plus colorées.

- Je trouve ça triste que certains ne s'intéressent pas aux gens par leur excentricité. J'ai toujours trouvé que c'est ce qu'il les différencies des autres et qui en fait une personne unique. - Nabi releva la tête. - J'avais entendu comme quoi ce genre d'événement avait eu lieu mais … non, je n'y ai jamais participé. Mais je me dis qu'il faudrait m'y mettre. Ça me permettrait d'avoir des contacts.

Inconsciemment, ses yeux se posèrent de nouveau sur le dieu. Tel le papillon de nuit qu'elle était, attirée par la lumière donnant lieu à une jolie métaphore.

Dès lors que Meliel reprit, elle s’amusa d'abord de son hésitation et finit par hausser les sourcils lorsqu'il lui fit part de la question qu'il voulait lui poser à la base. La rouge se fit plus soutenu sur le visage de l’ouranie, elle ne su pas où poser son regard. Elle balbutia alors quelques mots en souriant, un brin déroutée par la demande.

- Oh, e-et bien oui. Depuis que j'ai déménagé ici en réalité. Sauf si tu considères des poissons dans un aquarium comme des colocataires !

Elle tenta de faire dans l'humour, dans le but de faire rire et de se calmer par la même occasion. Mais cette même question lui brûla les lèvres. Une dose de courage l'invita à plonger son regard dans celui du K'ien et à lui demander.

- E-et toi ? Tu … tu as quelqu'un ? Enfin je veux dire … des personnes qui gèrent ton palais par exemple …

Elle essaya de contourner la question initiale comme elle le pouvait. Il avait pourtant sous-entendu tantôt vivre seul mais sait on jamais.

Nabi se trouve être l'une des rares, sinon la seule, à trouver dommage que certains ne s'intéressent pas à l'originalité des autres. Elle rajouta en suite que même si elle avait entendu parler de tous les évènements qui ont eu lieu, elle n'y avait pas encore participé jusqu'à présent mais elle se laisserai sûrement tenter à l'avenir.

La question de Meliel, qu'il eu bien du mal à se souvenir, sembla surprendre la nymphe qui eu bien du mal à retrouver ses mots pour expliquer que oui elle est bien seule à vivre dans sa nouvelle demeure, puis elle retourna la question au dieu qui sourit avant de répondre.

- Oh hm et bien, y vivre réellement, je suis tout seul, après, vu que c'est un palais il y a quand même pas mal de mouvement. Déjà il y a des gardes histoire de quand même protéger les lieux, de temps en temps des personnes qui viennent nettoyer le palais, une qui s'occupe du jardin. Mais ils vivent pas avec moi, ils viennent juste travailler. Donc au final oui je suis tout seul à vivre vraiment là-dedans. Je suppose que c'est pas vraiment pareil après, on a pas la même surface à s'occuper et puis chez moi ça reste quand même un palais donc il faut bien des personnes qui s'en occupent pour que ce soit présentable aux visiteurs.

Le sens premier de la question échappa complètement au dieu qui répondit bêtement à la seconde sans vraiment réfléchir. Il leva en suite la tête vers le ciel, le soleil laissait doucement le ciel prendre une teinte ambrée alors qu'il plongeait lentement vers l'horizon. La fin de journée semblait approcher plus vite qu'il ne l'aurait imaginé et il dût se rendre à l'évidence, ils allaient devoir bientôt se séparer, du moins pour aujourd'hui.

Intérieurement, Nabi fut presque soulagée de voir que son détournement de question eut si bien fonctionné. Qu'aurait t-il pensé après cela sinon ? Elle souffla discrètement avant de lui répondre.

- C'est ce que j'imaginais. Après tout, tu es un Maître de Miroir.

Ce fut ce constat qui fit descendre sur terre notre nymphe céleste. Meliel eut beau être un dieu très charmant aux premiers abords, dégager une aura de sérénité et une sympathie indéniable, il reste aux yeux de Nabi un Maître : inatteignable.

Ce fut donc avec le sourire un peu plus effacé qu'elle observa le coucher de soleil à ses côtés. Elle savait qu'elle allait devoir rentrer chez elle et profiter du trajet jusqu'à sa maison pour avoir sa présence auprès d'elle.

- Je … je vais devoir y aller, Meliel. Il commence à se faire tard.

La femme-papillon se leva et s'étira de tout son corps et de sa grâce, finissant pas épousseter le bout de ses grandes ailes.

- Je suis prête si … si tu veux toujours venir avec moi.

Elle lui adressa un sourire, voilé d'une infime peine. Tristement décidée à prendre la route dès que K’ien était prêt lui aussi.

Aussi étrange que cela puisse paraître, lorsque Meliel expliquait qu'il avait du personnel qui venait s'occuper du palais, la nymphe perdit un peu de son sourire, peut-être à cause du fait qu'elle devait finalement partir chez elle mais Meliel soupçonna autre chose dissimulé.

La femme-papillon se leva doucement avant de s'étirer puis proposa une dernière fois au dieu de l'accompagner, chose qu'il n'allait certainement pas refuser.

- Bien sûr que je veux t'accompagner ! Je l'ai dit tout à l'heure non ? Et quand je dis quelque chose je le fais ! Enfin quand je m'en souviens... Mais quand je donne ma parole je veille à la tenir.

Le dieu se leva à son tour, essuyant sa tenue pour la remettre à peu près normale avant de s'approcher de la nymphe, sourire aux lèvres.

- Et bien je suis prêt on peut y aller quand tu veux! Je vais te suivre par contre, parce-que comme je sais pas où tu habite, c'est toi qui va me servir de guide pour cette fois. J'espère que tu as bien repéré la route, ce serait dommage de faire encore un détour de plusieurs centaines de mètres. Enfin c'est pas que ça me dérangerai au contraire mais t'as peut-être pas envie de rentrer en plein milieu de la nuit et moi non plus à vrai dire, j'ai quand même de la route à faire après pour retourner au palais.

Les deux se mirent alors en route au milieu des rues qui elles aussi se vidaient lentement, les habitants rejoignant doucement leur demeures. Meliel suivait sa camarade, traînant un peu pour essayer de grappiller quelques secondes supplémentaire sans grand succès, il fallait bien s'y résoudre, ils allaient devoir se dire au revoir.

Une fois arrivés devant la porte de la nymphe, le dieu observa les environs avec attention, essayant de repérer l'endroit pour pouvoir y revenir une prochaine fois.

- Et bien.... Je suppose que c'est ici qu'on se dit au revoir ? Ce fut un moment très agréable, j'ai vraiment apprécié te rencontrer et discuter avec toi Na... Navi... Non... Nabi voilà. Excuse-moi j'ai du mal avec les noms. J'aurai aimé rester plus longtemps au parc, malheureusement les journées ne sont pas éternelles et puis dans tous les cas il faut quand même aller manger aussi. Enfin, je vais essayer de me souvenir du lieu exact où tu habite.... Si jamais je reviens à me promener par là je viendrai te faire un coucou. Ca fait vraiment plaisir de pouvoir discuter aussi facilement, je suis sincère, je suis vraiment heureux qu'on se soit croisés et j'espère qu'on pourra se revoir un jour...

K'ien mit un point d'honneur à la raccompagner chez elle. Et dans le fond, ça la rassura. Malgré sa tendance à oublier les choses, il avait l'air d'être quelqu'un de droit et honnête.

- Bien, allons-y alors.

Durant la route, Nabi eut bien du mal à trouver le chemin. Pour sa défense, elle fit un seul détour. L'hypothèse comme quoi c'était pour rallonger le temps de trajet n'était pas à omettre bien sûr.

Tout se mélangeait dans sa tête. Et malgré tout, ils continuèrent de parler pendant une bonne partie de la route. Le soleil n'était presque plus visible et sa voisine argentée pointa déjà le bout de son nez.

Les voilà pourtant devant la demeure de dame papillon. Ce socle de bois et cette tour de pierre blanche si particulière.

- Voilà, c'est ici chez moi !

Fière, la lépidoptère de montrer sa maison. Mais ça voulait aussi dire qu'elle allait devoir se séparer de son compagnon de route qui était de nouveau parti dans un tirade.

Ses paroles la firent chaud au coeur. Elle sourit tendrement. Part cette sincérité qui émane de lui et cette maladresse qu'il tente de vaincre pour lui faire plaisir et la rassurer. Le passé lui a pourtant fait comprendre maintes et maintes fois de se méfier. Mais Nabi se laissa tout de même chavirer et espérer. Elle aussi à priori.

- Meliel. J'ai … passé un excellent moment avec toi. Je pouvais difficilement espérer mieux comme première rencontre dans mon nouveau quartier. Et tu …

Elle eut bien du mal à trouver ses mots. Ce n'était pas tout les jours qu'elle s'exprimait ainsi à coeur ouvert.

- Merci pour cette après-midi, Meliel. J'espère sincèrement te revoir, aussi.

Elle se courba, dépliant de peu ses ailes en guise de salut et conclut par un grand sourire.

- Alors … à bientôt !

Mais face à la porte de sa demeure, la nymphe se refusa de partir ainsi, pas avec de simple aux revoir. Main sur la poignée de porte, elle se mordit la lèvre et prit un courage surhumain pour ce qui allait suivre.

Poing fermé contre sa poitrine, Nabi se retourna avant que le dieu s'en aille à son tour. Son coeur battit à vivre allure mais elle se rapprocha. Suffisamment près pour déposer délicatement ses lèvres contre la joue de Meliel. Sa manière de lui dire au revoir. Elle lui adressa un dernier sourire timide et se retourna aussitôt pour ouvrir cette porte.

Il aurait été dommage que sa dernière vision d'elle soit un visage couleur pivoine.