Le hurlement noir

Il est vrai que personne ne les attend. Il faut croire que les Sanctuaris ont tout prévu pour l'aller, pas pour le retour. Du moins si, ils ont prévu à ce que les aventurières se débrouillent seules. Ce qui n'est pas pour plaire à l'hybride, surtout avec une femme blessé à ses côtés. Mais il y a peut être une chance d'éviter ça, selon le bon vouloir de Neleim.

- Je crois qu'ils ont décidé à ce que nous nous débrouillons seules pour rentrer jusqu'à l'Entre-Monde. De plus, si nous allons voir les guérisseurs, ils pourront certainement nous raccompagner jusqu'au quartier de Fumeroles pour te soigner.

Elle regarde sa coéquipière un instant, un air gêné.

- À moins que tu veuilles vraiment faire huit cents kilomètres à pied avec ta cheville …

Il est évident que dans cette dernière remarque rhétorique, Leiline cherche simplement à faire changer d'avis sa coéquipière. Elles voyageront toutes les deux par téléportation, certes, mais elle rentrerons vite et Neleim sera soignée. Comme ça, tout le monde est content.

Paresse commençait à s'infiltrer dans son esprit. Si c'était pour leur épargner une longue marche, elle pouvait bien aller voir les guérisseurs, non ?

Mais tout son être se hérissait à l'idée d'aller déclarer de son plein gré : "Oui, bonjour, j'ai mal à la cheville."
Comme si... Comme si elle n'était qu'une petite chose fragile incapable de prendre soin d'elle même.

Ces deux sentiments luttèrent ensemble, puis Paresse finit par l'emporter. D'un ton aigre, elle déclara:

- D'accord. Allons y pour les guérisseurs.

Et en plus, elles seraient plus vite rentrées et auraient plus vite leurs gains.