Une commande à livrer en urgence...

Cette mission va être comique… Je sens d’avance que l’on va bien se marrer ensemble la militaire et moi… Il n’y a bien que des militaires un brin coincé pour se plaindre qu’on les appelles Mademoiselle. Elle finit par accepter de me laisser participer à cette livraison mais uniquement parce que personne d’autre ne semble vouloir l’aborder. En même temps, à tirer une tête comme ça, elle n’était pas prête de trouver un partenaire.

En allant jusqu’au comptoir pour nous enregistrer, elle se présente. Définitivement, on va bien se marrer avec la Général Nobunaga… Je plains ses anciens subordonnés, ça ne devait pas être drôle tous les jours. Certainement uniquement quand elle était occupée ailleurs. En quelques minutes, nous voilà enregistré et prêt à partir pour récupérer les colis.

Pas de soucis pour moi. Appellez-moi Silver, juste Silver, Madame le Général.

Malheureusement, je n’aime pas me conformer à des grades et des titres. Dés ma “naissances”, des gens avec des titres ont décidés que je ne valait rien… Je n’ai aucun respect pour les gens titrés tant qu’ils n’ont pas fait leur preuves devant mes yeux. Elle détale à vive allure. Je soupire avant de m’élancer à sa suite, la bibliothécaire risque de ne pas apprécier cette “motivation”... Courir ne me pose pas plus soucis que cela, il faut avoir la forme quand on cambriole des maisons bien surveillées. Il vaut mieux que madame le général reste ignorante sur ce petit détail, elle serait certainement fichu de vouloir me sabrer.


Une bonne course à travers les rues bétonnées de Cerclon, rien de mieux pour s’échauffer avant une mission de transport pas du tout dangereuse voir même un peu ennuyante. Je vérifie que ma collègue est encore en vie avant d’entrer dans la boutique. Quelle idée de sa balader habillée comme cela avec ces températures ? Les militaires et leurs uniformes, je vous jure… L’air de la boutique est nettement plus frais, ce bougre d’ingénieur s’est fabriqué une climatisation. Il a tout compris lui… Je m’avance jusqu’au comptoir sans attendre Nobunaga et tapote sur la sonnette. Une fois. Deux fois… Trois fois… Au moment de taper une quatrième fois, une voix de vieillard retentit :

Oui, Oui, j’arrive ! J’ARRIVE, j’ai dit… Fichu jeune, aucun respect pour les anciens...

Il faut bien le faire se bouger le vieillard, on est un peu pressé. Enfin, moi, je suis surtout pressé de me débarrasser du général… Un vieil homme aux cheveux gris et en pétard s’installe derrière le comptoir. Il n’a pas vraiment l’air en bonne santé et son bleu de travail aurait certainement besoin d’un bon nettoyage. Super, après Nobunaga la fétichiste des grades, un vieu presque sénil… Cette mission va être géniale…

Bonjour, bienvenue au laboratoire, *tousse*. Que puis-je faire pour vous ?

Ne nous claque pas entre les doigts le vieux, on a pas le temps de gérer ton décès…

Nous sommes mandaté par la bibliothèque pour assurer le transport de la commande du miroir de K’ouen.

L’homme nous fixe comme s’il n’avait pas compris ma phrase. A moins que cela soit uniquement parce qu’il a oublié la commande… Au bout de vingt longues secondes, il réagit d’un coup avec un grand “Ah !”. Vieux, sénile et flippant, j’espère ne jamais devenir comme ça plus tard…

Vous avez les documents officiels ?

Il ne perds pas encore trop la tête finalement ce vieux… Je me tourne vers Nobunaga, c’est elle qui a pris les papiers je crois.

Ma partenaire du jour se montre un peu efficace en sortant le document fourni par la bibliothèque et surtout en pressant le vieux. Je soupire en voyant qu’il se montre beaucoup plus avenant avec qu’elle qu’avec moi… L’effet de l’uniforme certainement… J’emboite le pas de l’homme et d’Haru avec une motivation au plus bas. Dans quoi me suis-je encore fourré ? Il nous conduit à l’autre bout du hangar jusqu’à quatres caisses. Je soupire à nouveau. S’il n’y avait que le poids mais non, les caisses ont aussi une forme idéale pour nous obliger à les manipuler une par une… La chapellerie, c’est bien finalement…

Je regarde incrédule Madame le général Nobunaga qui réclame un véhicule et se prend la tête avec notre interlocuteur. Il va falloir qu’elle redescende un peu sur terre celle-là ! Laissant Nobunaga à son occupation, je m’éloigne un peu. On ne nous donnera pas de véhicule surtout pour une mission de K’ouen. Sa réputation le précède, une mission en apparence tranquille devient bien trop souvent un véritable enfer… Je flâne un peu cherchant au hasard un truc pouvant nous aider. Si cela amuse Nobunaga de perdre du temps pour rien. Au minimum, il nous faudrait un chariot. Ce sera plus long qu’avec un véhicule mais on accédera plus facilement aux ballons et autres véhicules volants nécessaire pour rejoindre les Res Publica. Excédé, je retourne vers ma partenaire et engage la discussion avec l’homme.

Vous n’avez même pas un chariot ou un truc comme ça ? Cela ne coûte rien…

N’importe quoi qui nous permette de déplacer simplement ces caisses… Pas besoin que cela soit joli, simplement pratique d’usage. Le vieillard semble réfléchir et peser le pour et le contre.

J’ai peut-être quelque chose à vous proposer dans ce cas. Restez là, je reviens.

Il s’éloigne d’un pas trainant… On est un peu pressé quand même ! Il revient quelques minutes plus tard en poussant un diable devant lui. C’est pas une mauvaise idée mais il va en falloir deux pour transporter nos quatres caisses.

Je peux vous prêter ça, rien de plus.

Au moins, nous n’aurons pas à porter les caisses…

Vous n’en avez pas deux par hasard ?

Quitte à être de mauvais clients, autant l’être jusqu’au bout !

Je me demandais quand le mauvais caractère de Madame le Général Nobunaga allait passer au premier plan. Si je n’avais pas un peu peur qu’elle décide de s’en prendre à moi, je rigolerai à pleine gorge. Cela a au moins le mérite de rendre notre vieil interlocuteur un peu plus efficace. Celui-ci file à la recherche d’un moyen pour déplacer les deux caisses nécessitant encore un moyen de transport. Haru décidant de mettre à profit ce temps pour commencer notre mission, je l’aide à charger deux caisses sur le diable. Vu de plus près, il ne m’inspire pas du tout confiance ce machin… Deux caisses me semblent le maximum qu’il supportera… Le vieillard revient tout content de lui en brayant et montrant ses trouvailles. Un minimum poli, je me retient de me frapper le front de la paume de la main. Mais qui nous a collé un ingénieur en carton comme ça ?

Je crois qu’Haru en est au même niveau de désespoir que moi… Peut-être même plus lorsqu’elle s’empare du matériel pour préparer elle-même la caisse à roulette. On est dans le laboratoire, il ne pouvait pas nous trouver des systèmes à inversion gravitationnelle ou tout autre truc ayant un nom super classe beaucoup plus efficace que ces petites roulettes ? Je m’occupe de déposer la dernière caisse en priant pour que les roulettes supportent les cinquante kilos de fusil… Je m’allonge au sol pour vérifier que tout va pour le mieux au niveau des roulettes. Pas de problèmes pour l’instant, on va pouvoir se mettre en route. Après une dernière menace au vieillard, Haru me demande de choisir un des deux chargements. Gentleman jusqu’au bout, je me dévoue pour m’occuper du colis bancal…

Je vais prendre celui-ci. Occupes-toi du diable Général.

Je commence à pousser le colis à la suite de ma comparse. Je soupire, j'aurais du prendre le diable… Les roulettes tournent mal, j’ai plus l’impression de faire glisser les boîtes qu’autre chose. Je n’ai pas fini d’entendre Nobunaga se plaindre qu’on ne va pas assez vite… Mécontant qu’elle râle encore, je marmonne pour moi-même.

Tais-toi ! Je fais ce que je peux avec ces roulettes de m…. !

Premier obstacle pour mes roulettes en carton, le pas de la porte… Le diable passe sans difficulté. En même temps, c’est fait pour. Mais mes roulettes butent sur la barre métallique et refuse de passer par-dessus. Je soupire bruyamment et essaye de forcer plus sur mon chargement. Rapidement, je me rend à l’évidence, il va falloir porter ces caisses si on veut les sortir de la boutique… Je déplace rapidement la première caisse à l’extérieur puis la seconde avant de tout remettre en tas. Le tout, sous le regard inquisiteur d’une général mal lunée. Et le calvaire ne fait que commencer, maintenant, il faut rejoindre l’un des accès aux machines permettant d’accéder aux Res Publica ! Heureusement, on est à Cerclon pour l’instant. Le sol est bétonné est bien lisse au contraire des quartiers comme Ordae ou Northrives. Si besoin, on pourra même utiliser les escalators et ascenseurs !

En route, Général Nobunaga !

Fausse joie quand tu nous tiens…

Une chose est sûre pour moi, elle ne devait pas être dans le coeur de ses subordonnés… En plus d’être peu agréable, ses encouragements sont, pour ainsi dire, minables. C’est la dernière fois que je m’approche d’un ou une militaire ! Ils apportent toujours des ennuis. Elle a au moins la décence de m’aider à retenir mon chargement dans la descente raide qu’elle a décidée d’emprunter. Mon chargement est un poil compliqué à gérer dès lors que le sol s’incline… La caisse supérieure glisse sur celle en dessous si je la tiens. Et je me casse le dos en tenant celle du bas…

ça devrait le faire. Merci Haru !

Malgré la situation pas forcément folichonne, j’apprécie de pouvoir la titiller en n’usant pas des titres qu’elle affectionne. Notre chargement tanque méchamment lorsqu’un groupe de gamin s’amuse à chahuter la général. Je soupire pendant qu’elle râle, ce ne sont pas des Ken, elle aurait volée si cela avait été le cas.

Ce serait dommage d’aller en prison pour si peu. Cela ternirai votre réputation ma Général !

Je ris sans me retenir de ma blague, certe nulle mais hilarante de mon point de vue. Je me dépêche de retenir mes caisses lorsqu’elle me prévient de l’arrivée d’un ballon dans ma direction. Le ballon m’écrase la main contre la caisse mais au moins elle n’est ni abimée, ni tombée. Je peste néanmoins contre ses gamins dépourvus d’éducation. On devrait en attraper un et l’envoyer faire la surveillance de ces petits copains. Aprés s’être pris quelques cailloux, ils seront plus respectueux !

Fichu gamin… Il n’y a plus aucun respect de nos jours.

Abandonnant un instant mes caisses, je tape dans le ballon pour l’envoyer au bas des remparts de Cerclon. Amusez-vous bien les gamins pour retrouver votre jouet dans les dédales de Cerclon ! Je reprend ma position et annonce à Nobunaga que l’on peut reprendre notre chemin tandis que les mioches protestent. Notre cheminement ne tarde pas à être de nouveau arrêté par une zone de travaux sur la chaussée. Sur toute la largeur de la route, le revêtement a été retiré laissant une zone caillouteuse et surtout deux marches de cinq bons centimètres… ça va être amusant avec mes mini-roulettes ! Pourquoi j’ai souhaité être galant ?

Génial…

Je m’engage lentement dans l’obstacle essayant de ne pas casser une roulette au passage. La première roulette touche le sol avec un bruit désagréable de bois gratté.

Au moment où Haru me hèle, je sens mon chargement partir en cacahuète. Je retient in-extremis la première caisse mais la seconde tombe dans le trou creusé par les ouvriers du chantier. Une petite seconde plus tard, le son de ma caisse tapant au fond retentit. Si le chargement est indemne après ça, j’irai félicité le vieux pour l’emballage… Nettement plus alerte ou informée que moi, Haru me tire en arrière, loin du trou peu avant qu’un geyser ne fasse son apparition. Je soupire en même temps qu’elle ironise la situation, c’est bien ma veine… Arriverons-nous indemne à la Res Publica ? A ce rythme, je crains que non… Je m’avance avec la général pour regarder l’étendue des dégâts au fond du trou. Ma caisse se fait balloter dans tous les sens au milieu de la boue et du gravier.

Si nous avions le temps, j’aurai bien attendu qu’elle remonte avec le niveau de l’eau vu qu’elle semble flotter. Mais ce n’est pas une option possible n’est-ce pas général ?

Je me dévoue pour descendre chercher la caisse vu que celui qui restera en haut devra expliquer au contremaître du chantier pourquoi il y a un geyser en plein milieu de Cerclon. Je contourne le trou jusqu’à l’échelle permettant d’accéder au fond et commence à descendre en veillant à ne pas glisser sur les barreaux déjà trempés. Avec cette chaleur, une douche comme celle-ci serait providentielle pour beaucoup de monde mais sans les gravillons… J’arrive rapidement au fond du trou et constate que l’eau m’arrive déjà à mi-cuisse. Je me dirige vers ma caisse qui s’est coincée sous un tuyau au bord du trou. Ne voyant pas où je pose mes pieds avec la bouillasse, je trébuche contre un tuyau et m’étale dans l’eau. Je me relève à toute vitesse et peste à voix haute.

Ras le bol de cette mission ! Qu’est-ce qu’il m’a pris de vouloir cette mission !

Trop, c’est trop ! J’arrive enfin à prendre en main ma caisse et lutte quelques instants pour décoincer la caisse. L’eau maintenant au niveau de ma taille, je retourne à l’échelle en interpellant ma collègue.

Je l’ai ! Visiblement, les caisses sont étanches et flottent pas trop mal !

Une chance parce que maintenant, il va falloir remonter avec la caisse de 25 kilos…