Re: La fin d'une époque

Le premier contact avec le sol et l'instant ou mes muscles s'échauffent est un enfer. Je n'ai plus d'énergie, plus de force et sans Morgan à mes côtés , je serais tombé au sol. Je ne peux que m'agripper faiblement contre lui, serrant les dents pour tenir le coup. Il s'empresse de me proposer d'être porté. Je ne devrais pas abuser de sa gentillesse .... il ... il fait tant pour moi et je lui ai causé déjà trop de soucis , pourtant il est encore attentionné à mon égard.

J'acquiesce , mal à l'aise et le laisse passer un bras sous mes genoux et l'autre dans mon dos, me blottissant contre lui alors qu'il se redresse. Je pose seulement la couverture sur moi, comme il me l'a demandé. Il descend ensuite lentement l'escalier jusqu'à se retrouver devant la porte d'entrée et sortir, nous menant à la petite écurie.

Le froid me crispe et je me sers d'avantage contre Morgan, cachant mon visage dans son cou. Son odeur est un baume apaisant ... la chaleur de ces bras , une bénédiction.

Dans l'écurie, Duha est blottit contre le chaleureux patmemboule et ils nous jettent tous deux un regard curieux quand nous approchons.

Morgan me dépose contre Duha et s'écarte.

- - Je....je vais te laisser...Selene va rester avec toi. Tu n'aura qu'à lui demander de venir me chercher quand tu voudras rentrer...

Aucun mot ne parvins à franchir mes lèvres alors qu'il s'éloigne, refermant la porte de l'écurie sur ses épaules basses. Je m'en mords la lèvre ... Duha hennit doucement et presse son museau contre ma joue , essyuant les larmes qui coulent d'elles-mêmes à présent.

Je lache un sanglot, puis un autre et m'effondre contre la belle Lilavène, entourant son museau avec mes mains, laissant les gouttes de tristesses mouillés son pelage.

- Duha ... tête de .... mule ... pourquoi ...pourquoi ici ... je t'avais dit ... dit .. de ...

Mes mots se perdent dans mes pleurs et je me blottis contre l’épaule de la lilavène , mes bras entourant son encolure alors qu'enfin je peux pleurer de tout mon soul, le corps tremblant de peur, de froid, de tristesse. Je sais que Selen est là et pourrait chercher Morgan parce que je pleure mais je n'ai pas la force de lui dire de garder cela secret.

- Duha ... du... ha ...

Le temps passe sans que je ne le mesure, restant seulement contre Duha , à sangloter pitoyablement comme une enfant. Ma lilavène se contente d'appuyer l'arrière de son museau contre mon épaule pour me garder contre elle , me laissant pleurer de tout mon saoul.

Le froid , malgré ma couverture se fait tout de même ressentir et crispe mes muscles. Je finis par me redresser pour regarder la belle lilavène. Elle laisse son souffle chaud sécher mes larmes et émet une sorte de doux hennissement réconfortant .

Je ne sais pas... ce que je vais faire ... ni ou je vais loger ... mais je dois d'abord reprendre des forces et ... me faire pardonner mon insouciance auprès de Morgan.

Je demande à Selen de le chercher , serrant la fine couverture autour de moi, remerciant Duha d'un souffle.

- Merci ... de m'avoir sauvé ...

Les minutes passent, puis les heures. Combien exactement je n'en sais rien, mais le temps passe, lentement. Je restais prostré sur le canapé, je fermais les yeux mais ne dormais pas. Mes regrets tournent en boucle dans mon esprit: pourquoi n'ai-je pas plus insisté ? Pourquoi ne me suis-je pas inquiété plus tôt ? J'aurai pû faire mieux, j'aurai pû faire plus, mais j'ai été impuissant et inutile et je le suis encore. Ça me tue, je m'en veux tellement...

Selene me fit sursauter quand elle lécha ma main. J'étais tellement perdu dans mes pensées que je ne l'avais pas entendu entrée. Je caressais sa tête avec douceur et me levais pour enfiler mes baskets encore humides et sortir.

Je retrouvais l'écurie et m'accroupis, tendant les bras en espérant que Lya comprendrais que j'avais besoin qu'elle s'approche. Elle me comprit heureusement et quand je l'eu contre moi, je la repris dans mes bras, un dans son dos, un sous ses jambes. Je la soulevais ensuite et nous quittions l'écurie.

- Tu es frigorifiée...

Elle semblait gelée... Combien de temps était-elle restée dans l'écurie ? Trop certainement.... Le voyage inverse à tout a l'heure fut un peu plus aisé, même si Selene fut à nouveau d'une aide indispensable pour éviter une chute douloureuse. Je déposais ma précieuse Reine sur le lit puis la couvrais draps bien chaud. Selene sauta sur le lit et s'installa à ses pieds, gardienne et soutien à la fois, il faut dire que ma compagne de tout les jours aimait beaucoup l'élue de mon coeur. Je me tournais approximativement vers Lya et tatonais un peu avant de trouver sa tête que je caressais lentement.

- Tu as besoin de dormir un peu, tu es frigorifiée et à bout de force... Veux-tu...que je reste ou que je parte ? Je ne me vexerais pas si tu as besoin de solitude, ne t'en fais pas.

Je tentais un sourire doux, j'essayais d'être bien plus tendre pour me faire pardonner mes erreurs. Si elle me le demande, j'irai au rez-de-chaussé, mais je laisserais tout de même Selene avec elle. On ne connaissait pas l'étendue exacte de ses blessures, je préférais que quelqu'un veille sur elle quoi qu'il arrive.

Mes larmes se tarissent enfin, je ne fais plus que hoqueter faiblement, un peu plus calme bien que toujours dans un brouillard de questions et d'incertitude. Le froid qui, jusque là ne se faisais pas ressentir, commence à s'emparer de mon être et j'en ressens la morsure des températures sur ma peau à peine couverte.

Le froid crispe mes muscles et malgré la chaleur que dégage Duha, je dois vite me résoudre à rentrer. Selen file chercher Morgan et je câline encore un peu Duha jusqu'à l'arrivé du jeune homme qui me tends les bras pour que je m'approche. même ramper sur le sol m'est difficile ... j'ai l'impression de n'avoir plus de force ... d'être devenu plus frêle et fragile qu'à l'accoutumée...

Cette constatation me déplait et je serre les dents en forçant sur mes muscles transits.

Une fois calé contre les bras de Morgan , je me laisse porter, trop lasse pour résister. Nous retournons à l'intérieur alors que mes jambes tremblent. Morgan me ramène à la chambre et me dépose sur le lit, me couvrant soigneusement.

Selen s'installe à mes pieds en m'observant et je lui offre un petit sourire pour la rassurer.

- Tu as besoin de dormir un peu, tu es frigorifiée et à bout de force... Veux-tu...que je reste ou que je parte ? Je ne me vexerais pas si tu as besoin de solitude, ne t'en fais pas.

- Non !

Je m'agrippe à lui

- Reste avec moi ...

Réaction instinctive ... primaire.
J'entoure son torse de mes mains pour le garder contre moi, ma tête contre son épaule, n'arrivant pas à le regarder mais pas non plus à le laisser repartir.

- Je ... je ... suis désolé ... de ne pas t'avoir dit... J'avais ... pas envie que tu vois là ou je vivais ... j'avais trop honte .. et mon oncle parti, j'ai du me débrouiller toute seule pour reprendre son travail ... Je voulais pas laisser tomber ... au cas ou il reviendrait... On me demandait de plus en plus de travail ...

Les mots semblent se déverser sans rien pour les retenir. Je ferme les yeux pour me concentrer que sur mes mots et les laisser sortir...

- J'aurais pu te parler, te demander de l'aide ... mais j'ai toujours appris à me débrouiller toute seule alors .. je n'ai pas pensé que tu pouvais être inquiet... je n'ai jamais eu à ... rendre de compte ou à me dire que des gens pouvaient s'inquiéter pour moi ... Je suis vraiment désolé Morgan ....

Je n'ai même pas la force de continuer à le serrer contre moi.

- Quand ... j'ai cru ... mourir... je n'arrêtais pas de penser à toi. Je voulais te revoir au moins une fois avant de ... Mais .. maintenant ... je n'ose même pas ... te regarder ... je ne sais pas quoi faire ... quoi dire ... Morgan ...

Alors que je pensais qu'elle me rejetterais, je me retrouve prisonnier des bras de ma belle renarde. Elle tremble mais sa façon de me tenir contre elle m'indique à quel point elle est désespérée. A t'elle peur que je l'abandonne ? Les mots soudain, sortent de sa tête, elle lâche enfin toute ses pensées et j'y suis particulièrement attentif. Je lui rend son étreinte et caresse doucement ses cheveux pour l'apaiser.

Elle m'avoue alors la honte qui l'a retenu de me prévenir, ce sentiment d'être important aux yeux des autres qu'elle n'avait jamais eu auparavant. Ce côté solitaire qui l'a toujours guidé, même si c'était pour prendre de mauvaises décisions.... En sachant tout cela, je m'en veux encore plus de l'avoir giflé. Mais qu'est-ce qui m'avait prit ?! Je méritais des baffes aussi pour ca !

Mais mon attention était accaparée par ma compagne. Toujours. Elle était mon tout...ma vie... Je ne devais pas l'abandonner dans un moment pareil. Doucement, je caressais ses joues et remontais son visage pour coller nos fronts l'un contre l'autre. Je ne pouvais évidemment pas la voir, mais je sentais sa présence par tout les pores de ma peau, par la chaleur de son souffle sur mes lèvres, par le toucher de sa peau abîmée sur la mienne.

- Je comprend Lya, ma Reine. Je comprend. Je suis désolé, je t'ai mal jugé et je m'excuse encore de t'avoir frappé sous le coup de l'émotion... Mais ne t'en fais pas, c'est fini. tu es en sécurité maintenant. Ici, personne ne te fera de mal. Tu n'as plus à vivre là-bas, tu n'a plus à faire ce travail, ce n'est pas à toi de gérer les morts des autres. Tu n'as plus...à faire des choses que tu ne veux pas...

Je fis une petite pause et embrassais le coin de ses lèvres avant de la rallonger doucement.

- Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est...mais nous devrions dormir. Je reste avec toi. Dormons et demain nous irons voir le médecin pour vérifier tes blessures. Et ensuite... On verra ! Dans tout les cas, tu n'es plus seule Lya. Selene et moi, Grand-mère aussi, nous allons prendre soin de toi, alors n'ai plus peur. Tu es en sécurité.

Je n'étais pas doué pour parler, je n'avais pas la science des mots ou des discours. J'espérais juste que ce serait suffisant pour que Lya se sente mieux et ne soit plus terrifiée... Je me levais pour me déshabiller et enfiler un pantalon de pyjama avant de la rejoindre dans le lit et de la prendre de nouveau dans mes bras. Je voulais qu'elle sente mon amour et mon désir de la protéger, qu'elle sache qu'a son réveil je serais toujours la... Parce que je ne faillirais plus.