Tattoo Tabou

- Oooh… Mais du coup t’as quoi d’un serpent ? Ah oui pardon. Pas de questions c’est vrai.

Je fermais ma bouche à l’aide d’une fermeture éclair imaginaire, puis je cherchais la réponse par moi-même, je la regardais de haut en bas avec insistance, les yeux écarquillé à la recherche d’écailles, ou autre chose qui fasse penser à un serpent, mais je ne voyais rien. Rien, hormis ses yeux singuliers que j’avais remarqué pendant le concert, mais j’étais sûre qu’elle devait avoir d’autres traits ophidiens. Je plissais les yeux et je me concentrais sur sa bouche persuadé d’y trouver soit des crocs soit une langue fourchu, je voulais être fixé. Il me suffisait d’être concentré sur sa bouche la prochaine fois qu’elle parlerait.

- Là ! vu !

Je pontais sa bouche du doigt avec une incorrection digne d’un sale môme, mais j’étais tellement “fière” de ma trouvaille.

- Han Docteur Erelm ça sonne tellement bien ! Fis-je les yeux plein d’étoiles. Si tu veux me voir à l’œuvre il suffit de me rendre visite au palais de Kou’en, c’est là-bas que je suis ma formation de guérisseuse.

Le maître de Kou’en était si souvent blessé, que j’avais beaucoup d’occasions d’apprendre. Par contre, il était franchement douillet pour un grand gaillard. Je devrais peut-être dégotter des pansements avec des dinosaures, peut-être qu’il se montrerait plus courageux.

Nora me prenait par la main une nouvelle fois, et m’entraînait vers une séance de tatouage. Sur le trajet un doute m'assaille, Richye serait-il d’accord avec ça ?

- Euh, attends, euh… Les tatouages, c’est super cool, mais les parents ils ont rien contre ça hein ?

Je n’avais pas envie de décevoir mon père une nouvelle fois. Mais dans le fond, il n'aurait sûrement rien contre l’idée que j’embellisse mon corps d’une œuvre d’art non ? En plus, Nora dessine super bien le résultat peut que être bien. Oui voilà. Je suis sûre qu’il approuverait sans problème. C’est certain.

On rejoignait une vieille station de métro. Je suivais Nora persuadé que nous allions prendre les transports en commun. Je m’amusais à garder l’équilibre en marchant sur l’un des rails, ce qui avait tendance à ralentir notre trajet, du coup, j’essayais d'accélérer l’allure quand je me sentais assez en confiance, mais résultat, j’arrivais pas à rester dessus. Finalement, on arrivait vers un métro recouvert de tag.

- Ouah, c’est vraiment là que vous vivez ?

Lorsque j’étais à l’orphelinat, j’imaginais souvent à quoi pourrait ressembler ma future maison. J’étais devenue une pro de cet exercice, j'imaginais des maisons plus farfelues les unes que les autres. Et à l’instant, j’avais l’impression de me retrouver devant une maison imaginée par quelqu’un comme moi, qui avait passé des heures à fantasmer sur une maison atypique. J’avais sûrement plus de point commun avec Nora que ce que j’aurais pu concevoir finalement, je me demandais comment ça, c’était fait.

- Ça vous est venue comment de vivre dans une ram de métro ? C’est une idée géniale !

J’avais presque envie de demander s’il n'y avait pas un petit wagon de libre, mais je ne pourrais jamais abandonner mon foyer. Même si j’étais souvent en vadrouille mon cœur restait à Elantra près de mon père adoptif.
On passait une enfilade de Wagons que je n’avais pas trop le loisir d’admirer puisqu’on marchait très vite. Puis on rejoignait un wagon qui ressemblait à s’y méprendre à un salon de tatouage. Il restait même quelques siège d’origine, c’était hyper vintage. Des dessins recouvraient les murs, des modèles de tatouages comme dans les boutiques, je prenais le temps de détailler chacun d’eux avant de m'asseoir dans un fauteuil.

- Je suis prête Nova ! Fais de moi une œuvre d’art !

Le palais de K'ouen hein... Ah ! Des souvenirs, tiens ! Je ne savais pas qu'ils formaient des guérisseurs là-bas, c'est... Étrange. Qui pouvait bien la former là-bas ? Et puis pourquoi ? Ah. Oui. J'avais failli oublié un détail. K'ouen était une brute épaisse aimant faire des chasses plus dangereuses les unes que les autres. Elle avait au moins un patient tout désigné.

Sur la route de chez moi et les filles, Lilou me demanda si les parents n'avaient pas de problèmes avec le fait de se faire tatouer. Je ricanais puis répondais.

J'en sais rien, ça dépend si ton père est cool ou pas. Mais au pire ça se retire, vu la magie et la technologie dispo' dans Entre-Monde, t'auras aucuns problèmes à l'effacer si ton père n'en veut pas.

On arrivait après un bon moment de marche devant chez nous, les Nemesis. J'en avais vécu des choses ici, et puis notre métro-maison en avait aussi vu de toutes les couleurs (et je ne parle pas que de la peinture.).

Ouaip ! J'vis là avec le groupe ! On avait tout installé nous-même. L'idée, c'était d'être en sécurité à Magna. Le quartier craint un peu, tu vois ? Donc on a préféré aller sous-terre. Et puis, on est tombé là-dessus. On espérait le refaire bouger et voyager dans le métro avec, mais on est resté dans une voie abandonnée. Pour venir ici, faut vraiment connaître et chercher, aucun moyen d'être dérangé. On peut même faire du bruit et des répètes comme on veut ! Bon, aller, on rentre !

Je la tirais à l'intérieur et lui faisait passer les wagons en quatrième vitesse pour arriver dans celui qui servait de salon de tatouage. Il servait aussi à d'autres choses d'ailleurs, entrepôt à m**des et atelier pour pleins de choses. Avec Lilou assise, je démarrais mon gadget puis mes outils de travail. Après une longue préparation minutieuse, j'étais parée à commencer.

Tu le veux où alors ? La main ? L'épaule ? Le dos ? ... Ailleurs ? Dis-je avec un clin d'oeil.

Une fois décidé, j'annonçais avant de commencer :

Détends-toi, et t'inquiètes pas si ça pique un peu, c'est normal. Mais t'es forte, donc ça ira, pas vrai ?

Et c'était parti ! L'aiguille s'enfonçait, et je commençais mon travail. Un coquelicot à la Nova pour la demoiselle...

- Ouah c’est une base secrète ! Tu m’as emmené dans votre base secrète ! J’en suis honorée. J’en parlerais à personne même sous la torture !

J’accompagnais mes paroles en fermant ma bouche d’une fermeture éclaire imaginaire, le regard droit et sévère comme si on m’avait confié une mission d’une importance capitale.

Je m'installais dans le fauteuil en cuir, mes jambes flottaient dans le vide et mes bras n'atteignait pas les accoudoirs trop large. Je devais vraiment paraître minuscule assise la dedans. J’observais ma nouvelle idole préparer ses outils avec une précision chirurgical. Elle a l’air d’une professionnel comme ça.

- Je le veux sur l’omoplate gauche, derrière le coeur.

Elle m'expliquait que ça allait piquer. Je rassemblais tout mon courage et je hochais la tête avec détermination.

- oui ça va aller. Vas y.

Je serre les dents et baisse la tête prête à accueillir la douleur comme tel une guerrière du rock.
Ça va piquer.... Nora avait bien minimiser les choses, ça fait un mal de chien oui. Je serre encore plus les dents pour retenir les sanglots qui montent, quelques gouttes d’eau perlent aux coins de mes yeux, mais je tiens bon. Hors de question de crier. Je suis une grande maintenant, je suis forte, je peux le faire.

Le calvaire s’achève enfin, sans que j’ai poussé un cri. Nora me montre le resultat grâce à un jeu de miroir, mes yeux s’illuminent instantanément.

- Merci, fis-je émue.

Je me lève et dépose une bise sur sa joue.
Enfin je me rend compte qu’il est tard et que j’ai déjà loupé le couvre feu, il est vraiment tard, mon père doit se faire un sang d’ancre, c’est le cas de le dire.

- je dois rentrer il est tard mais je repasserais te voir promis.

Je ne louperais pas un seul concert des némesis à compté de se jour