Concentré de lumière

Kim frappe, doucement son poing s’écrase contre le sac. La sensation prend de l’ampleur, elle frappe encore, encore, encore…
Plus violente plus rapide elle déverse sa colère dessus. Si seulement elle pouvait avoir un responsable à ce qui s’était passé… ce serai sur lui qu’elle serait en train de frapper. Est ce que ça lui ferait du bien ? Oui sans aucun doute. Au lieu de ça elle ne peut que maudire le ciel, un responsable sans visage.

- Aaaaaaaaaaaaaaah ! ! Hurle t-elle.

Son cri c’est celui du désespoir et de la rage. Elle frappe encore plus fort, Sa brassière de sport est entièrement imbibée de sueur. Le silence est tombé aux alentours. La salle de sport très fréquenté avait à présent toute son attention fixée sur ce petit bout de femme qui n’avait pas l’air commode.
Sans s’en rendre compte, elle se met à briller, les marques de lumières se propageaient sur son corps comme le ferait une maladie gangréneuse, dévoilant à tous de façon imagée le chaos qui règne dans son esprit. Le sac n’y survit pas, il se perce sous l’effet de la chaleur.

- Grrrr ! C’est pas vrai de la camelote ce truc put**n !

Colérique ? C’est un euphémisme. Kimiko envoi valser ce qu’il reste du sac à l’autre bout de la pièce puis relève la tête réalisant que tout le monde l’observe.

- Quoi vous voulez ma photo pt’ête ?

Elle leur lance un regard assassin, elle n’attendait qu’une chose, s’était qu’on fasse un pas en avant, qu’on tente de la remettre en place, de la raisonner… Si elle pouvait avoir un adversaire de chaire et de sang qui lui rendrait coup pour coup un adversaire à son niveau qui la mettrais KO. Elle toisa l’assistance avec défi.

- Quelqu’un pour montrer sur le ring ? A moins que je vous fasse peur du haut de mes 1 mètre 50

Aujourd'hui était un jour des dés, le jeune homme laissait les dés décider de tout ce qu'il allait arriver et les dés avaient choisis de le faire entrer ici.

Une sale de sport où s'entraînaient des personnes qui faisaient souvent deux fois son poids et dont les infrastructures semblaient en bonne état, ce qui était assez rare pour être souligné à Magna. L'atmosphère est lourde, concentrée et étouffante, un peu claustrophobe même.
Rien d'intéressant pour autant, juste du travail musculaire, des gens qui frappent des sac et...

Une femme qui...

- Aaaaaaaaaaaaaaah ! ! Hurle t-elle.

Elle frappe, encore et encore, des lumières se gravent sur son corps comme des braises. Une odeur de plastique qui fond se propage un peu dans la salle, une tempête d'émotion brûle sur son épiderme. Elle fait voler le sac jusqu'au bout de la salle et son regard défi la salle.

- Quelqu’un pour montrer sur le ring ? A moins que je vous fasse peur du haut de mes 1 mètre 50

Du haut de son mètre soixante-dix, William ne savait même pas si il avait toutes ses chances contre la jeune femme, malgré sa taille et sa finesse elle semblait à l'aise au combat et bien entraînée.

A Magna il fallait savoir se battre bien sûr et William n'était pas une exception, il s'était battu il y a quelques jours pour aider une jeune personne mais pas à la loyale, ses adversaires ne se battaient pas à la loyale non plus donc ça s'équilibrait.

Le joueur n'avait jamais eu de bon souvenirs avec ses combats à la loyale, il avait manqué d'aller voir des docs de Magna a de nombreuses reprises.

Mais peut-être que cette fois, ce combat valait le coup d'être mené. Elle était en colère, frustrée, elle était du coin sans doute, elle vivait avec la pauvreté, le crime et une vie qu'on lui avait imposée à la naissance.

Des dés de couleur, transparents, se fige en l'air et retombe dans la main de William, il en lance deux et à 7 ou plus il ira.

8

Soit.

Il va encore briser sa tranquillité, pour une bonne cause peut-être encore. Il sort de sa veste de costume, de son gilet, de sa cravate qui lui lie le cou, il fait tomber ses pans de tissus noir. Il garde sa chemise et son pantalon, il monte.

Son souffle est le même, sa voix est calme, son cœur est tranquille, il est bien loin d'être sûr de gagner, surtout si la jeune femme souhaite utiliser ses pouvoirs, ses yeux mauve clair regardent comme si ils voulaient voir au-delà.

Doucement, il tend sa main vers la jeune femme.

-William Smith, né dans l'Entre-Monde avant qu'elle soit une ville de ce nom, j'ai grandi dans le bidonville. Et vous, vous êtes une fleur de Magna aussi ?

Inutilement peut-être, le jeune homme en noir avait envie de savoir si il se bat contre un semblable. un dévoré jusqu'à l'essence de ce quartier, né dans les déchets et la puanteur. Il veut se battre pour comprendre quelque chose, pour partager des sentiments. Sur son visage on peut voir passé le maelstrom qu'il abrite par instants fugaces, son sourire est comme une porte dessus son âme, il est agité de nuit.

-Il nous faudrait un arbitre aussi. Quelqu'un ? Quelqu'un pour arbitrer ?J'aimerais qu'on décide de l'utilisation des pouvoirs aussi, je n'ai pas vraiment de capacité utile en combat donc... Un combat à main nue, sans pouvoirs, celui qui gagne est la personne qui abandonne ou ne peut plus se battre, ça vous va ?

Aujourd'hui était un jour de descente dans le bidonville de Magna. Zone de non-loi, et surtout endroit où l'on pouvait trouver de l'action et le marché noir. J'avais fini par aimer le quartier, un vrai coupe gorge comme on en fait pas ailleurs. J'arpentais les rues étroites, passant sous de la tôle parfois, zigzaguant un peu au pif en attendant quelque chose de marrant, ou la chance d'entendre un coup sympa à faire.

D'ailleurs, pas de costume pour ce quartier, mais une tenue bien plus passe-partout ici. Jean, sweat noir, capuche sur la tête et lunettes de soleil... J'aimais me montrer classiquement, mais je n'avais pas encore assez pris mes marques dans le crime Entre-Mondien pour prétendre à crier tout haut que l'acteur Owen Dawson allait régulièrement à Magna et commettait meurtres et vols.

J'arrivais vers une salle de sport. Je ne l'avais jamais vu celle-là. En entendant du bruit et de l'agitation à l'intérieur j'entrais. Les gens formaient une grande ronde autour d'un ring où se tenait une femme de petite taille. Elle hurlait en adressant un regard de défi aux spectateurs.

"Quelqu’un pour montrer sur le ring ? À moins que je vous fasse peur du haut de mes 1 mètre 50."

Je me retenais de rire, elle avait du cran... Mais ce n'était pas cette ridicule petite carrure qui allait faire grand chose face aux gros tas de Magna. Enfin, étrangement, personne ne faisait de pas en avant. À croire qu'ils en avaient bel et bien peur, elle était peut-être comme moi... Un monstre sous déguisement.

Je m'apprêtai à avancer pour jouer au punching-ball quand un homme maigre alla rejoindre le ring. Tiens ? Un challenger... Et encore une personne qui n'a pas l'apparence du combattant. D'ailleurs, il le fit de suite comprendre en commençant à parler. Il se présentait au beau milieu du ring, faisant causette. Mais allez quoi ! Battez-vous !

Finalement, il demandait un arbitre. Je me frappais le crâne, désespérant de voir un peu d'action. Il n'avait décidément rien du combattant de rue... On est à Magna là, pas sur le ring d'une compétition de boxe française... Je fis donc un pas en avant, bousculant les gens devant moi sans vraiment faire attention. Je retirais enfin mes lunettes noires, les rangeant dans ma poche.

Je vais m'occuper de ton arbitrage si ça peut te faire plaisir. Alors bats-toi.

J'escaladais les cordes pour me retrouver sur le ring qui tremblait sous mon poids. J'aurais peut-être mieux fais de rester au sol... Je me mis donc dans un coin et m'assis là. Ce n'était pas comme-ci je comptais vraiment jouer le rôle de l'arbitre pour un clown et une naine... À la rigueur, je m'étais approché pour pouvoir rentrer plus vite dans le combat quand ça commencerait à devenir intéressant.

À ma droite la naine aux tatouages, et à ma gauche le clown maigrichon. Alors, blabla... Et combattez ! Annonçais-je en passant les bras derrière ma tête, et en tendant les jambes.

C’est avec étonnant qu’elle vit émerger du publique un homme rachitique, elle s’attendait à se retrouver face à un grand balourd qui la prendrait pas au sérieux, au lieu de ça elle se retrouvait face à un paumé qui ne devait pas avoir très bien saisi la situation. Elle passa une main sur son visage dépité se demandant s’il était raisonnable de se battre contre un faiblard pareil.

Et puis zut… Puisqu’il était le seul à vouloir relever le défi, elle s’en contenterait, elle avait besoin de se défouler de taper dans de la chaire pas dans un vulgaire sac qui ne supportait pas la chaleur. Le dandy au teint cireux ferait l’affaire. Kim monta sur le ring en effectuant une acrobatie entre les cordes. Le ring, c’était toute sa vie. Et ça, son adversaire allait vite le comprendre.

- J’ai pas demandé à s’qu’on cause du passée, tu viens te battre ou tu veux compter fleurette ?

Elle n’endormait pas sa vigilance pour autant, elle n’était pas à l’abri d’un pouvoir étrange ou d’une capacité surhumaine de sa part, c’était courant elle en avait bien souvent fait les frais sur le ring. Enfin… Ça, c’était avant qu’il commence à parler.

- Ok, tu veux dire que tu montes sur ce ring en pensant me battre avec tes poings sans pouvoir ? C’est quoi ton truc à toi ? T’as abusé sur le feu distillé, c’est ça.

Bof après tout si c’était un camé elle n’allait pas pleurer sur son sort elle n’avait aucune pitié pour ces gens-là. Et elle était bien trop en colère pour mettre en route son système empathique. Par contre il fallait qu’ils passent à l’action et vite, sinon c’était le ring qu’elle allait démolir à coups de poing.

Un homme de grande taille aux larges épaules fendit la foule, il retirait ses lunettes de soleils comme si c’était une star. Kim le toisa avec défi, voilà l’adversaire qu’elle avait attendue. Mais raté, il proposait d’arbitrer… Sérieusement… Ok, bon, bah, elle allait lui montrer ce qu’elle avait dans le ventre.

- La naine aux tatouages ! Tu paies rien pour attendre toi ! T’es le prochain. Cracha t’elle avec dédain.

Le combat était lancé et Kim ne fit preuve d’aucune pitié envers son adversaire. Elle fonça droit sur lui faisant pleuvoir de petits coups de poing sec et rapide. Sa force résidait dans le nombre et dans la précision ses attaques elle faisait en sorte ne pas lui laisser le temps de riposter, aucune brèche pour lui permettre de se replier.

Ce n’était pas un combat… Un combat nécessitait d’être équitable, et ce n’était pas le cas. Les traits Kimi étaient déformé par la haine, ses coups étaient de plus en plus violent, elle crier sa rage à la face de William, ses yeux trahissant ses sentiments. Elle ne se maîtrisait plus une vrai furie. Elle avait même oublié les règles que le malheureux avait voulu instaurer. La rage dessina sur sa peau stries de lumière vive, ses poings se mirent à chauffer, mais elle n’arrêtait pas ses assauts pour autant. La foule avait disparu, le ring n’était plus là, le sens de ce combat lui était étranger, elle avait perdu tout sens moral, tout contrôle elle était devenue l’incarnation même de la rage.

Un homme était sortie du tas, imposant même si pas le plus grand ni le plus musclé de la foule, mais il semblait étrange, d'ailleurs son visage semblait familier. Tout à fait familier maintenant qu'il avait retiré ses lunettes et s'était approché un peu plus.

William sourit à l'évocation de son titre, "clown maigrichon", c'était totalement juste.

-Vous êtes pressés, Mr.Dawson ? Vous devriez prendre le temps de profiter de Magna.

Le joueur n'avait pas fait l'erreur de retirer ses yeux de son adversaire néanmoins.

Il n'eut d'ailleurs pas le loisir de prendre son temps, une nuée de poings furieux s'abattaient à grande vitesse sur lui. Chacun d'eux assez puissant pour donner envie de reculer. Ce que William ne fit pas. Reculer c'était tout perdre, la jeune femme était beaucoup trop forte pour être prise à la légère, absolument rien à voir avec la vermine qui grouillait partout dans les rues et qui se battait avec des canifs.

Il ne se rappelait pas l'avoir déjà vu, mais elle devait sûrement faire partie des habitués d'un cercle de combat illégal.

Il avait envie d'abandonner et de sauter en dehors du ring, mais il aimait la sensation fulgurante de cette douleur sincère et cette rage qu'elle relâchait à chaque coup.

Chacun de ses impacts étaient brûlants et ses poings brillaient, que pouvait-il attendre d'autre de Magna, personne ne respectait les règles.

Lui-même aurait put utiliser un tour qu'il avait dans son sac, mais il préférait jouer sans pouvoir, après tout c'était lui qui avait proposé ces règles. Mais utiliser toute son énergie en un barrage de coup de poings en plus de ses pouvoirs, la jeune femme devait vraiment avoir été mis en colère ou peut-être qu'elle n'était pas versée dans les arts martiaux ou le sport de combat, plutôt la bagarre pure et dure.

Les bras de William avaient réussis à garder sa tête et les endroits les plus vitaux mais ils lui faisaient maintenant assez mal, il allait devoir passer à l'offensive.

Il envoya ses bras à l'intérieur de la furie de coups, attrapa la nuque de la jeune femme à deux mains et envoya plusieurs fois ses genoux dans son ventre et sa poitrine.

Le but était d'empêcher la jeune femme de respirer et donc l'empêcher de bien récupérer en la courbant et en coupant sa respiration. La petite taille de la bagarreuse et l'allonge légèrement plus importante de William aurait put lui permettre de donner des coups à la tête, mais il préféra attendre de voir ce qu'elle allait faire.

Après un moment il repoussa la femme plus loin, ses mains commençant à piquer, tout en avançant un peu lui-même.

Il avait une tactique bien sûr, mais il n'était pas pressé et gagner ne l'intéressait pas beaucoup non plus. Il trouvait cela décourageant de faire face à des épreuves qui ne faisait pas assez appelle à la chance et surtout de les surmonter. Il y avait bien une question de chance dans le combat à la loyal comme il l'appelait, pourtant. Il avait vu des personnes capables de mettre à terre sans se fatiguer cinq personnes en même temps, juste pour se faire avoir par un minable des rues qui avait réussit à mettre un coup là où il fallait.

Il l'admettait en reculant, mais le combat de rue était aussi un jeu de hasard, mais il était principalement sans enjeu, pas très élégant, la vainqueur d'une rixe pouvait très bien se faire embarquer chez les sanctuari ou finir avec les mains cassées alors que le perdant pouvait juste avoir été mis K.O.

C'était un jeu tel qu'il ne l'aimait pas.

Apparemment, la provocation avait fonctionné sur la naine, je lui adressai mon plus beau sourire alors qu'elle me fit comprendre qu'elle voulait se battre avec moi. J'allais voir de suite si elle avait une chance contre ma magnificence. J'étais bien trop résistant pour le combattant moyen après tout. Si elle n'arriverait pas à trouer le petit humain d'un coup, autant dire qu'elle n'avait aucune chance de me blesser. J'allais pouvoir passer le combat à la provoquer... Rien que cette pensée me faisait jubiler, j'avais hâte que le clown perde.

D'ailleurs, en parlant de lui, il me regardait d'un air intrigué, semblant avoir compris quelque chose. Mes soupçons se fondèrent quand il annonça "Monsieur Dawson". Si j'avais eu à boire, j'aurais sûrement tout recraché... À la place, je toussais pour tenter un tant soit peu de couvrir ce bruit. Pas que cela me dérangeait qu'à Magna on sache qu'un acteur est l'un des leurs, ce n'est pas comme-ci ils avaient une preuve ou quoi que ce soit. Le problème était qu'il m'avait reconnu si vite ! Encore plus que certains fans !
Et puis, si tout les types de la salle comprenaient que j'étais un acteur, je serais sûrement en mauvaise posture. Un groupe armé contre une gargouille, je servirais de monnaie d'échange pour une grosse rançon..

Va te battre, au lieu de dire des c*nneries !

Louée, soit la luciole naine qui fit pleuvoir les coups sur le corps maigrichon de l'homme, le faisant aussitôt taire. Étrangement, il ne reculait pas, se prenant les coups un à un dans sa garde. Il n'avait pourtant pas l'air du spécialiste en combat, mais sa technique avait le mérite de me faire changer d'avis.

Les mains sur la nuque, il assénait des coups de genou vers elle. J'ai rien dis, on en revient aux bonnes vieilles techniques des combats de rue. Les bonnes vieilles techniques qui font les plus mal cela dit... Enfin... À ce que j'ai entendu dire. Les plus bourrins des pauvres humains ayant tenté ces mêmes coups contre moi se sont retrouvé à l'hôpital avec le genou cassé, tandis que d'autres étaient simplement au sol à se tenir le genou...

Plus qu'à attendre la fin du combat, ou un moment pour intervenir. Le combat pouvait bien être intéressant, je préférais donner et recevoir que d'être spectateur.

Il ne recula pas face à elle, William arrivait même a parer aisément les coups portant sur ses poings vitaux. Kim fut un peu désarçonnée par la riposte, elle pensait qu’il s’écroulerait au bout de quelques coups bien placé, mais au lieu de ça, il revenait à l’assaut, avec ce drôle d’air sur le visage.

D’un geste calculé, il positionna ses bras à l ‘intérieur de son périmètre, Kim afficha une expression surprise avant de revenir à son état de rage dévorante. Elle ne pouvait éviter le genou assassin qui se fracassa sur son abdomen à de multiples reprises lui arrachant quelques cris de douleur. La violence du choque lui coupait le souffle.

Ce sentiment de suffoquer prenait corps. Enfin, sa douleur trouvait une résonance physique, qui la rendait plus supportable, car palpable. Une douleur salvatrice qu’elle recherchait plus qu’autres choses. Kimiko n’en décolérait pas pour autant. Continuant le combat avec hargne.

Les stries lumineuses avaient atteint sa tête craquelant son visage, comme si elle portait un masque prêt à imploser. Faisant chauffer les mains de son adversaire qui s’était resserrait autour de sa nuque. Un sourire se forma sur son visage en ruine.
Elle prit un peu d’élan et envoya son poing vers le menton du challenger.

Il lâcha enfin prise, Kim recula et s’appuya sur les cordes en reprenant son souffle. Son abdomen vrillé par la douleur, elle haletait. Un air un peu fou avait prit place sur son visage. Le combat prenait une tournure intéressante.

Quelques secondes suffirent pour lui permettre de retrouver son souffle, elle cracha au sol avant de repartir à l’assaut en poussant un cri de guerre. Mais à la dernière seconde elle bifurqua. Elle prit appuie sur les codes et effectua une figure visant à percuter son adversaire les pieds en avant, elle avait complétement décollé du sol.

Kim le percutait. Elle-même retombait lourdement sur le sol en faisant un bruit sourd.
Elle n’attendit pas qu’il se soit remit sur ses pieds pour se jeter sur lui. A califourchon, elle enserra sa gorge d’une main. De l’autre elle lui frappa le visage. Une fois, deux fois…

Elle sentait la vie de son adversaire palpiter dans sa main, elle se mit à serrer une lueur étrange brillant dans son regard, la rage avait fait poindre aux coins de ses yeux des larmes qu’elle ne désirait pas montrer. Elle cria et frappa encore…

Les coups qu'il avait donné n'avaient fait que rendre la combattante plus folle de rage, ce n'était pas en dehors des prédictions du joueur. Garde toujours en avant, protégeant sa tête et une partie de son torse il attendait de voir le prochain coup de la championne.

Lorsqu'elle avait réussit à se dégager, elle avait donné quelques coups au joueur au passage, notamment la mâchoire ce qui avait déstabiliser William un moment.

Ses bras et ses mains en particulier étaient douloureux, mais son cardio et son endurance était au top, la jeune femme quand à elle était portée par la rage ce qui l’empêchait de penser à toute la fatigue qu'elle était en train d'accumuler avec ses attaques à répétition.

Quelques secondes plus tard, elle avait déjà reprit son souffle, bien sûr William aurait très bien put en profiter pour enchaîner, mais il se contenta d'attendre.

Dans un premier temps elle courut vers lui avant de dévier puis de prendre appuis sur les cordes et d'effectuer un dropkick que le joueur n'eut pas le temps d'esquiver, mais put tout du moins parer encore une fois.

Qu'est-ce qu'elle venait de faire ?

Du catch chorégraphié, la jeune femme était donc une catcheuse ?

S'il avait fait un simple pas chassé, la catcheuse n'aurait rien touché du tout, mais il avait été trop surpris par ce mouvement qui ne lui paraissait pas logique, très spectaculaire certainement mais pas quelque chose qu'il avait l'habitude de voir dans la rue, qu'il l'avait prit sans broncher.

Pour une raison étrange alors qu'il était parfaitement sur ses gardes prêt à esquiver il avait juste regardé le mouvement se faire comme hypnotisé.

Dans un sens il appréciait le développement.

A terre, il n'eut pas le temps de se relever que sans attendre elle s'était placée à califourchon sur lui et commençait à faire pleuvoir les coups. La loupiotte était vraiment très rapide et très agile. Mais il avait eu le temps de mettre une main pour garder son visage et de l'autre tentait de faire pression sur le sol pour se relever. C'était peine perdue il le savait bien, il avait donc plusieurs options : casser le doigt de la main brûlante qui lui tenait le cou, il lui suffisait de prendre l'auriculaire de la championne dans sa poigne et lui faire prendre un angle peu naturel, c'était absolument efficace et demandait peu d'énergie ; il pouvait enfoncer un doigt très fort dans l’œil de la jeune femme, au risque de la tuer, ce qui était aussi très efficace et assez simple à faire ; mais ce qu'il fit, c'est donner un coup de bassin tout en utilisant ses épaules et son bras comme appuis, c'était un mouvement qui marchait avec des brutes qui faisait 20 centimètres de plus que William et dans le cas de cecombat son adversaire était un poids plume qui faisait 20 centimètres de moins que lui.

Tout en exécutant le mouvement de levier, il donna un coup d'avant bras dans la jonction intérieur du coude de la jeune femme pour lui faire lâcher prise et réussit à ouvrir une sortie. Il recula d'un coup en utilisant ses coudes, tout en regardant son adversaire.

Il n'avait pas vraiment put le voir à cause du déluge de coup de la jeune femme, mais ses yeux brillaient d'une lueur amère et triste.

Cela rappelait étrangement à William son propre cas, quand il avait perdu son père, mais si il sympathisait, il n'en était pas bouleversé.

A Magna ou Ordae, dans les bidonvilles et les recoins sombres, montrer de la pitié était la pire insulte, personne ici ne voulait recevoir de la pitié, c'était s'enfermer définitivement dans un cercueil de misère et s'enterrer. C'était tout perdre alors qu'on avait déjà rien, c'était insupportable.

Une demie-seconde après avoir pensé tout ça, il se mit à réfléchir à son état, ce combat était aussi bon que perdu, il arrivait à maîtriser un peu le déroulement des choses grâce à son expérience et ses "astuces de grand-maman" mais il devait se retirer. Il avait fait une erreur en pensant pouvoir briser l'endurance de la combattante aussi facilement, elle était prête à tout, elle paraissait à peine fatigué et avait prit le moins de coup. Il n'avait pas envie de se faire abîmer contre elle.

Plus précisément si il abîmait plus que ça ses mains il ne serait plus capable de mettre du pain sur la table, déjà qu'il ne mangeait que des miettes depuis des mois. Sans ses mains il ne pouvait plus jouer, plus tenir une arme, plus voler, plus accomplir de mission, plus écrire, plus tenir un bouquin...

Il n'avait rien à gagner de plus en restant ici.

Il commença à courir, les deux n'étaient pas très éloignés l'un de l'autre et en instant il prit la jeune luciole par les épaules, il put observer son visage comme débordant prêt à exploser d'émotion, il put voir que les deux petites marques mouillées en dessous de ses yeux commençaient déjà à sécher sur sa peau brûlante. Il eut le temps de faire un sourire avec ses yeux mauves, symbole qu'il avait bien apprécié le combat.

-Mademoiselle, après ça ayons un échange plus civilisé, si vous le voulez bien.

Sur ce l'homme en noir donna exactement trois coups de tête front contre front, avant de la repousser et de cette fois s'enfuir dans la bonne direction.

William sauta au dessus des cordes et passa à côté de l'acteur dont il avait eu la chance de voir des films au cinéma en resquillant.

-Je vous la laisse amusez-vous bien, murmura le joueur tout en tapotant l'épaule de l'homme, moi je dois prendre des paris.

Il était enfin en dehors du ring, il avait la tête qui tournait, le coup à la mâchoire avait fait mal et même s'il n'avait subit des que égratignures par rapport à un combat armé il avait décidé de ne plus se battre avant une semaine.

Pourquoi est-ce que ce genre de chose lui arrivait aussi souvent ?

La réponse se trouvait dans sa veste par dizaines de morceaux de plastiques, à cause des dés.

Étrangement personne n'avait touché à ses vêtements, il ne connaissait aucune tête dans le gymnase qui ai put veiller sur ses possessions et se dit juste qu'il avait eu de la chance. Après examen par palpation, il fut rassuré de sentir qu'il ne lui manquait effectivement rien et sortit son stylo et un calepin de ses poches.

-Qui veut parier ?! Le grand gaillard ou la petite championne ?!

Un par un les liasses de billets commençaient à se tendre et les noms à pleuvoir.

-Oui, oui, oui. On se calme.

La foule semblait avoir oublié le combat pas si impressionnant du jeune homme et de la jeune fille, le vrai spectacle commençait avec ce qui allait suivre.

Il y en avait du spectacle ! Aucun des deux ne semblait trop affecté par les coups de l'autre, et se les renvoyait sans broncher. Après la succession de coups de genou du maigrichon, c'était un uppercut de la part de la naine. Et je ne parle même pas de la suite ! J'écarquillais les yeux en ouvrant grand la bouche, un sourire aux oreilles. Je me revoyais tomber en enfance, à regarder les catcheurs sur la télé des bars miteux de mon quartier. J'entendais les commentateurs et les fans en délire hurler le nom de la petite : "NAINE !", "NAINE !". Ils demandaient à voir le coup signature.

Hem... Je me suis un peu perdu. Le coup ne tomba pas et c'était à la place une prise de pouvoir en se plaçant sur l'homme, faisant à nouveau tomber les coups sur sa garde. Le maigrichon réussit à se dégager sans vraiment que je comprenne ce qu'il fit pour réussir cet exploit. Trois derniers coups de tête et il fuit du ring en passant à côté de moi, me murmurant de prendre sa place. Ce n'était pas trop tôt !

Merci bien, mon gars.

Je me levais doucement, prenant soin de marcher aussi lentement de possible et de ne pas mettre trop de poids à la fois au même endroit. J'avais bien trop peur que le ring s'effondre. Un pas en avant... Deux pas... Je me retrouvais devant elle, craquant mes poings pour lui indiquer que j'étais prêt à en découdre.

Un coup d'oeil à l'ex-combattant et je le vis prendre des paris... Eh ben... On ne se refait pas, hein ? Il avait bien plus le look pour d'ailleurs.

J'espère que l'homme maigrichon, ne t'a pas trop esquinté la naine... Je te laisse des coups d'avance, je ne suis pas gentil ?

J'écartais en grand les bras à l'horizontale, paumes vers le ciel, comme pour saluer, baissant légèrement ma tête vers elle en lui adressant un sourire moqueur dont j'avais le secret. J'espérais bien qu'elle prendrait tout ça comme de la provocation et qu'elle commence à frapper. J'avais bien envie de me battre, mais j'avais aussi bien trop peur qu'une simple baffe la mette K.O... Un problème d'habitude, voyez-vous.

Elle frappait et je pris le coup sans broncher. Le sourire au visage. J'avais eu mal... Pour elle. Frapper de la pierre à mains nues, quel calvaire ! Je forçais un rire pour la provoquer à nouveau. Elle voulait passer ses nerfs ? Alors qu'elle le fasse ! Elle tapera tellement que ses petits poings lui feront trop mal pour tenir une cuillère !

C'était quoi ce coup minable, la naine ? Je pensais que tu étais une championne dans le coin...

HRP:

Spoiler:

Kim n’arrivait pas à atteindre son visage, Son adversaire trouva rapidement une parade. Son maigre poids ne suffisant pas à le maintenir au sol. D’une impulsion calculé il l’a fit basculer, tout en frappant l’intérieur de son coude ce qui lui fit lâcher prise.

Elle jura, et se mit aussitôt sur ses pieds, prit un peu de distance imitant son adversaire. Cet homme ne cessait de la surprendre. Ses mains en garde, les jambes en mouvement constant, elle l’attendait. Les marques sur son visage irradiant une lumière plus vive, elle se propageait jusqu’au coin de ses yeux.

Il s’approcha la prenant par les épaules et la regarda droit dans les yeux sans siller. Son regard la déstabilisa, elle n’y trouva ni soif de combat, ni haine profonde à son égard. Il y avait autre chose, autre chose qu’elle ne savait pas définir, c’était là et en même insaisissable… Elle se demanda soudain qui il était ? Ce qu’il était ? Les marques sur son visage reculèrent d’un cran.

Kimiko armait son poing, quand il se mit à parler, puis il lui administra trois coups de tête. Sa tête se mit à sonner. Kim porta une main à sa tempe, et étendit son bras gauche comme l’aile d’un avion, pour conserver un équilibre précaire. Déboussolé quelques secondes, elle fit quelques pas en titubant en regardant le sol, avant de retrouver la pleine maîtrise de son corps. Quand elle releva la tête son adversaire quittait le ring.

- Hééé on a pas finit ! Reviens là ! rugit-elle

Cette fuite n’avait fait que ranimer sa rage qui s’était un peu apaisé après les derniers coups qu’elle avait reçus.
Elle allait sortir du ring et le rattraper quand une montagne se dressa devant elle, obstruant son champ de vision. Kim lui offrit un regard noir et meurtrier.

- J’ai pas besoin de coup d’avance et j’en avais pas finit avec lui ! Hôte toi de mon chemin !

Il écartait les bras comme pour la défier. Tant pis il l’aurait voulu !
Un grand dadet sans cervelle se prêtait surement mieux à ce qu’elle recherchait. Elle prit un élan considérable, avant de venir se fracasser sur son torse les bras en avant.

Foncer dans un mur aurait eut le même effet. Ses poignées se mirent à chauffer, et la douleur commença à irradier ses canaux. Kim pesta mais continua de frapper hargneuse et entêté Ses mains se mirent à saigner. La lumière de ses mains se teinta projetant des lueurs pourpres sur le ring.

Une autre provocation de la part de la montagne.

- Attends je m’échauffe gros lard ! Vociféra-t-elle.

Il semblait être fait d’un autre bois celui-là. Kim posa ses paumes ouvertes sur les pectoraux de son adversaire et dans un cri frénétique, elle libéra une dose considérable d’énergie projetant de la lumière à travers ses mains, ses yeux s’illuminèrent d’un blanc en surexposition.