Etude sur le terrain - Suite

J'avoue que le comportement d'Alibert est on ne peut plus suspect : les Precious sont sensés être des animaux qui restent tout le temps aux côtés de leurs propriétaires. Qu'il pleuve, vente ou neige. Et celui-ci semblait déroger à tout cela.

- Il est vrai que le comportement d'Alibert est suspect. Je me demande ce qu'on trouvera au bout de ces couloirs...

Un mélange de curiosité et d'appréhension nuançaient ma voix. Je me méfiais peut-être trop de ce qui pouvait nous tomber dessus.

Je voyais les reflets du feu follet sur les murs s'éloigner jusqu'à n'apparaître qu'au sol : nous étions dans une cavité souterraine immense, et je n'y voyais rien. Par prudence, je rangeais mon feu follet : une lumière dans le noir, c'est comme peindre une cible sur son front.

- Leiline, je vais laisser Cupcake te suivre à l'odorat. Il m'a prouvé en être capable. Je vais éviter d'attirer l'attention avec ma lumière

Je me lançais dans une progression à l'aveugle, et je dois avouer qu'être autant démuni dans cette situation éveille en moi du stress.

Une fois de plus, le sort n'est pas de leur côté. S'il y a du danger il sera difficile pour notre Alchimiste de se défendre sans lumière. C'est pourquoi Leiline doit être la plus attentive possible à son environnement. Seule sa nyctalopie naturelle peut les guider

Mais l'environnement fait poser d'étranges question à notre hybride. Comment diable de la verdure peut-elle pousser dans une cavité dans le noir complet ? Les plantes n'ont pas besoin de lumière pour pousser ? Est ce une espèce végétal d'un autre gendre qui pousse ici bas ? La féline est bien perplexe.

- Dis moi Richye, tu peux utiliser tes connaissances en Alchimie et me dire si tu connais des plantes qui peuvent pousser dans un tel endroit et surtout sans aucune luminosité et sans eau ?

En y regardant de plus près, ça ressemble plus à de la mousse, elle y aperçoit quelques fougères entre deux rochers. Mais son regard s'attarde sur un tas de fougères découpées et regroupées en un même endroit. Ce n'est tout de même pas … un nid ?

À peine l'hybride ai eu le temps de se poser la question qu'une sorte de lumière orange et dorée se dégage de sous les feuilles de cet espèce de nid. Une lumière filiforme qui laisse deviner des ailes à un endroit. Elle s'adresse à son coéquipier avec la plus grande discrétion.

- Richye, si tu le peux, revient de suite sur tes pas.

« L'oiseau » se redresse et déploie ses ailes, comme pour s'étirer d'un profond sommeil et ce, dans le plus grand des calmes. D'après les connaissances de notre Epicière, il ressemble étrangement à un phénix. Alibert – content de retrouver un ami à plume – s'approche de la créature sans prendre compte du caractère de l'animal en face, au grand dam de sa dresseuse.

- Alibert, non !

Même si Leiline reste méfiante, le phénix n'a pas l'air d'être agressif. Il les regarde au loin, avec une certaine curiosité. Ce n'est pas tous les jours que des humains viennent dans son petit havre de paix, certainement des curieux qui se sont perdus. Mais quelque chose le titille, Alibert.

Après avoir regardé le colibri un bon moment, le phénix déploie ses immenses ailes pour s'envoler et rejoint le sommet du rocher le plus proche de notre duo d'aventurier. Leiline recule instinctivement et pourtant, c'est d'elle dont l'oiseau géant s'intéresse. Il a comprit auprès d'Alibert que c'est cette étrange hybride qui s'occupe de lui.

Si des plantes pouvaient pousser sans lumière ?

- À ma connaissance, à part de la mousse... Je ne connais pas d'autres plantes capables de telles prouesses. Après, je ne connais pas toutes les plantes d'Entre-Monde...

Une lueur naissait non loin de Leiline, et elle me chuchotait de reculer prudemment. Cupcake grognait, et je dû utiliser le titre Cie pour le calmer, et le faire reculer. Je n'avais pas l'habitude d'avoir recours à ce genre d'artifice pour le calmer.

- Tout doux, Cupcake, recule...

Cette silhouette lumineuse s'envola pour se poster en hauteur, et resta là. Mes yeux, toujours pas habitués au ténèbres du lieu, avaient du mal à distinguer ce que représentaient ces lignes et ces courbes. Je chuchotais à Leiline :

- Mais qu'est-ce que c'est que ceci ?

Je m'efforçais de rester immobile pour éviter tout geste brusque. J'avais la triste impression de ressembler à une proie.

Leiline prépare son titre Cie en cas de danger. Elle ignore ce dont est capable l'animal qui se dresse devant elle et ne veut pas prendre de risque. Mais Alibert semble plutôt confiant, même s'il n'est pas une référence en matière de sûreté. Après un cri significatif et bruyamment de la part de l'animal, elle lui répond suffisamment fort pour qu'il l'entende, peu rassurée tout de même.

- Oui, c'est bien moi.

Elle vient tout juste de se rendre compte que Richye peut prendre ça comme une réponse à sa question, ce qui n'est pas le cas … Le phénix pousse un cri beaucoup moins puissant que le précédent. L'hybride n'a pas l'air de comprendre ou veut en venir l'oiseau avec elle, mais il parle bien d'Alibert.

- Je l'espère oui. Permettez juste que je traduise à mon ami.

Elle prend enfin le temps de répondre le pauvre Alchimiste qui doit plus assister à un dialogue de sourd qu'autre chose.

- C'est un phénix, une femelle, elle m'a demandé si j'étais la « maman adoptive » d'Alibert. Et elle m'affirme qu'il est heureux avec moi.

La femme-chat – dans l'incompréhension la plus totale – s'adresse au noble oiseau afin de comprendre la finalité de sa remarque.

- Pourquoi voulez-vous savoir cela ? Quelque chose vous intrigue chez Alibert ?

L'animal répond d'un chant court et calme.

- Le lien fort entre lui et moi ? Quoi ?

Le phénix s'adonne alors à un long chant, comme une histoire qu'elle raconte. Leiline l'écoute attentivement. L'approche de l'oiseau vers elle l'étonne beaucoup trop pour en rester là.

J'eu du mal à le... la distinguer, mais les lignes de la créature, ainsi que son chant atypique, semblaient bien confirmer ce que Leiline me disait : une femelle phénix se tenait bel et bien devant nous ! Et si je n'étais pas témoin de la scène, je n'aurais pas pu croire qu'elles étaient en train de converser. Mais l'incompréhension que je ressentais m'étais assez frustrante.

Et surtout, j'apercevais l'oiseau s'approcher de Leiline. J'étais méfiant, mais la réaction plutôt calme de mon équipière me conforta que la créature n'avait pas d'envies belliqueuses...au moins pour l'instant.

N'y tenant plus, je décidais de prendre une noix blabla. Elle est sensée permettre de parler avec les animaux. Le phénix étant un animal fantastique, je n'étais pas certain que cela soit suffisant pour le comprendre. Mais, en même temps, qui ne tente rien n'a rien.

Et puis, dans l'éventualité où la noix ne fonctionnerait pas, je pourrais toujours entendre son chant, très mélodieux.

Je restais silencieux, attentif au moindre changement dans l'attitude de Leiline, ou du phénix.

La phénix continue de communiquer avec la femme-chat.

- Il est étonnant pour une femme entremêlée à un chat de ne pas chasser un animal tel cet oiseau. Il est cependant évident que vous prenez soin de cette petite créature, il en est fort heureux en tout cas.

Alibert revient calmement vers sa dresseuse, se pose et se blottit contre elle, comme il a l'habitude de faire. L'oiseau géant, quant à lui, dirige sa tête au niveau de l'entrée de la grotte par laquelle nos deux aventuriers sont entrés.

- Vous savez, contrairement à ce que nous pourrions croire, cette grotte est régulièrement visitée par d'autres créatures. Mais pas dans la même optique que la votre. Notre légende s'est largement répandue dans la ville de Moerine, de nombreux curieux se sont déplacés ici pour vérifier les dires. Je dû à de nombreuses reprises user de stratagèmes pour faire fuir les gêneurs.

Elle baisse son cou au plus près du visage de Leiline, ce qui a pour effet d'augmenter le rythme cardiaque de notre hybride vers des sommets.

- Mais vous, quelque chose diffère. Je cherche depuis longtemps un moyens de protéger les miens, surtout lorsqu'il s'agit de mes enfants. Mais avant tout …

Le phénix se relève et regarde derrière la féline avec curiosité.

- Qu'arrive t-il à votre ami ?

- Comment ça, Richye ?

Leiline se tourne vers l'Alchimiste, inquiète que le phénix aille jusqu'à lui faire une remarque et ne peux s'empêcher de mettre une main devant sa bouche grande ouverte, horrifiée par ce qu'il se passe sous ses yeux.

Après ingestion de la noix, je commençais enfin à déceler les mots derrière les chants. Le phénix semblait présenter beaucoup de respect à Leiline pour le soin qu'elle porte à Alibert. Cela me rassurait sur le fait que nous ne courions pas de danger ici.

Mais... au fur et à mesure que j'écoutais... C'est moi ou elles grandissaient ? À moins que ce soit moi qui rapetisse ? Je me sentais glisser dans mes vêtements...

Ma vision se situait presque au niveau du sol... Mais qu'est-ce qu'il m'arrivait ? Déjà que je n'y voyais pas grand chose... Ma posture était bizarre : mes quatre membres au sol, membres qui sont pourvus de... Palmes ?! Et le plus surprenant, c'est cet appendice devant mes yeux !

J'essaie tant bien que mal de ressortir de mes vêtements, qui sont devenus bien trop grands pour moi. La moitié de ma chemise traînait au sol, tirée par un autre appendice que je ressentais en prolongement de mon dos. Je dois m'être transformé en la créature la plus improbable. Mais surtout, j'ai dû me tromper de noix, avec cette pénombre...

Je vis que Mme Phénix et Leiline se tournèrent vers moi.

- Ne vous inquiétez pas, ça me passera dans 3 heures. Je devrais redevenir moi-même après ça. Ne vous préoccupez pas de moi.

Mais le son qui sorti était à peu près...

Cri:

L 'hybride a beaucoup de mal à sortir le moindre son de sa bouche. Elle y parvient au bout de quelque minutes.

- Mais qu'est ce qu'il s'est passé ? Comment ça, c'est pendant trois heures ?! Qu'est ce qu'il t'a prit ?!

Mais comment as t-il pu se transformer en une telle créature ? Un ornithorynque ? L'alchimiste se retrouve dans un bonne posture tiens ! Heureusement que Leiline peut encore le comprendre, vu que c'est un animal. Encore une fois, merci le titre Loquor.

- Un accident de transformation peut-être ?

La voix réconfortante du phénix calme la femme-chat pendant quelque minutes, elle a certainement raison. Il faudra qu'elle s'intéresse un peu au catalogue de son collègue la prochaine fois, elle espère y trouver la cause de son changement de forme.

- Quoi qu'il en soit, je vous expliquais tantôt que je souhaite trouver un endroit où protéger ma progéniture. Je me vois difficilement les garder ici au vu des nombreuses personnes malintentionnée qui viennent ici. Venez que je vous les présente.

Alors que « l'hôte » se redirige vers la précédente caverne – celle avec les lacs – Leiline remarque tout de même la présence des vêtements de Richye sur le Cabow. Elle regarde le petit ornithorynque qu'est devenu l'Alchimiste.

- Laisse moi au moins récupérer tes affaires avant, ça serai dommage que tu te retrouves nu en plein milieu de cette grotte …

Et puis en toute sincérité, même si elle apprécie Richye, elle ne le souhaite vraiment pas le voir nu …

Les affaires rangées dans son sac sans fond et enfin de retour dans le petit coin de paradis qu'est la précédente pièce, Dame phénix accueil les aventuriers sur un large rocher, accompagnées de ses neufs petits autour d'elle. Ils sont plus petits que leur mère mais possèdent la même morphologie, juste les plumes sur la tête qui sont différentes selon l'oiseau, à coup sûr le seul moyen de les différencier. Ils possèdent les mêmes traits orangers sur les ailes et le reste du corps. Leiline les regarde, attendrie et fascinée, bouche bée. Elle en oublie presque que son coéquipier s'est transformé en petit animal un peu plus tôt.

- Tu vois ça Richye ? C'est tout bonnement impressionnant ! Une famille de phénix juste devant nous !

Bon, au vu de ce à quoi ressemblait mon anatomie actuelle, l'animal qui doit s'approcher le plus de ce que je suis à l'heure actuelle doit être un ornithorynque... Et à la réaction de Leiline et de la maman phénix, je me devais de les rassurer :

- Je voulais juste prendre une noix blabla pour pouvoir suivre la conversation, mais j'ai dû prendre une noizuli par erreur. Je vais avoir cette forme pour encore 3 heures. Et tout reviendra à la normale.

J'accompagnais tant bien que mal les deux dames jusqu'à la caverne illuminée pourvue d'un lac. Leiline avait embarqué mes affaires dans son sac, Merci beaucoup, ça me sera utile.
Je profitais d'un instant pour voir mon reflet à la surface du lac, et confirmer mon état... J'avais l'air malin, tiens !

La lumière me permit également de pouvoir enfin profiter pleinement de l'élégance et la prestance de "maman phénix", qui avait réuni pour nous ses neufs petits. Dire que certaines personnes, avec de bonnes, ou moins bonnes intentions, seraient prêtes à tout pour ne serait-ce qu'une plume de phénix, et que nous avons la chance d'en voir une famille complète ! Je profitais d'un instant contemplatif pour admirer les majestueuses créatures. Et à la remarque de Leiline, je ne pouvais me rappeler un trait d'humour :

- Et encore, de mon point de vue, c'est encore plus impressionnant ! Tout simplement incroyable, si je n'étais pas là, je n'y croirais absolument pas... une famille de phénixs à Moerine.

Forcément, vu que la hauteur de ma vision est à peu près à 20cm du sol, ça apporte une nouvelle perspective sur ce qui m'entoure.

Leur plumage, dans des variations de rouges, d'oranges et de jaunes, était tout simplement magnifique. Comme quoi, c'était plutôt une bonne chose qu'Alibert ait fait une petite escapade tout seul, à ceci près qu'il aurait pu éviter d'affoler Leiline.

Il est vrai que du point de vue de Richye - au vu de sa taille actuelle - ça doit être plus impressionnant. Mais l'hybride tente plus de s'intéresser à la finalité de l'oiseau géant devant eux.

Elle veut certes protéger ses petits mais ... quel rapport avec eux ? Et pourquoi Alibert a été soudainement happé par la présence de tels créatures ? Et pourtant, Leiline pose une toute autre question.

- Il y a bien un mâle parmi vous, je me trompe ? Et si oui, ne peut-il pas protéger les enfants ?

La phénix prend une mine déconfite, il semble que l'hybride ai touché un point sensible.

- Tous les mâles de cette caverne ont été tués en tentant de protéger les enfants ...

Oui, si elle voulait le trouver le point sensible, la femme-chat a tiré en plein dedans. Ses oreilles se baissent et son habituelle bonne humeur s'efface complètement.

- Je suis désolé, je ne voulais pas ...

Elle observe deux des petits jouer ensemble. Mais la Dame phénix reprend.

- Nous sommes plusieurs mères dans toute cette galerie, avec d'innombrables enfants à notre charge. Mais nous ne pouvons pas les garder éternellement ici.

Elle descend de son perchoir pour se retrouver face aux deux aventuriers.

- J'ai bien vu les liens qui vous uni, vous et vous familiers. Il est évident que vous savez les traiter avec respect et amour. Vous saurez en faire de même avec des Kasaïrs, je me trompe ?

Leiline ne croit pas ce qu'elle vient d'entendre. En plus de connaître enfin le nom de l'espèce en face d'elle, elle connaît aussi la finalité de la maman Kasaïr. Veut-elle vraiment confier ses enfants à Richye et elle ?

- Écoutez, je consens que vous avez peur pour eux, mais pensez vous réellement que proposer ça à deux personnes au hasard soit une si bonne idée ? Après ...

Elle regarde de nouveau les jeunes oiseaux. Ils doivent avoir un pouvoir de dissuasion sur Leiline.

- Je connais d'autres personnes qui pourront très bien s'occuper d'eux.

Toutes les personnes qu'elle a rencontré auparavant voudrons peut-être de l'un d'entre eux.  Elle peut les garder à l'épicerie. C'est la seule solution qui lui vient à l'esprit pour le moment.