"La pierre et le fer" - Ayren et Neleim

La mercenaire retint difficilement l'expression de sa surprise, une nouvelle fois, devant la lame qui s'enflammait.

Bon, il y aura ce "Technomage" également à visiter, elle songea avec amusement.
Et, si c'était le pouvoir du forgeron, c'était une belle puissance.

Elle s'était sentie idiote quand l'artisan avait accepté avec un plaisir évident. Bien sûr, elle n'était plus à Ikuisen.
Les demi-dieux et les mortels pouvaient se mélanger, combattre ensemble, sans que le demi-sang soit considéré avec incrédulité parce que, bons dieux, il échangeait le fer avec un mortel, ces si crasseuses vermines. Peut-être qu'il tenait plus de son côté terrestre, alors ? Peut-être qu'il était tout aussi inférieur qu'eux ?
Elle était en Entre-monde, sang blanc. Elle ferait bien de tourner la page. Elle avait le droit de combattre avec Ayren, et même de se relâcher de temps en temps.
Enfin, tant que c'était en dehors du boulot.

Sortie de ses réflexions, elle observa pensivement le cimeterre du forgeron, et dressa la liste de ses points forts et faibles.
Puis Ayren lui proposa des protections, et elle marqua une nouvelle pause de surprise.
"Les plus faibles se font blesser et crèvent!" C'est ce qu'avait toujours gueulé son instructeur. Et elle n'avait jamais mis de protections.
Beaucoup de surprises ce jour-ci.
Entre-monde la dérouillait. C'était bien.

Elle les mis néanmoins sans difficultés et choisit une basique épée droite, plutôt courte. Puis, elle suivit le forgeron jusqu'à une petite cour extérieure.
Le soleil était haut dans le ciel, et la combattante nota sa position pour, au besoin s'en servir, mais plus basiquement, pour éviter de lui faire face et de s'aveugler. Enfin, elle sortit un cordon et s'attacha les cheveux en queue de cheval, avant de rendre son salut à Ayren.

Quel sera sa stratégie ? Plutôt défense ou atta-

Elle n'eut alors plus le temps de penser posément, qu'en face le phénix bondit et lança son arme à sa droite, puis à sa gauche.

Un test.

Très rapidement, elle délibéra entre les deux options qui s'offraient à elle, à savoir le laisser la sous-estimer, ou non.

Ce n'est qu'un jeu.

Alors, répondant, elle se protégea à droite, puis à gauche,

Puis elle décida de continuer à jouer défense en attendant de trouver quelle était sa manière générale de combattre. Elle ne lança donc aucun coup quand il se recula, mais quand il plongea vers son ventre, elle esquiva rapidement,... vers la droite, se rapprochant de tourner le dos au soleil.

Est-ce qu'il a fait attention à ce détail ?

Enfin, elle ne voulait pas lui laisser le temps de réfléchir, de toute façon, alors elle bondit à son tour vers son flanc, qu'il avait laissé sans protection en plongeant, puis elle sauta en arrière, l'imitant en cela, mais un saut qui l'amena encore un peu plus vers la droite, et elle lança sa lame vers son bras gauche, espérant blesser - non, toucher, elle se reprit avec un sursaut, c'était juste un jeu - au dessus du coude et l'handicaper pour la tenue de son arme.

Les réflexes de la jeune femme s'avérait rapide et précis. Elle rétorqua à mes coup avec aisance et attaqua rapidement me laissant que peu de temps pour retrouver ma défense. Je me fis d'ailleurs avoir, elle toucha mon bras gauche, un pas en arrière m'avait permis de limiter les dégâts.

- J'ai bien cru que tu allais m'embrocher le coude, dis-je en souriant pour lui rappeler que ce combat n'était qu'un entraînement.

Très bien, Neleim avait reprit sa position de garde, je décidais de lui tourner autour, l'obligeant à se déplacer. Je sentais comme une résignation au fait de se tourner pour rester en face de moi, je ne comprenais pourquoi.

Attaquant à nouveau cette fois je feintais, montrant tous les signes d'une attaque d'estoc pour finalement remonter la lame dans un coup latérale.

Je pris aussitôt du recul mettant de la distance entre mon adversaire et moi afin d'éviter toute réponse furtive de sa part, reprenant ma garde j'attendais cette fois qu'elle vienne attaquer.

Neleim toucha son coude un instant avant qu'il ne recule et ne diminue ainsi les dégâts.

Souriant, il dit avoir cru son coude embroché, et, avec un amusement toujours contenu dans ses yeux et sa voix, mais masqué de son visage elle répondit:

- Je n'oserais pas amputer un si bon forgeron, enfin.

Puis Ayren commença à lui tourner autour, et ça l'emplit de satisfaction.

Il n'a pas fait attention. Encore quelques mouvements et il sera face au soleil. Alors, le combat sera terminé.

Pourtant, cette pensée la rendit inattentive à la tension qui trahissait la feinte d'Ayren, et elle s'apprêtait à répliquer à son estoc quand il remonta son cimeterre pour un mouvement latéral. Elle esquiva trop tard et se fit toucher au flanc, sentant le coup amorti à travers la protection.

Tu vends la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Concentre toi !

Le forgeron, après ce beau mouvement, s'était éloigné, sur ses gardes. (Ah ah. Toujours d'aussi bon jeux de mots.)
Elle s'élança et s'amusa quelques instants à donner quelques petits coups à droite et à gauche pour tester ses réflexes (chacun son tour), avant de s'effacer encore une fois à droite pour le forcer à défendre son épaule.

Là, s'attendant à une réplique, elle tendit les muscles de ses jambes pour être prête à bondir en arrière.

Spoiler:

J'esquivais les coups les uns après les autres. Je sentais bien que la jeune femme me testais à son tour. J'essayais de parer avec différentes techniques pour rester imprévisible à ses yeux, mais les réflexes prenaient vite le dessus.

Quand elle eut finit elle se plaça sur ma droite, m'obligeant à me décaler sur la gauche pour garder une distance de sécurité entre elle et moi. Une attaque était si vite arrivée.

Je compris que trop tard son stratagème ... Le soleil m'éblouit alors, je ne perçus aucun de ses mouvement pendant quelques secondes, quelques secondes de trop qui allaient me coûter une défaite. Je brandis tant bien que mal mon arme pour me protéger, à l'aveugle, avant de me décaler à nouveau pour retrouver la vision ... Trop long, un coup me plia en deux avant de me retrouver la gorge menacée par la pointe d'une arme.

Je finis par capituler :
- Joli ! Je m'avoue vaincu ... Tu manies cette arme comme un Maître d'arme, je pense que j'aurais bien plus à apprendre de ton art du combat que toi du mien.

Je repoussais la lame du bout du doigt :
- Es-tu prête à affronter des ogres ? Tout devrait bien se passer, mais je me méfie de ces être là ... Sûrement des préjugés non fondés !

Je retournais alors dans l'atelier pour me prépare, invitant la jeune femme à me suivre.

Sa victoire l'empli d'une certaine déception.
Certes, c'était agréable, mais cela signait la fin du combat. A sa surprise, elle avait apprécié ce moment.

Mais elle devait se concentrer. Elle hocha la tête à la mention de l'ogre - qu'aurait pu préparer de plus ? Tout ce qu'elle possédait - ou presque - elle le portait sur elle.

- Je n'ai jamais eu l'occasion d’affronter un ogre. Quels seront ses compétences, et capacités, environ ?

Elle s'enquit, tout en suivant le forgeron à travers son atelier. Non pas qu'elle s'attendait à nécessairement se battre contre lui. Mais ils avaient un proverbe, dans l'armée... et dans la vie de tous les jours, elle supposait... C'était de "Toujours se préparer au pire".