Pointe en argent

On n'imagine pas la quantité de choses à chasser qui trainent dans l'Entre-Monde. C'est un point positif pour l'armée de chasseurs et d'aventuriers prêts à tout pour tester leurs armes flambant neuves. Mon épée fait grise mine à côté des armures rutilantes de tout ce beau monde, elle est parsemée d'éclats, de rayures, malgré son entretien des marques sombres témoignent de ses récentes utilisations.
En revanche, en entrant dans la bibliothèque elle fait son effet. un mètre soixante de long, elle est presque aussi lourde que moi. Les groupes me regardent de leur position sans savoir si je vais me greffer à l'un d'entre eux ou bien former mon propre équipage.

C'est le bon côté d'avoir un tableau de chasse aussi bien rempli, la moindre aventure avec moi promet des péripéties et des occasions par dizaines de faire usage des armes. Une promesse supplémentaire devant s'ajouter à cela : la visite quasi-systématique à l'hôpital en fin de parcoure.

Au comptoir d'Eva, je remplie une fiche avec le nom "Pointe en argent" en tête d'affiche. Mon nom sur la ligne inférieur me paraissait vide de sens en l'absence de celui de mes futurs équipiers.

Je me retourne, accoudé au bureau et je patiente sagement. Les plus téméraires viendront bien assez tôt proposer leur aide.

Kiyiya tournait comme un lion en gage dans sa tanière de fortune à Magna, elle s’ennuyait ferme le grand air lui manquait il lui fallait repartir en chasse. C’est sous sa forme de louve qu’elle effectua le chemin jusqu’à Cerclon. Elle profita qu’un aventurier ouvre la porte de la bibliothèque pour entrer sans changer de forme, cette petite course l’avait bien échauffée elle était prête à en découdre.

Haletante, la langue pendante, elle observa les groupes d’aventuriers alentours, tous avaient déjà constitués de petites équipes et pour être honnête peu d’entre eux lui inspirait de bonnes ondes.
C’est alors qu’elle aperçu un gringalet affublé d’une épée pratiquement aussi grande que lui malgré son apparence chétive il semblait doté d’une force disproportionné, et dans les yeux de ses compères on pouvait lire une certaine crainte. C’était décidé cette fois ci elle ne perdrait pas de temps à choisir un équipier, ce serai lui.
Elle s’avança vers lui en reprenant forme humaine. Sa longue chevelure devant les yeux cachait une bonne moitié de son visage. Elle souffla pour repousser ses cheveux sur le côté mais en vain, elle observa la fiche d’inscription sur le bureau et sans même demander la permission, pris un stylo et griffonna son prénom dans une écriture tremblotante, avec une jolie faute d’orthographe. Elle se redressa et lui dit.

- Bonjour, on y va ?

- HopHophop ! Minute papillon !

J'arrivais juste à temps à mon bureau pour les empêcher de filer en douce sans me dire "bonjour". Pour la peine, je ne le leur dis pas. Avec un sourire et l'air de celle qui leur conseille de rester là encore une minute ou deux au risque de me mettre en rogne, je les évalue l'un et l'autre. K'ouen n'a pas l'air de sentir trop fort le désinfectant, il devait être en forme, quant à Kiyiya, elle ressemblait fortement à ce que j'en avais aperçu la toute première fois : directe et animale. Elle était en un seul morceau, ça me convenait tout à fait.

Un coup d'oeil à la fiche remplie, je haussais un sourcil car, oui, Wergeld sans Ayame dans une mission de chasse à l'animal d'une tonne me rendait nerveuse. J'allais encore en prendre pour mon grade.

- Ce coup-ci j'espère que ton capitaine est prévenu K'ouen, ou je lui prêtre mon propre Perçant pour qu'il te retrouve plus rapidement.

D'un beau sourire rayonnant, je les invitais à partir maintenant que j'avais vérifié que rien ne manquait sur mon petit formulaire. Avec un "Soyez prudents quand même!" lancé avant qu'ils ne quittent ma bibliothèque.

Kiyiya avait finalement accepté les soins, non sans rechigner. Le voyage jusqu'à Cerclon fut une autre paire de manche. De l'hôpital on avait gagné les remparts assis dans un train quasiment vide. Une fois à Cerclon, le taxi magnétic nous approcha de ses politesses et de ses commentaires :

-Vous avez meilleur mine que d'ordinaire, Maitre de K'ouen. Je suis heureux de voir que quelqu'un vous a appris la prudence. Madame, dit-il pour saluer Kiyiya.

L'intelligence artificielle reçu un soupir en guise de réponse et un :

-Nous allons à la bibliothèque. Tu veux bien nous y conduire ?

-Bien sûr. Merci d'attacher vos ceintures, la sécurité avant tout, n'est-ce pas ?

Nous voilà de retour à la bibliothèque, pansés pour les uns, plâtré pour les autres. J'approchais directement du comptoir d'Eva et m'accoudais en l'interpellant.

Assise dans le taxi Kiyiya se sentait d’humeur boudeuse, plus jamais on ne la trainerait au sanctuaire !

- ça gratteee !

Puis poussant un gros soupire, elle entreprit de passer ses doigts dans les interstices du plâtre, mais rien n’y faisait. Ils avaient mélanger une poudre blanche qui avait durcit sur son bras le plus dur avait était de rester immobile. Mais cette poudre était-ce de la farine ? Elle lécha son plâtre pour le savoir

-bwaah ! ça pas bon

Elle crachota les particules de plâtre sur sa langue.

Une fois à la bibliothèque, ils se dirigèrent vers le bureau d’Eva pour quémander leurs pims. Kip qui passait par là, parut être une bonne distraction pour la louve qui s’amusa à tirer sur ses bras pour le faire redescendre de son perchoir, elle était étonnée de la force des propulseurs du petit robot, et elle s’amusait avec, comme une enfant s’amuserait avec un ballon gonflé à l’hélium.

Kip affichait un smiley malade. Je passais devant lui sans pour autant le sauver des jeux de Kiyiya. Je revoyais deux têtes qui m'avaient laissé du travail. Les commissaires de Dun m'avaient envoyé des infos sur l'éloignement de la horde de rhinocéros et sur la présence d'un dragon-amphibie qui avait provoqué un petit incendie.
Les équipes de sauvetage s'étaient chargé de ce qu'il restait des flammes dans cette région sèche.

- K'ouen, un jour j'aimerais que tu reviennes avec des équipiers qui ne soient pas blessés. Tu pourrais faire ça ?

Sourire, la fiche fut validée et tous les deux eurent la confirmation que leurs pims seraient versés. Ce n'est qu'après ces formalités que je récupérais Kip et l'emportais avec moi dans les étages.