La forge de l'autre côté du comptoir

Kilyan gagnait Ordae à pieds. Il avait observé un temps les eaux rejoindre le quartier médieval. Leur contenu devenant progressivement odorant et parsemés de détritus informes, il s'était abstenu d'y plonger. Tout le jour s'écoula avant qu'il n'atteigne la forge, au crépuscule le quartier s'était illuminé de bougies et de lampes suspendues. Les lumières ambrées faisaient oublier au visiteur les rues pavées de boue et les ruelles maculées d'urines. Du moins, Kilyan les oublia quelques instants... Salvateurs puisqu'il entra dans la forge peu après.

Il se trouvait du côté du client. Kilyan se ravisa lorsque ses pas le menèrent automatiquement derrière le comptoir. Cette fois, c'est lui qui se ferait servir et non l'inverse. Il approche et salua la vendeuse.

─ Est-il encore possible de vous passer commande à cette heure-ci ?

La jeune fille était en train de ranger tous les différents étalages, quand elle remarqua un "passant" qui semblait intéressé par les produits. Bien qu'elle était sur le point de fermer, elle décida de le laisser regarder les produits et demander ce qu'il souhaitait. Elle venait de commencer ce matin son intérim, et elle commençait à apprécier la légère odeur de souffre flottante dans la forge.
Le "client" paraissait connaitre la forge, il semblait chercher précisément des produits dans les étalages, et c'est pourquoi elle ne proposa pas son aide.
Elle retourna rapidement dans l'arrière boutique afin de finir tout le rangement et de fermer la forge, tout en attendant que son client ait fini de faire ses choix.
Elle l'aperçut s'approcher d'elle grâce à un petit miroir et se retourna, prête à répondre à ses questions.

"Évidemment, je comptais fermer, mais le client passe avant tout ! Que comptiez vous commander, monsieur ?" dit-elle en répondant à sa question

Kilyan n'était pas plus surpris de constater que les autres intérimaires étaient plus aimables que lui. Bien qu'elle fut jeune pour un tel travail et frêle pour de si lourdes charges.

─ J'ai besoin d'une dague, il lui désigna celle à sa taille, et son fourreau s'il vous plait. Je vais aussi vous acheter une sarbacane en métal et ses fléchettes en métal aussi, deux bracelets de force et une côte de maille.

Il marque une pause. Kilyan esquissa un sourire simple.

─ Vous souhaitez que je répète ?

HRP : Il y en a pour 74 pims
Sarbacane
Dague
bracelet
cote de maille
fourreau
Fléchettes simples acier

Elle essayait de se remémorer tous les éléments énoncés par son client, elle alla chercher la dague et le fourreau qui lui était approprié, puis les posa sur le comptoir.
Elle eu plus de mal à trouver la sarbacane en métal et les fléchettes, elles étaient situées dans un coin, sur une étagère, et la poussière présente dessus montrait bien que la demande pour les sarbacanes était faible.

"Ah, il faudrait bien que je passe le balai, un de ces jours", se dit-elle intérieurement

Elle alla ensuite chercher la côte de maille, qui fut très facile à trouver, posée sur une sorte de mannequin.
Tout en ramenant les objets vers le comptoir, elle prit soin de prendre un chiffon trainant sur un bureau, pour nettoyer tout ce que demandait le client. Après quelques minutes d'acharnement, tout était comme neuf ! Elle posa donc le tout sur le comptoir, le présentant au client et lui demandant son avis.

"Je pense avoir oublié quelque chose, j'ai quelques problèmes de mémoires lorsque je travaille tard le soir, est que vous pouvez juste me dire ce qu'il manque, s'il vous plait monsieur ?"

Cette fois son oeil expert examina chaque élément par automatisme. Il vérifia d'abord la dague dont la lame avait été aiguisée. Le fourreau était neuf, simple, mais de bonne qualité. Il les écarta du reste, signe qu'il était satisfait.
La sarbacane subie la même inspection. Elle était poussiéreuse mais le métal semblait avoir été huilé avec soin, des traces de graisses s'étaient accumulées à ses bords. Les fléchettes étalées sur le comptoir, il les inspecta une à une, vérifiant qu'elles n'étaient ni tordues, ni brisées.

Ceci étant fait, la cotte de maille prit autant de temps à vérifier que chacun des autres objets. Chaque maillon passa sous ses doigts et sous son regard.
C'est alors qu'il nota l'absence des bracelets.

─ Il manque les bracelets de protection en acier. En avez-vous encore ?

Thänille regardait l'homme se trouvant en face d'elle, à la fois d'un oeil suspicieux et à la fois d'un oeil admirateur. Il semblait tout connaitre sur les objets qui se trouvaient en face de lui, par rapport à elle qui ne s'y connaissait que très peu. Peut être auraient ils dû échanger de place, lui derrière le comptoir et elle devant, cela aurait été plus réaliste.
Cependant, c'était lui qui allait acheter tout ça ! Il inspectait les éléments uns à uns, vérifiant leur état, leur taille, leurs décorations, et même jusqu'à chaque maillon de la côte de maille ! On aurait dit un fou cherchant une erreur dans un monde sans ... erreurs. Elle faisant confiance au forgeron !
C'est après sa question, qu'elle se rendit compte qu'elle avait oublié les bracelets.
"Bien sur, il doit nous en rester, j'arrive tout de suite monsieur", s'écria-t-elle tout en tournant les talons pour aller chercher les objets désirés. Elle s'en voulait de les avoir oublié.
Elle les trouva en bas d'une étagère, revint avec au comptoir et les nettoya devant ses yeux, elle priait pour que cela lui convienne.

"Est ce que cela vous convient, Monsieur ? Je suis sincèrement désolé de mon oubli, j'aurais du être plus efficace !"

─ Ce n'est rien.

Kilyan parla d'une voix neutre et observait les bracelets d'acier. Il le essaya et les retira peu après.
De facture simple, les bacrelets couvraient ses avant-bras au dessous du coude et jusqu'au poignet. Du cuir sous une couche d'acier les rendaient moins désagréables à porter.

─ Ils sont parfaits. Tenez, il lui donna son badge. Et merci d'être resté ouvert malgré l'heure.

Une fois ses achats récupérés et son badge en poche, il la salua poliment et quitta la forge.

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