Promenons nous dans MagNa, tandis que le loup n'y est pas

[Mon premier post *petit larme à l’œil*]

La nuit est noire, hostile. Les ténèbres sont maîtres de la ruelle où se trouve Mynock.
Le son de ses pas sur les dalles humides résonne horriblement. Il ne se sent pas en sécurité aussi. Qui s'y sentirai ?
L'artère est déserte. A cette heure ci les enfants sont couchés, les portes fermées, les fenêtres barricadées. On ne plaisante pas avec la sécurité dans Magna. Parce qu'elle est inexistante. Un coup de couteau est très vite donné, une vie bien vite prise.
Il faut être fou pour se promener ici à une heure pareille. Ou courageux. Enfin courageux. Le courage n'est qu'une sorte de folie qui voile les yeux de la personne possédant ce trait de caractère.
Non, Mynock est surtout perdu. Complètement perdu. Un Homme les yeux bandés dans une forêt vierge a plus de chance de retrouver son chemin que lui.
Au fur et à mesure que se trace le chemin devant lui, il sent son inquiétude monter. Il n'est pas armé, et même s'il se défend en matière de coups de poing, les êtres vivants ici doivent être plus coriaces qu'une bande de gamins affamés.
Il entend un son, faible. Il tend l'oreille. C'est une musique, entraînante, enivrante. Et pour cause, elle vient d'une taverne miteuse, à l'aspect lugubre. Mynock se dirige vers cette dernière. A une vingtaine de mètres, il sent un couteau sur sa nuque, et une voix perfide se fait entendre :
- Donne moi tout ce que tu as mon mignon, ou je t'égorge comme un pourceau.

Il faut plus qu'une menace pour impressionner le jeune homme. Surtout quand la voix qui la profère empeste l'alcool bon marché et la fumée. Il se retourne brusquement et assène un coup de genou dans les bijoux de famille de son agresseur. Pensant être sauf, il lâche un soupir de soulagement. Et s'aperçoit qu'une demi douzaine d'Hommes armés s'avancent l'air menaçant vers lui.
Il se met en position de défense, les deux poings devant sa tête.
Et parce qu'en temps de situation désespérée, demander du secours n'est ni ridicule, ni honteux, il se met à hurler à plein poumons :
- A L'AIIIIIIIIIDE !

Les méchants traitent toujours de nuit.
Le regard des étoiles leur parait peut-être moins embarrassant et la nuit qui les enveloppe les protège de l’opprobre.

En quittant les bureaux d'une société perdues dans Magna, elle se couvrait de la nuit tombée depuis plusieurs heures déjà. Chaque ombre de ce quartier effroyable devait receler des monstres prêts à dévorer les promeneurs. Si le promeneur est comestible.
Les ombres feront jeun ce soir, Dinu Mihai ne se laissera pas goûter par les fous qui hantent les impasses.

Elle se confortait dans l’idée qu’il ne pourrait rien lui arriver. Elle avait tout, le pouvoir, l’argent et ce qui lie les deux, les envieux. C’est l’assurance d’une nantie qui la rendait intouchable à Magna.
Mais aussi parce qu’il n’y avait pas grand-chose dont elle pouvait avoir peur.

Fine comme l’aile d’un papillon. Le pavé inégal se couvrit d’une pellicule de plomb parfaitement lisse. Les hommes qui eurent l’audace de piétiner la couverture glissante finirent les quatre fers en l’air.

Il en restait encore debout, peut-être même plus de la moitié. Certains se cachaient dans l’ombre. Ils avaient l’intelligence d’attendre et d’observer dans quel état finiront leurs compères avant de se décider à fuir où à tenter leur chance…
La déesse du métal ne put s’empêcher de sourire.

Les méchants, ce n’est vraiment plus ce que c’était.

Le plomb s’ôta du trottoir et vint se compacter en une sphère solide dans la main de la déesse.

Elle passa la ligne de ceux qui se relevaient difficilement et rejoignis le jeune homme dont elle ne connaissait que la voix et la silhouette :

-Vous permettez ?

La sphère de plomb se divisait en billes plus petites. Elles allèrent rouler sur le pavé et formèrent un cercle sur le sol autour d’eux deux.

Spoiler:

Le destin est vraiment étrange. Alors que quelques minutes avant il savait sa fin proche, voilà qu'une toute autre issue s'annonce. Devant lui se dressait une femme époustouflante, magnifique. Le physique d'une déesse. Mynock fut ébahit, mais également apeuré. Il avait vu la manière dont elle l'avait secouru.
Pire encore, il était en train de voir les bandits fuyards se faire empaler sur des piques de métal.

- Merci pour votre intervention..Mais..vous ne croyez pas avoir été un peu trop efficace ?

Il se redressa de toute sa hauteur, scrutant les cadavres autour de lui. Lui qui voulait traverser Magna de façon inaperçue, sans embrouilles, et bien, ce n'était pas une grande réussite. De plus, cette femme étrange pouvait très bien décider qu'il était un élément encombrant. L'air de rien, il serra un poing et se prépara à se défendre si l'envie lui prenait de lui faire passer un mauvais quart d'heure.

Spoiler:

Trop efficace. On est jamais trop efficace, non ? Un sourcil plus haut que l’autre, Dinu Mihai se tournait vers l’inconnu, la main suspendue dans l’air. Les pointes de plomb retrouvaient une forme sphérique. Il n’y avait plus grand monde pour venir tenter sa chance.

Le vrai dilemme était surtout de savoir quoi répondre. Elle pourrait dire que de toute manière elle ne risquerait rien, les ombres de Magna auront nettoyé le quartier avant la tombée de la nuit. Que ces braves gens ne manqueraient sûrement à personne. Ou, tenter un peu de diplomatie avec :

-Légitime défense. C’était vous ou eux.

Non, elle ne risquait rien. Elle aurait pu se tenir au milieu de la cohue et se contenter de regarder !

Un léger sourire vint éclairer son visage.

-Mais si vous craignez des problèmes avec les sanctuaris, il ne faudra pas longtemps pour tout faire disparaitre.

Un peu d’arsenic, ou du potassium… vu l’humidité ambiante en cette fin d’automne, les preuves seraient rapidement réduites à un rien de poussière.
Puis finalement, elle récupéra tout le plomb qu’elle avait semé. Jusqu’aux résidus qui étaient restés dans les corps. La sphère glissée dans sa poche, elle se frottait les mains avant de la tendre vers le jeune homme.

-Dinu Mihai.

Oui, elle n’avait pas peur de donner son vrai nom. De toute manière, s’il ne la reconnaissait pas tout de suite, il finirait pas découvrir sa véritable identité au bout d’un moment.

Il sourit, et lui serra la main.

- Mynock.

Réfléchissant à la possibilité d'en dire plus sur lui ou non, il choisit de détourner la conversation. Mieux valait se taire sur ses origines géographiques ou biologiques tant qu'il ne se serait pas suffisamment éloigner de son point de départ. Après tout, il n'était qu'un meurtrier, qu'une engeance maudite, une filiation à détruire. Et vu la façon dont cette fille avait tué des hommes qu'elle ne connaissait pas, il préféra détourner la conversation sur un sujet moins risqué. Un truc de filles. Un truc où elle jacasserait une heure et où il pourrait filer à l'anglaise, ni vu ni connu je t'embrouille.

- Non, mieux vaut les laisser là, de plus ils ne font pas tâches dans le décor. Tient en parlant de décoration, vous ne trouvez pas que ça manque..de..

Il haussa un sourcil, se remémorant les trucs gnangnans qu'aimait sa mère.

- De fleurs ? De jolies fleurs colorés ?

Voilà, le sujet était lancé. Il fallait juste qu'elle morde à l'hameçon. Et que son monologue dure suffisamment longtemps, et soit suffisamment entrainant pour qu'il prenne la poudre d'escampette.

-Pardon ?

Elle venait de lui sauver la vie et il lui parlait décoration ?

Sans répondre, elle tourna les talons et après quelques pas, elle lui lança d'instinct le seul ordre qu'elle était prête à prononcer :

-Allons y !

Ils n'allaient pas compter fleurette dans une zone parsemée de cadavres ! Elle avait sa dignité et passer une nuit à la caserne à expliquer qu'elle avait défendu le jeune homme d'une embuscade au beau milieu d'une ruelle sombre, au beau milieu de la nuit et surtout au beau milieu de magna, tout ça n'était pas dans ses activités favorites. Loin de là.
Sans compter qu'il pourrait être compliqué de justifier sa présence sur les lieux, puisque son rendez-vous ne devait pas être ébruité, non plus.

-L'auberge Providence n'est pas loin, si des personnes nous y voient, peut-être cela suffira-t-il à nous éviter des ennuis.

La déesse avait dégainé un PDA de sa poche qu'elle triturait pour avertir quelques employés que du ménage était exigé immédiatement à Magna.
Elle ne souhaitait pas s'épuiser à enchâsser les morts dans une couche de métal pour les trimballer dans une décharge où personne n'irait les chercher. Ce boulot, elle le laissait aux gros bras que constituaient ses employés officieux...
Mais ça, c'est une autre histoire.

Spoiler:

Pour qui le prenait elle ? Un toutou ? Un homme qu'elle pouvait mener par le bout du nez ? Il lui lança un regard noir et dit d'une voix pleine d'assurance :

- Je ne compte pas rester dans cet endroit maudit, encore moins dans une auberge que je ne connais pas. Je veux sortir de ces ruelles sombres et puantes, et j'entends bien le faire maintenant.

A son tour il tourna les talons et se dirigea à l'opposé de la femme. Au devant de nouveaux ennuis sans aucuns doutes, mais avec toute la dignité qu'il pouvait avoir.

Elle se maudit d'avoir été si brusque ! Mais tout de même, il pouvait bien comprendre qu'il fallait assurer ses arrières avant de finir sous la paluche grossière d'un sanctuari !
Elle le rattrapa au petit trop.

-Allons allons, tempérait-elle.

Elle le gratifia d'un sourire serein.

-Je vous invite à l'auberge Providence, elle est très connue et c'est bien le seul endroit calme de tout Magna, nous y serions en sécurité et au chaud !

Si elle finissait derrière des barreaux à cause de lui, elle se ferait un plaisir de l'étriper dans l'arène elle-même !

Elle tentait cette fois une manœuvre typiquement féminine, le sourire et la voix amicale. Pour une fois, elle aurait voulu être juste Dinu Mihai, exiger et voir des fidèles obéir aveuglément sans jamais se poser de question.
Une nostalgie bien particulière la pris, elle voulait sentir à nouveau l'effet que ça fait d'être certaine que d'un battement de cil, une armée entière irait à la mort pour sa gloire.

Evidemment, dans l'Entre-Monde, si un péquin risquait sa vie pour elle, il demandera toujours une belle récompense en échange.
Voilà qu'il la démangeait d'enfermer le jeune homme dans une chape d'argent. Elle n'aurait qu'à le laisser là. Quelqu'un viendrait bien le libérer un jour.
Peut-être faudrait-il penser à faire des trous dedans pour que l'air entre et qu'il ne meure pas d'asphyxie d'ici là.

-Voudriez-vous bien m'accompagner ?

La méthode forte n'étant pas la plus rapide... Mieux vaut s'assoir quelques minutes sur son orgueil et tenter de le convaincre d'aller avec elle dans un endroit bruyant et fréquenté où ils se fabriqueraient un alibi en béton.

Elle pourrait tout aussi bien dire aux Sanctuaris que c'est lui le coupable.
Elle avait si peu fait parler d'elle et de ses pouvoirs bien pratiques pour ce genre de situation qu'elle pourrait jouer de sa réputation, non ?

Spoiler:

Quelle femme étrange. L'instant d'avant elle le regardait de haut, et maintenant elle se montrait polie, voire même amicale. Et ce sourire.. Quand était ce la dernière fois qu'une personne lui avait volontairement donné un sourire ? Ha oui..Sa mère, quand il lui avait annoncé qu'il quittait la maison et qu'elle ne le reverrait jamais. Situation beaucoup moins agréable que la présente.

- Et bien, je vous suis. Si vous m'offrez un bière.

Il vint se placer à coté d'elle, prêt à se rendre à l'auberge. Il lança un regard furtif tout au lng de la ruelle, juste au cas ou.

Spoiler:

-Une bière ? Et bien soit !

Elle glissa son bras sous le sien et l'entraina dans la bonne direction.

Spoiler: