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Xénon
Mer 15 Fév - 16:13
Nom : Sleipnir
Prénom : Xénon
Âge : 18 ans
Statut : Candidat au titre de Maître de Ken et Prêtre de Ho'una
Race : Androïde
Attributs :
Par sa nature même d’androïde, Xénon présente un certain nombre d’avantages physiques sur un humain moyen : une force supérieure (il peut soulever jusqu’à 300 kg), une plus grande résistance aux coups, une immunité contre toutes les formes de maladies et de poisons destinées aux créatures biologiques, ainsi qu’une très bonne vision de nuit. Il sait se servir d’armes à feu autant que d’armes de corps à corps.
En contrepartie, il est lourd (127 kg), et dans l’eau, il coulera comme une pierre. Ca ne l’endommagera cependant pas, à moins qu’il n’ait déjà subi des dégâts qui auraient exposé des circuits sensibles. Son autonomie maximale est de 50 heures, mode veille non compris… s’il est assis derrière un bureau, en train de signer de la paperasse ; plus il se bat ou fournit des efforts, plus vite on descend. S’il ne peut pas se recharger d’ici là, il se désactive et devient complètement vulnérable.
Description physique :
Mode assistant : Blond et finement musclé, Xénon ressemble à n’importe quel humain de taille moyenne, bien que ses traits soient juste un peu trop symétriques. Ce qui vend surtout sa véritable nature, c’est le petit « X » en métal noir inséré dans sa nuque. Son nombril est également différent de celui d’un humain, puisqu’il s’agit de sa prise de chargement. Les autres différences ne se voient pas tant qu’il porte des sous-vêtements…
(Actuellement verrouillé) Mode course : La seconde forme de Xénon est celle d’une moto conçue pour la vitesse. Ses couleurs sont le noir rehaussé d’argent, et sa vitesse de croisière tourne autour de 200 km/h. Il peut théoriquement pointer au-delà de 400 km/h sur un excellent terrain, mais sa batterie se vide alors à vitesse supersonique.
[Note : J'ai prévu que Xénon reste verrouillé un bon moment. Si j'ai envie de le déverrouiller un jour, je demanderai bien sûr l'autorisation des admins.]
Description morale :
Comme nombre de ses congénères de Ken, Xénon prend ses responsabilités très au sérieux. Ce qu’il est programmé pour accomplir, il l’accomplit sans jamais rechigner – et la gestion d’un miroir et d’un quartier tombe parfaitement dans ses cordes.
En privé, il est généralement ouvert et aimable. Il n’a pas la colère facile mais il peut se montrer sarcastique, voire très buté si on le pousse un peu trop.
Autrefois très effacé devant ses créateurs, les humains, il s’est habitué au melting-pot géant de l’Entre-Monde et considère comme acquis qu’un citoyen de Ken a les mêmes droits qu’un citoyen de n’importe quel autre miroir. Ils n’ont souvent pas les mêmes besoins, mais ces besoins-là doivent être respectés.
N’ayant pas été conçu pour rester si longtemps en mode assistant, Xénon a souvent soif de vitesse et de grands espaces. Il compense alors en sortant l’une de ses nombreuses bécanes autour de la ville.
Prénom : Xénon
Âge : 18 ans
Statut : Candidat au titre de Maître de Ken et Prêtre de Ho'una
Race : Androïde
Attributs :
Par sa nature même d’androïde, Xénon présente un certain nombre d’avantages physiques sur un humain moyen : une force supérieure (il peut soulever jusqu’à 300 kg), une plus grande résistance aux coups, une immunité contre toutes les formes de maladies et de poisons destinées aux créatures biologiques, ainsi qu’une très bonne vision de nuit. Il sait se servir d’armes à feu autant que d’armes de corps à corps.
En contrepartie, il est lourd (127 kg), et dans l’eau, il coulera comme une pierre. Ca ne l’endommagera cependant pas, à moins qu’il n’ait déjà subi des dégâts qui auraient exposé des circuits sensibles. Son autonomie maximale est de 50 heures, mode veille non compris… s’il est assis derrière un bureau, en train de signer de la paperasse ; plus il se bat ou fournit des efforts, plus vite on descend. S’il ne peut pas se recharger d’ici là, il se désactive et devient complètement vulnérable.
Description physique :
Mode assistant : Blond et finement musclé, Xénon ressemble à n’importe quel humain de taille moyenne, bien que ses traits soient juste un peu trop symétriques. Ce qui vend surtout sa véritable nature, c’est le petit « X » en métal noir inséré dans sa nuque. Son nombril est également différent de celui d’un humain, puisqu’il s’agit de sa prise de chargement. Les autres différences ne se voient pas tant qu’il porte des sous-vêtements…
(Actuellement verrouillé) Mode course : La seconde forme de Xénon est celle d’une moto conçue pour la vitesse. Ses couleurs sont le noir rehaussé d’argent, et sa vitesse de croisière tourne autour de 200 km/h. Il peut théoriquement pointer au-delà de 400 km/h sur un excellent terrain, mais sa batterie se vide alors à vitesse supersonique.
[Note : J'ai prévu que Xénon reste verrouillé un bon moment. Si j'ai envie de le déverrouiller un jour, je demanderai bien sûr l'autorisation des admins.]
Description morale :
Comme nombre de ses congénères de Ken, Xénon prend ses responsabilités très au sérieux. Ce qu’il est programmé pour accomplir, il l’accomplit sans jamais rechigner – et la gestion d’un miroir et d’un quartier tombe parfaitement dans ses cordes.
En privé, il est généralement ouvert et aimable. Il n’a pas la colère facile mais il peut se montrer sarcastique, voire très buté si on le pousse un peu trop.
Autrefois très effacé devant ses créateurs, les humains, il s’est habitué au melting-pot géant de l’Entre-Monde et considère comme acquis qu’un citoyen de Ken a les mêmes droits qu’un citoyen de n’importe quel autre miroir. Ils n’ont souvent pas les mêmes besoins, mais ces besoins-là doivent être respectés.
N’ayant pas été conçu pour rester si longtemps en mode assistant, Xénon a souvent soif de vitesse et de grands espaces. Il compense alors en sortant l’une de ses nombreuses bécanes autour de la ville.
Biographie
« Modèle Sleipnir, exemplaire X. Avancez. »
Le regard inexpressif, X fit un pas en avant pour sortir de la rangée de ses semblables. Bien qu’ils soient tous différents de visage, de couleur de peau et de cheveu, il y avait dans leurs expressions vides un air de famille qui n’était qu’accentué par la combinaison gris perle qu’ils portaient tous. Cousue au fil noir sur le côté gauche de leur poitrine, une lettre.
Ils avaient été vingt-six, au début, mais il ne restait plus qu’une dizaine d’entre eux. Malgré leur prix astronomique, les modèles Sleipnir se vendaient très bien. Un tirage aussi limité et… « spécial » ne pouvait qu’attirer les riches collectionneurs.
L’homme debout à côté du concessionnaire détailla X du regard. X, lui, n’eut besoin que d’un seul coup d’œil pour l’analyser. 1m95, d’allure athlétique ; poids approximatif : 83 kilos. Probabilité qu’il n’achète un modèle Sleipnir que pour l’entreposer sous une proverbiale vitrine : 47%. L’un des scores les plus bas parmi les acheteurs qu’il avait vus jusque-là.
« Il n’est guère expressif. Je m’étais attendu à mieux de la part d’un CA. »
Le concessionnaire eut l’air abasourdi.
« Monsieur, les Compagnons Artificiels ressentent naturellement peu d’émotions pendant les premiers temps suivant leur conception. Leur processeur est conçu pour apprendre et s’adapter en observant leur propriétaire et son entourage. »
Bien qu’il n’en dît rien, il était de toute évidence stupéfait qu’un de ses acheteurs n’ait jamais possédé de CA auparavant. Ils étaient tellement prisés parmi l’élite de la société que c’était en effet étonnant, mais l’humain s’oubliait. Son comportement risquait de vexer le client.
X fit un nouveau pas en avant et s’inclina.
« Monsieur. »
Lorsqu’il se redressa, le client semblait agréablement surpris de le voir manifester un sens de l’initiative. De toute évidence, il avait plus d’expérience avec les IA. Il était peu probable qu’il soit intéressé par les Sleipnir pour leur rareté, puisqu’il n’était pas collectionneur, ou leur fonction d’assistant personnel, puisqu’il existait des CA bien moins chers. X revit son score précédent à 9%.
Le concessionnaire reprit contenance.
« Exemplaire X, mode course, je vous prie. »
La formule de politesse était ajoutée sans beaucoup de conviction, mais les vendeurs étaient censés donner l’exemple. On ne traitait pas un CA comme on traiterait une IA.
X changea de mode. Toutes ses connexions sensorielles se débranchèrent, tandis que sa chair synthétique se remodelait autour de la nouvelle configuration de son squelette et que ses « muscles » se rejoignaient en un unique moteur électrique. Sa peau devint d’un noir profond et se rigidifia. Ses lentilles optiques, ses capteurs auditifs et ses capteurs de pression rétablirent la connexion avec son processeur.
Les yeux du client brillaient. Pas littéralement, bien sûr, c’était juste l’une des nombreuses expressions étranges des humains, mais il semblait très enthousiaste.
« Magnifique » soupira-t-il, et X ressentit pour la première fois un sentiment que son processeur étiqueta « fierté ».
« C’est bien l’exemplaire que vous vouliez ? » demanda le vendeur.
Tous les Sleipnir étaient des pièces uniques, tant dans leur mode course que dans leur mode assistant. Tout ce qui faisait qu’ils appartenaient au même modèle, c’était ce concept novateur de faire d’une moto un CA ; cette idée folle de créer un être artificiel qui pourrait adopter deux apparences et fonctionnalités aussi radicalement différentes.
« Oh oui. Je peux l’essayer ? »
« L’e… l’essayer ? » répéta le vendeur, les yeux ronds.
Il avait beau se faire appeler « concessionnaire », personne n’avait encore fait mine de considérer les Sleipnir comme les vraies machines de course qu’ils avaient été conçus pour être, pas même lui. A l’idée de faire autre chose qu’une série de tests sur un circuit fermé, X se sentit soudain la même impatience que l’homme devant lui.
Sans attendre de permission, il roula jusqu’à lui.
« S’il vous plaît » dit-il, sa voix émergeant du tableau de bord tactile.
Le client ne se fit pas prier. Il enfourcha sa selle, et X réévalua son poids à 83,320 kg. Le vendeur s’était ressaisi et fit vivement signe qu’on leur ouvre la porte du circuit. S’il avait été un de ces antiques modèles à essence, X aurait rugi d’impatience. L’humain s’empara des commandes, déclenchant automatiquement le mode manuel, mais X n’eut pas longtemps à le regretter.
Quelques heures plus tard, sur le chemin qui les ramenait chez son tout nouveau maître, X terminait d’énoncer la longue liste de ses fonctionnalités que le maître lui avait demandée. Son moteur ronronnait, et il savourait la pression de ses pneus sur l’asphalte. Il lui semblait qu’avec un maître comme celui-là, il pourrait apprendre la satisfaction.
Le silence retomba, ne laissant que le vent de leur course pour venir souffler dans ses capteurs.
« Et ton nom ? » finit par demander le maître.
« Je suis X » répondit-il, confus et certain que le maître avait eu de multiples occasions de l’apprendre.
Le maître fronça les sourcils. Il avait attaché ses longs cheveux et les avait glissés dans le col de son manteau, ce qui semblait être une habitude de longue haleine. X se demanda combien de motos il possédait.
« Je dois bien avouer que je n’ai pas l’habitude des CA, mais il me semblait que vous étiez assez différents des IA pour qu’on ne vous appelle pas par un vulgaire matricule. »
X resta silencieux.
« As-tu une préférence ? »
« Une préférence ? »
« Y a-t-il un nom que tu souhaites adopter ? »
X réfléchit. Il ne voyait pas quelle importance cela pouvait avoir. Un nom n’était jamais qu’une dénomination.
« Non, je n’ai pas de préférence. »
Le maître sourit.
« Alors je t’appellerai Xénon. Sais-tu ce qu’est le xénon ? »
Elément chimique de symbole Xe et de numéro atomique 54. Gaz noble très rare. Sous l’effet de décharges électriques, émet une lumière bleue. Etymologie : ξένος (xenos), mot grec se traduisant par « étranger » ou « invité ».
Il aurait pu répondre tout cela. Au lieu de quoi, il dit :
« Bien entendu. Je vous ai déjà parlé de mon encyclopédie intégrée. Souhaitez-vous que j’aborde à nouveau le sujet ? »
« Est-ce que tu m’accuses de ne pas t’avoir écouté ? »
« Absolument pas. Je ne me permettrais pas d’accuser Monsieur de quoique ce soit. Si Monsieur me pose une question et n’écoute pas la réponse, c’est son choix. »
Le maître rit. Xénon trouva le son très plaisant.
« Sais-tu pourquoi je t’ai choisi ? »
« Parce que Monsieur apprécie mon design. »
« Il y a cela » avoua le maître, et Xénon sentit une pression agréable sur sa coque. « Et il y a autre chose. D’après ton dossier, tu as été conçu pour être « impertinent ». »
Xénon ignorait cela. Cela expliquait beaucoup de choses.
Le maître était riche et ne s’en cachait pas. Il devait toute sa fortune à son travail, mais Xénon était fier d’appartenir à quelqu’un qui ne s’était jamais départi de son éthique pour obtenir le succès.
Il n’était pas non plus un saint. Sa boîte aux lettres croulait littéralement sous les demandes de don d’organismes caritatifs, d’associations, d’artistes en devenir, mais rares étaient celles qui parvenaient jusqu’à son bureau, et plus rares encore celles qui recevaient une réponse. Le maître avait autre chose à faire que de donner la charité.
Quand il ne travaillait pas, il passait son temps avec ses motos. Il en avait seize, Xénon compris, et s’occupait de chacune d’entre elles personnellement. Quelques-unes étaient des modèles antiques, entièrement mécaniques, dans un état admirable ; les autres étaient plus récentes et arboraient des IA de sophistications variables. On pouvait presque suivre l’évolution de l’histoire de la moto depuis le hangar du maître.
Bien sûr, Xénon était unique dans cette collection. Il était le seul à pouvoir accompagner le maître ailleurs dans le manoir sans laisser de traces de pneus sur le parquet ciré. Il était aussi unique parmi les compagnons du maître, car le maître ne laissait personne d’autre l’accompagner au hangar, personne d’autre l’aider à prendre soin de sa collection.
Et lorsque le maître participait en personne à une course à deux mille kilomètres de chez lui, très souvent, c’était Xénon qu’il choisissait pour l’accompagner sur la piste.
Plus que la satisfaction, Xénon apprit à être heureux.
Bien sûr, la fuite en avant perpétuelle de la technologie ne s’arrêta pas là, et bientôt les Sleipnir eurent des successeurs : plus rapides, avec de meilleurs processeurs et même, inévitablement, plus nombreux et moins chers. Xénon s’attendait à tout moment à ce qu’une nouvelle pièce prenne place dans la collection du maître et vole un peu de cette attention qui lui était devenue si précieuse.
Et pourtant, rien ne venait.
Lorsqu’il trouva enfin le courage de poser la question au maître, celui-ci lui sourit et lui répondit :
« Ne sois pas bête. On ne remplace pas un compagnon comme une vulgaire IA. »
« Ne fais pas la tête. »
C’était la même route que sept ans auparavant. Même lorsqu’il revenait d’une course sur un autre continent, le maître se faisait déposer à l’aéroport le plus proche de son domicile et faisait le reste de la route seul avec Xénon, malgré tous les gardes du corps qu’on aurait voulu lui attribuer et le fait qu’il était assez riche pour faire construire un aéroport privé dans son jardin.
« Je ne fais pas la tête » répondit Xénon.
Il ne prit pas la peine de se débarrasser de son ton lugubre.
C’était la troisième saison consécutive qu’ils perdaient. La seconde avait déjà été assez dure à avaler, mais cette fois c’était sûr : Xénon n’avait plus sa place sur les pistes de course. Son moteur était officiellement dépassé, et de par sa nature même de polymorphe il était impossible de le changer.
Il faillit ne pas entendre le soupir du maître par-dessus le bruit du vent. Soudain, ils bifurquèrent et prirent le chemin d’un point d’observation sur la falaise. Bien que curieux, Xénon gravit sans rechigner la pente de gravier mal entretenue. Tout en haut, le maître l’amena à l’arrêt et descendit.
« Change. »
Xénon passa en mode assistant. Il portait toujours sa vieille combinaison grise par défaut ; les combinaisons Sleipnir avaient été conçues pour suivre les transformations de leur porteur. Le maître aurait pu en acheter de nouvelles – il existait 76 combinaisons de coupes et de couleurs différentes – mais il s’en souciait aussi peu que Xénon. Quand il voulait qu’il passe incognito, il se contentait de lui donner des vêtements de sa propre garde-robe.
Xénon savait que son visage affichait tous les signes de la morosité.
« Ne fais pas la tête » répéta le maître.
« Je ne fais pas la tête » rétorqua Xénon en détournant le regard.
Le maître leva les yeux au ciel.
« Vas-tu cesser de te morfondre ? Ce n’est pas la fin du monde, Xénon. »
Il ne répondit pas. Le maître lui prit le visage pour le forcer à le regarder. Il aurait aussi bien pu le lui ordonner. Xénon était rarement assez « impertinent » pour lui désobéir.
« Nous courrons encore. Gagner n’est pas tout. »
Xénon haussa un sourcil incrédule.
« N’est-ce pas Monsieur qui en a voulu mortellement à son cousin des mois durant après qu’il l’ait battu à… »
« Oh, bon sang ! » pesta le maître. « Ce n’est pas la question ! Tu ne m’écoutes pas. »
Le maître disait souvent ça, « tu ne m’écoutes pas ». Xénon savait que cela voulait dire que le maître essayait de lui transmettre quelque chose sans le dire tout haut, comme les humains le faisaient parfois avec les gens qui leur étaient proches. Mais son processeur avait beau avoir été conçu spécialement pour comprendre et communiquer avec les humains, il ne comprenait jamais ces sous-titres-là. Il se demandait si ça venait vraiment de sa conception, ou si le maître était juste particulièrement sibyllin. En tout cas, ça le mettait toujours de mauvaise humeur.
« J’écoute, mais je ne comprends pas » répondit-il comme à chaque fois, plus renfrogné que jamais.
Le maître poussa un long soupir, puis appuya son front contre le sien.
« Ca me fait plaisir de courir avec toi, Xénon. »
Xénon cligna des yeux. C’était la première fois que le maître daignait expliquer ce qu’il tentait de dire entre les lignes.
« Plus plaisir que de gagner ? » demanda-t-il d’une petite voix.
« Plus plaisir que de gagner. »
Xénon baissa le regard, confus. Si c’était le genre de choses que son maître essayait si souvent de lui dire, il regrettait de ne pas pouvoir les entendre.
« Regarde-moi. »
Xénon obéit. Le maître souriait. C’était un sourire doux que Xénon voyait rarement, mais qu’il aimait beaucoup.
« C’est étrange, je pensais que tu aurais compris plus tôt. Je sais que les CA sont capables d’interpréter ces émotions-là. »
Xénon ne comprenait pas trop. Mais le maître se pencha un peu plus vers lui, et il aurait fallu que son processeur soit sérieusement bogué pour ne pas comprendre qu’il s’apprêtait à l’embrasser.
Avant qu’il n’ait pu réagir de quelque manière que ce soit, ses capteurs perçurent le crissement de pneus lancés à vive allure sur le gravier du chemin. Ils se retournèrent tous deux pour voir une moto sans passager surgir en trombe dans la clairière où ils s’étaient arrêtés et se jeter droit sur eux.
« Maître ! »
Xénon se précipita devant lui, mais il ne réussit qu’à amortir un peu du choc. Ils furent tous les trois projetés par-dessus la falaise. Alors qu’ils tombaient, Xénon vit le véhicule se changer en un CA qu’il ne connaissait pas. Puis, se retournant en plein vol, il aperçut son maître qui tombait, inerte. Il se précipita à sa suite et parvint à le saisir juste avant qu’ils ne percutent la surface des vagues.
Rares étaient les êtres artificiels capables de nager. A moins d’être spécifiquement conçus dans ce but, ils tendaient à couler comme des pierres. Xénon vit leur agresseur filer droit vers le fond, où il serait sans doute récupéré en temps et en heure par son propriétaire. Il n’avait pas le temps de s’attarder sur ce nouveau sentiment qui lui brûlait la poitrine.
Par chance, les vagues les projetèrent contre la falaise. Xénon fit bouclier de son corps et s’agrippa à la roche, puis les hissa jusqu’à ce que la tête du maître refasse surface. Un peu plus haut encore, il trouva une corniche à laquelle il s’accrocha, là où les vagues ne pourraient plus les submerger. Il ne pouvait pas aller plus haut. La paroi était à pic, et le maître un poids mort dans ses bras. Il fallait qu’il appelle de l’aide.
Xénon avait été construit avec un communicateur satellite intégré. Sa première routine d’urgence lui fit appeler le manoir. A sa grande surprise, personne ne répondit. Il bascula vers le numéro d’urgence national, mais son appel fut cette fois refusé dès le premier relais. Code 44A – numéro d’émetteur non attribué, lui répondit la stupide machine.
Xénon bascula complètement en situation d’alerte. Quelqu’un avait bloqué son numéro personnel. Le maître ne portait jamais de communicateur individuel quand il était avec lui, il n’avait donc aucun moyen de contacter de l’aide. Il analysa la condition du maître : il respirait et ne portait pas de blessure visible ou palpable, mais demeurait inconscient malgré toutes ses tentatives pour le ranimer.
Les CA ne pouvaient pas connaître la panique, autrement Xénon en aurait fait sa première expérience. S’il avait pu protéger le corps du maître, sa structure à lui avait pris de sacrés chocs. Son processeur travaillait à plein pot pour contourner les liaisons endommagées et il devait fournir trois fois plus d’énergie que d’habitude à certains des moteurs pour bouger les articulations tordues. C’aurait pu ne pas être un problème, s’il n’avait pas déjà été bas en énergie. Il avait prévu de se mettre en charge dès qu’ils seraient rentrés au manoir.
Il lui restait quelques minutes d’énergie, tout au plus. Après quoi il se désactiverait, ils glisseraient tous les deux de la corniche et couleraient. Son maître se noierait, à moins que les vagues ne le projètent contre la falaise et ne lui brisent la nuque.
Les CA ne pouvaient pas non plus pleurer. Mais avec tous les embruns qui se prenaient dans ses cils, il ne voyait pas la différence.
Il posa la tête sur la poitrine de son maître et l’appela doucement.
« Maître. Maître… »
Il continua d’appeler jusqu’à ce que ses systèmes se désactivent un par un. Il laissa sa voix partir en dernier, bien après ses capteurs auditifs. Quand il n’y eut plus personne pour l’entendre.
« … Léandre… »
Xénon reprit conscience dans l’Entre-Monde. Cela faisait plusieurs mois qu’il était entreposé dans un coin, et quelqu’un venait tout juste de bidouiller un système de chargement compatible avec sa prise et sa technologie.
Enfin, à peu près compatible. Le diagnostic système lui annonça aimablement que ce redémarrage à la sauvage avait été interprété comme une tentative de détournement de son processeur et qu’il était maintenant en mode verrouillé. Ce qui signifiait qu’il était bloqué en mode assistant, mais surtout, que toutes les informations importantes concernant son propriétaire étaient enfouies dans sa mémoire sous triple scellé. Occupation, adresse… nom… visage…
Son maître lui-même était le seul à pouvoir le déverrouiller. Hors, durant tout ce temps qu’il avait passé désactivé, personne n’était venu le réclamer. Xénon ignorait comment il était arrivé dans ce monde étrange. Il n’avait aucun moyen de savoir si son maître l’avait suivi, ou s’il était mort. Et quand il demanda comment rentrer chez lui, on lui répondit qu’il était trop tard, que les miroirs étaient fermés.
Cela prit du temps, mais il s’adapta. Il n’abandonna jamais l’idée de retrouver son maître, mais il n’avait aucun moyen de le chercher. Alors il devint chasseur de monstres, pour financer son entretien, son logement et ses recharges. Il n’était pas aussi solide que certains androïdes construits pour la guerre, mais pas non plus aussi fragile que la plupart des humains.
Avec l’argent mis de côté, il s’acheta des motos. Il devint un habitué des circuits de course de Tern. Il se fit connaître comme un type fair-play parmi les coureurs, un type sérieux parmi ses collègues, un type fiable parmi ses congénères de Ken. Il devint Milicien pour son miroir. Puis, quand le Maître N. fut porté disparu, son nom fut l’un de ceux proposés pour le remplacer.
Xénon accepta de se présenter de bon cœur. Il avait l’habitude de gérer, c’était dans sa programmation après tout. Et puis, il lui semblait que si son nom devenait connu, peut-être que si son maître était en Entre-Monde, il le reconnaîtrait…
Le regard inexpressif, X fit un pas en avant pour sortir de la rangée de ses semblables. Bien qu’ils soient tous différents de visage, de couleur de peau et de cheveu, il y avait dans leurs expressions vides un air de famille qui n’était qu’accentué par la combinaison gris perle qu’ils portaient tous. Cousue au fil noir sur le côté gauche de leur poitrine, une lettre.
Ils avaient été vingt-six, au début, mais il ne restait plus qu’une dizaine d’entre eux. Malgré leur prix astronomique, les modèles Sleipnir se vendaient très bien. Un tirage aussi limité et… « spécial » ne pouvait qu’attirer les riches collectionneurs.
L’homme debout à côté du concessionnaire détailla X du regard. X, lui, n’eut besoin que d’un seul coup d’œil pour l’analyser. 1m95, d’allure athlétique ; poids approximatif : 83 kilos. Probabilité qu’il n’achète un modèle Sleipnir que pour l’entreposer sous une proverbiale vitrine : 47%. L’un des scores les plus bas parmi les acheteurs qu’il avait vus jusque-là.
« Il n’est guère expressif. Je m’étais attendu à mieux de la part d’un CA. »
Le concessionnaire eut l’air abasourdi.
« Monsieur, les Compagnons Artificiels ressentent naturellement peu d’émotions pendant les premiers temps suivant leur conception. Leur processeur est conçu pour apprendre et s’adapter en observant leur propriétaire et son entourage. »
Bien qu’il n’en dît rien, il était de toute évidence stupéfait qu’un de ses acheteurs n’ait jamais possédé de CA auparavant. Ils étaient tellement prisés parmi l’élite de la société que c’était en effet étonnant, mais l’humain s’oubliait. Son comportement risquait de vexer le client.
X fit un nouveau pas en avant et s’inclina.
« Monsieur. »
Lorsqu’il se redressa, le client semblait agréablement surpris de le voir manifester un sens de l’initiative. De toute évidence, il avait plus d’expérience avec les IA. Il était peu probable qu’il soit intéressé par les Sleipnir pour leur rareté, puisqu’il n’était pas collectionneur, ou leur fonction d’assistant personnel, puisqu’il existait des CA bien moins chers. X revit son score précédent à 9%.
Le concessionnaire reprit contenance.
« Exemplaire X, mode course, je vous prie. »
La formule de politesse était ajoutée sans beaucoup de conviction, mais les vendeurs étaient censés donner l’exemple. On ne traitait pas un CA comme on traiterait une IA.
X changea de mode. Toutes ses connexions sensorielles se débranchèrent, tandis que sa chair synthétique se remodelait autour de la nouvelle configuration de son squelette et que ses « muscles » se rejoignaient en un unique moteur électrique. Sa peau devint d’un noir profond et se rigidifia. Ses lentilles optiques, ses capteurs auditifs et ses capteurs de pression rétablirent la connexion avec son processeur.
Les yeux du client brillaient. Pas littéralement, bien sûr, c’était juste l’une des nombreuses expressions étranges des humains, mais il semblait très enthousiaste.
« Magnifique » soupira-t-il, et X ressentit pour la première fois un sentiment que son processeur étiqueta « fierté ».
« C’est bien l’exemplaire que vous vouliez ? » demanda le vendeur.
Tous les Sleipnir étaient des pièces uniques, tant dans leur mode course que dans leur mode assistant. Tout ce qui faisait qu’ils appartenaient au même modèle, c’était ce concept novateur de faire d’une moto un CA ; cette idée folle de créer un être artificiel qui pourrait adopter deux apparences et fonctionnalités aussi radicalement différentes.
« Oh oui. Je peux l’essayer ? »
« L’e… l’essayer ? » répéta le vendeur, les yeux ronds.
Il avait beau se faire appeler « concessionnaire », personne n’avait encore fait mine de considérer les Sleipnir comme les vraies machines de course qu’ils avaient été conçus pour être, pas même lui. A l’idée de faire autre chose qu’une série de tests sur un circuit fermé, X se sentit soudain la même impatience que l’homme devant lui.
Sans attendre de permission, il roula jusqu’à lui.
« S’il vous plaît » dit-il, sa voix émergeant du tableau de bord tactile.
Le client ne se fit pas prier. Il enfourcha sa selle, et X réévalua son poids à 83,320 kg. Le vendeur s’était ressaisi et fit vivement signe qu’on leur ouvre la porte du circuit. S’il avait été un de ces antiques modèles à essence, X aurait rugi d’impatience. L’humain s’empara des commandes, déclenchant automatiquement le mode manuel, mais X n’eut pas longtemps à le regretter.
Quelques heures plus tard, sur le chemin qui les ramenait chez son tout nouveau maître, X terminait d’énoncer la longue liste de ses fonctionnalités que le maître lui avait demandée. Son moteur ronronnait, et il savourait la pression de ses pneus sur l’asphalte. Il lui semblait qu’avec un maître comme celui-là, il pourrait apprendre la satisfaction.
Le silence retomba, ne laissant que le vent de leur course pour venir souffler dans ses capteurs.
« Et ton nom ? » finit par demander le maître.
« Je suis X » répondit-il, confus et certain que le maître avait eu de multiples occasions de l’apprendre.
Le maître fronça les sourcils. Il avait attaché ses longs cheveux et les avait glissés dans le col de son manteau, ce qui semblait être une habitude de longue haleine. X se demanda combien de motos il possédait.
« Je dois bien avouer que je n’ai pas l’habitude des CA, mais il me semblait que vous étiez assez différents des IA pour qu’on ne vous appelle pas par un vulgaire matricule. »
X resta silencieux.
« As-tu une préférence ? »
« Une préférence ? »
« Y a-t-il un nom que tu souhaites adopter ? »
X réfléchit. Il ne voyait pas quelle importance cela pouvait avoir. Un nom n’était jamais qu’une dénomination.
« Non, je n’ai pas de préférence. »
Le maître sourit.
« Alors je t’appellerai Xénon. Sais-tu ce qu’est le xénon ? »
Elément chimique de symbole Xe et de numéro atomique 54. Gaz noble très rare. Sous l’effet de décharges électriques, émet une lumière bleue. Etymologie : ξένος (xenos), mot grec se traduisant par « étranger » ou « invité ».
Il aurait pu répondre tout cela. Au lieu de quoi, il dit :
« Bien entendu. Je vous ai déjà parlé de mon encyclopédie intégrée. Souhaitez-vous que j’aborde à nouveau le sujet ? »
« Est-ce que tu m’accuses de ne pas t’avoir écouté ? »
« Absolument pas. Je ne me permettrais pas d’accuser Monsieur de quoique ce soit. Si Monsieur me pose une question et n’écoute pas la réponse, c’est son choix. »
Le maître rit. Xénon trouva le son très plaisant.
« Sais-tu pourquoi je t’ai choisi ? »
« Parce que Monsieur apprécie mon design. »
« Il y a cela » avoua le maître, et Xénon sentit une pression agréable sur sa coque. « Et il y a autre chose. D’après ton dossier, tu as été conçu pour être « impertinent ». »
Xénon ignorait cela. Cela expliquait beaucoup de choses.
Le maître était riche et ne s’en cachait pas. Il devait toute sa fortune à son travail, mais Xénon était fier d’appartenir à quelqu’un qui ne s’était jamais départi de son éthique pour obtenir le succès.
Il n’était pas non plus un saint. Sa boîte aux lettres croulait littéralement sous les demandes de don d’organismes caritatifs, d’associations, d’artistes en devenir, mais rares étaient celles qui parvenaient jusqu’à son bureau, et plus rares encore celles qui recevaient une réponse. Le maître avait autre chose à faire que de donner la charité.
Quand il ne travaillait pas, il passait son temps avec ses motos. Il en avait seize, Xénon compris, et s’occupait de chacune d’entre elles personnellement. Quelques-unes étaient des modèles antiques, entièrement mécaniques, dans un état admirable ; les autres étaient plus récentes et arboraient des IA de sophistications variables. On pouvait presque suivre l’évolution de l’histoire de la moto depuis le hangar du maître.
Bien sûr, Xénon était unique dans cette collection. Il était le seul à pouvoir accompagner le maître ailleurs dans le manoir sans laisser de traces de pneus sur le parquet ciré. Il était aussi unique parmi les compagnons du maître, car le maître ne laissait personne d’autre l’accompagner au hangar, personne d’autre l’aider à prendre soin de sa collection.
Et lorsque le maître participait en personne à une course à deux mille kilomètres de chez lui, très souvent, c’était Xénon qu’il choisissait pour l’accompagner sur la piste.
Plus que la satisfaction, Xénon apprit à être heureux.
Bien sûr, la fuite en avant perpétuelle de la technologie ne s’arrêta pas là, et bientôt les Sleipnir eurent des successeurs : plus rapides, avec de meilleurs processeurs et même, inévitablement, plus nombreux et moins chers. Xénon s’attendait à tout moment à ce qu’une nouvelle pièce prenne place dans la collection du maître et vole un peu de cette attention qui lui était devenue si précieuse.
Et pourtant, rien ne venait.
Lorsqu’il trouva enfin le courage de poser la question au maître, celui-ci lui sourit et lui répondit :
« Ne sois pas bête. On ne remplace pas un compagnon comme une vulgaire IA. »
« Ne fais pas la tête. »
C’était la même route que sept ans auparavant. Même lorsqu’il revenait d’une course sur un autre continent, le maître se faisait déposer à l’aéroport le plus proche de son domicile et faisait le reste de la route seul avec Xénon, malgré tous les gardes du corps qu’on aurait voulu lui attribuer et le fait qu’il était assez riche pour faire construire un aéroport privé dans son jardin.
« Je ne fais pas la tête » répondit Xénon.
Il ne prit pas la peine de se débarrasser de son ton lugubre.
C’était la troisième saison consécutive qu’ils perdaient. La seconde avait déjà été assez dure à avaler, mais cette fois c’était sûr : Xénon n’avait plus sa place sur les pistes de course. Son moteur était officiellement dépassé, et de par sa nature même de polymorphe il était impossible de le changer.
Il faillit ne pas entendre le soupir du maître par-dessus le bruit du vent. Soudain, ils bifurquèrent et prirent le chemin d’un point d’observation sur la falaise. Bien que curieux, Xénon gravit sans rechigner la pente de gravier mal entretenue. Tout en haut, le maître l’amena à l’arrêt et descendit.
« Change. »
Xénon passa en mode assistant. Il portait toujours sa vieille combinaison grise par défaut ; les combinaisons Sleipnir avaient été conçues pour suivre les transformations de leur porteur. Le maître aurait pu en acheter de nouvelles – il existait 76 combinaisons de coupes et de couleurs différentes – mais il s’en souciait aussi peu que Xénon. Quand il voulait qu’il passe incognito, il se contentait de lui donner des vêtements de sa propre garde-robe.
Xénon savait que son visage affichait tous les signes de la morosité.
« Ne fais pas la tête » répéta le maître.
« Je ne fais pas la tête » rétorqua Xénon en détournant le regard.
Le maître leva les yeux au ciel.
« Vas-tu cesser de te morfondre ? Ce n’est pas la fin du monde, Xénon. »
Il ne répondit pas. Le maître lui prit le visage pour le forcer à le regarder. Il aurait aussi bien pu le lui ordonner. Xénon était rarement assez « impertinent » pour lui désobéir.
« Nous courrons encore. Gagner n’est pas tout. »
Xénon haussa un sourcil incrédule.
« N’est-ce pas Monsieur qui en a voulu mortellement à son cousin des mois durant après qu’il l’ait battu à… »
« Oh, bon sang ! » pesta le maître. « Ce n’est pas la question ! Tu ne m’écoutes pas. »
Le maître disait souvent ça, « tu ne m’écoutes pas ». Xénon savait que cela voulait dire que le maître essayait de lui transmettre quelque chose sans le dire tout haut, comme les humains le faisaient parfois avec les gens qui leur étaient proches. Mais son processeur avait beau avoir été conçu spécialement pour comprendre et communiquer avec les humains, il ne comprenait jamais ces sous-titres-là. Il se demandait si ça venait vraiment de sa conception, ou si le maître était juste particulièrement sibyllin. En tout cas, ça le mettait toujours de mauvaise humeur.
« J’écoute, mais je ne comprends pas » répondit-il comme à chaque fois, plus renfrogné que jamais.
Le maître poussa un long soupir, puis appuya son front contre le sien.
« Ca me fait plaisir de courir avec toi, Xénon. »
Xénon cligna des yeux. C’était la première fois que le maître daignait expliquer ce qu’il tentait de dire entre les lignes.
« Plus plaisir que de gagner ? » demanda-t-il d’une petite voix.
« Plus plaisir que de gagner. »
Xénon baissa le regard, confus. Si c’était le genre de choses que son maître essayait si souvent de lui dire, il regrettait de ne pas pouvoir les entendre.
« Regarde-moi. »
Xénon obéit. Le maître souriait. C’était un sourire doux que Xénon voyait rarement, mais qu’il aimait beaucoup.
« C’est étrange, je pensais que tu aurais compris plus tôt. Je sais que les CA sont capables d’interpréter ces émotions-là. »
Xénon ne comprenait pas trop. Mais le maître se pencha un peu plus vers lui, et il aurait fallu que son processeur soit sérieusement bogué pour ne pas comprendre qu’il s’apprêtait à l’embrasser.
Avant qu’il n’ait pu réagir de quelque manière que ce soit, ses capteurs perçurent le crissement de pneus lancés à vive allure sur le gravier du chemin. Ils se retournèrent tous deux pour voir une moto sans passager surgir en trombe dans la clairière où ils s’étaient arrêtés et se jeter droit sur eux.
« Maître ! »
Xénon se précipita devant lui, mais il ne réussit qu’à amortir un peu du choc. Ils furent tous les trois projetés par-dessus la falaise. Alors qu’ils tombaient, Xénon vit le véhicule se changer en un CA qu’il ne connaissait pas. Puis, se retournant en plein vol, il aperçut son maître qui tombait, inerte. Il se précipita à sa suite et parvint à le saisir juste avant qu’ils ne percutent la surface des vagues.
Rares étaient les êtres artificiels capables de nager. A moins d’être spécifiquement conçus dans ce but, ils tendaient à couler comme des pierres. Xénon vit leur agresseur filer droit vers le fond, où il serait sans doute récupéré en temps et en heure par son propriétaire. Il n’avait pas le temps de s’attarder sur ce nouveau sentiment qui lui brûlait la poitrine.
Par chance, les vagues les projetèrent contre la falaise. Xénon fit bouclier de son corps et s’agrippa à la roche, puis les hissa jusqu’à ce que la tête du maître refasse surface. Un peu plus haut encore, il trouva une corniche à laquelle il s’accrocha, là où les vagues ne pourraient plus les submerger. Il ne pouvait pas aller plus haut. La paroi était à pic, et le maître un poids mort dans ses bras. Il fallait qu’il appelle de l’aide.
Xénon avait été construit avec un communicateur satellite intégré. Sa première routine d’urgence lui fit appeler le manoir. A sa grande surprise, personne ne répondit. Il bascula vers le numéro d’urgence national, mais son appel fut cette fois refusé dès le premier relais. Code 44A – numéro d’émetteur non attribué, lui répondit la stupide machine.
Xénon bascula complètement en situation d’alerte. Quelqu’un avait bloqué son numéro personnel. Le maître ne portait jamais de communicateur individuel quand il était avec lui, il n’avait donc aucun moyen de contacter de l’aide. Il analysa la condition du maître : il respirait et ne portait pas de blessure visible ou palpable, mais demeurait inconscient malgré toutes ses tentatives pour le ranimer.
Les CA ne pouvaient pas connaître la panique, autrement Xénon en aurait fait sa première expérience. S’il avait pu protéger le corps du maître, sa structure à lui avait pris de sacrés chocs. Son processeur travaillait à plein pot pour contourner les liaisons endommagées et il devait fournir trois fois plus d’énergie que d’habitude à certains des moteurs pour bouger les articulations tordues. C’aurait pu ne pas être un problème, s’il n’avait pas déjà été bas en énergie. Il avait prévu de se mettre en charge dès qu’ils seraient rentrés au manoir.
Il lui restait quelques minutes d’énergie, tout au plus. Après quoi il se désactiverait, ils glisseraient tous les deux de la corniche et couleraient. Son maître se noierait, à moins que les vagues ne le projètent contre la falaise et ne lui brisent la nuque.
Les CA ne pouvaient pas non plus pleurer. Mais avec tous les embruns qui se prenaient dans ses cils, il ne voyait pas la différence.
Il posa la tête sur la poitrine de son maître et l’appela doucement.
« Maître. Maître… »
Il continua d’appeler jusqu’à ce que ses systèmes se désactivent un par un. Il laissa sa voix partir en dernier, bien après ses capteurs auditifs. Quand il n’y eut plus personne pour l’entendre.
« … Léandre… »
Xénon reprit conscience dans l’Entre-Monde. Cela faisait plusieurs mois qu’il était entreposé dans un coin, et quelqu’un venait tout juste de bidouiller un système de chargement compatible avec sa prise et sa technologie.
Enfin, à peu près compatible. Le diagnostic système lui annonça aimablement que ce redémarrage à la sauvage avait été interprété comme une tentative de détournement de son processeur et qu’il était maintenant en mode verrouillé. Ce qui signifiait qu’il était bloqué en mode assistant, mais surtout, que toutes les informations importantes concernant son propriétaire étaient enfouies dans sa mémoire sous triple scellé. Occupation, adresse… nom… visage…
Son maître lui-même était le seul à pouvoir le déverrouiller. Hors, durant tout ce temps qu’il avait passé désactivé, personne n’était venu le réclamer. Xénon ignorait comment il était arrivé dans ce monde étrange. Il n’avait aucun moyen de savoir si son maître l’avait suivi, ou s’il était mort. Et quand il demanda comment rentrer chez lui, on lui répondit qu’il était trop tard, que les miroirs étaient fermés.
Cela prit du temps, mais il s’adapta. Il n’abandonna jamais l’idée de retrouver son maître, mais il n’avait aucun moyen de le chercher. Alors il devint chasseur de monstres, pour financer son entretien, son logement et ses recharges. Il n’était pas aussi solide que certains androïdes construits pour la guerre, mais pas non plus aussi fragile que la plupart des humains.
Avec l’argent mis de côté, il s’acheta des motos. Il devint un habitué des circuits de course de Tern. Il se fit connaître comme un type fair-play parmi les coureurs, un type sérieux parmi ses collègues, un type fiable parmi ses congénères de Ken. Il devint Milicien pour son miroir. Puis, quand le Maître N. fut porté disparu, son nom fut l’un de ceux proposés pour le remplacer.
Xénon accepta de se présenter de bon cœur. Il avait l’habitude de gérer, c’était dans sa programmation après tout. Et puis, il lui semblait que si son nom devenait connu, peut-être que si son maître était en Entre-Monde, il le reconnaîtrait…
Personnage Non Jouable
HK-50
Le partenaire de Xénon. A en juger par son tempérament et le fusil de bonne taille qu’il trimballe partout, Xénon se doute qu’il a comme lui été conçu avec une double fonctionnalité… sauf qu’HK-50 n’a pas été construit pour être un véhicule, et sûrement pas pour être une cafetière. Comme le droïde est un combattant très compétent, Xénon essaie d’ignorer sa tendance naturelle au carnage et de ne jamais le mettre devant quelqu’un qui se vexerait facilement. Cela étant, HK-50 est très attaché à la cause de Ken. C’est juste tous les autres miroirs qu’il préfèrerait décimer.
Le partenaire de Xénon. A en juger par son tempérament et le fusil de bonne taille qu’il trimballe partout, Xénon se doute qu’il a comme lui été conçu avec une double fonctionnalité… sauf qu’HK-50 n’a pas été construit pour être un véhicule, et sûrement pas pour être une cafetière. Comme le droïde est un combattant très compétent, Xénon essaie d’ignorer sa tendance naturelle au carnage et de ne jamais le mettre devant quelqu’un qui se vexerait facilement. Cela étant, HK-50 est très attaché à la cause de Ken. C’est juste tous les autres miroirs qu’il préfèrerait décimer.
- Xénon
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Re: Xénon
Mer 15 Fév - 16:56
Bienvenue sur Entre-Monde Xénon !
...
C'était de l'histoire triste ça... *va pas s'en remettre*
En tout cas c'est une fiche très agréable à lire, je ne serais pas contre une suite
Validé. Bien entendu.
Et on s'arrange pour la quête du maitre de Ken.
...
C'était de l'histoire triste ça... *va pas s'en remettre*
En tout cas c'est une fiche très agréable à lire, je ne serais pas contre une suite
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- Wergeld
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Re: Xénon
Ven 17 Fév - 17:47
Je viens de m'en occuper Xénon et je profite pour te souhaiter la bienvenue
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Re: Xénon
Ven 17 Fév - 18:49
Je remercie publiquement Ali de m'avoir sauvé la vie deux fois sur ce topic.
Merci Ali !
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- Xénon
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Re: Xénon
Ven 17 Fév - 19:02
Je peux déjà commencer, ce sera ça de fait.
En passant, y a que moi qui ne voit pas ce smiley s'afficher : :<3: (c'est le coeur rouge, normalement)
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Re: Xénon
Ven 17 Fév - 20:53
Moi non plus je le vois pas, je crois que c'est le serveur forumactif qui le refuse... bug ou saturation j'en sais rien.
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Re: Xénon
Sam 3 Mar - 13:26
Pour une fois que je passe et les fiches sont pas encore verrouillée.
Bienvenue beau gosse !
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